M' A

Un 14 juillet en pétard mais j’ai rêvé que mon île pourrait se défiler

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
J’ai rêvé que mon île, larguant la longue et lourde chaîne qui l’ancre à ce continent européen avec lequel elle n’a rien en commun si ce n’est un usage de la langue coloniale,

partait à la dérive au mitan du vaste océan, loin du bruit et de la fureur de ce théâtre qu’est le monde actuel et de la mauvaise tragi-comédie qui s’y joue…

J’ai rêvé que sur mon île on ne se préoccupait plus que du chant des oiseaux, du gazouillis des poètes et musiciens, de la luxuriante beauté des fleurs et paysages, d’amour fraternel et de chaleur humaine, bref de faire de cette vie la fête perpétuelle qu’elle devrait être, n’en déplaise aux contempteurs moralistes de tout poil politique, sanitaire ou religieux !

J’ai rêvé que sur ce paradis tropical on vivait de l’abondance des cadeaux de la Terre-Mère qu’on respecterait et cesserait d’empoisonner, dans le partage, l’amour et la libération de l’esclavage de l’argent en l’absence de tout besoin.

On peut me taxer d’irréalisme ou d’isolationnisme mais je désire seulement que mon île soit un asile, non de fous, mais pour tous ces rêveurs d’utopie du bonheur qui y vivent :

île oasis de paix et de joie au milieu du désert, à l’écart d’un monde devenu fou de haine, de peur et d’oppression,

île flottante au milieu d’un dessert de délices sucrés…

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Martinique : « Il faut en finir avec cette vieille tradition de la République paternaliste »

— Tribune de Serge Letchimy, Président du conseil exécutif de Martinique —

Alors qu’un comité interministériel des outre-mer, initialement prévu le 6 juillet, a été reporté, le président du conseil exécutif de Martinique, Serge Letchimy, appelle l’Etat français, dans une tribune au « Monde », à reconnaître par les « actes » la différenciation régionale, et à redonner aux outre-mer la « pleine capacité de maîtrise » de leur destin.

En 2023, Aimé Césaire (1913-2008) aurait eu 110 ans. Il y aura des festivités et des célébrations partout dans le monde, car, au-delà des frontières de la Martinique et au-delà des frontières de la France, sa pensée a atteint le cœur et les esprits de millions de personnes. Mais que puiser dans la pensée de Césaire aujourd’hui, quinze ans après sa mort ? Quels seraient ses combats aujourd’hui, dans ce monde où chacun cherche son émancipation individuelle dans la foison des inégalités grandissantes que la mondialisation ne cesse de reproduire ?

La crise climatique s’ajoute désormais aux outrances d’un monde globalisé et inégalitaire. Nous faisons ce que nous devons à nos échelles régionales, mais le monde semble courir droit à sa perte.

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« Iphigénie à Splott », de Gary Owen, m.e.s. de Geroges Lini

— Par Michèle Bigot —

Iphigénie habite à Splott, un quartier déshérité de Cardiff. elle s’appelle Effie, Iphigénie, c’est le nom de son destin. Du père, il ne sera pas question. On ne parlera que de sa grand-mère. Famille même pas mono-parentale. Effie est livrée à elle-même et à son présent désespérant. Devant no future! La friche industrielle, la cité, les ordures, les pubs pleins à craquer, les parcs abandonnés, et la rue pour tout horizon, les merdes de chien sur le trottoir. alors l’alcool, la baise, et encore l’alcool. Rien d’autre n’existe, de toute façon. Effie, c’est la marginale, la paumée, celle qu’on évite dans la rue, celle qu’on ignore et que beaucoup insultent. Mais elle estvive, drôle, combative, pleine de vie. Elle a pour elle sa clairvoyance et son franc-parler. Elle ne recule devant rien , ne baisse les yeux devant personne. C’est une guerrière, pas comme son blaireau de petit copain qui la suit comme un toutou.

Et puis voilà qu’un jour elle rencontre l’amour, le vrai, celui qui change tout. Elle y croit ferme, pour la première fois elle ne se sent plus seule.

