— Par Roland Sabra —
D’emblée la première scène est de toute beauté. Un jeu d’éventails rouges épouse au plus près de corps le noir des corps qui dansent. Chant et musique soutenus du talon de la chaussure qui frappe le sol. Elles ont arrivées cerclées de crinoline, enfermées dans un deuil de huit ans imposé par la mère qui vient de perdre son second mari. « La maison de Bernarda Alba » de Fréderico Garcia Lorca est un drame de l’enferment de cinq jeunes femmes rebelles en proie à la tyrannie d’une mère obnubilée par le « quand-dira-ton ». C’est la question douloureuse de la liberté, de l’insoumission et de la nécessaire révolte contre un ordre maternel sclérosé dont il s’agit. Sur l plateau elle prend la forme d’un robot métallique tandis que la grand-mère enveloppe ses petites-filles dans le filet d’un chant qui se voudrait protecteur.
L’adaptation libre de la Cie Albadulake repose sur la conjugaison des arts de la danse du chant et du cirque. Pas de mots si ce n est un courte phrase pour identifier chaque soeurcaractérisent les personnages. Le titre retenu fait référence au génome, c’est à dire à ce qui se transmet d’une génération à l’autre. Le B majuscule renvoie à Bernarda. Dans ce travail d’une beauté plastique à coupé le souffle le travail sur le corps fait sens au-delà de toute nécessité d’énonciation d’une parole. Le corps « n’est pas seulement un outil ; il exprime par dessus tout la force et la passion à travers lesquelles se transmettent les sentiments » déclarent les auteurs Juan Antonio Moreno venu de l’univers circassien et Angeles Vasquez issue du monde de la danse. La scène de corde lisse cours de laquelle Adela la benjamine et la rebelle se démêle entre vie et mort suspendue dans les airs tendue vers l’issue fatale désirée est tout simplement sublime. La sortie de vie se fait par l’intermédiaire d’un imposant cercueil posé en fond scène sur le milieu du plateau, comme un sas entre la vie et la mort.
Inventif, énergique, porté par des artistes de talent Genom B, on l’aura compris est une réussite.