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RPPRAC, élu-e-s, organisations populaires, syndicats,… où « vont » la Martinique ?

— Le n° 367 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

Ce jeu de mots connu (sujet au singulier, verbe au pluriel, pour indiquer que le sujet part dans tous les sens) est on ne peut plus approprié à la situation que nous vivons.

Alors que les institutionnels croyaient avec la signature de leur protocole, avoir plié la partie la plus incandescente de la crise de la vie chère, le RPPRAC refuse de signer et appelle à bloquer le pays à partir de lundi 21 octobre. Certes, la foule réunie samedi, n’a pas l’ampleur de celles de 2009, de la lutte contre l’obligation vaccinale, de la mobilisation contre le nonlieu dans l’affaire du chlordécone, mais son importance et son enthousiasme témoignent de l’écho rencontré par le mouvement, et de la colère qui règne dans le pays. Vie chère, misère sociale, colère de ne pas être entendu, constituent un sérieux mélange détonant.

Tandis que les signataires, dans leur grande majorité, se congratulent, trois députés signataires ont jugé nécessaire d’exprimer des réserves.

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Matinik, kisa NOU lé vréman ?

— Par Olivier Ernest Jean-Marie (*) —

1. Martinique : redécouvrir, redéfinir, clarifier nos raisons d’être. 

La crise que traverse la société martiniquaise depuis quelques semaines a révélé le besoin de choisir ou de redécouvrir les raisons d’être de la communauté martiniquaise.

Je précise que j’entends par communauté martiniquaise, l’ensemble du vivant, humain et autre qu’humain accueilli sur et autour de notre archipel.(humains, animaux, végétaux, minéraux, les milieux vivants qui les abritent, la mer, les rivières, les mangroves, l’air, la terre, …),

La raison d’être d’un collectif, qu’il s’agisse d’une association, d’un syndicat, d’une entreprise, d’une collectivité publique, ou d’une communauté comme la Martinique, définit les finalités du collectif et les activités fondamentales qui constituent sa mission.

Je suis convaincu que l’absence d’actualisation, de clarification et de conscientisation des raisons d’être de notre communauté martiniquaise explique, entre autres, notre malaise sociétal, la perte de confiance mutuelle entre les acteurs de notre pays et notre atomisation. Notre incapacité à fournir des réponses collectives claires et ambitieuses aux défis démographiques, environnementaux, économiques, sociaux, culturels et psychologiques que nous devons relever peut être relié au défaut de boussole collective.

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Martinique : couvre-feu prolongé jusqu’au 28 octobre avec des ajustements

Face aux violences urbaines récurrentes, la préfecture de Martinique a annoncé la prolongation du couvre-feu, initialement instauré le 9 octobre. Ce dispositif sera maintenu jusqu’au lundi 28 octobre 2024, avec des horaires allégés pour soutenir la reprise des activités économiques et associatives. Désormais, les restrictions de circulation s’appliqueront de minuit à 5 heures du matin, permettant aux entreprises de restauration, du spectacle, ainsi qu’aux associations sportives de fonctionner en soirée.

Outre le couvre-feu, des mesures de sécurité renforcées ont également été prises. L’achat, la vente et le transport au détail de carburants, de produits chimiques inflammables ou explosifs, ainsi que d’artifices de divertissement et de produits pyrotechniques, restent interdits sur l’ensemble du territoire martiniquais jusqu’au 28 octobre inclus. Ces restrictions visent à limiter les risques d’incendie et à faciliter l’intervention des forces de sécurité, alors que des épisodes de violences nocturnes se sont encore produits récemment.

Le préfet de Martinique, Jean-Christophe Bouvier, a souligné que cette prolongation du couvre-feu et les mesures associées visent à préserver l’ordre public tout en tenant compte des besoins économiques locaux. Des contrôles seront effectués pour garantir le respect de ces mesures, et le représentant de l’État a exprimé sa gratitude envers la population pour sa résilience face à ces tensions.

