Carjacking : la Martinique est-elle en voie accélérée de « Brésilianisation »  ?

— Par Jean-Michel Salmon(*) —

« Sa ou ka di di sa ? Matinik sé pli bel péyi ? » comme le chantait Francisco. Mé ès i ka viré an ti Brésil ?

Comparaison n’est pas raison ? Et pourtant…

Le phénomène de carjacking est commun au Brésil, à Rio de Janeiro notamment, où l’extrême richesse (comme à Ipanema) est juxtaposée à l’extrême pauvreté (favelas du Complexo do Alemão, ou encore de Jacarezinho, dans le nord de la ville), ceci explique cela, qu’on le veuille ou non. Expliquer n’est pas justifier. C’est identifier les causes.

Ce phénomène vient de se manifester avant-hier soir en Martinique, quartier Batelière, non loin de ce que la bourgeoisie locale aime à qualifier de triangle d’or (Clairière-Cluny-Didier), d’après une comparaison douteuse avec celui de Paris (Montaigne-Champs Elysée-George V)? « Triangle d’or » local quitté depuis longtemps par l’aristocratie béké fuyant une fiscalisation locale foyalaise élevée pour se redéployer où chacun sait dans l’est de l’île.

Certes, dans ce dernier cas, il s’est agi d’un carjacking à connotation politique en quelque sorte, puisque le véhicule fut ensuite ramené pour être volontairement brûlé sur le lieu de la guérilla urbaine. La militance féministe y verra également une attaque ciblée contre la gent féminine, puisque ce furent deux femmes qui ont été attaquées1. Tandis qu’au Brésil, le carjacking correspond clairement à des exactions pour vol et gains matériels.

Alors fait divers ?

Après tout, en France aussi, cela arrive épisodiquement. Ironiquement, j’ai connu, dans un contexte sportif à Fort de France (préparation du semi-marathon), le directeur des RG d’alors, dont l’entraînement fut bien perturbé : c’était au moment de la grande grève du port, en 1999. Une fois reparti vivre dans l’hexagone, son épouse fut carjackée et prise en otage sur le parking d’un hypermarché dans les Yvelines et ne fut relâchée par le délinquant que 2h plus tard sur l’autoroute vers la Normandie…

Ou fait de société ?

Celui d’un nouveau type, traduction malheureuse mais hélas prévisible, de la montée inexorable d’une certaine violence, corollaire d’une impasse de pseudo-développement de la Martinique. Ce pays dont les habitants se sont longtemps considérés eux-mêmes, non sans condescendance, comme étant à la fois les plus avancés des outre-mer, et surtout un peuple entouré de « sous-développés » dans son environnement de la Caraïbe ? Alors que son niveau de richesse est largement dépendant de la perfusion budgétaire française et européenne, que cette dernière est extrêmement mal répartie (c’est une litote !), et que sa démographie est en chute libre, provoquant un vieillissement inédit dans sa vitesse…

L’avenir le dira.

En tout cas, cette situation de guérilla urbaine n’est pas sans rappeler les luttes anti-capitalistes et anti-impérialistes typiques de l’Amérique latine. Le drapeau rouge-vert-noir de la Martinique est d’ailleurs partout dans l’accompagnement et le logo du RPPRAC. Les tee-shirts rouge sont aussi bien visibles – non sans rappeler le rouge « pététiste » (celui du Parti Travailliste de Lula). Il est ainsi clair que le mouvement, au-delà de son focus sur la vie chère, qui est légitime et partagé par le plus grand nombre (et pour cause), porte implicitement un paradigme – même si pas encore un agenda explicitement revendiqué – décolonial, où l’indépendantisme n’est jamais loin, en toute logique d’ailleurs : « on est chez nous ici ».

Revenons à cette notion de « Brésilianisation ». Que revêt-elle ?

