— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
J’ai rêvé que mon île, larguant la longue et lourde chaîne qui l’ancre à ce continent européen avec lequel elle n’a rien en commun si ce n’est un usage de la langue coloniale,
partait à la dérive au mitan du vaste océan, loin du bruit et de la fureur de ce théâtre qu’est le monde actuel et de la mauvaise tragi-comédie qui s’y joue…
J’ai rêvé que sur mon île on ne se préoccupait plus que du chant des oiseaux, du gazouillis des poètes et musiciens, de la luxuriante beauté des fleurs et paysages, d’amour fraternel et de chaleur humaine, bref de faire de cette vie la fête perpétuelle qu’elle devrait être, n’en déplaise aux contempteurs moralistes de tout poil politique, sanitaire ou religieux !
J’ai rêvé que sur ce paradis tropical on vivait de l’abondance des cadeaux de la Terre-Mère qu’on respecterait et cesserait d’empoisonner, dans le partage, l’amour et la libération de l’esclavage de l’argent en l’absence de tout besoin.
On peut me taxer d’irréalisme ou d’isolationnisme mais je désire seulement que mon île soit un asile, non de fous, mais pour tous ces rêveurs d’utopie du bonheur qui y vivent :
île oasis de paix et de joie au milieu du désert, à l’écart d’un monde devenu fou de haine, de peur et d’oppression,
île flottante au milieu d’un dessert de délices sucrés…