— par Christian Antourel —
Comme chaque fois où un tubercule est recherché, cultivé, fouillé et finalement débusqué, réalisé, la satisfaction ressentie alors peut-être à son comble mais l’effort fut-il de toute beauté, il n’en demeure pas moins sûr qu’un tubercule reste une racine et n’est jamais un arbre.
La difficulté de faire, ne fait pas l’Art ; loin s’en faut. Disons au contraire, qu’elle souligne et stigmatise un handicap génétique ; que le rythme diabolisé de la biguine ne parvient pas à masquer.
Biguine, est ici documentaire et fiction à la fois.Le rêve est celui des auteurs, tout englués dans un cinéma sucre d’orge « Filibo », « Lotchyo » mais aussi « Bwa dan tchiou ».
La réalité reste un non-dit trop évident, contrarié. Une impossibilité d’être, avouée et révélée en 90 minutes d’un film innocent prit en otage.
Heureusement, les vrais costumes de l’époque, de Régine Martino et les décors, comme si on y était, de Marie-Laure Elmin, font par instant diversion et jettent un peu de poudre aux yeux d’un public trop tôt converti ; avec ses a-priori en bandoulière, culpabilisé dans le vent d’une réflexion forcément identitaire se sentant promu au panache patrimonial.
La trame est fabuleuse, elle est historique. Donc impossible dès lors de la grimer, de l’absoudre.
Même si l’on comprend la souffrance du scénario et de sa mise en scène, cette force jugulée ne doit pas être laissée pour compte immolé au bûcher d’une recherche mercantile et nécessairement ingérable.
La restriction tue l’œuvre dans l’œuf ; voici le résultat.
Ce film est made in tout ce que l’on voudra.
Ch. ANTOUREL
Déjà paru dans France-Antilles Magazine le 23 Octobre 2004