Le 2 octobre 2024, sur Cnews dans l’émission de Christine Kelly, le chroniqueur québecquois Mathieu Bock-Coté évoque ce terme pour caractériser une société où les riches ont fait sécession, un exil par le haut, pour se protéger et se débattre des ravages des couches inférieures d’un pays hyper violent, tournant ainsi le dos à la société dans son ensemble. De fait, derrière la carte postale d’un pays métissé heureux universel réussi, les plus aisés n’acceptent leur statut d’« élite » que du point de vue des privilèges qu’ils en tirent, mais jamais faire le lien avec les devoirs que cela implique et qu’ils récusent.

Nous ajouterons que le Brésil est connu pour ses images d’Epinal paradisiaques (Copacabana, carnaval et samba, « fútebol ») qui mettent en avant surtout son afro-descendance ; images auxquelles ont été ajoutées plus récemment celle des peuples indigènes d’Amazonie, en lien avec la lutte contre le changement climatique… Mais il convient toutefois de savoir que l’élite économique et sociétale de ce pays est blanche, et qu’elle se concentre largement autour des poumons économiques et politiques que sont Rio et São Paulo, tandis que dans l’ensemble les populations du sud sont majoritairement européo-descendantes.

La sociologue-économiste Violeta Loureiro, dans son ouvrage « Amazônia, colônia do Brazil » (2022) montre très bien les rouages d’exploitation des richesses naturelles de l’Amazonie par cette bourgeoisie blanche compradore, snob et raciste, quoiqu’elle en dise. La forte présence de blancs descendants d’européens au Brésil est venue de plusieurs vagues d’arrivées successives dans son Histoire, dont celles du 19è après l’abolition de l’esclavage, quand des lois d’immigration racistes furent promulguées, interdisant la venue des Africains et des Asiatiques (hormis les Japonais), pour admettre uniquement l’immigration d’origine européenne.

Alors quels sont donc les points communs entre le Brésil et la Martinique ?

Une ex-société de plantation (coloniale et esclavagiste) qui cause jusqu’à nos jours une répartition très inéquitable des richesses, qui est même inique puisque directement héritée de la plantation : la société correspond donc à une pyramide avec à son sommet une élite plus ou moins aristocratique, sous laquelle se tient une certaine bourgeoisie, et finalement un lumpenprolétariat noir – auquel on peut ajouter spécifiquement la pauvreté indigène du Nord amazonien. Belém est en effet une des plus pauvres des grandes villes du pays, après avoir pourtant connu la « Belle Epoque » du boom du caoutchouc, au tournant du XXème siècle, avec son « Paris N’America », duquel il ne reste que vestiges et une certaine nostalgie. Lula a convaincu ses pairs d’y organiser la COP30 en novembre 2025, et la ville est devenue un immense chantier de (re)construction pour compenser des décennies et des décennies d’abandon.

Ainsi dans les deux cas, Brésil et Martinique, le concept d’ethno-classe est toujours valide et bien vivace.

De même, il est logique d’observer en Martinique comme au Brésil un poids déterminant de l’agro-business, base de l’enrichissement historique des békés d’un côté et du patrimoine des grands propriétaires de latifundia au Brésil, les « fazendeiros ». Si le Brésil a une économie émergente et diversifiée, capable de produire des avions de moyen-courrier par exemple (les Embraer), ses exportations sont le fait, dans une écrasante mesure, de produits agricoles. Cela vous rappelle quelque chose ?2

Et que dire des musiques brésilienne et antillaise, si proches l’une de l’autre par bien des aspects – un João Donato jouant du piano comme Alain Jean-Marie (AJM), Eliane Elias comme Mario Canonge… Le saxophoniste de Thelonius Monk et du Duke, Charlie Rouse, ayant publié son album intitulé « Bossa Nova Bacchanal » dès 1962, où il remonte toute la Caraïbe jusqu’en Haïti où il déniche par exemple le morceau « Mési Bondyé » qu’il intègre à son album, morceau qui est également joué par AJM dans ses « Biguines réflexions »… Jusqu’au Carimbó et à la Lambada, omniprésents dans l’Etat du Pará, qui sont tant influencés par les rythmes caribéens, dont le Calypso…3. De même, les musiques et danse de la Capoeira ne sont pas sans points communs avec le Bélè… Etc.