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SOMADICOM : un protocole d’accord a été signé

— Communiqué du  Comité de grève de SOMADICOM Soutenu par la CGTM —

Notre lutte a payé.

Nous les chauffeurs-livreurs de SOMADICOM (Groupe Bertrand Clerc) étions mobilisés du 6 au 13 juillet 2023 pour exiger de notre employeur des réponses concrètes à des revendications que nous portons depuis 2018.

SOMADICOM est une société créée le 1er juillet 2010 par Bertrand Clerc qui y a transféré des chauffeurs de la SOMES, pour transporter et vendre, dans toute la Martinique, l’eau produite par la SOMES (Chanflor, Lafort, Eau de Source), mais également d’autres boissons importées. Elle compte 9 chauffeurs.

Pour défendre ces revendications, nous avons élu un Comité de grève et étions soutenu par la CGTM.

Le 13 juillet, nous avons signé un protocole d’accord avec le directeur. Ce protocole a mis fin au conflit. Nos revendications portaient sur les conditions matérielles et commerciales de travail, mais également sur la rémunération.

Sur le premier point, des engagements ont été pris. Nous serons vigilants pour suivre leurs mises en application.

Sur le second point, le directeur a refusé de revaloriser notre taux de commissionnement.

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« La joie ! », texte et m.e.s. Louise Wailly & « J’aime », texte Nane Beauregard m.e.s et jeu Laure Werckmann

— Par Dominique Daeschler—

FESTIVAL D’AVIGNON OFF.

Sur une échelle un personnage dans une carapace d’insecte (clin d’œil à Kafka ?) vite délaissée s’empare de la joie comme d’un problème à résoudre, convoquant tour à tour Spinoza et Montaigne, avec des plumes , en femme. Il y a comme un acharnement à jouer entre pression et dépression, à toute allure. Avec un sens certain du verbe, le comédien très jeune homme de bonne famille gentiment déluré essaie de nous faire adhérer au parti de la joie, en décidant comme lui d’y croire même s’il pencherait plutôt du côté des sceptiques tristounets. Quentin Barbosa se démène sur scène comme un beau diable, tourne en cage, envisage divers plans, invente la carte avec un seul œil pour voir la vie. Ce temps morose et violent de guerre et de pandémie ne pourrait-il pas être bouleversé par un changement radical et collectif qui appellerait le « care » à la rescousse. Le texte est intelligent même si ses nombreuses pirouettes ne facilite pas la tâche d’un comédien doué qu’on a plaisir à suivre sur le plateau.

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Construire une nouvelle cohésion sociale

— Par Charles Célénice, militant associatif, directeur préfigurateur de l’Observatoire de la parentalité de Martinique —
Une fois encore, des violences urbaines (mais pas seulement) agitent la France et la Martinique. Un jeune de plus est décédé, victime d’un tir de policier, dans le « 9.3 », un département cumulant bien des misères. Embrasements, pillages, affrontements, arrestations… s’en sont ensuivis. Le désordre s’est installé durant quelques jours. Puis, le soufflé est retombé. Une fois encore… jusqu’à la prochaine. L’âge des jeunes engagés dans ces événements, souvent de moins de 18 ans, attire fortement l’attention. On a l’impression que la peur des enfants, des jeunes, s’est propagée. Faut-il se résigner, s’en accommoder, dénoncer, combattre, approuver, attiser, appuyer… comprendre ? C’est en tout cas un fait bien établi, désormais. Mais au fait, de quel fait parlons-nous ? D’une autodestruction ? De quelles solutions s’agit-il ? Comment changer cela, passer d’un cercle vicieux à un cercle vertueux ?

La Martinique est confrontée depuis longtemps à bien des maux, très ancrés dans la vie des gens, malades du mal-être post-esclavagiste et colonial, subissant un chômage structurel depuis plus de 60 ans maintenant, entrainant un échec scolaire massif, sans oublier le récent scandale du chlordécone… il n’y a que l’embarras du choix pour s’enflammer !