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Notre Martinique aujourd’hui

-Par Guy Lordinot —

Octobre 2024

Statut de la Martinique

Le 19 mars 1946, le Parlement vote une loi (dite loi d’assimilation) qui modifie le statut les colonies françaises de Guadeloupe, Guyane, Martinique et Réunion en départements d’Outre-Mer (DOM).

Désormais, à la faveur de cette loi, les habitants de ces nouveaux départements bénéficient des mêmes droits que leurs compatriotes de la France hexagonale.

L’État n’applique cette loi que de façon très partielle. Il se contente de remplacer le gouverneur par un préfet. Aucune mesure n’est prise afin de réaliser l’égalité des droits avec les citoyens hexagonaux.

Profondément déçus, fatigués d’attendre l’application complète de la loi, les syndicats – avec le soutien du parti communiste – entrent en lutte pour la conquête des droits que la Constitution confère à l’ensemble des citoyens de la République.

Deux conquêtes majeures sont obtenues : l’instauration de la Sécurité Sociale, l’attribution de la prime de vie chère accordée aux fonctionnaires hexagonaux affectés dans les DOM à l’ensemble des fonctionnaires des DOM. Quelques années plus tard, perdant l’espoir d’une vie meilleure pour tous, les partis de gauche des quatre départements se réunissent le 18 août 1971 dans la commune du Morne-Rouge en Martinique.

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« Pierre et le Loup » : une relecture visuelle et musicale entre tradition et modernité

Mardi 22 octobre à 21h sur France 4 et en replay jusqu’au 29/10/25 ★ ★★

— Par Hélène Lemoine —

« Pierre et le Loup », conte musical emblématique composé par Sergueï Prokofiev en 1936, est revisité dans une œuvre hybride et inédite, mêlant animation et prises de vues réelles. Cette nouvelle adaptation, produite par Camera Lucida et réalisée par Gordon Béziat, Pierre-Emmanuel Lyet et Corentin Leconte, offre une expérience visuelle et auditive originale, qui allie tradition et modernité, tout en conservant l’essence pédagogique de l’œuvre. Le résultat est un film d’animation de 30 minutes qui redonne vie au célèbre conte dans un format accessible, à la fois artistique et éducatif.

Dans cette version innovante, le conte musical de Prokofiev prend une dimension nouvelle grâce à un habile mélange de technologie moderne et de narration classique. L’animation se déploie en interaction avec les musiciens de l’Orchestre National de France, dirigés par Daniele Gatti, qui jouent la partition dans un décor virtuel où les personnages animés évoluent avec fluidité. La symbiose entre les éléments réels et animés accentue la beauté visuelle de l’œuvre, et ajoute une profondeur immersive au récit.

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Don Quichotte et la leçon contemporaine de la lutte contre la vie chère en Martinique ?

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

La situation est chaotique en Martinique et l’heure grave et nous avions écrit précédemment que le mouvement de lutte contre la vie chère était voué à l’impasse. Aujourd’hui nous nous dirigeons droit vers cette voie sans issue. L’appel à un sursaut de la pensée rationnelle en Martinique doit donc se faire plus pressant face aux événements actuels, qui menacent de plonger l’île dans une crise politique , sociale et économique majeure. Le mouvement mené par le RPPRAC, organisation luttant contre la vie chère, a su galvanisé une foule nombreuse, acquise à sa cause. Lors d’un discours prononcé ce samedi à Dillon, son leader a lancé un cri de ralliement à la mobilisation totale, annonçant des blocages à partir du lundi suivant. Ce discours évoque des barrages qui rendraient la circulation sur l’île impossible, ce qui fait craindre un retour à une situation de tensions et émeutes rappelant les débuts des négociations sur la vie chère. Force est de reconnaître que cette organisation à travers son leadership excelle en matière de communication, mais cette stratégie du bras de fer teintée de populisme- passablement improvisée dans le feu de l’action de mécontentement est totalement inepte dans la mesure où le blocage va se révéler mortifère.

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Le RPPRAC dernier rempart contre un destin d’Ephad général ?

