« Canada Morrison » ou la douloureuse quête du père

A Madiana le 23.02.2015, séance unique à 19h30

canada_morrisonPremier film prometteur d’un réalisateur argentin, ce road-movie sur la quête filiale d’une adolescente est illuminé par ses deux interprètes féminines.
Lila, 12 ans, qui a grandi dans un internat perdu dans les montagnes, est obsédée par le besoin de retrouver son père. Il n’a pas voulu la connaître, n’est jamais venu la voir. Lila ne sait rien de lui. Sa mère ne lui a livré que des bribes obscures. Intraitable, invivable pour ses éducateurs, Lila multiplie provocations et tentatives de fugue.

La directrice du pensionnat prend la décision de la renvoyer chez elle, accompagnée par sa professeur de biologie. En cours de route, Lila parvient à faire fléchir son accompagnatrice et à l’embarquer avec elle sur les traces effacées de son géniteur. Elle n’a qu’un indice dans les mains : le nom d’une compagnie d’électricité, qui a disparu des registres, où l’auteur évanoui de ses jours aurait travaillé.

Ce premier film d’un réalisateur argentin, d’une belle fluidité et d’une séduisante simplicité, se déploie comme une enquête policière avec des rebondissements, de fausses impasses, des moments de découragement. Par son obstination, Lila surmonte tous les obstacles pour tenter de toucher au but de sa vie.
Un film sensible et délicat

À commencer par la résistance de sa prof, dépassée par cet entêtement, puis touchée, avant d’en devenir la complice active. En route, une relation magnifique se noue entre ces deux personnages. Cette adolescente en manque d’affection et de reconnaissance (au sens le plus extrême du mot) trouve en Jaime une mère de substitution qui la protège et l’enveloppe d’une tendre attention, taraudée par la crainte de l’échec et de ses conséquences. Lila, peu à peu, se raisonne, sans se résigner, ni renoncer…

Ce film sensible et délicat est illuminé par l’interprétation très subtile de la toute jeune Paula Galinelli Hertzog, fragile et déterminée, prête à s’effondrer sans jamais rompre, et de Paola Barrientos, touchante par ses silences inquiets, sa sollicitude et sa compréhension des enjeux intimes de cette recherche éperdue.

Road-movie dans les paysages grandioses et austères d’une Argentine éloignée de tout, Canada Morrison, présenté en clôture du dernier Festival de Biarritz, illustre la douleur secrète d’une quête filiale quand manquent les informations, les traces, la présence et le regard qui permettent de se construire pour grandir.

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CANADA MORRISON

de Matias Lucchesi

Film argentin, 1 h 11