Avignon – « Quelle abnégation! », lance la comédienne au public. Ou « ils sont masochistes », plaisante un autre acteur. Au Festival d’Avignon, une épopée théâtrale relève le défi de garder assis des spectateurs pendant 13 heures… avec quelques entractes tout de même.
Ce n’est pas une première. En 2018, Julien Gosselin faisait une adaptation en dix heures de trois romans de l’Américain Don DeLillo et, cette année-même, le directeur sortant du festival, Olivier Py, monte sa monumentale œuvre « Ma Jeunesse exaltée » (10 heures également).
A la Fabrica, une des scènes du festival juste en dehors de la « Cité des papes« , le public, resté globalement jusqu’au bout, s’est levé vers minuit pour applaudir bruyamment les 17 comédiens et comédiennes du « Nid de cendres« , du dramaturge français Simon Falguières, 33 ans.
Après chacun des quatre entractes et deux pauses, deux comédiens s’extasient (« Ils ne sont pas partis!« ) et s’amusent à encourager ou à taquiner l’assistance.
Dans cette épopée divisée en sept parties et qui oppose un monde réel à celui des contes, on retrouve un couple qui abandonne son bébé près de la roulotte d’une troupe itinérante de théâtre puis, d’un autre côté, une reine malade –une sorte d’allégorie de l’Occident– ainsi qu’un roi et une princesse qui veulent la guérir.
Les deux mondes, séparés par une scénographie différente et efficace, se rejoignent au bout des 13 heures, après une série de péripéties où la fable se mélange à l’actualité par divers clins d’oeil.
Malgré des scènes qui pourraient sembler décousues, certains spectateurs interrogés par l’AFP au bout de ce marathon avaient l’air transportés par l’expérience.
« Ce format mérite d’exister, c’est une bonne bizarrerie. J’ai très peu regardé mon téléphone, les infos, les messages. On est un peu hors du temps« , affirme Jude Butel-Gans, 23 ans, étudiant en sciences sociales venu de Lyon.
– « On se laisse emporter » –
« On est content d’avoir tenu, on se laisse emporter« , rit Marie Roux, 45 ans, entraînée dans cette expérience par sa fille Manon, 17 ans, élève au Conservatoire de Paris. « Mais je pense que c’est compliqué que ça se fasse ailleurs qu’à Avignon« .
« Je trouve qu’il y a des moments où ça aurait pu être plus creusé mais c’est facile à suivre« , commente sa fille.
Julie, metteuse en scène venue de Strasbourg, n’a pas du tout
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