— Par Jean-Michel Salmon(*) —

Il est à la fois clair et fondamental que ce mouvement social lancé par le RPPRAC MARTINIQUE  constitue une force endogène de contestation, comme le souligne le R lui-même.

C’est le cas parce que l’on voit bien qu’avec Glawdys Roger et Aude Goussard, ils ont tous les trois un cerveau très aiguisé et qu’ils le font travailler à bon escient, l’ordre établi étant ainsi quelque peu déboussolé même s’il retombe vite sur ses pattes, comme on l’a vu avec l’accord non pas « historique » mais très « hayotien », donc a-historique. Ou alors historique au sens où il réutilise une fois de plus certaines des  méthodes historiques en place depuis plusieurs siècles, à savoir la caste locale qui fait payer à la France qui elle se soumet à son jeu de dupes.

Pour qui prend la peine de les écouter attentivement, sans a priori et avec un esprit libre (au sens d’ André Comte Sponville), il est évident ces trois là, Aude, Glawdys et Rodrigue maîtrisent parfaitement leur sujet et que le R quant à lui est devenu expert de l’action militante.

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Des conjurés dominicains se rencontrent chez moi à Paris 

— Par Gary Klang —-

Je ne voudrais pas que cette magnifique histoire, qui me tient tant à cœur et me touche de si près, se perde à tout jamais dans les sables du temps. Une des rencontres, qui devait mener à la chute du régime de Trujillo, se déroula chez moi à Paris dans les années 60, au 34 de la rue Gay-Lussac.

Les conjurés étaient mon oncle, Antonio Guzman, qui mit fin au trujillisme et devint le premier président démocratiquement élu de la République Dominicaine; accompagné du secrétaire général du Parti communiste et d’autres opposants à Trujillo. Ils devaient tous se rendre ensuite en Angleterre, pour rencontrer le colonel Francisco Caamano, puis à Madrid où Juan Bosch, chef du Parti Révolutionnaire Dominicain, les attendait.

La discussion allait bon train sur la tactique et la stratégie à suivre, et le Camembert, arrosé de vin rouge, alimentait les échanges, lorsque soudain on frappa à la porte. Tout le monde se tut et j’allai voir qui c’était. Sans surprise – puisqu’il venait me visiter à peu près tous le jours – je vis mon ami Gérard Aubourg, Boubou le Fou pour les intimes, tout sourire comme d’habitude.

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Martinique : La contestation contre la vie chère s’intensifie, nouveaux blocages prévus

Le samedi 19 octobre, environ 2 000 personnes se sont rassemblées à Fort-de-France, répondant à l’appel du Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéens (RPPRAC) pour continuer la mobilisation contre la vie chère en Martinique. Bien que l’État ait annoncé avoir signé un accord avec les distributeurs pour une baisse de 20 % en moyenne des prix de l’alimentaire, cet accord a été jugé insuffisant par le collectif à l’origine du mouvement, qui a décidé de ne pas y adhérer. Le RPPRAC a appelé à une intensification des actions, avec des blocages prévus sur l’ensemble du territoire dès le lundi 21 octobre.

Le leader du mouvement, Rodrigue Petitot, surnommé « le R », a pris la parole devant une foule habillée de rouge, la couleur symbolique de la mobilisation. Accueilli comme une rock star sous les applaudissements de ses partisans, Petitot a dénoncé l’accord signé par les autorités, rappelant qu’il ne concernait que 6 000 articles. « Peut-on accepter ça ? », a-t-il lancé à la foule. En réponse, un « Non ! » retentissant a fusé, suivi de poings levés en signe de protestation.

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« Kayabu » : un voyage au cœur de l’Amazonie avec Eymard Toledo

— Par Sabrina Solar —

Eymard Toledo, auteure et illustratrice jeunesse d’origine brésilienne, est née à Belo Horizonte, dans l’État du Minas Gerais. Aujourd’hui installée à Mainz, en Allemagne, elle a développé un style d’illustration singulier, fondé sur le collage de papiers et de matériaux récupérés, une technique qui reflète son engagement écologiste. Ces collages minutieux lui permettent non seulement de donner une seconde vie à des objets recyclés, mais aussi de véhiculer des messages forts sur la préservation de l’environnement et la lutte contre la déforestation. Son travail artistique, porteur de sens, a été récompensé par plusieurs institutions prestigieuses, telles que la Fondation allemande des livres d’art, l’Académie allemande de la littérature jeunesse et la Fondation Bibliothèque nationale brésilienne.

