—Par Olivier Nuc —
Si le Kenyan Ngugi wa Thiong’o avait les faveurs des parieurs, c’est finalement l’auteur de Blowin’in the Wind qui a été récompensé. Retour sur le mythe né autour de Robert Allen Zimmerman.
C’était donc l’année de l’Amérique! Mais toujours pas celle de Philip Roth. Le nom de Bob Dylan est donc sorti du chapeau. Le chanteur a été récompensé du Nobel de littérature, comme l’a annoncé la secrétaire générale de l’Académie, Sara Danius, pour «avoir créé dans le cadre de la grande tradition de la musique américaine de nouveaux modes d’expression poétique».
S’il est de la même génération que les Rolling Stones, Dylan, qui vient d’assurer leur première partie au Desert Festival, approche son métier d’une manière diamétralement opposée. Pas de grand show pyrotechnique pour lui, mais des spectacles qui évoquent l’ambiance des clubs traditionnels de l’Amérique profonde. S’il passe sa vie à donner des concerts, il n’a rien d’une bête de scène rock. Et continue, surtout, à n’en faire qu’à sa tête, derrière sa moustache fine et son chapeau à larges bords.
Il en est ainsi depuis cinquante ans, lorsque le chantre du folk contestataire décida d’empoigner une guitare électrique et de jouer avec un groupe complet. C’est le 25 juillet 1965, dans le cadre du Festival de Newport, que Dylan fit scandale, provoquant l’ire des tenants de la tradition du protest song. Quelques jours avant, Like a Rolling Stone, single révolutionnaire, était sorti, marquant une césure irrémédiable avec les intégristes. Lesquels ignoraient que le musicien revenait là à ses premières amours, le rock’n’roll.
Bob Dylan enchaîne en quatorze mois les chefs-d’œuvre que sont Bringing it All Back Home, Highway 61 Revisited et Blonde on Blonde. À l’issue de ces séances de studio qui influenceront des milliers d’artistes, il n’a que 25 ans!
Entre son arrivée à New York en janvier 1961 et le début du travail sur cette trilogie, le chanteur a gravi les échelons de la notoriété. En s’affranchissant du mouvement pour les droits civiques, il cultive l’ambition de combiner la poésie, dont il est un grand lecteur, à la pulsation du rock. Après avoir passé en revue ses nouvelles chansons à la guitare sèche et à l’harmonica en une journée, Dylan décide d’incorporer d’autres instruments sur certaines d’entre elles…
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