— par Marie-José Sirach —
C’est dans les jardins du musée Calvet qu’Olivier Py a convié la presse pour le bilan de la 71e édition. Une fréquentation qui accuse un léger fléchissement. Mais l’engouement du public est toujours là.
Que retenir de cette 71e édition ? Des sentiments contradictoires, des moments de joie et de déception, beaucoup d’intensité et de fragilité. Mais c’est beau la fragilité. C’est important. Réhabilitons la fragilité ! Dans un monde « start-upisé », ubérisé, la fragilité crée de l’empathie, du dialogue. Elle nous oblige tous à rester humble, d’où que l’on parle.
Ainsi Robin Renucci. Tous les soirs, il a sillonné les routes du département, avec son complice pianistique Nicolas Stavy. Ils ont joué dans des salles des fêtes, une cimenterie, un centre de formation professionnelle, un collège en zone sensible ou dans la prison du Pontet. Ils ont porté cette « Enfance à l’œuvre » sur des tréteaux, simplement ; donné à entendre les mots de Paul Valéry, Romain Gary, Rimbaud et Proust à des gens qui peut-être ne les avaient jamais lus. Avant chaque représentation, Renucci est allé à la rencontre des spectateurs pour les accueillir, leur souhaiter la bienvenue. Un geste à la fois dérisoire et fort, un geste symbolique et politique qui maintient, vivant, l’esprit vilarien du Festival d’Avignon.
« Une vision du monde qui n’abandonne pas le sensible, le créatif, l’imprévisible »
Ainsi Patrick Chamoiseau. Dans la cour de la Maison Jean Vilar, à l’invitation du Parti communiste, il a défendu « une vision du monde qui n’abandonne pas le sensible, le créatif, l’imprévisible ». Pour l’écrivain, il est temps de « reconquérir les imaginaires humains », de braver « l’économie qui nous dresse les uns contre les autres et empêche les solidarités dont nous avons besoin » et de reconquérir le poétique. « Les politiques actuelles sont devenues des politiques marchandes, il faut qu’elles redeviennent vectrices de liberté, d’utopie et de liberté. »
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