Eymard Toledo a d’abord étudié les Beaux-Arts au Brésil avant de voyager seule en Europe à l’âge de 25 ans. C’est à Berlin qu’elle s’installe pour poursuivre un Master en design industriel. Elle décide alors de rester en Allemagne, tout en gardant un lien fort avec son pays d’origine, où elle retourne régulièrement. Ses albums, comme Tonton Couture, témoignent de cet attachement au Brésil et de ses préoccupations écologiques.

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Crise en Martinique : radicalisation du mouvement contre la vie chère et montée des tensions sociales

Après le refus de signature de l’accord, pourquoi le RPPRAC n’a d’autre choix que d’investir le champ politique Martiniquais ?

— Par Jean-Marie Nol économiste —

Aujourd’hui samedi devant une importante foule totalement acquise à la cause défendue par le RPPRAC. Le leader du mouvement contre la vie chère a lancé à la cantonade un cri de guerre : « À partir de lundi, péyi-a blotché », et de surenchérir  » ayen paka passé ». Alors retour à la case départ crescendo où goj’ à gogo ?

La Martinique, est désormais un territoire fracturé qui  traverse une crise profonde où se mêlent enjeux économiques, frustrations politiques , crise sociale, et aspirations identitaires. La montée en puissance des mouvements contre la vie chère, notamment à travers l’association RPPRAC , révèle une situation d’exception parmi les territoires d’outre-mer français. Si la question du coût de la vie frappe l’ensemble de ces régions, c’est en Martinique que la révolte a pris une ampleur singulière, marquée par des tensions sociales grandissantes et une radicalité inédite.

Après plus d’un mois de mobilisation intense, ponctué par des négociations, des manifestations et des actes de violence, un protocole d’accord a finalement été signé entre l’État, les élus locaux et les représentants de la grande distribution.

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« Julie se tait », un film de Leonardo Van Dijl

Avec :Tessa Van den Broeck, Ruth Becquart, Koen De Bouw, Claire Bodson, Laurent Caron
Sortie en salle : 29/01/20251h 37min Avant-première à Madiana
Synopsis :
Julie, une star montante du tennis évoluant dans un club prestigieux, consacre toute sa vie à son sport. Lorsque l’entraîneur qui pourrait la propulser vers les sommets est suspendu soudainement et qu’une enquête est ouverte, tous les joueurs du club sont encouragés à partager leur histoire. Mais Julie décide de garder le silence.

La presse en parle:
Le Bleu du miroir par la rédaction :
le film nourrit un véritable questionnement, autant sur les mécanismes de libération de la parole et de l’emprise, que sur les mesures de sensibilisation existants dans nos sociétés.
L’Humanité par la Rédaction
Une œuvre captivante entre thriller psychologique et récit d’apprentissage.
Les Inrocks
» Un premier film remarquable. »
Les Inrockuptibles
Un premier film d’une rigueur remarquable.
Positif
Le débutant Leonardo Van Dijl impressionne avec cette approche tout en retenue d’un sujet grave.
Movierama.fr
Julie se tait coche les attentes que nous avons d’un premier long-métrage : une voix, un style, un mouvement, de la créativité, une forme.

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« Nous, professionnels du cinéma, appelons à doter la France d’un musée national du cinéma »

C’est en racontant le septième art à nos publics que nous garderons la maîtrise de notre histoire, juge un collectif de personnalités du septième art membres du conseil d’administration de la Cinémathèque française, dont le réalisateur Costa-Gavras et l’actrice Carole Bouquet.

C’est en 1895, à Paris, sur les Grands Boulevards, que les frères Lumière ont fait d’une invention technique le moteur d’une projection et d’une émotion collective, devant les trente-trois premiers spectateurs de l’histoire du cinéma.

