— Par Roland Sabra —
« A travers l’écriture et le récit théâtral, je cherche à explorer les tabous et les non-dits au sein des familles et de la société. » Le public de Françoise Dô était d’autant plus prévenu qu’il avait pu voir, dans cette même salle Frantz Fanon, il deux ans de cela « Aliénation noire« . Pour autant l’effet de sidération a joué à des degrés divers mais bien réels lors de la première d’ « A Parté » à entendre comme aparté, que le Larousse définit de la sorte : « Ce qu’un acteur dit à part soi sur la scène, et qui est censé n’être entendu que des spectateurs. Conversation discrète tenue à l’écart, dans une réunion, dans un petit groupe. » Il est donc question d’un dire à part, diffusé à voix basse, pas tout à fait caché, mais que tout un chacun connaît. Un non-dit entendu par tous. Le synopsis de la pièce de Françoise Dô, tel qu’il est annoncé dans la présentation participe au semi-secret en dissimulant l’objet dont il va être question.
Théâtre
« Résurgence » : qui trop étreint mal embrasse
— Par Roland Sabra —*
Le projet de Jocelyn Régina est de faire entendre la parole de Césaire. Il invente pour ce faire une situation dans laquelle un vieillard habitant le quartier de Volga attend depuis dix ans la visite habituelle que lui rendait Aimé Césaire, sans savoir que celui-ci est décédé. Il est livré aux mains d’un couple de tortionnaires, une « assistante de vie » et son amant militaire qui n’ont que faire des écrits du poète, de l’écrivain, de l’homme politique. Césaire pour eux est au mieux un nom vide de contenu, au pire le nom d’un politicien aux positions ambiguës. Situation pas aussi irréaliste que cela quand on interroge les jeunes générations. La scène figure l’intérieur de la maison, pauvre en équipement, il y a là un lit coté jardin, un semblant de cuisine coté cour, quelques affiches sur les murs de la masure. Le vieux est handicapé, la goutte le cloue au lit, une corde sur le seul pied valide limite ses déplacements. Le couple n’a qu’un seul projet, celui de dilapider sans vergogne le pécule du vieux qui clame du Césaire nuit et jour.
Théâtre
L’enclos de l’éléphant, d’Étienne Lepage
Mercredi 23 janvier 2019 à 19 h Tropiques-Atrium
Mise en lecture de Lucette Salibur du texte d’ Étienne Lepage
L’enclos de l’éléphant d’Étienne Lepage constitue une œuvre dramatique mature qui va jusqu’au bout de sa logique perverse.
Sa seule lecture publique, organisée par le Centre des auteurs dramatiques l’automne dernier [2010], avait déjà représenté un moment de théâtre rare, porté par ces deux acteurs d’exception que sont Paul Ahmarani et Denis Gravereaux. Après une première version scénique présentée au dernier Festival TransAmériques, nous voici à nouveau invités à pénétrer dans cet enclos, sorte d’arène épurée où deux hommes se livrent un duel inégal et presque métaphysique.
Les fauteuils, disposés en cercle autour d’une aire de jeu où seule une chaise dispute la place aux acteurs, sont isolés les uns des autres par des cloisons. Chaque spectateur disparaît pour ses voisins, mais demeure bien visible, ainsi encadré comme en une boîte, pour le public assis face à lui. Si ce choix scénographique s’appuie sur des thématiques présentes dans le texte, comme la dissolution de la sphère privée et l’effet du regard de l’autre sur soi, il ne détourne pas fondamentalement notre regard de l’intense affrontement verbal et physique auquel se livrent les protagonistes.
Cinéma
Leave no trace
Vendredi 25 janvier 2019 à 19h 30 Madiana V.O.
De Debra Granik
Avec Thomasin McKenzie, Ben Foster, Jeff Kober
Genre Drame
Nationalité Américain
Synopsis :
Tom a 15 ans. Elle habite clandestinement avec son père dans la forêt qui borde Portland, Oregon. Limitant au maximum leurs contacts avec le monde moderne, ils forment une famille atypique et fusionnelle.
