et à chaque Martiniquaise et Martiniquais.
— Par Yves Untel Pastel, écrivain-poète —
Formuler des vœux de bonne année, nous oblige à poser un regard lucide sur notre Martinique aux mille défis. Parmi ces nombreux challenges, les principaux touchent
– à la restauration de la santé physique et morale du peuple ;
– à l’urgence d’un développement économique intégré, en même temps qu’un partage équilibré des biens économiques et sociaux.
– au redressement moral et spirituel qui nous renvoie à la réhabilitation de nos valeurs communautaires d’intégrité, de solidarité et d’unité transmises par nos anciens.
Nous souhaiter ensemble Bonne Année, c’est accepter de tout faire pour mettre en œuvre, toutes les forces inexploitées de changement, afin de dresser notre Pays-Martinique face aux grandes marées de 2023.
Cependant, les forces dites du changement en Martinique ne seront que celles de la continuité et du Statu quo, voire de l’immobilisme dommageable, si la vérité et le courage politique devaient faire défaut. Je n’évoquerai qu’un seul de ces urgents changements à mettre en œuvre : le bon usage, la bonne gestion de nos ressources collectives, en particulier nos terres.
Nous le savons, la Martinique est dans un tel besoin de développement que la moindre parcelle de terre disponible, la moindre ressource doit être mise à la disposition de l’action politique pour la reconstruction économique et sociale pérenne.
– Cela exige le courage des réformes agraires incontournables, la sincérité et la célérité vis-à-vis de tous les Martiniquais susceptibles de mettre fin au gel du patrimoine foncier ;
– cela exige l’amour véritable pour le peuple, pour sa jeunesse aux abois qui se délite sous nos yeux.
– Cela suppose simplement l’amour de nous-mêmes, de nos enfants, de nos familles, de nos anciens, de notre peuple-pays Martinique.
Entre autres épineuses interrogations, caractéristiques de notre drame martiniquais, une question terrifiante me préoccupe : comment faire en sorte que la Martinique ne se prive plus de sa ressource principale, sa jeunesse ? Comment freiner l’hémorragie fatale que constitue l’émigration massive de nos forces vives, à peine sortie du système scolaire ? Comment endiguer la faillite de l’intégration économique de nos enfants dans notre tissu économique ? Notre génie collectif devra se montrer à la hauteur de cette épreuve. Migrer ne peut être une solution encore défendable, quand on observe le vieillissement galopant de la population martiniquaise : vague par vague notre peuple disparaît. Nous disparaissons.
Oui, j’ai envie de dire Bonne Année à chacun de nous, à notre pays, à nos communes respectives, à nos maires spécialement et à leurs équipes si investies dans leurs missions difficiles ;
J’ai envie de dire bonne année à toutes les forces vives, actives, les associations et autres conseils citoyens conscients et préoccupés par notre bien commun ;
Bonne Année à ceux de nous qui sont restés dans l’île, et aussi à tous ceux qui ont choisi ou accepté l’exil pour survivre, car le cœur de la Martinique bat aussi à l’étranger.
Je veux dire bonne année à l’espérance et à la bienveillance pour une Martinique qui veut avancer dans l’unité et l’amour entre tous. Je veux dire bonne année, non point comme un vœu pieux improductif, mais comme un engagement collectif pour un mieux-vivre et mieux être ensemble. Bonne Année La Martinique.
Yves UNTEL PASTEL, écrivain-poète,
Un Martiniquais de l’autre-bord !