— Par Robert Paquin —
La main fantôme
Mon fantôme est fidèle.
Il est là, invisible,
Un fantôme modèle,
Présent, inaccessible.
C’est une main fantôme
Qui partout m’accompagne.
Je sens les doigts, la paume
Et la douleur me gagne;
Une démangeaison,
Fantôme d’urticaire,
Sans qu’aucune raison,
Aucun apothicaire
Ne puisse m’expliquer
D’où cette sensation,
Ce mal, vient m’attaquer.
Je mets de la pression
Et frotte l’avant-bras,
Mais la douleur résiste;
Je mets un sparadrap,
Mais où? La main n’existe
Pas, mais je sens mes doigts
Nominativement
Du pouce au petit doigt
Coincés dans le ciment.
Dans l’avant-bras, les muscles
Réagissent et se tendent
À tout mouvement brusque
Que mon esprit demande.