Expulsés soudainement de leur refuge, les deux solitaires se voient offrir un toit, une scolarité et un travail. Alors que son père éprouve des difficultés à s’adapter, Tom découvre avec curiosité cette nouvelle vie.
Le temps est-il venu pour elle de choisir entre l’amour filial et ce monde qui l’appelle ?
La presse en parle :
Positif par Emmanuel Raspiengeas
La discrétion et la retenue de la mise en scène et de l’écriture y sont un gage d’exigence et le moyen d’une étude subtile de l’essence de l’homo americanus.
Voici par Daniel Blois
Un duo d’acteurs remarquables.
20 Minutes par Caroline Vié
La cinéaste offre un rôle superbe à Ben Foster et révèle la jeune actrice Thomasin McKenzie.
aVoir-aLire.com par Gérard Crespo
Cet attachant portrait de relation père/fille dans un cadre original de « survival documentaire » confirme le talent d’une réalisatrice indépendante inspirée.
Théâtre
« Moi, Fardeau inhérent », texte de Guy-Régis Junior, m.e.s. & jeu Daniely Francisque
Jeudi 24 janvier 2019 -19h – Chapiteau à Schœlcher
Une femme seule, drapée dans la nuit. Elle attend. Flamme téméraire sous la pluie sauvage. Ses mots grondent, sa révolte déborde. Elle crie sa blessure à jamais ouverte, dénonce son destin avorté. Convoquant le passé, elle exhume le secret enfoui dans son corps flétri, son fardeau. Comment transcender les blessures de la vie ? Ici une femme attend l’heure de la vengeance. Elle attend l’homme, cette charogne. Elle l’attend avec dans sa main, l’orage et le glaive. Pépite du répertoire théâtral caribéen, le texte puissant et poétique de l’auteur haïtien Guy-Régis Junior résonne avec le mouvement mondial de libération de la parole des femmes, dénonçant harcèlement et violences sexuelles. Il vient clore le triptyque théâtral #Duels2Femmes de la compagnie TRACK, initié en 2016.
Parutions
Lettre aux femmes voilées et à ceux qui les soutiennent
— de Jeannette Bougrab —
200 pages – janv. 2019 – 18,00€ (Éditions du Cerf)
Alors que partout dans le monde des femmes se rebellent, souvent même au péril de leur vie, afin d’échapper au joug des islamistes, pourquoi en France, certaines décident-elles d’adhérer à une idéologie archaïque et mortifère ?
Alger, Téhéran, Ryad, Djakarta : des jeunes musulmanes revendiquent le droit de ne pas porter le hijab, le tchador ou la burqa. Le prix pour cette liberté est pourtant élevé car beaucoup sont arrêtées, torturées et parfois même assassinées, comme Katia qui n’avait que dix-sept ans.
Amsterdam, Londres, Paris : des féministes et des idéologues défendent le port du voile comme un progrès et un symbole d’émancipation. Le réguler serait une atteinte à la liberté des femmes.
Quel odieux paradoxe ! D’où vient notre aveuglement ? Au nom de quoi passe-t-on sous silence les actes de bravoure de ces héroïnes des temps modernes qui se rebellent contre un voilement qu’elles n’ont pas choisi ?
Donnant une voix aux victimes, décryptant les non-dits de nos politiques, Jeannette Bougrab nous exhorte à désobéir à la bienpensance.
Parutions
Parutions : nouveautés du 22 janvier 2019
L’histoire des sciences sociales débute avec le siècle des Lumières, autours de 1650, lorsqu’une révolution au sein de la philosophie naturelle a changé le cadre de référence avec lequel les individus jaugeaient de la scientificité. Les sciences sociales sont issues de l’éthique de cette époque et ont été influencées par le long XIXe siècle ( la révolution industrielle et la révolution française, notamment). Les sciences sociales se sont développées à partir des sciences (expérimentales et appliquées), de savoirs existants, de pratiques normatives, et ce, dans un élan et une vision de progrès social lié à des groupes sociaux donnés.