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Outre-mer : Des préconisations du Sénat pour un meilleur accompagnement à la parentalité

Reconsidérer la place des pères dans les politiques familiales

Les quatre sénateurs appellent à adapter les politiques de soutien à la parentalité aux défis et réalités des outre-mer

« Le soutien à la parentalité outre-mer ne saurait être le parent pauvre des politiques familiales. » C’est tout l’objet d’un rapport sénatorial dévoilé mardi pour un meilleur accompagnement à la parentalité dans les outre-mer.

Les élus, Annick Billon et Elsa Schalck, rapporteures de la délégation aux droits des femmes, Stéphane Artano et Victoire Jasmin, rapporteurs de la délégation aux outre-mer, préconisent de faire de la prévention auprès des collégiens et des lycées, de reconsidérer la place des pères dans les politiques familiales et mieux accompagner les jeunes familles.

« Il faut reconsidérer la place des pères dans les politiques familiales » en les associant davantage « aux dispositifs de soutien à la parentalité », car la « stratégie de survie économique en lien avec le versement des prestations familiales » peut avoir des « conséquences financières et éducatives », a indiqué l’une des rapporteures, Elsa Schalck, sénatrice LR du Bas-Rhin, lors d’une conférence de presse.

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Étude de l’Oxfam : en dix ans, la dépense par salarié a augmenté que de 22%, contre un bond de 57% des versements aux actionnaires

Organisation internationale de développement qui mobilise le pouvoir citoyen contre la pauvreté, l’Oxfam France a publié la seconde partie de son étude sur le partage des richesses au sein des grandes entreprises.

Les dépenses des entreprises pour les salariés n’ont augmenté que de 22% ces dix dernières années

Chargée de plaidoyer régulation des multinationales chez Oxfam, Léa Guérin explique : “Au niveau national, la part du travail dans le partage de la valeur reste assez stable autour de 60%. Mais il y a des disparités. Dans les grandes capitalisations boursières, la part du travail est plus faible et variable”, précise la jeune femme.

Dans son rapport du mois dernier, la note d’Oxfam sur les 100 plus grandes entreprises cotées françaises montre que les dépenses de ces entreprises en faveur des salariés ont augmenté de 22% entre 2011 et 2021, tandis que les versements aux actionnaires, sous forme de dividendes ou de rachat d’actions, progressaient de 57% sur la même période.

Le partage de la valeur se fait de plus en plus en faveur des actionnaires

Pour Léa Guérin il faudrait plus de partage : “Le partage de la valeur se fait de plus en plus en faveur des actionnaires et au détriment des salariés“.

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Pour Milan Kundera

— Par Patrick Chamoiseau —

Kundera
La survie des petites nations gît tout entière, c’est vrai, dans l‘éclat de leur art, le lucide de leur rire, l’aérien des vérités qui dansent ; seulement, leurs géographies sont inconnues des cartographes.

Elles sont faites de rencontres.
D’expériences infinies, d’exils qui enracinent, de langues restées vivantes dans le jeu même des autres langues. Elles vont aux formes ouvertes, aux matières sans candeur, aux forces qui lèvent les insolites du vivre et la beauté d’une autre vision du monde. La nôtre, Martinique, que tu as vue avec grand soin, te fait ici, le signe de l’amitié : c’est geste ancien, tigé de l’algèbre d’un pouvoir.

Bien des choses ont changé au Diamant, mais tout ce qui s’y trouve de fidèle, d’immobile, de belle poussière inaltérable, de vagues et d’écume tiède, se souvient.

Milan
Ici, celui qui tient le verbe au jaillissement des sources, ne sait rien du roman ; juste le fleuve de la parole qui habille les nuits et désarme les jours ; juste la lumière sans flambeau qui questionne et qui n’impose rien ; juste la danse la musique et le rire qui réinventent l’antique complexité du vol des papillons.

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« Les femmes de la maison ». Écriture, m.e.s. Pauline Sales.

— Par Dominique Daeschler —

FESTIVAL D’AVIGNON0FF

Pauline Sales empoigne le féminisme, son aura et « ses mauvaises fréquentations ». Un état des lieux en trois étapes : époques différentes, personnages différents dans un seul lieu, dans une même situation.

