— Par Jala —
Lettre à mes débiteurs
Ba mwen lajan mwen… souplé !
Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin, elle se casse ! Ce proverbe illustre bien mon état d’âme actuel.
En effet voilà quelques années, que je suis chargée de cours à L’Université des Antilles, Campus de Schœlcher, en licence LCR (Langue et Culture Régionales) et j’ai du mal à me faire régler mes honoraires ! Le travail est fait, les dossiers sont remplis et fournis. J’ai déjà réclamé… mais rien ne bouge !
J’ai à ma charge 96 heures par an, oui PAR AN ! Au début c’était assez bien, j’étais payé avec un ou deux mois de retard… et puis voilà ! Les cours c’est de septembre à mai et on vous paye le tout en une ou deux fois vers juillet, avec une fiche de salaire ! Mais là, ça commence à faire long ! L’année 2014-2015 ne m’a toujours pas été payé ! Il y a mieux, pour l’année 2015-2016, j’attends encore le retour de mon contrat d’embauche que j’ai signé (puisqu’il est renouvelable chaque année) alors que j’ai déjà effectué 88 h de cours. … Cela dit, il paraît que je ne suis pas la seule dans le cas ! Mais chuuuuuuut !
Mais je ne voudrais pas pénaliser les étudiants, c’est pour cela que je continue. (Mais c’est sûrement ma dernière année). Alors je lance mon cri comme tant d’autres pour leur rémunération. Je réclame pour l’instant, je n’exige même pas, je suis une pacifiste.
J’ai menacé de ne pas donner les notes des contrôles continus, il y a eu un frémissement lors du premier semestre, et puis plus rien.
Gardez-vous, Madame, Monsieur, d’utiliser ma réclamation afin d’alimenter des querelles intestines ou autres règlements de comptes. Ce n’est pas le but de ma lettre. Je ne fais partie d’aucun groupe ni pour untel, ni contre untel. Zòt tann ?
Mes débiteurs, comme un Comité d’entreprise dans le sud, un Office du tourisme dans le nord et les autres qui se reconnaîtront, ba mwen lajan mwen, souplé…
J’espère que l’on ne verra pas d’arrogance si je dis dans ma langue martiniquaise : Respé pou travay mwen ! Pa fè mwen faché, tonnan di sò padon Bondié ! Mwen travay, péyé mwen !
Case-Pilote, le 18/02/2016 Jeannine LAFONTAINE dite Jala Veuve TOURET