— Par Fara C —
Avec son CD Bleu : point zéro, le rappeur afro-français dénonce l’oppression, toutes les oppressions. Sa poésie fait la peau à la médiocrité. Assurément, un disque phare de l’année.
Rappeur, auteur, compositeur, comédien, Blade MC AliMbaye envoie voltiger les p’tites cases, les p’tits calculs, les p’tits clichés. Et, avec Bleu : point zéro – Acte 1/3, il balance un grand album. Une poésie qui fait la peau à la médiocrité, une musique qui embrasse d’un même élan tradition et modernité. On l’a remarqué comme acteur dans Brooklyn, de Pascal Tessaud, rare film positif sur la banlieue, ou encore dans des créations de Montalvo, D’de Kabal, Patrick Chamoiseau… Dans le premier acte du triptyque discographique Bleu : point zéro, on perçoit la richesse de son expérience autant que l’intransigeance de son approche artistique. À la langue de Blade, qui rappe, fredonne, percute, se combine la voix grave du comédien Jean-Michel Martial, si juste dans le ton et dans le rythme. Des mots neufs, des métaphores flamboyantes, pour dire l’oppression, toutes les oppressions.
Lui, qui a « la peau corbeau » et l’âme grêlée d’ecchymoses, célèbre la négritude, Aimé Césaire, Marcus Garvey, Cheich Anta Diop, l’abbé Pierre, Sankara (« Un homme intègre peut valoir cent carats », dans « l’Ombre d’un rêve panafricain »)… Il dénonce l’hypocrisie des commémorations non suivies d’actes concrets, dénonce « les pensions miettes de pain » concédées aux tirailleurs qui ont versé leur sang pour la France…