Cette histoire n’a cessé de s’enrichir et, cent trente ans après, la France est plus que jamais la patrie du septième art : celle d’une cinématographie au palmarès inégalé, celle de la population la plus cinéphile au monde, celle des 6 200 salles de cinéma et des 800 festivals – dont celui de Cannes, centre de la création mondiale –, celle d’un modèle de financement – par le CNC et les obligations d’investissement des diffuseurs – admiré partout, celle d’une politique publique qui permet une diversité de films unique au monde, des plus populaires aux plus exigeants.

Une seule ombre à ce tableau : la France a plusieurs fois manqué l’occasion de créer le grand musée du cinéma que le public attend, comme en témoigne le succès des expositions de la Cinémathèque française dans un lieu pourtant peu adapté.

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Akademi kreyòl ayisyen : l’impasse

Journée internationale du créole 2024 : la vision indocte et rachitique de l’Akademi kreyòl ayisyen mène une fois de plus à une impasse

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Dans le contexte de la célébration de la Journée internationale du créole le 28 octobre 2024, il est utile de revisiter certains aspects de la réflexion élaborée par plusieurs linguistes en ce qui a trait à l’aménagement du créole. Cela est d’autant plus indispensable que le pays, depuis la promulgation de la Constitution de 1987, n’a toujours pas adopté sa première Loi d’aménagement des deux langues officielles d’Haïti ni sa première Loi de politique linguistique éducative. Pareillement, il est nécessaire de revisiter les enseignements de nos aînés, entre autres les linguistes Pierre Vernet et Yves Dejean, ainsi que ceux plus élaborés de plusieurs linguistes contemporains car ils nous ont légué quelques intéressantes perspectives dans le domaine de l’aménagement du créole. Il en est ainsi de la réflexion de Lemète Zéphyr sur l’Akademi kreyòl ayisyen (l’AKA).

Connu en Haïti pour ses compétences expertes dans le domaine de la traduction généraliste, scientifique et technique vers le créole, linguiste-didacticien et enseignant-chercheur, Lemète Zéphyr a fondé en 2016, en Haïti, l’École supérieure de traduction et d’interprétation (ESTI).

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Accord de vie chère sans le RPPRAC : chak bètafé ka kléré pou nanm yo.

— Par Jean-Michel Salmon, Maître de conférences en économie, Faculté de Droit et d’Économie de la Martinique, expert des petites économies insulaires. —

Il aura donc fallu l’émergence d’une association auto-proclamée de défense du peuple, le RPPRAC, avec des menaces de mises en exécution de blocage de l’île, suivies de violences urbaines et d’un climat insurrectionnel contre lequel l’Etat a appelé la CRS8 pour maintenir un tant soit peu l’ordre républicain, pour que tous les parties prenantes – Etat, CTM, députés, opérateurs de la grande distribution…- finissent enfin par se mettre autour d’une table, afin de se donner urgemment les moyens d’identifier des mesures de lutte contre la vie chère plus significatives que le cache-sexe du BQP issu d’une première crise en ce domaine, 15 ans plus tôt.

Cela témoigne de l’inertie naturelle de nos pouvoirs publics et de la crise de la démocratie représentative en Martinique. Pour ce qui est du grand capital isiya, ayen pa ka changé.

Tout ça pour ça : quel est le résultat ?

La signature d’un protocole d’accord1 le 16 octobre 2024, qui met en place ce qu’il conviendrait d’appeler la réforme Hayot – on pourrait dire Hayot-Ajjar, mais c’est la version Hayot qui a été retenue, comme on va le montrer.

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Réduction de notre dépendance alimentaire et processus de développement agricole radical et socialisé

— Par Max Dorléans (GRS) —

Depuis quelques temps se fait jour un discours formellement pro-libéral, condamnant le monopole ou quasi-monopole de quelques groupes de la grande distribution, et vrai plaidoyer pour le libéralisme pur et parfait.