Le terme de science sociale apparaît pour la première fois en 1824 dans l’ouvrage de William Thompson (1775-1833), An Inquiry into the Principles of the Distribution of Wealth Most Conducive to Human Happiness; applied to the Newly Proposed System of Voluntary Equality of Wealth.
Les débuts des sciences sociales au 18e siècle se reflètent dans la grande encyclopédie de Diderot, avec des articles de Jean-Jacques Rousseau et d’autres pionniers. L’émergence des sciences sociales se reflète également dans d’autres encyclopédies spécialisées. La période moderne a vu la science sociale être utilisée pour la première fois comme un champ conceptuel distinct.
Sociologie
Ceux qui ne rampent pas t’emmerdent
— Par Térèz Léotin —
Je suis une non blanche, une noire, avec une peau «plutôt bronzée» qui fait que l’on m’assimile plus à une arabe qu’à la noire que je suis réellement. Je suis née le premier novembre d’une certaine année, en territoire colonisé, et ma carte d’identité affirme que je suis française. Mon prénom c‘est Toussine, j’ai eu droit à la féminisation créole du mot Toussaint du calendrier. Cependant, heureusement que je ne suis pas née en chemin, car j’aurais hérité du prénom Chimène, comme on aimait à le faire, dans mon pays, non pas parce que ma mère eut été une fervente admiratrice du Cid de Corneille, (même si ce fut le cas), mais bien parce que tout bonnement la parturiente avait accouché en chemin. On poussait alors l’originalité jusqu’à ne pas respecter le calendrier comme parole d’évangile. Cependant si je m’appelais Chimène je l’accepterais volontiers. Une de mes bonnes amies est allée naître le 14 juillet. Sa mère se gardant de se fier « au saint » du calendrier, qui se prénommait « Fête Nat » choisit de ne pas l’affubler de ce « prénom bizarre » et de lui fabriquer le doux prénom de Galbertine, dé-respectant ainsi la loi napoléonienne, n’en déplaise à un certain Zemmour.
Education Formation, Sciences & Technologies
Comment le virus Microsoft contamine les classes
— Par Olivier Chartrain —
Le ministère de l’Éducation nationale apporte sa caution à des ateliers numériques proposés aux écoliers et collégiens par une association, Unis-Cité… au service de la multinationale de l’informatique.
«Évangéliser ». C’est le terme, très significatif, employé chez Microsoft pour désigner les actions visant à diffuser le plus largement possible la culture numérique dans la population… et au passage, ramener dans le troupeau du géant de Redmond les brebis qui risqueraient de s’égarer du côté de la concurrence ou, pire, de se tourner vers les logiciels libres. L’inattendu, c’est que, en France, les missionnaires de la multinationale reçoivent l’aval et même l’appui du ministère de l’Éducation nationale, pourtant garant d’un principe de laïcité qui implique de préserver aussi les élèves de la propagande commerciale.
C’était le 18 décembre 2018, sur le campus de Microsoft France à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). On y lançait en grande pompe un programme appelé Jeunes Citoyens du numérique. Avec du beau monde : Carlo Purassanta, le PDG de Microsoft France, Yannick Blanc, président de l’Agence du service civique, Marie Trellu-Kane, cofondatrice et présidente de l’association Unis-Cité, et… Gabriel Attal, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer.
Expositions
« Existence » : Arthur Francietta, Brice Lautric, Ford Paul et Jérémie Priam exposent
Du 23 janvier au 28 février 2019
— Dossier de presse —
Quatre artistes pour une exposition aussi délicate que brutale. Faisant converger, oeuvres graphiques, plastiques et volumineuses. L’exposition mettra en commun leurs explorations obstinées du point du trait et de l’aplat.
« Existence» », tel est l’intitulé de cette exposition qui regroupe les artistes Arthur Francietta, Brice Lautric, Ford Paul et Jérémie Priam. À travers ce terme, ils ont souhaité rendre compte d’un lien qui les unit : l’expérience qu’ils tirent de leur rapport à la fragilité de leur existence et la façon dont celle-ci influence leur démarche, mais aussi l’expérience issue de leur vécu respectif et du rapport au monde au-delà de l’insularité.
