Brisons les chaînes de l’aliénation !

— Par le CNCP —

Le monde dispose d’une masse de biens extrêmement importante qui suffirait à répondre aux besoins d’une population dépassant des dizaines de fois ses sept milliards d’habitants. Pourtant, les classes populaires vivent dans le dépouillement et ne peuvent avoir accès à une vie décente ; même ceux qui disposent d’une apparente aisance matérielle n’en bénéficient pas vraiment parce que, agressés par des violences sociales et étatiques de tout ordre, ils sont soumis à une tension psychique incessante. Tout cela parce qu’une minorité d’individus, évaluée à 1 % de la population mondiale, accapare toutes les richesses planétaires et impose sa dictature.

Les courageuses résistances populaires, qui n’ont jamais cessé sur aucun coin du globe, ne sont pas encore parvenues à éradiquer le système prédateur qui est entièrement responsable de cette folie.

Plusieurs révolutions*1 lui ont porté des coups de boutoir, mais il reste dominant à l’échelle planétaire car disposant d’atouts majeurs : bien sur, l’architecture des institutions, les forces armées et les services de renseignement, les répressions policières et judiciaires, le chantage économique ; mais, surtout, l’arme de destruction massive sans laquelle, il serait impossible aux vampires de rester au pouvoir : l’aliénation !

Depuis toujours, en effet, une culture de référence a été imposée, des religions, des institutions scolaires ont été instrumentalisées pour conditionner les esprits des masses dominées. Les élites ont été formatées afin de relayer l’idéologie des classes dominantes. Aujourd’hui, les prédateurs contrôlent des empires médiatiques totalitaires dont la puissance est telle qu’ils peuvent, par le contenu divulgué, générer un dérèglement sociétal et mental généralisé sapant les bases même de l’Humanité.

C’est pourquoi, l’une des tâches essentielles qui revient à tous ceux et à toutes celles qui se battent pour l’émancipation humaine est de briser les chaînes de l’aliénation.

Une vision de l’épanouissement frelatée

Quelles devraient être rationnellement les aspirations de tout être humain qui aspire à l’épanouissement ? Vivre en bonne santé, se nourrir correctement, se loger dignement, se cultiver et se distraire sainement, vivre en sécurité et jouir de relations sociales harmonieuses. La triste réalité est que les propagandistes de l’idéologie capitaliste occidentale (qui s’est planétairement imposée avec la colonisation) ont imprégné dans la conscience de la majorité que les seuls moyens qui permettent de satisfaire ces aspirations là sont ceux qu’ils valorisent. Peu à peu, les moyens ont pris la place des objectifs dans la vision de l’épanouissement ! «Être chef d’entreprise», avoir «un métier qui rapporte beaucoup d’argent», être un élu important, une star du sport ou de la musique, vivre dans, une villa luxueuse (etc.) afin d’être «considéré». Cette vision frelatée est celle de beaucoup qui, hélas, la transmettent arbitrairement à leurs enfants !

Les choix de vie, dictés par ces conceptions qui relèvent d’une profonde aliénation conduisent malheureusement l’écrasante majorité de ceux qui les font à l’échec et au mal-être.

Une conception aliénante de l’économie et du développement

De fait, les choix de vie du plus grand nombre sont altérés par les conceptions dominantes développées par les propagandistes du système concernant l’économie et le développement. Premièrement, fragmentant arbitrairement les différents champs d’action sociale, ils ont incrusté dans les esprits l’idée que l’économie doit en être le prioritaire. Deuxièmement, ils ont convaincu le plus grand nombre que le critère d’un «développement» qui permettrait l’épanouissement de tous, c’est un cadre citadin offrant de nombreux centre commerciaux, des autoroutes où circulent des milliers de véhicules individuels, la brillance des néons, publicités lumineuses et autres paillettes. Là où l’aliénation devient particulièrement tragique, c’est quand elle conduit la masse à accepter l’idée que pour construire ce «cadre de rêve», Il faut attirer à tous prix des «investisseurs» (ceci en échange de la création de quelques emplois précaires et quitte à s’accommoder que des masses soient jetées dans la pauvreté ). Et pendant que les papillons attirés par la lumière viennent se griller sur les ampoules, les prédateurs atteignent leurs véritables objectifs, à savoir accumuler des profits et patauger dans le luxe ! Ils n’ont aucun scrupule à pratiquer :

– un extractivisme irresponsable : toutes les ressources naturelles de la planète sont pillées et des populations entières sont chassées de leur environnement naturel pour que celui-ci soit étripé.

– une industrialisation démentielle : On produit tout et n’importe quoi pour engranger des profits. On pratique cyniquement l’obsolescence programmée. On rejette massivement dans l’atmosphère les gaz à effet de serre qui génèrent le dérèglement climatique. On crache abondamment dans la nature des millions de tonnes de déchets dangereux qui affectent la faune et l’environnement et, en bout de chaîne, les humains.

– des monocultures assassines : L’usage massif de pesticides extrêmement dangereux entraîne la pollution de l’environnement, détruit l’indispensable biodiversité et nuit à tous les êtres vivants *2.

– une urbanisation irrationnelle : Chacun sait, par exemple, que la bétonisation anarchique des sols est responsable de la plupart des graves inondations que subissent les populations. A propos de l’enfer des incendies qui ravagent actuellement la Californie, de nombreux commentateurs expliquent que l’ampleur des dégâts est directement imputable au mode d’urbanisation y ayant cours. *3

Ainsi, sous l’égide de l’ultralibéralisme et avec la complaisance des gouvernements aux ordres des multinationales, le «cadre de rêve» s’accompagne obligatoirement d’une réalité cauchemardesque : le saccage de la nature, le dérèglement climatique et toutes les catastrophes induites, la pauvreté du plus grand nombre des humains et l’accroissement spectaculaire des inégalités sociales.

