BD : Riad Sattouf décroche le Grand Prix au Festival d’Angoulême

C’est l’auteur de l’incontournable L’Arabe du futur. Le Franco-Syrien Riad Sattouf a remporté ce mercredi le Grand Prix au Festival d’Angoulême, plus haute récompense du monde de la bande dessinée. Le dessinateur de 44 ans, élu par ses pairs auteurs de BD à l’occasion de la 50e édition du célèbre festival, a reçu la distinction lors de la cérémonie d’ouverture au Théâtre d’Angoulême. « C’est très impressionnant », a-t-il déclaré après une ovation debout.

Il a rendu hommage à sa grand-mère maternelle, celle qui a cru en son talent la première. « J’ai voulu faire une bande dessinée en imaginant qu’elle voudrait la lire, elle qui n’aimait pas ça », a expliqué le dessinateur au sujet de L’Arabe du futur. « Je suis profondément honoré et ému. […] C’est la pièce maîtresse qui manquait en haut de la pyramide de mon ego », a-t-il lancé. « Faites des livres, et encore des livres. D’ailleurs c’est ce que je vais faire moi aussi. »

L’artiste devance deux femmes

Riad Sattouf a devancé deux femmes. Pour la Française Catherine Meurisse, c’est la quatrième fois consécutive qu’elle est battue en finale. Elle peut se consoler avec son entrée à l’Académie des Beaux-Arts en novembre. L’Américaine Alison Bechdel avait quant à elle reçu une forme de reconnaissance, moins visible mais plus rare, quand Les Secrets de la force surhumaine avait été retenu par le prix Médicis dans sa première sélection en littérature étrangère en septembre.

Difficile de rivaliser avec la cote d’amour dont bénéficie Riad Sattouf au sein du milieu de la BD. Et sa légitimité artistique ne fait de doute pour personne. L’Arabe du futur, sa série autobiographique en six tomes, s’est vendue à plus de trois millions d’exemplaires dans le monde.

Des bulles au grand écran

L’œuvre du Franco-Syrien ne saurait être résumée à ce récit touchant et drôle des vicissitudes et doutes d’un enfant et adolescent doué avec un crayon, mais moins pour le reste. Il dessine aussi la vie d’une jeune Parisienne d’aujourd’hui, depuis ses 10 ans, dans Les Cahiers d’Esther (7 tomes depuis 2016), et s’est lancé dans celle du comédien Vincent Lacoste (Le Jeune Acteur, 1 tome pour l’instant). Pourquoi lui ? Parce que Riad Sattouf, cinéaste, a lancé sa carrière. Il a réalisé deux longs-métrages, Les Beaux Gosses (2009) et Jacky au royaume des filles (2014).

Et il en prépare un troisième, aux côtés d’idoles de jeunesse : le trio comique des Inconnus. Ce travailleur acharné, méticuleux, jongle avec les projets avec une aisance qui n’est qu’une façade. En vérité, il se remet tout le temps en question. À 25 ans, en 2003, il décroche le prix Goscinny, récompensant un scénario. Puis en 2010 et 2015, il remporte le Fauve d’or au Festival d’Angoulême, prix du meilleur album de l’année. Ce perfectionniste a poussé jusqu’au bout la logique en devenant son propre éditeur. Il a fondé en 2021 Les Livres du futur, maison où il est pour l’instant le seul auteur.

Source : 20minutes.fr avec AFP