Outre les pièces de théâtre, les tours de chants, les conférences, il y a aussi des lectures à Avignon. Bananas, la pièce de Julie Timmerman a été lue à Présence Pasteur il y a quelques jours. Elle était à l’affiche du Théâtre du Rond Point à Paris en février 2019. Le synopsis ci-après, confirme totalement ce que le titre suggère: nos antilles et la Martinique en particulier sont tout à fait concernées par une thématique qui remet en perspective l’histoire de la culture fruitière dans nos modes de production. On y entend que l’empoisonnement des territoires est consubstantiel à ce type de culture. Bien avant le chlordécone, la » bouillie bordelaise » décimait déjà les populations confrontées à ce poison. Pire encore, l’asservissement des peuples, la ruine des démocraties, l’instauration de dictatures, les assassinats politiques deviennent monnaie courante dans ce qui par dérision s’appelle « République bananière ». Le texte de Julie Timmerman est sans concession, il invite à élargir la mise en cause du scandale de l’empoisonnement de nos terres au système politico-économique qui le met en œuvre.
R.S.
Minor Cooper Keith, conquistador des temps modernes, débarque au Costa Rica à la fin du XIXème siècle pour y bâtir le chemin de fer. Le monde s’ouvre à lui, la jungle ne lui résistera pas. Il plante des bananiers le long des rails pour nourrir ses ouvriers, mais se rend vite compte que le commerce des bananes est plus lucratif que celui du chemin de fer. Et il fonde la United Fruit Company, qui bénéficie de cadeaux fiscaux de la part des dictateurs de la région, et qui étend peu à peu ses tentacules sur toute l’Amérique centrale : Guatemala, Colombie, Nicaragua, Honduras, Panama, Cuba… La firme devient un Etat dans l’Etat, avec une main mise sur les ressources et les infrastructures des pays, sur la terre, qu’elle engorge de ses poisons, et sur les Hommes. Avec sa flotte privée, elle met en place un commerce mafieux : les bateaux montent des bananes aux Etats-Unis et redescendent des armes. Minor tient ses employés en état de servitude, en les payant en bons d’achat valables uniquement dans ses propres magasins. Les indiens courbent l’échine, comme Miguel, paysan qui réclame justice devant un tribunal vendu aux grands propriétaires terriens ; comme Rosaria, violée par les miliciens de la firme ; comme Soledad, qui invente des contes pour consoler son petit frère métis, fruit de ce viol. Mais un jour, au Guatemala, la révolte populaire renverse le dictateur et élit un socialiste. Une armée rebelle est constituée avec l’aide de la CIA, et à l’instigation de Sam Zemurray, digne héritier du fondateur de la firme. Le président élu est renversé. L’actualité nous montre que la pieuvre renaît perpétuellement de ses cendres. « Le ventre n’est pas mort d’où est sortie la bête immonde », dit Brecht.
Bananas est une fresque tragi-comique qui mêle personnages historiques et fictionnels, où la petite histoire raconte la grande ; une épopée aux airs de western et de film d’espionnage, avec indiens rebelles et agents de la CIA véreux, qui, avec ironie et mordant, dénonce l’entreprise mortifère des multinationales, le pouvoir des lobbys, et évoque les violences du passé pour éclairer les violences du présent.
DISTRIBUTION Texte et mise en scène : Julie Timmerman
Avec : Julie Timmerman, Anne Cressent, Mathieu Desfemmes, Jean-Baptiste Verquin
Soutiens (dossiers en cours de constitution) – Drac, Adami, Spedidam, Ville de Paris, CD94, CD91 – Coproductions, résidences et pré-achats (en cours) – La Grange Dîmière/Fresnes, Théâtre des 2 Rives/Charenton, Fontenay en Scènes/Fontenay-sous-Bois, Centre Culturel d’Orly, Théâtre Jean Arp/Clamart, Théâtre André Malraux/Rueil-Malmaison, L’Atalante/Mitry-Mory, Scène conventionnée d’Homécourt, Espace culturel Boris Vian/Les Ulis, ECAM/Le Kremlin-Bicêtre dans le cadre des Théâtrales Charles Dullin, Lilas en scène, Comédie de Picardie, Théâtre des Ilets/CDN de Montluçon, Théâtre Antoine Vitez d’Ivry, Carré Bellefeuille/BoulogneBillancou