Une grille raciste et suprémaciste qui a perverti toutes les relations humaines

Le racisme a été créé par les colonialistes occidentaux pour justifier et perpétuer leur domination sur tous les autres peuples. Théorisé par de pseudo scientifiques, enseigné dans leurs écoles, intensément vulgarisé à travers leur littérature, leur cinéma, leurs religions, il a eu pour effet d’aliéner profondément et durablement de très larges franges de la population sur toute la planète. L’aliénation en question concerne tant les peuples occidentaux que les peuples dominés :

– Elle se traduit chez les colonisés par l’imprégnation d’un sentiment d’infériorité et par un mimétisme forcené dans tous les domaines. C’est l’individu qui ne conçoit sa valeur qu’à travers l’adoption du style de vie et des modes de «l’autre». C’est le «politique» dont l’ambition suprême n’est que devenir un «élu de la République Française». Ce sont les «élites» qui dans les néo-colonies rejettent l’idée que leur pays puisse se développer hors de la tutelle du Pouvoir Colonial ou qui, dans de nombreux pays devenus indépendants, n’imaginent les institutions que comme un «copier-coller» de celles, idéalisées, existant dans les pays colonisateurs.

– Dans les pays occidentaux, l’aliénation des masses populaires se manifeste par la conviction de la supériorité de leur «race» sur les autres, même quand leur propre statut social, leurs conditions de vie ou leur niveau intellectuel sont plus dégradés. L’élite occidentale est elle-même viscéralement aliénée y compris beaucoup au sein de la fraction qui se veut humaniste, internationaliste et progressiste. Nous pensons à cette «gauche» qui reprend allègrement la chanson de «la grandeur de la France», du devoir qu’aurait celle-ci de «venir en aide aux peuples sous-développés» et d’embrigader le monde dans «les Valeurs de sa République». Les Peuples colonisés n’ont besoin ni de charité ni de leçons ; Ils attendent qu’on leur soit solidaire et qu’on s’attaque au système colonialiste et impérialiste dans son propre pays.

Outre la mystification idéologique, la création et la propagation du racisme par les classes dominantes avait pour but manifeste de diviser les peuples pour mieux les asservir. Il s’agissait évidemment de faire barrage à la rencontre des Peuples dominés, dont la force solidaire serait largement en mesure de renverser les classes dominantes. L’objectif a incontestablement été atteint. Autant dire que combattre l’aliénation raciste au sein de tous les Peuples est une exigence impérieuse pour éradiquer le système impérialiste occidental et construire un monde alternatif. C’est dire que rester prisonnier de la grille raciste établie par le colon revient objectivement à le soutenir dans la pérennisation de son système. Ceux dont l’Humanité est restée intègre, n’accepterons jamais que la lutte contre «le blanc» soit substituée au combat anticolonialiste et anticapitaliste.

Briser les chaînes de l’aliénation est une condition essentielle à un véritable épanouissement individuel et collectif

L’exigence est donc que tous s’engagent, individuellement et collectivement, pour propager massivement une idéologie alternative et une contre culture visant à développer l’harmonie sociale, à promotionner des valeurs de partage et d’équité, à stimuler la volonté de contribuer au bien commun et, enfin, à encourager une spiritualité fondée sur le respect du vivant, des écosystèmes et de la biodiversité. En la matière, le rôle des organisations du mouvement populaire et de leurs militants est déterminant. Il leur appartient de mener, sans concession, une lutte idéologique ouverte et permanente pour mettre fin au règne de la «pensée unique», de la désinformation, de la manipulation et du conditionnement.

Notre projet révolutionnaire est de construire un monde meilleur garantissant un bien vivre dans une planète protégée. Prétendre que cela est utopique relève précisément d’une aliénation due au fait que la propagande des classes dominantes a systématiquement jeté un voile sur tout ce que les civilisations précoloniales ont pu créer de beau et de bon. De même qu’aujourd’hui, sont minimisées ou cachées les myriades d’initiatives et de pratiques manifestant la bonté et la solidarité humaines. Les bénévoles occidentaux qui accompagnent les sans-papiers, les militants caritatifs qui aident les déshérités où les militants syndicalistes et politiques sincères qui luttent quotidiennement aux côtés des opprimés, pour ne citer que ces exemples, sont autant de preuves que nous avons raison d’avoir foi en l’Humanité. Notre tâche est alors de briser les chaînes de l’aliénation qui entravent sa marche dans la voie du progrès. Nos combats resteraient vains si nous ne propagions pas largement au sein des masses les connaissances indispensables à une compréhension scientifique des phénomènes, à la déconstruction des idées fausses, à la reconquête de l’esprit critique et du libre-arbitre. C’est cela qui donnera à chacun l’opportunité de se débarrasser de ses aliénations et, qui nous permettra, collectivement, de renforcer les pratiques alternatives par lesquelles nous reprendrons le contrôle de notre vie.

*1 On pense évidemment à la Révolution d’octobre 1917 en Russie, à celles de 1949 en Chine, de 1959 à Cuba et à la Révolution Bolivarienne de 1999 qui ont eu une portée internationale indéniable mais tous les continents ont été secoués par des révolutions anticapitalistes et anti- impérialistes que nous sommes invités à découvrir.

*2 Citons l’exemple du crime de l’empoisonnement de 92 % de notre population par le chlordécone dont l’État Français et la caste dominante béké sont consciemment coupables.

*3 Cf. les inondations liées à la construction du centre commercial de Génipa en lieu et place de la mangrove à Ducos.