Les oeuvres se perçoivent et s’appréhendent comme des réflexions personnelles de l’existence, notamment la vie prise dans sa durée ou la qualité qu’on lui attribue.
Réfléchir sur la fragilité du vivant, l’interdépendance de l’homme et du vivant, mais aussi le pouvoir que le homme peut imposer au vivant, sont des réflexions récurrentes dans l’ensemble de leurs démarches.
Ces réflexions peuvent parfois se traduire par une certaine névrose.
Parutions, Politiques
Le Mémento des Élections – 2007-2017 – Guyane
— de Olivier Ernest JEAN-MARIE —
Qui étaient les candidats à Kourou lors des élections municipales de 2008 ? Quels étaient les scores des candidats au premier tour des élections législatives de la 2ème circonscription en 2012? Quel était le taux de participation aux élections européennes de 2009 en Guyane? Combien ont dépensé les listes ayant participé aux élections régionales de 2010? Quelles ont été les dépenses électorales des candidats dans la 1ère circonscription lors des élections législatives de 2017? Quel est le montant des indemnités des conseillers à l’Assemblée de Guyane? Qui sont les conseillers communautaires de la CACL ou de la CCEG? Quel est le montant de l’aide publique versée au Parti Socialiste Guyanais ou au mouvement Walwari de 2008 à 2017? Si ces questions vous intéressent, vous trouverez toutes les réponses à l’intérieur de ce mémento qui s’inscrit dans une double démarche de promotion de la culture de la transparence démocratique et de contribution à la connaissance des institutions, des femmes et des hommes qui animent la vie politique Guyanaise.
Olivier Ernest Jean-Marie est un citoyen ordinaire cultivant liberté et bienveillance.
Expositions
Carole Buttin : « Eau en couleurs »
Jusqu’au 26 janver 2019 Galerie Le Vin l’Art et Vous
— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —
Carole Buttin dit travailler par séries. et les sujets abordés sont souvent en relation avec le déroulement de sa vie quotidienne. Elle aime à travailler une expression du visage dans le portrait. Une ambiance de fête dans des scènes de la vie. Ou encore le corps dans le mouvement de l’eau. La trentaine de tableaux exposés répètent cette vérité inlassablement.
Le portrait, ce genre en apparence si modeste, nécessite une faculté d’observation aiguisée. Un portrait ! quoi de plus simple et de plus compliqué, de plus évident et de plus profond ? Il faut sans doute que le talent, la finesse d’observation de l’artiste y soit grand et son imagination éclairée. Plus la matière est en apparence, positive et solide et plus la besogne de l’imagination est subtile et laborieuse. Carole Buttin se dépasse et en fait un art sérieux ;elle s’applique. Pour l’apprécier dignement il faut l’analyser au point de vue de l’artiste. Comme artiste ce qui la distingue c’est la certitude.
Echos d'éco
En 2018, 26 personnes possèdent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de l’humanité
A deux jours de l’ouverture du Forum économique mondial de Davos, Oxfam publie son rapport annuel sur l’état des inégalités, qui pointe du doigt la responsabilité d’une fiscalité déséquilibrée et injuste.
— Par Nelly Didelot —
Alors que débute une semaine chargée pour les grandes fortunes, avec la réception ce lundi à Versailles par Emmanuel Macron de 150 chefs d’entreprises français et étrangers et la levée de rideau mardi du rendez-vous de l’élite mondiale qu’est le Forum économique mondial de Davos, les contempteurs d’un libéralisme à tous crins contre-attaquent. Oxfam publie ce dimanche soir son rapport annuel sur l’état des inégalités mondiales, qui détaille leur emballement croissant. Et renvoie les gouvernements et autres dirigeants de multinationales face à leurs responsabilités en pointant du doigt une fiscalité injuste, qui depuis plusieurs décennies manque à son devoir de redistribution en alourdissant les contributions des ménages tout en diminuant en parallèle celles des entreprises et des plus fortunés.
