— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —
L’aménagement du créole dans l’École haïtienne à l’épreuve de l’amateurisme et du « showbiz » cosmétique du ministère de l’Éducation nationale
L’année scolaire 2022-2023 s’est achevée en Haïti sur le constat très largement partagé entre les parents d’élèves, les directeurs d’écoles et les enseignants : l’échec est flagrant à tous les niveaux dans l’École haïtienne. Un tel constat confirme la réalité qu’un grand nombre d’écoles privées (80% de l’offre scolaire) et d’écoles publiques (20% de l’offre scolaire), –elles forment le dispositif institutionnel d’un système scolaire très largement défaillant et reproducteur d’inégalités sociales–, est aux abois et que ces écoles éprouvent d’énormes difficultés à accomplir leur mission éducative. En 2022-2023, le système scolaire haïtien s’est encore fortement dégradé, des écoles ont dû fermer les portes, l’État n’arrive toujours pas à verser régulièrement leur maigre salaire aux professeurs du secteur public, nombre d’enseignants sont pris dans la spirale de la migration-sauve-qui-peut à destination des États-Unis et du Canada, tandis que les parents et les directeurs d’écoles sont systématiquement « rakettés » par les gangs armés qui, sous le regard complaisant voire complice du Core Group et du gouvernement illégal et inconstitutionnel d’Ariel Henry, contrôlent de larges portions du territoire national.