Ce discours rencontre aujourd’hui, avec la crise sociale actuelle, avec la question de la vie chère et la baisse des prix des produits alimentaires de première nécessité, une nouvelle actualité, puisque à travers la question de l’agriculture, celle des fonds européens, du Poséi (programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité), et de sa nécessaire réforme, c’est bien la question du modèle actuel qui est posée.

Un modèle tourné vers l’exportation, dominé presque en totalité par Banamart et le groupe de békés dominant en son sein, où non seulement la banane s’octroie la part du lion avec 81% des 118 millions d’€ de fonds du Poséi alloués à la Martinique en 2021, mais où également, ce sont seulement 25% des 2700 agriculteurs qui en bénéficient. A savoir une infime poignée de capitalistes, békés et non békés.

Une répartition inique qui offusque non seulement l’immense majorité des agriculteurs, mais également la population et la majorité des élus.

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Causes et conséquences de l’irruption du populisme mâtiné de nationalisme en Martinique ?

— Par Jean-Marie Nom, économiste —

L’irruption à l’occasion du combat contre la vie chère d’une nouvelle idéologie populiste teintée d’accents nationalistes au sein de la société martiniquaise est un phénomène complexe qui trouve ses racines dans des dynamiques historiques, contemporaines , économiques et sociales spécifiques à la mutation politique de la Martinique. La montée du RPPRAC, une association de 5 personnes se proclamant porte-parole des intérêts populaires, s’inscrit dans une logique de rupture avec l’ordre établi, en particulier la classe politique traditionnelle et le mouvement syndical, souvent perçus comme incapables de répondre aux besoins urgents de la population. Les causes de ce mouvement sont multiples, tout comme ses conséquences, qui se manifestent à travers des bouleversements dans l’équilibre institutionnel, sociétal, économique, politique et social de l’île.

La première cause de l’émergence de ce mouvement réside dans la crise économique et sociale latente qui frappe la Martinique depuis plusieurs décennies et plus récemment depuis le COVID et la spirale inflationniste . Cette crise aujourd’hui sous -jacente conjuguée à la mutation technologique de la société martiniquaise a conduit à une paupérisation de la classe moyenne mais surtout à une augmentation du chômage et à une précarisation chez les jeunes, qui atteint aujourd’hui des taux alarmants, tandis que le coût de la vie continue d’augmenter.

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La Martinique face à son avenir démographique : l’enjeu d’une transition incertaine

— Par Jean Samblé —

La Martinique est aujourd’hui confrontée à une profonde mutation démographique qui dessine un avenir incertain pour son développement socio-économique. Pour la quatrième année consécutive, l’île connaît un recul significatif de sa population, marquée par des soldes naturel et migratoire négatifs. Cette tendance met en lumière des dynamiques préoccupantes : un exode massif des jeunes, un vieillissement accéléré de la population et une chute constante du taux de natalité. Ces éléments combinés fragilisent la capacité de l’île à renouveler ses forces vives et à assurer son développement futur.

Une jeunesse en exil

Le départ des jeunes adultes en quête d’opportunités professionnelles ou de formations universitaires est devenu une réalité persistante en Martinique. Le solde migratoire, déficitaire depuis 2006, s’est aggravé en 2023 avec un déficit de 3 040 personnes. Cette fuite de talents affecte directement la vitalité de la région, puisque les jeunes représentent un moteur essentiel du dynamisme économique et social. En 2023, la Martinique se classe parmi les régions françaises avec la plus faible part de jeunes de moins de 25 ans, ceux-ci ne représentant plus que 25 % de la population, un chiffre en baisse notable par rapport à 2013 où ils en constituaient 30 %.

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Crise mondiale du blanchissement des coraux : un écosystème vital en péril face au réchauffement climatique

— Par Sabrina Solar —

Les récifs coralliens subissent actuellement une crise mondiale sans précédent, provoquée par le réchauffement des océans lié au changement climatique. Selon les données recueillies par la NOAA (Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique), plus des deux tiers des récifs de la planète sont affectés par un épisode de blanchissement massif, le quatrième depuis 1998. Ce phénomène, accéléré par les vagues de chaleur marine, expose les coraux à un stress thermique sévère. Les récifs, qui abritent un quart de la biodiversité marine et protègent les côtes, sont gravement menacés par cette situation, avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour les écosystèmes et les populations humaines qui en dépendent.

