24 mars Fonds St-Jacques à 19h
— Par Christian Antourel —
Il fallait bien un comédien pour endosser ce personnage C’est Patrick Womba à qui le rôle échoua…et c’est très bien ! Le roi c’est lui. Comme à son habitude, il s’empare du rôle de l’intérieur jalousement gloutonnement, il se délecte de la moindre ponctuation et des gestes qui s’y collent … Et gare à l’écho qui voudrait lui ravir son jouet.
Seul sur scène durant une heure trente il s’esclaffe, interroge, affirme. Colère et tendresse. Droit comme la justice ou tout en calme et poésie toujours imperturbable ; il ronronne presque. Commande, se livre il irradie. Bobo 1er roi de toutes les illusions, le roi de personne c’est lui. Ce spectacle moitié théâtre moitié musique, inspiré de la figure d’Ibo Simon, personnage réel énoncé clairement, « toute ressemblance avec une ex personnalité politique locale, n’est pas fortuite » Bonhomme mythomane haut en couleur, cette pathologie du narcissisme c’est-à-dire de l’amour de soi fait que le gus, s’il ne supporte pas la réalité telle qu’elle est, c’est d’abord qu’il ne se supporte pas lui même Ses frasques et errances musicales d’abord et rapidement médiatico- politique rejoignent un exhibitionnisme social porté par des vêtements couleur cacatoès, perroquets ou aras, un tutti frutti provocateur de couleurs et de formes.
C’est le peuple…
Ses sujets de prédilections sont une haine avérée pour les haïtiens , qu’il ramène dans l’injure « plus bas que des chiens plus bas que terre » et comble d’ironie dans l’auto dénigrement qu’il pratique il déteste l’homme noir son semblable qu’il qualifie allègrement de « fainéant de bon à rien. » Comportement calculé recruteur puisque ses partisans, « Ibobiens ,» qui lui font une cour assidue portent ce bon orateur de ses émissions télévisées qu’il anime, au poste de conseiller municipal de Pointe à Pitre. Frantz Succab pense que ce n’est pas le phénomène Ibo Simon qui est intéressant en soi, mais le peuple qui l’a rendu possible. Il dit avoir opté pour un personnage complètement inventé, imaginant, qu’Ibo peut avoir fait des petits, sans que les mêmes causes produisent les même effets, dans ce même peuple.
Prudence, prudence !
CITATION EXPRESS :
« Chaque objet du monde, de même que chaque individu, peut passer d’une existence fermée, muette, insignifiante à un état d’icône, ouvert à l’appréciation de la société. Ibo rentrait dans cette définition. »….. « Nul n’est tout à fait à l’abri de l’effet des mythologies actuelles. Cela touche à des impensées, des déraisons massives qui rendent un peuple soudainement consommateur, idolâtre et le retrouvent soudain avec la gueule de bois…ça va chercher dans un envers de nous même qu’il est intéressant de tenter de sonder au moyen du théâtre »
Frantz Succab.
Pratique :
De Frantz Succab
A Tropiques Atrium le 22 mars 20h
Salle Frantz Fanon
Le 24 mars à19h
Au CCR Fonds St Jacques à Ste Marie
Dans le cadre de Territoires en Culture.
Mise en scène : Guillaume Clayssen
Assistant à la mise en scène :Harry Baltus
Scénographie : Marielle Plaisir
Musique originale : Frantz Succab
Composition : Patrick Womba
Costumes : Patrick Cassin
Lumières : Jacky Marcel
Avec PATRICK WOMBA
Production : L’Artchipel
Scène Nationale de Guadeloupe
Crédit photos : Nicolas Yssap.
Tarif C 25, 20, 8 euros
Contact : 05. 96. 60. 78. 78.
05. 96. 70. 79. 29.
Christian Antourel