Echos d'éco, Politiques
Nouveau rapport d’Attac : « Les grandes entreprises françaises : un impact désastreux pour la société et la planète ! »
— par Attac France, Observatoire des multinationales —
Attac France, en partenariat avec l’Observatoire des multinationales, publie ce rapport qui synthétise le véritable bilan des entreprises du CAC 40 en matière de justice sociale, justice écologique et justice fiscale.
A l’occasion du Forum économique mondial de Davos 2019 et de la deuxième édition du « Choose France summit », Attac France fait une série de propositions concrètes lesquelles, si elles étaient mises en œuvre par les pouvoirs publics, contribueraient à répondre aux exigences de justice sociale, fiscale et climatique, aujourd’hui portées par la majorité de la population.
Dans ce rapport il est révélé qu’entre 2010 et 2017 : les impôts versés par les entreprises du CAC 40 ont baissé de 6,4 % en valeur absolue, alors que leurs bénéfices cumulés ont augmenté de 9,3 % et les dividendes versés aux actionnaires de 44 % en valeur absolue également sur la même période, tandis que leurs effectifs en France ont baissé de 20 %.
Quelle justice sociale alors que les profits des grandes entreprises françaises, les dividendes et les rémunérations des hauts dirigeants s’envolent quand les effectifs mondiaux stagnent et qu’ils diminuent fortement en France ?
Psy_choses etc., Santé
Journée nationale de la psychiatrie le 22 janvier 2019
Depuis ce printemps 2018, les personnels des hôpitaux psychiatriques se mobilisent un peu partout en France. Leurs revendications se rejoignent : avoir les moyens d’accueillir et de soigner dignement les patients, l’amélioration des conditions de soins devant entraîner l’amélioration des conditions de travail.
Sous l’emprise gestionnaire contemporaine, les soins psychiatriques se trouvent vidés de leur sens et les pratiques sont déshumanisées : le patient et sa famille deviennent des usagers sans que leur parcours de vie ni leur expérience personnelle ne soient pris en compte comme ils devraient.
Les réponses à nos différentes luttes sont inégales, lorsqu’il y a réponse. Des embauches en CDD par-ci, une avance budgétaire par-là… Mais les ARS ou Agnès Buzyn, ministre de la Santé, ne reconnaissent jamais la spécificité de nos pratiques et le traitement singulier qu’elles impliquent. Nous, intervenants
en psychiatrie, nous sentons régulièrement méprisés face à une telle incompréhension.
Et surtout, les patients et leurs familles subissent.
Santé
SOS ! Terriens en détresse
— Par Yolaine de Vassoigne, présidente de l’association Équinoxe —
Équinoxe : réseau d’entraide des familles de personnes souffrant de troubles psychiques en Martinique
A l’occasion de la Journée Nationale de la psychiatrie le 22 janvier 2019, il m’a paru prioritaire d’exposer le vécu des aidants familiaux, notamment les mères de personnes souffrant de troubles psychiques. La plupart vont mal, souvent très mal, parce que la psychiatrie va mal, se révélant globalement incapable d’œuvrer efficacement au rétablissement des personnes qu’elle est censée rétablir. Disant cela, je tiens à saluer et à remercier ceux et celles des psychiatres, des soignants et des acteurs sociaux qui tentent de pallier cet état de fait en remontant à contre-courant car c’est loin d’être simple. J’aurai l’occasion d’y revenir.
Ayant eu à accompagner récemment une mère et un couple en détresse, je voudrais ici témoigner de ce que vivent de très nombreuses familles. Mais d’abord le contexte.
La psychiatrie va mal. Pourquoi ?
Parce qu’elle est trop souvent en dérive, avec une vision étriquée qui se cantonne encore à prescrire des médicaments qui pourtant ne représentent que 20% de chances de réhabilitation quand ça marche, des médicaments qui s’accompagnent d’effets secondaires souvent majeurs, engendrant des pathologies parfois létales, entre autres diabète, hypertension, obésité, troubles cardiaques et rénaux.