Un cinéaste documentariste ( spécialisé dans le tournage de « révolutions ») rachète à sa femme la maison dont il lui avait fait cadeau pour servir de lieu de résidence et de création à des artistes femmes. Il s’autorise régulièrement de petites incursions qui ne manquent pas de le remettre en question. Au fil des ans, la résidence d’artistes vire à une communauté de femmes qui passera d’un mode baba ( Ah! les coussins roses échancrés en leur milieu d’une grande fente rouge !) à un mode plus people avant d’entrer dans l’espace de la sororité, d’évoquer l’homosexualité, d’interroger le genre et les assignations et appellations contrôlées homme- femme, le racialisme…et l’écriture, les écritures. Pauline Sales a le verbe haut, malicieux, secoué de rires : celui qui se retourne comme un gant et fait théâtre avec un sens aigu de la dramaturgie et de la politique.

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« Welfare », m.e.s. Julie Deliquet.

— Par Dominique Daeschler –

Festival d’Avignon.IN.

Julie Deliquet, directrice du TGP, avec une expérience certaine d’adaptation de scénarios, s’attaque à l’adaptation théâtrale du film de Frederick Wiseman, Welfare, qui décrit la vie d’un centre social de New York dans les années 70, en dressant le portrait des usagers et des travailleurs sociaux. Dans une sorte de gymnase réaménagé en urgence vont être livrées aux exigences terre à terre de l’administration – le fameux « remplir les papiers « pour avoir droit à postuler à une aide, des demandes d’urgence qui implique un regard humain sur la situation et un soutien loin de toute rigidité administrative. Réunis par la douleur de vivre au quotidien, défileront, le blessé du Vietnam, la petite vieille un peu juste du caboulot, la femme délaissée avec ses gosses , la grande gueule, le cacou, celui qui n’a jamais travaillé, la femme mytho, l’apatride, le sans abri …. Autant d’abîmés par la vie qui connaissent l’usure, la faim et se heurtent à l’absurdité de règles auxquelles ils ne peuvent répondre, faute le plus souvent de critères concordants.

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« Iphigénie à Splott », de Gary Owen, m.e.s. Geroges Lini

— Par Michèle Bigot —

Iphigénie habite à Splott, un quartier déshérité de Cardiff. elle s’appelle Effie, Iphigénie, c’est le nom de son destin. Du père, il ne sera pas question. On ne parlera que de sa grand-mère. Famille même pas mono-parentale. Effie est livrée à elle-même et à son présent désespérant. Devant no future! La friche industrielle, la cité, les ordures, les pubs pleins à craquer, les parcs abandonnés, et la rue pour tout horizon, les merdes de chien sur le trottoir. alors l’alcool, la baise, et encore l’alcool. Rien d’autre n’existe, de toute façon. Effie, c’est la marginale, la paumée, celle qu’on évite dans la rue, celle qu’on ignore et que beaucoup insultent. Mais elle festive, drôle, combative, pleine de vie. Elle a pour elle sa clairvoyance et son franc-parler. Elle ne recule devant rien, ne baisse les yeux devant personne. C’est une guerrière, pas comme son blaireau de petit copain qui la suit comme un toutou.

Et puis voilà qu’un jour elle rencontre l’amour, le vrai, celui qui change tout. Elle y croit ferme, pour la première fois elle ne se sent plus seule.

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« An oak tree » texte, m.e.s. & interprétation Tim Crouch

— Par Michèle Bigot —

Cloître des Célestins, Festival d’Avignon 2023

La foire aux illusions, tel est ce spectacle de Tim Crouch créé en 2005 et tournant largement de par le monde aujourd’hui. Il répond parfaitement à l’ambition affichée par Tiago Rodrigues, faire de cette 77ème édition un focus sur le théâtre britannique. Britannique jusqu’au bout du plateau, cette pièce l’est bien. Digne fils de Vanity fair, émule du baroque shakespearien, Tim crouch fait de la scène théâtrale une foire au boniment, du metteur en scène un hypnotiseur et/ou un thérapeute, un « entertainer » de bas étage. Comment?

