— Par Roland Sabra —
D’où tu viens ? Quand on pose cette question « cela veut dire que l’on présume que venir de l’étranger et avoir un couleur de peau différente, c’est un peu la même chose. Donc, quand on n’est pas blanc, on n’est pas vraiment français ! » ( Eric Fassin, sociologue). L.U.C.A. ( Last Universal Common Ancestor) l s’inscrit dans la continuité d’un travail entrepris par Hervé Guerrisi il y a une dizaine d’années sur l’immigration et la diaspora italienne et qui a donné lieu à deux prestations, Cincali et La Turnata, sur les conditions de vie et le parcours des mineurs italiens arrivés en Belgique au siècle dernier. Pour L.U.C.A. il s’est associé à Gregory Carnoli pour questionner les réactions hostiles de leur diaspora, aujourd’hui «intégrée» face aux nouvelles vagues migratoires. A leurs pères ils jettent à la face : « L’histoire de ceux qui traversent la Méditerranée aujourd’hui, c’est la même que la nôtre quand on a passé les Alpes ! ». C’est donc autour du mythe des racines, eurasiennes, africaines ou autres, que s’élabore le spectacle à partir d’entretiens avec d’anciens migrants mais aussi, et c’est beaucoup plus original ayant recours à une analyse génétique de leur ADN. Conséquence de la Seconde Guerre Mondiale ce genre d’analyse est interdit en Europe. Ils se sont donc adressés à un laboratoire étasunien. Le test permet de déterminer les groupes ethniques et les peuplades auxquels ils appartiennent. Ils ne seront pas déçus de leurs découvertes.
Le sol du plateau va servit de tableau noir pour dresser leur arbres généalogiques. Une caméra fixée à la verticale va en permettre la visualisation en fond de scène. Les deux complices dans un numéro plutôt bien rôdé, qui mêle connaissances scientifiques, commentaires prosaïques, réactions xénophobes, humour et audaces langagières vont rappeler que la totalité des espèces vivantes sur Terre proviennent d’ un Dernier Ancêtre Commun Universel (D.A.C.U). L’acronyme anglais L.U.C.A. est le plus utilisé.
Le spectacle qui tourbillonne, multiplie les adresses au public, vire parfois au fouillis est toujours chaleureux et plaisant.
Il nous rappelle ce que disait Maryse Condé lors d’un passage en Martinique : « Nos racines sont là où nous sommes ! »