— Par Le Nouvel Observateur —
Quartiers pauvres, éducation dégradée, jobs précaires, moindre accès à la propriété… La majorité des Noirs sont pris dans un cercle vicieux que l’élection d’Obama n’a pas fait disparaître.
Il aura fallu la mort de Michael Brown, jeune Noir abattu par un policier blanc à Ferguson (Missouri) le 9 août, pour rappeler au monde entier que la question raciale aux Etats-Unis est un problème loin d’être réglé. Un demi-siècle après le mouvement des droits civiques et la fin des « Jim Crow Laws », lois de ségrégation qui remontaient à la seconde moitié du XIXe siècle, quelle est la situation sociale et économique des Afro-Américains ?
Surreprésentés dans les prisons
Les protestations qui ont suivi la mort de Michael Brown visaient le fonctionnement de la police et de la justice. Des institutions loin d’être impartiales, dans un pays ou la justice est avant tout raciale : le taux d’incarcération des Noirs est aujourd’hui 7 fois supérieur à celui des blancs. Un homme afro-américain sur 3 connaît un épisode de prison au cours de sa vie.
A la suite de la « War on Drugs » (guerre contre la drogue) engagée à partir des années 1970, la justice états-unienne s’est lancée dans une répression totale des crimes liés à la drogue. Début 2000, la population carcérale a augmenté de 700%. Dans le même temps, le nombre de Noirs emprisonnés pour consommation de drogue a explosé : malgré un taux de consommation légèrement plus faible, les Noirs de 18 à 25 ans sont mis en prison, dans certains Etats, presque 10 fois plus souvent pour possession de drogue que leurs homologues blancs. Le résultat « de pratiques policières qui ciblent les quartiers défavorisés, et des délits de faciès des forces de police », estime Michael Tonry, professeur de criminologie à l’Université du Minnesota.
Cette « mass incarceration » (emprisonnement de masse) de la population noire a des conséquences : de retour dans la société, les anciens prisonniers se voient dans certains Etats déchus de leurs droits civiques, exclus des aides sociales et des aides au logement, et leur casier judiciaire conduit à leur discrimination légale sur le marché de l’emploi. Ils quittent donc les barreaux de leurs cellules pour être enfermés derrière des barrières socio-économiques. « Citoyens de seconde zone », selon l’expression de la sociologue Michelle Alexander, auteur du best-seller « The New Jim Crow ».
Surreprésentés parmi les pauvres
L’écart entre le salaire annuel moyen d’un blanc et celui d’un Noir a beau avoir diminué, l’écart de richesse moyenne (et donc le patrimoine moyen), lui, s’est maintenu. Les Noirs n’ont que peu profité de la croissance économique et ont accédé à la classe moyenne dans un moindre mesure que les blancs. Le sociologue Thomas Shapiro a ainsi démontré en 2011 qu’un foyer noir est en moyenne 90% moins riche qu’un foyer blanc. Principale explication : très peu de familles noires sont propriétaires d’un logement…
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http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20140822.OBS6987/aux-etats-unis-le-reve-americain-n-est-pas-fait-pour-les-noirs.html