Deux personnages occupent le plateau: Tim Crouch et un acteur prélevé dans le public, hier AdamaDiop) qui ignore tout du scénario et à qui il va souffler ses répliques. Première entorse délibérée au fonctionnement ordinaire de l’illusion théâtrale. Le motif est pourtant tragique; il s’agit d’un père confronté au chauffard qui vient de tuer sa fille dans un accident de la circulation. L’idée est que le père va consulter un hypnotiseur pour conjurer son chagrin.

Mais qui est qui? Les deux interprètes vont assumer tous les rôles, celui du père, Andy, celui du chauffard, celui de la mère en deuil, dans un tourbillon des apparences qui exprime le vacillement de la réalité caractéristique d’un tel deuil.

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Du côté des créateurs d’outremer

—  Par Dominique Daeschler —

Chapelle du verbe incarné. TOMA.

Si Pina m’avait demandé de Marion Schrotzenberger

Il y a de la fraîcheur et du culot dans ce « prenez-moi comme je suis ». Une danseuse qui élève seule ses enfants, change d’appartement, manque d’argent et de contrats nous fait entrer dans sa vie : l’école, le coup de fil qui annule un contrat, les jeux des enfants qui déconcentrent, le fouillis de l’appartement. Pour sublimer tout cela, les répétitions à la maison, avec Pina Bausch comme ange tutélaire et modèle. Tonique. De Marion Schrotzenberger on retiendra plus le travail de comédienne que celui de la danseuse. La gestuelle épurée de Pina Bausch est étouffée par un va et vient incessant de changements de costumes qui paraît gratuit, une évocation de diverses formes de danse qui donne un côté catalogue même si on y décèle une énergie pleine d’humour. De même, la présence sporadique du personnage masculin paraît anecdotique. Il reste que Marion Schrotzenberger a choisi la difficulté en nous embarquant dans son univers, quitte à s’y perdre parfois.

12h10.Jusqu’au 12 juillet.

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Angela Davis selon Valérie Pécresse : le sens politique d’une négation

— Par Jérôme Beauchez, professeur de sociologie et d’anthropologie, directeur du Laboratoire interdisciplinaire en études culturelles CNRS, Université de Strasbourg.—

Le 5 juillet, alors même que les feux de la révolte qui a embrasé la France suite à la mort de Nahel M. ne sont pas encore éteints, on lit dans la presse que Valérie Pécresse, Présidente du Conseil régional d’Ile-de-France, a fait débaptiser le lycée Angela-Davis de Saint-Denis. Contre l’avis des enseignants qui l’ont choisi, le nom de cette philosophe, écrivaine et icône de la lutte afro-américaine, est tout simplement apparu à Madame Pécresse comme évocateur de valeurs « contraires » à celles de la République française.

Lorsqu’à l’instar de Valérie Pécresse, on fustige à tout-va le « wokisme » et la « cancel culture » consistant à effacer de l’histoire comme des espaces publics les noms de celles ou ceux jugés indignes d’y figurer, n’est-on pas tenu de s’abstenir d’employer le même type de procédés ? Au-delà de cette contradiction, débaptiser un lycée situé à Saint-Denis, dans une ville où la richesse du cosmopolitisme et l’épreuve des discriminations entrent en résonnance forte avec les luttes d’Angela Davis, ne saurait relever du simple fait anecdotique.

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Le crime chlordécone : la mobilisation se met en place

— Le n° 307 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

La Simenn Matinik Doubout se déroulera du 22 au 28 octobre, mais les mois qui précédent font déjà partie de la mobilisation, autant qu’ils permettent d’en assurer un réel succès.

La conférence de presse du 28 juin n’a attiré qu’une partie des médias et aucune télévision. C’est malgré tout un succès grâce à RCI, France-Antilles, Antilla, mais aussi aux nouvelles participations individuelles audelà de la trentaine d’organisations.

Commencée par la rencontre avec le Conseil Municipal de Fort-de-France, la tournée des villes se poursuit. Au Prêcheur, une première intervention de Simenn Matinik Doubout avait eu lieu lors du séminaire des organisations de Cluny sur l’écologie décoloniale. Dans la foulée, ce vendredi 7 juillet, c’est le conseil municipal de la ville qui faisait un bon accueil à Simenn Matinik Doubout.