Et comment ne pas dire que si « Fanm Matinik dou’. Yo bel, yo joli, yo tout’ agaçan » comme le chante le même Francisco, les femmes brésiliennes, à qui elles ressemblent jusqu’à un certain point, ne sont certainement pas en reste, de ce point de vue. Résultat, sur fond d’héritage des comportements issus de la plantation, subis car orchestrés par les maîtres, on aboutit dans les deux cas à nombre de structures familiales en perpétuel chaos, avec quelques exceptions comme dans le Sertão du Nordeste, qui fonctionne encore à l’ancienne de ce point de vue, avec une force de solidarité collective qui inspire le respect.

Venons-en aux différences entre nos deux pays.

Au-delà de la taille bien sûr (le Brésil est grand comme les Etats-Unis), la plus grande différence est probablement dans la perfusion budgétaire dont bénéficie le circuit économique martiniquais à hauteur de 20-25% du PIB, et qui entretient une bourgeoisie de fonctionnaires tout en finançant une partie de l’assistance sociale. Alors que le Brésil est plutôt une société du « marche ou crève », dans la mesure où les programmes sociaux, quand ils existent, ne sont pas pourvus d’autant de moyens financiers. Et ce même si Lula, dans ses deux premiers mandats (2003-2011), avait porté une action réformiste sociale très volontariste, dont la Bolsa Familia, et ainsi sorti de la pauvreté absolue (au sens de la Banque Mondiale) des dizaines de millions de Brésiliens.

Lula avait aussi réussi à mettre en place une discrimination positive pour l’entrée des afrodescendants dans les universités fédérales, là où l’Université des Antilles tient actuellement une position pro-européenne très punitive contre les étudiants africains – une véritable honte, pour ce qui est notamment de la Martinique, le pays de Césaire4.

Quid du sujet de l’insécurité ? Elle est endémique au Brésil. Je connais une très haute diplomate brésilienne qui a déjà été carjackée deux fois dans sa vie au pays, au point où elle n’a plus aucune envie d’y vivre. Fort heureusement pour elle, sa brillante carrière pour Itamaraty (le Quai d’Orsay brésilien) lui permet de l’éviter.

De son côté, la Martinique n’a pas de favelas, Dieu merci ! La départementalisation et le recrutement massif d’agents communaux à Fort de France en son temps par Aimé Césaire a permis d’empêcher que ce phénomène se produise en Martinique, au moment de l’exode rural massif causé par la crise sucrière. Et ceci quand bien même Foyal a aussi ses cités comme celle de Dillon, ses quartiers défavorisés (Sainte Thérèse, Terres Sainville) d’où émerge et ou s’exerce une bonne part de l’insurrection urbaine actuelle. La capitale martiniquaise a également ses mornes (Trénelle-Citron) qui , vus du ciel, peuvent ressembler quelque peu à la topographie des favelas, mais n’en sont heureusement pas, même si un certain dénuement peut y régner, débouchant sur un mécontentement qui peut rapidement se généralise et sur la grande colère actuelle.

Dans la même veine, le secteur de l’éducation primaire et secondaire public au Brésil est connu comme très déficient en qualité, obligeant les familles à se saigner pour envoyer, quand elles le peuvent, les enfants dans le privé. Rien à voir avec le système républicain d’éducation en France, bien qu’il soit en perte de vitesse, et ne joue hélas plus guère son rôle d’ascenceur social. Y compris en Martinique – la rue Case Nègres n’est plus, de ce point de vue5. Facteur important de l’équation insurrectionnelle d’aujourd’hui, à n’en pas douter : le manque d’espérance. Nous y reviendrons.