Conférences, Théâtre
« Corps marron ! » : conférence de Sylvie Chalaye
Lundi 21 janvier à 19h Tropiques-Atrium. Entrée libre
Les poétiques de marronnage des dramaturgies afro-contemporaines
En marge des dramaturgies contemporaines, sont nées des écritures dramatiques dont les auteurs afro-descendants, sans territorialité d’appartenance reconnue par la Nation, autre que la francophonie, l’Afrique, les Outre-mer ou leur couleur de peau, ont entrepris de faire du corps le théâtre du drame et de déconstruire cette territorialité fantasmée et ses frontières en produisant un « autre » théâtre.
Le corps où se joue le drame est un corps sorti de l’enfermement de la cale des idées reçues et des couleurs plaquées au front, un corps qui entreprend sa mue dans le regard de l’autre, un corps qui est sorti de l’enclos des prêts-à-porter identitaires. Le corps-champ-de-bataille de ces dramaturgies inédites est un corps marron, celui qui n’appartient pas au maître, le corps du rêve, corps sacrificiel et eucharistique, celui qui nous ramène à l’essence même de la cérémonie théâtrale.
Ce livre propose de découvrir cet « autre » théâtre et ouvre quelques entrées théoriques pour en appréhender les enjeux esthétiques, politiques et philosophiques.
Anthropologue des représentations coloniales et spécialiste des dramaturgies contemporaines d’Afrique et des diasporas, Sylvie Chalaye est professeur et directrice de recherche à la Sorbonne Nouvelle.
Sciences & Technologies
Lune rouge dans la nuit du 20 au 21 janvier 2019
Éclipse totale de Lune visible en Martinique.
— Par le CDSA —
Rappel : Définition d’une éclipse.
Il y a éclipse quand la Terre, la Lune et le Soleil sont alignés. Ces trois corps célestes sont alors dans le même plan appelé « l’écliptique ».
Une éclipse de Lune se produit lors d’une Pleine Lune. La Terre vient s’interposer entre la Lune et le Soleil dont la lumière ne peut plus parvenir jusqu’à notre satellite. La Pleine Lune semble être progressivement mangée par l’ombre de la Terre.
Une éclipse de Soleil a lieu au moment d’une Nouvelle Lune. La Lune est alors invisible depuis la Terre car elle montre sa face non éclairée. Elle passe devant le Soleil et masque ses rayons qui n’arrivent plus sur la Terre.
L’éclipse de Lune dans la nuit du 20 au 21 janvier 2019 sera totale, c’est-à-dire que la Pleine Lune sera entièrement masquée par l’ombre de la Terre, durant 01h02m mais le spectacle durera 3h17m
Elle entrera dans la pénombre de la Terre à 22h36, elle sera alors à 68° au-dessus de l’horizon en direction de l’est.
Etudes Créoles
Dépi moun an pa jouré manman’w
— Par Térèz Léotin —
Moun ki wousouvrez adan travay yo, té dwett sav ki pa ni ayen ka dégradé’w, lè’w ka palé kréyol, épi pa ni ayen ka fè’w ped valè’w, lè yo ka palé kréyol ba’w, si moun lan pa la ka jouré. Pa ni lanng dégradan.
Matinik i rété moun toujou, étila fok pa ou sé bliyé kòw, alé palé kréyol ba yo, lè yo an travay yo. Sé konsa ki vandrèdi 04 janvié 2019, kidonk la simenn pasé, an madanm ki kliyan lakay an sèviss ki ka otjipé di latélé-konminikasion, mantjé fè yo matjilpé’y. I ay di lotess la an kréyol, souplé : « Ess ou ja enskri mwen ? » (M’avez-vous déjà inscrite). Lotess la ki pa pran’y piess mandé kliyant lan, an fransé, an manniè ensilté : « Pourquoi vous adressez vous à moi, ainsi ? Qui vous a donné le droit de me parler ainsi. Madanm lan ki pa té ka atann kòy, é ki pa konprann sa ki té ka rivé ‘y la, soté, é tou estébékwé i di lotess la konsa : « Quel est le problème si je vous parle créole ?