Auparavant, ce fut un long entretien avec le maire du Saint-Esprit.
Ce lundi 10
, c’est au tour du conseil municipal des Trois-Ilets de recevoir SMD.

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Le Reggae Therapy Festival

Les 14, 15 et 16 juillet au stade Louis-Achille à Fort-de-France
Josué Charles-Hélène est un amoureux du reggae depuis toujours. Il est persuadé que l’écoute de cette musique a des vertus thérapeutiques. Avec son équipe il organise donc le premier festival de Reggae en Martinique
7 groupes, 14 artistes invités et de nombreux DJ.
Programme
Vendredi 14 juillet, de 16h à 23h
Queen Omega, Nuttea, E.sy Kennenga et les DJ Selektali, Kaprisson, DJ Tug, South Clash Sound System.

Samedi de 15h à minuit
Romain Virgo, Ras Shiloh, Tiwony, Yeahman’C, David Obadja. Plusieurs DJ seront présents : Selektali, Black Out Sound System, Art N Spirit Sound System, DJ Klyne.

Dimanche 16 juillet de 15h à minuit

Morgan Heritage, Yaniss Odua, Lycinaïs Jean, Lutan Fyah, Norris Man, Legal Votg. Les DJ Selektali, Black Out Sound System et DJ Gil animeront la journée.

Une quarantaine d’exposants et des restaurateurs seront également présents sur place.

« L’idée principale du “ Reggae Therapy Live Show ” est de réaliser des concerts live d’artistes caribéens et internationaux, en Martinique et dans la Caraïbe pour commencer, puis en Europe et dans le monde », explique Josué Charles Hélène.

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« Cion : Le Requiem du Boléro de Ravel » de Gregory Maqoma

Les 14, 15 & 16 juillet à 19h 30 à Tropiques-Atrium. Séances supplémentaires le 15 juillet à 16h (& le 16/07/23 à 16h30)

 Gregory Maqoma revisite le Boléro de Ravel.

Figure de proue de la danse sud-africaine, Gregory Maqoma est de retour avec une pièce chorale qui réussit la symbiose de la voix et du corps. Et revisite avec neuf danseurs et quatre chanteurs l’un des chefs-d’œuvre du répertoire classique occidental.
La force vitale du chorégraphe lui permet d’aborder des thèmes douloureux sans pathos, mais avec une vigueur et une sensibilité incomparables. Les interprètes donnent corps à l’écriture poétique de Zakes Mda, passant de l’immobilité majestueuse à une énergie collective jusqu’à faire surgir des profondeurs le Boléro de Ravel. Compagnon de route de Sidi Larbi Cherkaoui, Akram Khan, Dada Masilo ou encore William Kentridge, Gregory Maqoma embrase la scène par son travail mélodique de la danse et sa vision opératique du groupe. Ici, avec les voix des chanteurs d’isicathamiya (chant a cappella provenant des Zoulous d’Afrique du Sud), il signe une épopée exaltante en forme de message d’espoir pour combattre la peur de la mort inhérente à l’humain.

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« Neandertal », texte & m.e.s. David Geselson

— Par Michèle Bigot —

Cette création de David Geselson repose sur une synthèse des recherches sur Néandertal, auxquelles la lecture de l’ADN a donné un nouveau souffle.La question qui hante tous les esprits est de savoir s’il existe une filiation directe entre Néandertal et Homo sapiens. Les résultats de ces programmes montreront que l’on a affaire à deux espèces humaines différentes et qu’il y a eu du métissage entre les deux espèces sur quoi débouche l’homme moderne.

Pourtant ce qui intéresse David Geselson c’est la série d’interférences et de croisements qui se sont opérés entre l’histoire de la recherche et l’histoire politique d’une part , et de l’autre entre la vie des chercheurs et leur recherche. Ces interférences, il en trouve témoignage grace à la biographie du prix Nobel Svante Pääbo, et des vies de Rosalind Franklin, Gregor Mendel Craig Venter et Maja Paunovic. Voilà une démarche d’écriture que le metteur en scène avait déjà éprouvée avec Doreen , adapté à la scène d’après la « Lettre à D. » d’andré Gorz (2017).

