« Bird », un film de de Andrea Arnold

Jeudi 9 janvier à 14h à Madiana
Avec Barry Keoghan, Franz Rogowski, Nykiya Adams
1 janvier 2025 en salle | 1h 58min | Drame
Synopsis
Tout public avec avertissement
La tension constante du film et plusieurs scènes brutales dont une très réaliste de violence conjugale sont susceptibles de heurter la sensibilité d’un public non averti.
À 12 ans, Bailey vit avec son frère Hunter et son père Bug, qui les élève seul dans un squat au nord du Kent. Bug n’a pas beaucoup de temps à leur consacrer et Bailey, qui approche de la puberté, cherche de l’attention et de l’aventure ailleurs.
La presse en parle :
CinemaTeaser par Aurélien Allin
Ce saut dans le vide, de ceux qui font les meilleurs cinéastes, les moments de cinéma mémorables et les grands films indomptés, Arnold ne le fait pas seule. Ses acteurs le font aussi, sans ciller, sublimes d’implication. Et le spectateur de suivre, obligé par tant d’évidente beauté, sidéré.

Le Parisien par Renaud Baronian
Aussi lucide que bienveillante dans sa façon d’emballer son sujet avec une intrigue pleine de suspense, mais sans jamais renoncer à un esprit festif, Arnold signe une petite merveille sociale rock et fantastique, rythmée par une bande-son décapante.

Libération par Olivier Lamm
Le miracle de Bird, film baigné de musique et d’émotions en sourdine tient tout entier dans sa volonté, branchée sur celle de sa protagoniste, à ne rien lâcher de sa fantaisie, puissant filtre à abjection qui rend tolérable jusqu’aux penchants les plus sordides des êtres et agrandit, jusqu’à lui faire occuper tout l’écran, la plus minuscule expression d’amour et de prévenance.

Mad Movies par Cédric Delelée
Une petite merveille de poésie, admirable de justesse et de modestie […].

Télé 2 semaines par Camille Brun
Porté par une distribution épatante et une réalisation hyper maîtrisée, un film âpre et original qui […] s’avère tout à fait bouleversant.

Télé Loisirs par C.B.
Porté par une distribution épatante et une réalisation hyper maîtrisée, ce film réserve bien des surprises et se révèle profondément bouleversant.

20 Minutes par Caroline Vié
On vibre d’empathie pour l’héroïne mais aussi pour son père, incarné par Barry Keoghan vu dans Dunkerque de Christopher Nolan. Il est le seul acteur professionnel du film et se fait souvent voler la vedette par les autres membres de la distribution.

Cahiers du Cinéma par Alice Leroy
Dans ce film à fleur de peau, la mise en scène éprouve moins leur vérité des personnages que leur sensibilité, une certaine qualité de leur regard sur un monde qui ne leur fait pas beaucoup de place.

Dernières Nouvelles d’Alsace par Thibault Liessi
Chronique sociale sur l’adolescence, Bird vire au conte sans jamais perdre de vue ses personnages, ni leur humanité.

Franceinfo Culture par Jacky Bornet
Empathique avec ses personnages, mais sans jamais tomber dans l’excès ou le lyrisme, avec un œil très observateur et sensible, la cinéaste se renouvelle avec Bird.

L’Obs par Nicolas Schaller
Dans ce film aérien sur une réalité plombante (la reproduction sociale des parents précoces), les animaux sont partout, les instincts, bestiaux, mais c’est l’humanité qui déborde.

La Croix par Céline Rouden
Adepte d’un cinéma social radical, la cinéaste britannique Andrea Arnorld injecte poésie et fantastique dans ce splendide récit du passage à l’adolescence d’une enfant de 12 ans qui se réfugie dans l’imaginaire pour surmonter la violence du monde.

Le Dauphiné Libéré par Thibault Liessi
Tout cela donne une histoire à la fois sensible et touchante. D’autant que Bird, dans sa dernière heure, s’éloigne du film social pour verser dans le conte, avec l’introduction d’une touche de fantastique.

Madinin’Art par Hélène Lemoine

« Bird « : l’envol d’une âme dans la brume du Kent

Dans « Bird », Andrea Arnold, cinéaste née dans la classe ouvrière britannique, livre un récit saisissant d’émancipation adolescente et de réalisme social, tout en y infusant une dimension onirique et magique. Le film suit Bailey, une préadolescente de 12 ans, incarnée par la talentueuse Nykiya Adams, qui vit avec son frère et son père dans un squat du Kent, un environnement propice à la débrouille et à la survie. Entre les violences domestiques, les rêves brisés et la précarité omniprésente, Bailey évolue dans un monde de contradictions où la tendresse côtoie la brutalité.

Le film plonge dans un quotidien rude, mais Arnold y insuffle une énergie poétique et un lyrisme brut qui rendent cette réalité pesante supportable. Bailey, bien plus mature que son frère aîné, observe le monde avec un regard affuté et rêve d’évasion, une échappatoire symbolisée par son amour pour les oiseaux. L’apparition de Bird (Franz Rogowski), un étrange jeune homme à l’âme enfantine, apporte une touche de fantastique, un guide presque surnaturel dans son univers chaotique. Il incarne une possible ouverture vers un ailleurs, une liberté que Bailey cherche désespérément.

Dans ce film tourné caméra à l’épaule, à la manière d’un documentaire, Andrea Arnold plonge au cœur des marginaux du Kent, un lieu où la vie semble tenir à un fil. Mais au-delà de cette atmosphère réaliste, elle joue avec les frontières du réalisme magique, où les personnages, pris dans leur quotidien, semblent eux-mêmes des créatures presque mythologiques. Ainsi, l’étrangeté de Bird n’est pas tant de trop, mais bien le miroir d’un monde en décalage, où l’innocence se perd dans un tourbillon de souffrance et de découvertes.

« Bird » dénonce la dureté de l’existence des laissés-pour-compte tout en offrant une humanité bouleversante à ce quart-monde, que nous ne voyons pas ou que nous ne voulons pas voir. La rencontre improbable de Bailey et Bird devient le catalyseur d’un cheminement intime où les petites touches de bienveillance et d’empathie prennent une dimension presque miraculeuse. Ce qui frappe dans le film, c’est la façon dont Arnold capture la poésie dans les recoins les plus sombres de la société, et comment, à travers une attention constante aux corps et aux émotions, elle redonne vie à des existences souvent invisibilisées.

L’originalité de « Bird » tient aussi dans son atmosphère musicale : la bande-son, oscillant entre rap, techno, trip-hop et dad rock, tisse des ambiances contrastées qui servent de toile de fond à ce voyage sensoriel où la réalité, brute et terrifiante, se mêle à des moments d’élévation. La musique devient le miroir des états d’âme des personnages, accompagnant l’intrigue de manière sensible et intense.

« Bird », un film audacieux qui fait dialoguer le réalisme social et le réalisme magique, offrant une réflexion poignante sur l’adolescence, l’émancipation et la quête de sens dans un monde hostile. Avec un regard acéré sur la précarité et une volonté de redonner voix aux oubliés de la société, Arnold signe une œuvre émouvante, mais également dérangeante, qui laisse une impression tenace, entre poésie et violence, humanité et survie.
Hélène Lemoine pour Madinin’Art