— Le n° 309 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
(1ère partie)
L’annonce gouvernementale de « 72 mesures » pour les dernières colonies (« les outre–mers ») lors du CIOM (sorte de réunion interministérielle au cours de laquelle le pouvoir a indiqué ses intentions aux représentant-e-s des dites colonies), donne lieu à déclarations, conférences de presse, interviews et polémiques dans lesquelles les enjeux politiciens, c’est–à–dire électoralistes, sont facilement repérables derrière les postures hautement politiques.
La promesse d’un « débat sur un éventuel changement de statut » ajoute un petit frisson de dramatisation qui pimentera le tout, pour le bon peuple. Ce dernier aurait pourtant tort de détourner la tête, sans se soucier de ce qui se programme « pour lui », et même « en son nom ».
Le Gran sanblé pou péyi-a, coalition d’opposition dirigée par le MIM et apparemment allégée de Martinique-Écologie, critique vertement la procédure suivie par la majorité dirigée par le PPM. Celle-ci s’est présentée au CIOM sans pouvoir s’appuyer sur des résolutions de congrès et des délibérations de la CTM, puisque ni les unes ni les autres n’ont existé.
Le Président de l’Assemblée de Martinique se réjouit en attendant des décisions du CIOM et prend même comme un summum de concertation, le fait que Catherine Conconne, flanquée la plupart du temps du seul Daniel Marie-Sainte, a reçu séparément quelque 120 interlocuteurs/trices de la « société civile », avant le CIOM. Nous reviendrons sur la méthode et ses omissions, mais puisque tout commence par les 72 mesures, il est urgent que le monde du travail examine sans tarder le sort qui lui est réservé par les gens d’en–haut.
Commençons aujourd’hui par la promesse d’Élisabeth Borne, de s’en prendre aux monopoles cités parmi les principaux responsables de la vie chère chez nous. À partir d’un problème réel (quelques lobbies tout puissants font la loi sur le marché pour le bénéfice de leurs propres poches), on nous sert une marchandise dont l’étiquette pourrait être tout simplement Véglaj total ! La concentration économique, l’écrasement des petites entreprises ou de plus grosses, jusqu’à l’aboutissement par le jeu de la concurrence « pure et parfaite » (ou impure et imparfaite !) à des monopoles ou oligopoles s’entendant comme larrons en foires, est une loi bien connue du système.
Les prétendus coups de colère contre cette règle du capitalisme, par les défenseurs fanatiques du même capitalisme, n’est donc qu’un cinéma de piètre qualité. On nous sert ces mauvais films à chaque privatisation, en espérant que la population aura oublié l’exemple précédent. En effet, avec la privatisation d’Air France, la « libre concurrence » dans les transports aériens allait apporter, nous disait-on, la baisse des prix des billets d’avion ! Tu parles ! Voici qu’aujourd’hui on invoque la fameuse « continuité territoriale » pour « imposer » une baisse de ces prix !
La question est pourtant simple : le grand clivage n’est pas, lorsqu’il s’agit de secteurs économiques fondamentaux entre monopoles et concurrence « libre et non faussée » (un vrai gag !), mais bien entre monopoles privés et monopoles publics. Seuls ces derniers peuvent créer les conditions pour que les intérêts du plus grand nombre soient pris en compte. Bien sûr cette condition nécessaire n’est pas suffisante. Il faut que le monopole public soit contrôlé par la société, soit au service du plus grand nombre, dans une totale transparence. Et cela supposera toujours dans une société capitaliste et même au–delà, une lutte facilitée par des mécanismes de contrôle ouvrier et citoyen. C’est clair et net ! En effet, renoncer à la transformation de base, le monopole public, parce qu’on rechigne par avance à poursuivre le combat pour imposer les conditions suivantes, c’est se condamner à parler dans le vide en subissant la dictature des monopoles privés dont les Borne et compagnie sont en fait les vrais complices !
Pour lutter contre la vie chère dans les transports aériens ou maritimes, dans l’énergie, dans la santé, dans l’import/export, il nous un outil premier : le monopole public, sous contrôle ouvrier et citoyen dans tous ces domaines. On n’obtiendra rien de tout cela dans des conciliables du CIOM et de la CTM, sans lutte résolue des masses.
C’est le pas à franchir !
Objectif : 22-28 octobre 2023 : Vers la « simenn Matinik doubout »
Une délégation de « Simenn Matinik Doubout-gaoulé kont chlordécone » a porté sa banderole et distribué des dépliants de Lyannaj pou dépolyé, à l’étape de Rivière–Pilote du tour cycliste de Martinique. L’accueil positif reçu de la population montra clairement le chemin parcouru depuis une des toutes premières manifestations similaires, au même endroit, sur le même tour en 2018, où le discours majoritairement entendu à l’époque était : laissez nous tranquilles avec cette vieille histoire !
L’occasion de confirmer ce changement est déjà là : dès le prologue du Tour des yoles, une équipe militante sera à pied d’œuvre dès 8h du matin sur le front de mer de Fort-de-France avec la même banderole, mais accompagnée d’un autre tract signé par toutes les organisations parties prenantes. Rejoignons l’action qui bénéficie de la sympathie du comité organisateur rencontré par une délégation de la Simenn !
Un autre élément montre la possibilité d’un changement d’échelle dans la mobilisation à venir. C’est la rencontre commencée avec les conseils municipaux au grand complet. La tournée des Conseils avait été envisagée, promise lors des rencontres du Lamentin en 2022. C’est maintenant qu’elle est en marche.
Samedi 21, nous n’étions pas moins de 7 avec les élus du Lorrain, ville très touchée par le poison, où le maire Justin Pamphile, très motivé sur le sujet, nous a accordé plus d’une heure d’échanges en répondant très concrètement à nos propositions pour la semaine. Soutenu par des interventions très combatives d’élus, il a assuré la participation de la ville dans la semaine, donné son accord pour une action au sein de cette semaine au Lorrain, promis, comme président de l’association des maires, une rencontre avec cette instance. Le Conseil a aussi rappelé les tâches déjà faites dans la ville et l’implication prioritaire sur le volet santé du dossier.
Nul doute que cette réunion positive renforcera la dynamique lancée et que, dans notre rendez-vous en « séance plénière » de Simenn Matinik Doubout mercredi 26 juillet à 18h à la maison des syndicats, nous pourrons enregistrer de nouvelles dates pour rencontrer d’autres conseils municipaux, mettre la dernière main à nos interventions programmées sur le tour des yoles, et qui sait, recueillir de nouvelles adhésions pour notre démarche unitaire absolument indispensable contre le non-lieu, pour la justice et les réparations de la chaine de crimes du chlordécone.