— Par Jandira Bauer, metteure en scène —
L’Allemagne a eu son grand poète et la magie son épopée: cette épopée, c’est le drame gigantesque de Faut. Goethe était initié à tous les mystères de la magie philosophique, il avait même pratiqué dans sa jeunesse la magie cérémonielle. De ces tentatives audacieuse, il écrivit Faust. Faust est le magnifique commentaire d’une des plus belles pages de l’Évangile. Le génie humain représenté par Faust, prend pour valet l’esprit du mal, qui aspire à devenir son maître, il épuise vite tout ce que l’imagination met en joie dans les amours illégitimes, il traverse les orgies de la folie et du charme souverain de la beauté. La nouvelle Eve a lavé avec le sang d’Abel la tache du front de Caïn et elle pleure de joie…
L’ENFER, DÉSORMAIS INUTILE, EST FERME POUR CAUSE D’AGRANDISSEMENT DU CIEL.
Tant qu’il il y aura une lumière visible, il y aura une ombre proportionnelle à cette lumière. Le repos ne sera jamais le bonheur. Tant qu’il y aura une bénédiction libre, le blasphème sera possible. Tant qu’il y aura un Ciel, il y aura un Enfer.
La question du théâtre est au centre de la problématique de FAUST. Goethe élabore une nouvelle relation entre dramaturge et public:
« Tant d’avide regards fixés sur le rideau,
Ont, pour notre début, compté sur du nouveau;
Leur en trouver est donc ma grande inquiétude;
Je sais que du sublime ils n’ont point l’habitude;
Mais ils ont lu beaucoup; Il leur faut à présent
Quelque chose à la fois de fort et d’amusant ».
Le héros de Goethe s’emploie surtout à être un homme et à en réaliser toutes les virtualités. FAUST oppose la force positive, créatrice et infinie qu’il découvre en lui même, dont il n’est redevable ni à Dieu ni au Diable.
Dans son désir de savoir universel, Goethe s’est senti attiré par les sciences occultes. De cette attention, il résultera une sorte de déception philosophique.
Derrière l’opposition dans l’univers faustien des deux principes de l’ordre et du désordre, on reconnaît l’incapacité de l’illuminisme à s’ouvrir un chemin vers le surnaturel.
Méphistophélès dit: « Arrêtez vous au mot! et vous arrivez alors par la route la plus sûre au temple de la certitude ». La mort n’est donc pas une limite. Le mot fin n’a pas de sens.
Tout concourt à faire de cette œuvre énigmatique , un spectacle!
Jandira Bauer