L’on pourrait continuer ainsi à l’envie sur les différences…

Quoiqu’il en soit, avec cette nouvelle crise de vie chère, qui était inéluctable – l’inflation forte, causée la covid puis les conséquences de la guerre en Ukraine, est venue par au-dessus d’un niveau de prix déjà surgonflé structurellement, comme l’a montré la première crise de vie chère en 2009 – nous assistons à la montée d’une contestation sociale forte en provenance de ce lumpen prolétariat noir martiniquais.

Sa nouvelle génération, avec quelques leaders très bien formés intellectuellement, a décidé de passer à une action radicale. A ses marges se déclenche une violence d’autant plus rapidement et de manière débridée qu’elle se retrouve, en présence des renforts de gendarmes spécialisés, à mener un jeu de chats et de la souris qui pourrait s’enliser dans une guérilla urbaine permanente. De ce point de vue, bloquer les routes n’est pas la même chose que détruire des biens la nuit par le feu : sous certaines conditions, les blocages peuvent rester pacifiques dans leur nature.

En tout cas, la CRS8 et les autres corps de gendarmerie spécialisée venus temporairement en renfort ne devraient pas se maintenir éternellement dans le pays, surtout en contexte de disette budgétaire conduite par Bercy et sous les ordres d’un premier Ministre, Michel Barnier, dont le passé de Commissaire européen à la politique (1999-2004), ainsi que de ministre de l’Agriculture (2007-2009), fait de lui un fin connaisseur de notre territoire et de ses acteurs majeurs.

En tout cas, la réponse répressive de son gouvernement, omme celle de son prédécesseur immédiat en Nouvelle-Calédonie, témoigne d’un certaine « bolsonarisation » de l’Etat français dans ses outre-mer, une dérive droitière que l’on avait certes déjà un peu connu en d’autres temps sur le territoire de l’hexagone, avec un certain Charles Pasqua, et plus récemment face aux gilets jaunes notamment.

Ceci tandis qu’une partie de la bourgeoisie martiniquaise soutient cette répression, en espérant (vainement ?) que le lumpen-prolétariat noir fasse sienne la célèbre citation de Charles Baudelaire : « sois-sage ô ma douleur et tiens-toi plus tranquille ». Ce qu’il a toujours fait, à quelques historiques éruptions de colère près.

Il fut un temps où Jean-Marie Le Pen était empêché d’atterrir sur le tarmac de l’aéroport de Martinique, qui ne portait pas encore son nom actuel, Aimé Césaire. Mais aujourd’hui, la lepénisation gagne du terrain dans certains esprits antillais, comme on a pu le voir lors de certaines élections non seulement européennes mais aussi législatives. Ne parlons même pas du cas mahorais à ce niveau.

L’histoire est-elle un éternel recommencement ?

L’avenir le dira.

Il semble plutôt que la Martinique soit à une croisée de chemins, un moment historique, mais vers quel destin ?

Si rien ne change, ce sera au mieux celui d’EPHAD généralisé à terme, avec des soubresauts terribles sur le plan socio-politique, entretemps, le long de ce chemin funeste.

Si, au contraire la caste dominante comprenait enfin que sa position anachronique n’est plus tenable et qu’elle s’invitait elle-même à modifier son logiciel carnassier, pour quitter sa position d’aristocratie comprador et vaniteuse, et pour au contraire embrasser la vision d’un véritable développement partagé et équitable, alors l’espoir resterait permis.

Elle commencerait par exemple par envoyer ses rejetons sur le campus de ce pays, celui du Pôle Martiniquais de l’Université des Antilles, ce qu’elle ne fait jamais, au grand jamais. Parce que la qualité y serait médiocre ? Que nenni ! Ne serait-ce pas plutôt parce que cela impliquerait la prise du risque des mélanges sanguins locaux, toujours historiquement fuis ? Il est vrai qu’à cet âge-là la jeunesse est pleine de vie et tentations… Ce serait un symbole plus que fort : carrément un premier pas vers la fin d’une pratique ancestrale de « pureté sanguine ».