Le blanchissement des coraux survient lorsque la température des océans dépasse un certain seuil, entraînant l’expulsion des zooxanthelles, des algues symbiotiques essentielles à la survie des coraux. Privés de ces algues, les coraux perdent leur couleur et leurs nutriments, et si les conditions extrêmes persistent, cela peut mener à leur mort. Des zones comme la Grande Barrière de corail en Australie, la mer des Caraïbes, l’Atlantique Nord et les océans Pacifique et Indien sont particulièrement touchées par ce phénomène.

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Martinique, éléments d’analyse d’une crise sociétale majeure

— Par André Lucrèce, sociologue —
En s’enfermant dans la seule problématique de la vie chère, nous pratiquons un aveuglement instinctif, s’agissant de la crise sociétale majeure qui affecte notre pays. Certes la vie chère est une des questions vitales que nous nous devons de régler, tant le différentiel entre les prix de vente des éléments de première nécessité dans l’hexagone et la Martinique, s’avère scandaleux. Nous subissons les effets d’une dépendance issue d’une colonialité qui tend à prolonger une relation politique et économique qui ne correspond pas au statut de département.

Mais cette question n’est pas la seule. Plusieurs éléments m’ont en effet interpelé à propos de l’évolution de l’humaine condition à l’œuvre dans notre société martiniquaise. J’ai souligné que certaines de mes analyses pouvaient nous faire craindre que notre société tendrait vers le statut d’une chaumière morale et intellectuelle qui se dégrade de plus en plus. J’avais également souligné que cette tendance à la décivilisation n’était pas une opinion, mais une analyse conçue à partir d’une observation attentive. Ce travail exigeait une intelligibilité plus ample et une mise à nu qui révèlent le fond des orientations signifiantes d’aujourd’hui.

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Le racisme en Martinique : une latence conflictuelle qui pourrait s’amplifier

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Les événements qui agitent en ce moment la Martinique conduisent votre serviteur à republier un récapitulatif en forme de brefs résumés de chroniques sur le racisme parues pendant près de 20 ans. Celles-ci ont été reprises dans leur intégralité dans son ouvrage « En finir avec les blessures de la peau » , 2023, vendu en librairie (12 octobre 2024).

Ainsi, dès ses premiers écrits sur le sujet, il a compris que la Martinique évoluait tranquillement vers une collectivité racialiste. Plus que tout autre pays, sa littérature croule sous le vocabulaire racialiste. Après « Négritude », « nègreries », « peau noire et masques blancs », « métissage » et autres sous-déclinaisons, il est désormais question de « noirisme », « békéisme », « mulâtrisme », « africanisme », « afro-caribéens » ….

En 2010, il écrivait : « Je ne suis pas surpris par le cours que prennent aujourd’hui les choses, sauf en ce qui concerne leur rapidité et leur ampleur. Notre rapport au racial est certainement le fait sociétal le plus important apparu au cours du mouvement social de février 2009.

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Conflit de la vie chère : alea jacta est !

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

Alea jacta est une locution latine signifiant « le sort en est jeté », ou « les dés sont jetés », que Jules César aurait prononcée en se préparant à franchir le Rubicon avec ses troupes, en violation de la loi romaine, pour pénétrer sur le territoire italien.

C’est une métaphore de ce qui peut se produire en Martinique en matière de franchissement de ligne rouge par le RPPRAC.

Un accord historique a été signé ce mercredi 16 octobre en Martinique entre la grande distribution, les élus et l’État pour abaisser les prix de 20 % en moyenne sur 6.000 à 7.000 produits de première nécessité dans le secteur alimentaire de l’île. Si cette décision a pu être perçue comme un geste de soulagement pour une partie de la population, elle n’a pas suffi à calmer les ardeurs du RPPRAC, un collectif à l’origine de la mobilisation du 1ᵉʳ septembre dernier, qui refuse de signer le protocole d’accord. Le mouvement réclame une baisse généralisée sur tous les produits alimentaires et a lancé un appel à poursuivre la contestation et amplifier la mobilisation de masse .

