—Par Claire Conruyt —
Le Grand Prix de la Semaine de la Critique du Festival a été décerné à Makala, un documentaire du réalisateur français Emmanuel Gras, qui retrace le périple d’un travailleur congolais jusqu’à la capitale.
«Je voulais montrer un homme en action, pas quelqu’un dans une situation de pauvreté, mais quelqu’un qui vit sa vie», explique le réalisateur. Kabwita vit dans un village reculé de la République démocratique du Congo. Afin de nourrir sa famille, il lui faut entreprendre un périlleux voyage jusqu’à la capitale, Kinshasa, et vendre du charbon de bois («makala» en swahili). «Il y a quelque chose de beau dans l’effort», remarque Emmanuel Gras. On suit le jeune travailleur congolais, peinant à transporter une cargaison trop lourde sur un petit vélo, son seul bien de valeur, et négociant sans relâche, épuisé, une fois arrivé en ville.
Une distance de près de 2000 kilomètres sépare la capitale de la région où vit Kabwita. Une région qu’Emmanuel Gras, également chef opérateur, a découvert lors d’un tournage récent. Il en avait retenu les images de personnes marchant au bord des routes, souvent chargées.
Gêné d’être un Occidental filmant un Congolais, le jeune réalisateur s’est mis en retrait, adoptant un récit sec, sans voix off ni commentaire. À la place, l’importance des sensations, la mise en image de l’épuisement, de la chaleur, du grouillement.
La France et l’Amérique Latine à l’honneur
Présidé par le réalisateur brésilien Kleber Mendonça Filho, le jury a également récompensé le film Gabriel e a montanha de Fellipe Gamarano Barbosa, lui aussi brésilien. Le film raconte les derniers jours de Gabriel Buchmann, un étudiant de 28 ans, ami du réalisateur, qui était parti faire le tour du monde mais a disparu juste avant de terminer son périple. Son corps a été retrouvé plus tard au sud du Malawi.
Le prix de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), a été décerné au film français Ava de Léa Mysius, un récit initiatique sur l’adolescence. Ava, 13 ans, apprend qu’elle va perdre progressivement la vue. Une révélation qu’elle tente d’accepter au cours d’un été et qui va transformer son rapport aux autres et à son corps.
La 56e Semaine de la Critique, sélection parallèle du festival de Cannes dénicheuse de talents qui ne retient que des premiers et deuxièmes films, a présenté sept films en compétition et trois autres en séance spéciale, ainsi que dix courts-métrages.
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