Ces croisements sont un matériau parfaitement idoine pour la dramaturgie.

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« K. », texte, m.e.s. Alexis Armengol & « On n’est pas là pour disparaître », adaptation, m.e.s. Mathieu Touzé, d’après le texte d’Olivia Rosenthal

— Par Michèle Bigot —

K., Alexis Armengol

Alexis Armengol, acteur, scénographe et metteur en scène avec toute sa troupe, Théâtre à cru, créée en 1999, est désormais un habitué des plateaux. Son projet artistique se déploie autour de l’accessibilité des nouvelles formes théâtrales. Sa particularité est de croiser les disciplines, créant ainsi un véritable renouveau formel, une aventure théâtrale dans laquelle l’objet scénique est investi d’un rôle important. Sur le plateau se rencontrent les images vidéo, les dessins sur écran, les formes découpées dans des planches, l’image animée, le son, la musique et une prodigieuse gestuelle des personnages, autant comédiens que danseurs, jongleurs et acrobates. Une sorte de théâtral total où tous les sens sont sollicités pour stimuler l’imagination. Le texte fait partie intégrante de cette circulation de vie, il est pris dans la dynamique du drame, jamais isolé. Il y a là un langage scénique vraiment original et renouvelé autant que l’exige le sujet.

Le sujet est ici l’autisme, ou du moins ce qu’on appelle ainsi, faute d’en avoir une plus exacte compréhension. Le spectacle s’ingénie à déconstruire cette étiquette.

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Aux Antilles, une protection très inégale. Quatre maisons sur dix ne sont pas couvertes par une assurance multirisque habitation

— Par Jean-Michel Hauteville —

REPORTAGE MARTINIQUE – correspondance Deux ans et demi après des pluies diluviennes qui ont noyé le nord montagneux et boisé de la Martinique, les stigmates des crues et des éboulements ne sont plus guère visibles. Ces intempéries survenues les 9 et 10 novembre 2020 avaient fait plus de 400 sinistrés. Dans le quartier Saint-Jacques, secteur résidentiel de Sainte-Marie, une des six communes touchées, des lignes jaunes sur la chaussée marquent l’endroit où une tranchée béante s’était ouverte sur la Nationale 1, qui longe ce littoral. Cette artère vitale pour le quart nord-est de l’île n’est pas la seule à avoir été coupée : à cet endroit, les mouvements du sol avaient emporté tout le flanc du « morne » (la colline), jusqu’à la mer, en contrebas. A la sortie d’un virage, une grande villa de deux étages surplombe la nationale. Son marquage jaune est envahi par les fougères, les lianes et des buissons d’allamandas et de bougainvilliers anarchiques. La végétation laisse entrevoir des murs noircis, lézardés et une toiture éventrée.« C’était une belle maison. Elle a été bien abîmée par les intempéries » , constate Rodrigue Boulard, le gérant du garage situé juste en face. 

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Sciences sociales : nouveautés du 10 juillet 2023

L’histoire des sciences sociales débute avec le siècle des Lumières, autours de 1650, lorsqu’une révolution au sein de la philosophie naturelle a changé le cadre de référence avec lequel les individus jaugeaient de la scientificité. Les sciences sociales sont issues de l’éthique de cette époque et ont été influencées par le long XIXe siècle ( la révolution industrielle et la révolution française, notamment). Les sciences sociales se sont développées à partir des sciences (expérimentales et appliquées), de savoirs existants, de pratiques normatives, et ce, dans un élan et une vision de progrès social lié à des groupes sociaux donnés.

Le terme de science sociale apparaît pour la première fois en 1824 dans l’ouvrage de William Thompson (1775-1833), An Inquiry into the Principles of the Distribution of Wealth Most Conducive to Human Happiness; applied to the Newly Proposed System of Voluntary Equality of Wealth.