Théâtre
« Anatole dans la tourmente du Morne Siphon » : un théâtre populaire
— Par Roland Sabra —
Sabine Andrivon-Miltonn née à Fort-de-France est une spécialiste de l’histoire militaire de la Martinique, qui a beaucoup fait pour la mémoire des soldats martiniquais tués pendant la Grande Guerre dont les noms ne figuraient pas sur les monuments aux morts des communes de l’île « des revenants ». Soucieuse de pédagogie elle anime une rubrique intitulée « Une île une histoire » sur Martinique 1ère radio, en 2017 elle réalise un jeu des 9 familles « Je découvre la Martinique », puis en 2018 deux autres jeux de société « La Martinique au bout des doigts » et « La Martinique en jeux de société », que l’on peut trouver dans les librairies dignes de ce nom. C’est ce même besoin de faire connaître au plus grand nombre ses découvertes, cette mission de réhabilitation des oubliés de l’histoire, qui lui fait écrire, parallèlement à sa thèse de doctorat intitulée « La Martinique et la Grande Guerre », un roman destiné à son jeune fils rebuté par les œuvres universitaires de la maman, « Anatole dans la tourmente du Morne Siphon », adapté et mis en scène pour le théâtre par Arielle Bloesch dans le cadre du Festival des Petites Formes.
Théâtre
« A Parté » & « Résurgence » m.e.s. Françoise Dô, Jocelyn Régina
Mardi 22 janvier 2019 -20h – Tropiques-Atrium
2 spectacles dans la soirée !
« A Parté »
texte & m.e.s.: Françoise Dô
Nicole est de retour dans la région. Elle refait sa vie avec son nouvel amant, Chat. Mais Stéphane, son mari dont elle est séparée depuis quelques mois, voit en ce retour l’occasion de la reconquérir. Qu’est-on prêt à faire pour conserver sa famille ? « Le titre A Parté ouvre de manière assumée sur plusieurs niveaux de lecture. Les histoires de Stéphane et Nicole se jouxtent jusqu’à l’interférence.
A travers l’écriture et le récit théâtral, je cherche à explorer les tabous et les non-dits au sein des familles et de la société. » – Françoise Dô
Texte publié à Théâtre Ouvert éditions / Collection Tapuscrit
Cie Bleus et Ardoise
Création
Production : Bleus et Ardoise
Coproduction : Tropiques Atrium Scène nationale
Avec le soutien de : Direction des Affaires Culturelles de Martinique, Cité Internationale des Arts de Paris, Théâtre de Vanves & le Théâtre Ouvert
« Résurgence »
Politiques
François-Xavier Dudouet « L’affaire Ghosn montre la déréliction de l’État »
Le 14 décembre 2017, Carlos Ghosn et Bruno Le Maire, ministre des Finances, inaugurent l’Alpine A110 sortie des chaînes de production de Dieppe (Seine-Maritime). Charles Platiau/Reuters
— Entretien réalisé par Loan Nguyen —
Industrie. Selon le sociologue François-Xavier Dudouet, l’État se résigne enfin à tourner la page du patron de Renault, mais à contretemps, entérinant une position de faiblesse mortifère.
Après deux mois d’embarras à se cacher derrière le principe de présomption d’innocence, l’État français s’est enfin décidé à lâcher Carlos Ghosn, mercredi soir, en demandant la convocation d’un conseil d’administration destiné à désigner son successeur à la tête de Renault. L’ex-leader de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi a en effet de fortes chances de rester incarcéré au Japon pendant encore plusieurs mois, alors que sa dernière requête de libération sous caution en appel a encore échoué, jeudi. Le patron de Michelin, Jean-Dominique Senard, fait figure de favori pour le remplacer à la présidence du conseil d’administration du groupe au losange. Mais la fonction de PDG pourrait être scindée en deux pour confier à Thierry Bolloré, actuel numéro deux du constructeur, le poste de directeur général exécutif.
