Aux Antilles et à La Réunion, 30 % des personnes de 15 ans ou plus n’utilisent pas Internet ou ont des difficultés avec le numérique

En 2017, en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion, environ 30 % des personnes de 15 ans ou plus sont totalement éloignées du numérique ou ont des difficultés marquées, soit plus de 10 points au-dessus de la moyenne de l’Hexagone de cette même année (19 %). Parmi ces personnes, neuf sur dix n’ont pas utilisé Internet dans l’année, comme en France métropolitaine. Les autres utilisent Internet, mais sont dépourvues de toute compétence numérique de base.

La fracture générationnelle est très marquée dans ces régions : deux tiers des personnes âgées de 60 ans ou plus sont éloignées du numérique, contre moins de la moitié en France métropolitaine. Le décrochage intervient dès 45 ans, particulièrement à La Réunion. Les niveaux de diplôme de la population sont en effet plus faibles dans les DOM, surtout pour les plus âgés.

Davantage d’illectronisme dans les communes éloignées des villes et les petits pôles urbains

Aline Branche-Seigeot (Insee)

En 2019, 16 % des personnes de 15 ans ou plus résidant en France métropolitaine n’ont pas utilisé Internet au cours des douze derniers mois ou n’ont pas les compétences numériques de base. Ces personnes sont en situation d’illectronisme. Il s’agit surtout des plus âgés, des moins diplômés et des moins favorisés socialement.

Les habitants les plus éloignés des villes et ceux des petits pôles urbains sont davantage concernés par l’illectronisme (respectivement 22 % et 24 %) que ceux des plus grandes villes (13 %). Par ailleurs, les populations des territoires sous influence de grands pôles urbains utilisent Internet beaucoup plus fréquemment.

Via une modélisation, le risque d’illectronisme peut être calculé au niveau des intercommunalités : avec une population plus jeune et plus diplômée, celles qui abritent les capitales régionales sont moins exposées.

Au sein des régions, le taux d’illectronisme modélisé est le plus élevé en Normandie, en Bourgogne-Franche-Comté et en Centre-Val de Loire et le moins élevé en Île-de-France et dans les Pays de la Loire.

L’inclusion numérique : un enjeu d’égalité entre les territoires

La dématérialisation croissante des services aux particuliers et la progression des besoins numériques liés notamment au télétravail, aux loisirs et au commerce en ligne intensifient le recours à Internet. Pour certains, la numérisation de la société simplifie le quotidien, pour d’autres, elle le rend plus complexe. En 2019, 12 % de la population n’a pas accès à Internet à domicile ; c’est le cas en particulier de plus de la moitié des personnes de 75 ans ou plus (sources).

16 % des personnes de 15 ans ou plus sont en situation d’illectronisme, c’est-à-dire qu’elles n’ont pas utilisé Internet au cours des douze derniers mois ou n’ont pas les compétences numériques de base. Agir contre l’illectronisme est un enjeu d’accès aux droits, d’insertion sociale, mais aussi d’égalité entre les territoires (encadré 1).
22 % de personnes en situation d’illectronisme dans les communes éloignées de toute influence urbaine

Le taux d’illectronisme atteint 22 % dans les communes de France métropolitaine hors influence urbaine, soit 6 points de plus que la moyenne nationale. Par ailleurs, plus les aires d’attractions des villes sont petites, moins leurs habitants utilisent Internet ou possèdent les compétences numériques de base (figure 1). Dans les aires d’attraction des villes de moins de 50 000 habitants, le taux d’illectronisme n’est que légèrement inférieur à celui des communes éloignées de toute attraction urbaine. À l’inverse, il est nettement moins élevé dans les aires de plus de 700 000 habitants (13 % en moyenne). Ces territoires bénéficient de la présence de pôles économiques et universitaires majeurs. Leurs populations sont donc plus jeunes et diplômées, la proportion d’étudiants et de cadres y étant plus élevée. Or, les capacités numériques et l’usage d’Internet dépendent essentiellement de l’âge, du fait d’être en emploi, de la situation familiale, du niveau de vie ou encore du niveau d’études. Par exemple, l’illectronisme touche 3 % des personnes âgées de 15 à 44 ans, contre 9 % entre 45 et 59 ans, 27 % entre 60 et 74 ans et 67 % des 75 ans ou plus. De même, 44 % des personnes sans diplôme sont concernées par l’illectronisme, contre 16 % des titulaires d’un BEP-CAP et 4 % des diplômés du supérieur.

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https://www.insee.fr/fr/statistiques/7636058