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« La main fantôme », par Robert Paquin

— Par Robert Paquin —

La main fantôme

Mon fantôme est fidèle.
Il est là, invisible,
Un fantôme modèle,
Présent, inaccessible.
C’est une main fantôme
Qui partout m’accompagne.
Je sens les doigts, la paume
Et la douleur me gagne;
Une démangeaison,
Fantôme d’urticaire,
Sans qu’aucune raison,
Aucun apothicaire
Ne puisse m’expliquer
D’où cette sensation,
Ce mal, vient m’attaquer.
Je mets de la pression
Et frotte l’avant-bras,
Mais la douleur résiste;
Je mets un sparadrap,
Mais où? La main n’existe
Pas, mais je sens mes doigts
Nominativement
Du pouce au petit doigt
Coincés dans le ciment.
Dans l’avant-bras, les muscles
Réagissent et se tendent
À tout mouvement brusque
Que mon esprit demande.

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La chance d’une crise

— Par Patrick Chamoiseau —

La Martinique traverse une nouvelle crise. Mais toute crise demeure une opportunité. Les perceptions sont aiguisées, et ce qui semblait secondaire, voire impossible, peut soudain devenir praticable.

Cette énergie inhabituelle peut alors servir à autre chose qu‘à surmonter un trouble pour en attendre un autre.

Changer la focale

D’une part, la revendication « vie chère » n’est qu’une miette d’un ensemble à remettre en question. Toute approche non-globale favorise le maintien du « système-outremer » en vigueur. Elle est donc aliénante. D’autre part, le monde (dans ses accélérations techno-scientifiques, écosystème IA-numérique, menace climatique, aberrations démocratiques…) est le contexte déterminant de toute action-pays : agir-ici en soupesant le monde ; soupeser le monde dans un agir-d’ici. Dès lors, les grands défis martiniquais sont les suivants :

– combattre précarités, pauvretés, misères, nées du capitalisme consumériste ;
– assurer notre souveraineté alimentaire ;
– remobiliser le politique ;
– repenser le vieillissement comme un levier social ;
– innover dans les ingénieries démocratiques ;
– moderniser notre cadre institutionnel ;
– anticiper les impacts du changement climatique ;
– assurer un plan-catastrophe (éruptions, séismes, méga-cyclones, tsunamis, pandémies) ;
– maîtriser l’hyper-concentration urbaine et revitaliser nos déserts culturels, médicaux et sociaux ;
– élaborer une stratégie culturelle qui innerve l’ensemble de ces défis.

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Nouvelle crise de la vie chère en Martinique : faut-il que tout change pour que rien ne change ?

— Par Jean-Michel Salmon, Maître de conférences en économie, Faculté de Droit et d’Economie de la Martinique, expert des petites économies insulaires.—

La vie est chère à la Martinique ; très chère, trop chère. Savez-vous pourquoi ?

C’est parce que nous sommes obligés, je dis bien obligés de n’acheter que les marchandises européennes qui sont déjà chères, par elles-mêmes et qui deviennent encore plus chères du fait que, pour arriver jusqu’à nous, elles sont obligées de franchir 7000 km de mer en payant le frêt le plus cher du monde.
Ne croyez-vous donc pas que ce serait une bonne chose que les martiniquais aient le droit de commercer librement avec leurs voisins immédiats. L’Amérique centrale, l’Amérique du Sud, les Antilles-Guyane. Est-ce qu’ils ne devraient pas par exemple, avoir le droit d’acheter à côté pour 9 F ce qu’à l’heure actuelle ils sont obligés d’acheter en Franc 18 F ou 20 F ? Et bien ça, ça s’appelle LA LIBERTE COMMERCIALE.

Aimé Césaire, 24 février 1978, Discours des Trois Voies ou des Cinq Libertés

La nouvelle crise de la vie chère en Martinique a atteint un paroxysme de violence.

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