Théâtre
« Stéphanie Saint-Clair, reine de Harlem » : et la théâtralité bordel?
— Par Roland Sabra —
Théâtre récit de vie ? Non pas. Théâtre biographique ? Non plus. Adaptation théâtrale d’une biographie romancée ? On ne sait pas. « Stéphanie Saint-Clair, reine de Harlem » d’après le roman de Raphaël Confiant, dans la mise en scène de Nicole Dogué tente de respecter une des trois règles fondamentales du théâtre, l’unité d’action, à l’aide d’une fiction, celle de l’écriture par le personnage d’une lettre à un neveu. Je dis tente de respecter parce que son oubli conduit à un découpage en tableaux, représentant chacun un épisode de la vie de Stéphanie Saint-Clair, sans que soit mis en avant la complexité de son existence et le lien de réciprocité que celle-ci entretient avec la représentation théâtrale. L’histoire du théâtre regorge d’œuvres dramatiques ayant tenté de saisir la vie d’un personnage illustre. Elles ont pour point commun de saisir le personnage comme lieu de croisement entre le singulier et le collectif, comme un individu aux prises à un moment de l’Histoire de sorte que le climat contextuel, l’environnement dramaturgique, emporte la fascination du public et que puisse se constituer une figure, celle du héros, du martyr, de l’artiste, pourvoyeuse de théâtralité.
Dit des réfugiés
Jours tranquilles à Vichy
— Par Michèle Lamarchina —
Je l’avais pourtant repéré sur la carte de France, et je connaissais bien l’histoire des années 40, mais jamais je n’aurais imaginé me retrouver à Vichy. C’est ça que les Français appellent l’ironie du sort? Il fallait que ce soit cette cité qui m’accueille comme réfugié! Pourtant, ils n’étaient pas pires que les autres Français, ces vichyssois! Pas tous des Vichystes ni des pétainistes! Plutôt meilleurs, même! En tout cas, le même mélange de bénévoles humanistes et dévoués et de citoyens haineux et racistes. Et la grande masse des indifférents, occupés à vivre ou à survivre. Pas pire, pas mieux! En tout cas, pas très colorée comme population: les noirs sont encore l’exception. Il y a encore pas si longtemps, j’avais l’impression d’être le seul noir. Mon statut de réfugié se lit sur ma figure. Pas comme à Paris! Au temps où j’étais venu pour la co-tutelle de ma thèse, je croyais même que ce serait facile. Pensez, le pays des droits de l’homme!
Ici, le plus étonnant, c’est cette manie qu’ils ont, ces gens, de toujours parler du temps: c’est vrai qu’il fait froid et gris.
Dit des réfugiés
Dit des réfugiés : Jours tranquilles à Vichy
— Par Michèle Lamarchina —
Je l’avais pourtant repéré sur la carte de France, et je connaissais bien l’histoire des années 40, mais jamais je n’aurais imaginé me retrouver à Vichy. C’est ça que les Français appellent l’ironie du sort? Il fallait que ce soit cette cité qui m’accueille comme réfugié! Pourtant, ils n’étaient pas pires que les autres Français, ces vichyssois! Pas tous des Vichystes ni des pétainistes! Plutôt meilleurs, même! En tout cas, le même mélange de bénévoles humanistes et dévoués et de citoyens haineux et racistes. Et la grande masse des indifférents, occupés à vivre ou à survivre. Pas pire, pas mieux! En tout cas, pas très colorée comme population: les noirs sont encore l’exception. Il y a encore pas si longtemps, j’avais l’impression d’être le seul noir. Mon statut de réfugié se lit sur ma figure. Pas comme à Paris! Au temps où j’étais venu pour la co-tutelle de ma thèse, je croyais même que ce serait facile. Pensez, le pays des droits de l’homme!
Ici, le plus étonnant, c’est cette manie qu’ils ont, ces gens, de toujours parler du temps: c’est vrai qu’il fait froid et gris.