Elle renoncerait aussi au racket et prise en otage du peuple par sa pratique de marges en cascade le long de la chaîne transport-logistique-distribution, dans laquelle elle est en position monopolistique dominante, et qui aboutit à des prix abominables pour ceux dont les revenus sont pourtant bien inférieurs.

Elle deviendrait nationaliste au bon sens du terme, pour le péyi Martinique, et elle offrirait à la jeunesse martiniquaise, qui « n’est pas née avec les mêmes cartes en mains », des perspectives d’avenir, là où le « déterminisme social » dont cette jeunesse est victime conduit au mieux à son départ, au pire à sa colère, face au « destin peu reluisant » que ce système bien verrouillé lui réserve6.

La caste, mettant ainsi fin à sa logique pluriséculaire, serait au contraire le porte flambeau du véritable développement ce pays, en partenariat réel avec toutes ses forces vives, ce pays qu’elle dit tant aimer (et pour cause).

Exactement à la manière de ce qu’ont fait les Franco-Mauriciens, blancs- créoles historiques de l’île Maurice, qui furent dans une position initiale relativement similaire, sociologiquement parlant, au moment de l’indépendance du pays en 1968. Au départ mono-sucrière et condamné à le rester par les Cassandre (y compris James Meade, prix Nobel d’Economie 1977), l’économie mauricienne est au contraire en train de rattraper le niveau de revenu « artificiel » de la Martinique, mais elle le fait elle sur la base d’un développement robuste et autonome sur le double plan financier et politique. Sans que les Franco-mauriciens n’aient guère perdu au change, d’ailleurs.

Au contraire, Madinina se vide, vieillit et se meurt, sans échapper entre-temps à une certaine Amérique-latinisation, y compris en tant que plateforme du trafic de drogue.

Alors, Brésilianisation ? Ou Mauricianisation ? Ou quoi d’autre encore ?

On peut toujours rêver d’un « nouveau modèle », celui qui est dans la bouche de tous les intellectuels de ce pays depuis plus de 30 ans et encore aujourd’hui dans la foulée du protocole, celui qu’il convient d’appeler l’accord Hayot7… Le modèle Godot ?

Pawol an bouch pas chaj

« Il faut que les réponses concrètes des institutions soient à la hauteur des enjeux »8.

Elles ne le sont pas. Loin de là.

« Pour ceux que l’on jette,

Dans les oubliettes

Dans l’obscurité,

Pendant que les gens dorment

au fond du conforme,

sans se réveiller ».

Bernard Lavilliers, « Betty » (1981)

(*)Maître de conférences en Économie, Faculté de Droit et d’Économie de la Martinique, expert des petites économies insulaires.

 

1Voir la story sur Instagram de Nadia Chonville, suppléante de la député Béatrice Bellay.

2Même si pour des raisons évidentes l’agro-négoce brésilien est ultra-compétitif tandis que notre banane n’existe encore que perfusée par les subventions européennes et que nos cannes sont devenues des cannes à rhum – il y a bien longtemps que la Martinique n’exporte plus son sucre.

3Chose très bien mise en évidence par l’excellent Eduardo Barbosa, manager-guitariste du très populaire Lambada Social Clube à Belém, qui dans son répertoire joue des morceaux des Guadeloupéens d’Expérience 7, comme « Goudjoua » !

5En référence bien sûr au film d’Euzhan Palcy (1983), ici.

6Ces quelques mots et expressions sont tirés d’un tout autre contexte que celui de la Martinique ou du Brésil, mais comment ne pas y voir une forte pertinence ? Ils sont ceux du comédien François Civil.

8Ainsi que le dit très pertinemment Adèle Exarchopoulos, à la suite de François Civil, dans la même interview. Quelle sagesse… !