Les humoristes, comédiens, réalisateurs, écrivains qui ont voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour, émettent de nombreux doutes pour le second. Pour beaucoup, le 24 avril, ils ont le choix entre la peste et le choléra.
Ils ne voteront jamais pour Marine Le Pen. Mais pour certains artistes choisir entre la cheffe du Rassemblement national et Emmanuel Macron, c’est un peu comme devoir choisir entre la peste et le choléra. Depuis les résultats du premier tour, un grand nombre d’écrivains, d’acteurs, d’humoristes et de cinéastes aussi célèbres et populaires que Blanche Gardin, Jacques Weber, Bruno Solo, Romane Bohringer, Pierre Lemaître, Xavier Beauvois, Princess Erika… ont exprimé leur désarroi face au deuxième duel Macron-Le Pen de l’histoire politique de la Ve République.
Le comédien Jacques Weber, qui n’a pas caché qu’il a accordé son suffrage à Jean-Luc Mélenchon au premier, a résumé le dilemme qui se dressera face à lui le dimanche 24 avril à nos confrères du Parisien : « Je suis profondément écœuré. Je m’amuse à aller dans les bistrots le matin, j’entends plein de choses et je pense que le vote sera extrêmement serré au second tour.» Pour lui la situation est comparable à ce qui s’est passé en 2016 lors des élections américaines : «J’ai très peur du syndrome Clinton-Trump : on se disait que Trump ne passerait pas, que c’était impossible et on a vu… Macron ne me satisfait pas du tout, mais l’autre (Marine Le Pen), c’est de la folie d’oublier à ce point son programme bourré de choses invraisemblables.»
L’écrivain Pierre Lemaître, prix Goncourt 2013 pour Au revoir là-haut et César 2018 pour l’adaptation de son livre, s’est montré quant à lui encore plus virulent que Jacques Weber. Il a utilisé un tweet métaphorique pour exprimer le vain combat des artistes face à la possible accession de Marine Le Pen au pouvoir suprême. Dans son message il publie la photo d’une femme en pleurs clouée au sol par un CRS avec ce commentaire : « Infirmière appelée à faire barrage à l’extrême droite au second tour.» Tweet qui a provoqué l’indignation et qu’il a fait disparaître. Avant de publier cet autre message.
De son côté, Romane Bohringer qui, comme Blanche Gardin, Caroline De Haas, Eva Darlan, Anny Duperey ou Corinne Masiero, avait appelé à soutenir Jean-Luc Mélenchon, ne cache sa déception d’avoir vu son candidat échouer de peu à la troisième place, avec près de 22%, au premier tour le 10 avril. Et elle a choisi de publier sur son compte Instagram le cliché d’un homme perdu dans ses pensées sur un quai de gare et qui voit passer un train à grande vitesse avec ce commentaire triste : «Rater son train… À quelques minutes près…» Elle n’a pas dit immédiatement vers qui se porterait son suffrage au le 24 avril. Avant de poster ce message sur Instagram qui résume le dilemme vécu par de nombreux artistes.
Ariane Mnouchkine :
On n' »essaie » pas Marine Le Pen! On n’essaie pas le fascisme, aussi déguisé, aussi masqué soit-il. On ne se livre pas aux forces obscures. Si elle est élue, alors, ceux, qui restés dans l’ombre jusqu’ici, apparaîtront autour d’elle le matin du 25 avril 2022, elle infligera à à la France, et à l’Europe, des dégâts incommensurables, irréversibles. Les m^mes que ceux qu’infligent encore Trump aux Etats-Unis, Bolsonaro au Brésil, Orban en Hongrie.
Source : Le Figaro.fr