— Par Roland Sabra —
Louise reprend conscience dans un abris anti-nucléaire sousterrain. La jeune femme a été sauvée par Mark, un copain qui a pu, dit-il, l’emmner évanouie, dans ce bunker avant que n’arrive le nuage radio-actif généré par une explosion nucleaire d’origine terroriste. After the end , la pièce écrite en 2005 par l’auteru britannique, de renommée internationale, Dennis Kelly est donc un huis clos classique dans sa facture, entre un homme et une femme, coupés de toute communication avec le reste du monde, dans un ailleurs insituable au cours duquel vont se dérouler, se déployer, se dévider, toutes les attitudes, sentiments et passions les plus basiques pour ne pas dire les plus archaiques.
On retrouve là, sous l’évocation d’une menace réelle ou imaginaire le déploiement des mécanismes psychiques défensifs et d’attaque, clivages, projctions, identifications projectives, dénégations, dénis, qui participent à la construiction du huis clos. Le périmètre délimité est un véritable dispositif de contrôle, de contrainte et d’emprise afin de maintenir ou m^me détablir un lien fusionnel. Durablement fermé, conçu dans le but de suspendre le temps et l’espace, de réduire ou d’annuler la parole et la singularité de l’autre, le huis clos est énigmatique et donc en tnt que tel un objet de théâtralisation.
Dennis Kelly déploie ce thème en creant un situation dans laquelle la parole, les actes, voire la pensée d Louise va être contrôlée par Mark. Il usera pour ce faire de logiques relationnelles faites de conduites de surprotection, de relations tyraniques d’emprises, et même perverses. Les protagonistes ne sont aucunement dans un dialogue. La phrase de Louise à peine commencée est interompue par Mark et accusée de dissumulation, de non-dit. La dimension paranoïaque de Mark avec sa fixation homosexuelle est bien illustrée dans le déploiement de sa jalousie, quand il évoque le petit ami supposé de Louise.
C’est le classicisme de cettte exposition qui très vite peut produire un effet de déjà vu tant les ressorts du huis clos sont connus. Heureusement il y a le jeu des comédiens, Xavier Gelfi et Marie Petiot, qui portent de bout en bout le texte avec une foi, une énérgie à renverser les murs, dans une scénographie faite d’ombres et de lumières comme il se doit, et de décor d’une grande sobriété. La scène finale, construte autour d’un presque dialogue, entre ls deux protagonistes, assis sur une chaise est sans doute superfétoire. Elle donne une explication, prosaïque, réductrice de sens à la thématique déployée sur le plateau.