Les débuts des sciences sociales au 18e siècle se reflètent dans la grande encyclopédie de Diderot, avec des articles de Jean-Jacques Rousseau et d’autres pionniers. L’émergence des sciences sociales se reflète également dans d’autres encyclopédies spécialisées. La période moderne a vu la science sociale être utilisée pour la première fois comme un champ conceptuel distinct

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Canicule : les fortes chaleurs de l’été 2022 ont causé la mort de près de 62 000 personnes en Europe

Les vagues de chaleur record de l’été dernier en Europe sont vraisemblablement à l’origine de plus de 61 000 décès sur le continent, montre une étude parue lundi dans la revue Nature Medicine, qui souligne l’impréparation des gouvernements face à cette conséquence du dérèglement climatique.

Les chercheurs de plusieurs instituts de santé européens estiment que plus de 61 600 décès recensés dans 35 pays européens entre la fin mai et le début septembre 2022, lors de l’été le plus chaud en Europe jamais enregistré, sont attribuables à la chaleur.

La chaleur extrême peut provoquer la mort par hyperthermie ou aggraver des affections cardiovasculaires ou respiratoires, les personnes âgées étant les plus vulnérables.

Les pays méditerranéens les plus touchés
Les chercheurs ont utilisé des modèles épidémiologiques pour analyser l’excès de mortalité toutes causes confondues et en déduire le nombre de décès directement liés à la chaleur.

Dans un rapport publié le 23 juin dernier, Santé Publique France a estimé que près de 33 000 décès enregistrés en France entre le 1er juin et le 15 septembre des années 2014 à 2022 étaient attribuables à la chaleur, dont 23 000 décès de personnes âgées de 75 ans et plus.

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Empêcher l’accès à la bassine quel qu’en soit le coût humain

« Le gouvernement persiste dans une logique liberticide et autoritaire de criminalisation et de répression des mobilisations sociales. »

Communiqué et rapport des observatoires des libertés publiques et des pratiques policières sur la mobilisation contre le projet de méga-bassine à Sainte-Soline (24-26 mars 2023).

Le samedi 25 mars 2023, en dépit d’intimidations de la part des autorités publiques, 18 observateur·ice·s indépendant·e·s étaient présent·e·s à la manifestation contre le projet de méga-bassine à Sainte-Soline.

Après un travail de plusieurs mois fondé sur des observations de terrain, recoupées à l’aide de témoignages et d’éléments matériels, les observateur·ice·s versent au débat public un rapport minutieux relatif à la stratégie de maintien de l’ordre déployée ainsi que le récit précis du déroulement de la manifestation.

Dès le 24 mars 2023, le ministre de l’Intérieur avait averti que l’on verrait « […] des images extrêmement dures, parce qu’il y a une très grande mobilisation de l’extrême gauche et de ceux qui veulent s’en prendre aux gendarmes et peut-être tuer des gendarmes et tuer les institutions ». Les autorités publiques ont alors mis en scène un maintien de l’ordre spectaculaire d’une très grande violence.

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« Les Femmes de la maison », écriture et m.e.s. de Pauline Sales

— Pazr Michèle Bigot —

Incontestablement Pauline Salles est la fabuliste d’aujourd’hui, du moins en France, elle n’en est pas à son coup d’essai. Régulièrement présente au off d’Avignon (Normalito en 2011, J’ai bien fait? en 2017 avec son complice Vincent Garanger de la Cie A L’envi ( dans le rôle de monsieur Joris, le seul représentant masculin de l’histoire). Cette fois elle s’empare du mouvement féministe pour en écrire une histoire parodique. L’histoire se déroule sur trois époques de 50 à nos jours, autour d’une seule et unique maison, lieu central de l’intrigue. C’est la Cerisaie d’aujourd’hui, réécrite sur le mode satirique. Au centre, un homme, monsieur Joris, sorte de mécène qui met sa maison à la disposition des femmes artistes, assurant insensiblement son emprise sur elles. Sa seule exigence est qu’on respecte quelques règles de bonne intelligence, laisser une œuvre en fin de séjour et accepter la présence d’une femme de ménage. Mais il reste le maître, le propriétaire et le mécène. Sa domination ne peut être fondamentalement entamée. Les femmes artistes vont s’y succéder, plasticiennes la plupart du temps, (l’histoire s’inspire de Womanhouse, exposition de femmes en Californie de 1972) sauf dans le dernier tableau où la maison devient une résidence d’écriture.

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