Le carnaval de Saint-Pierre, c’est une tradition ancrée dans l’histoire et le cœur de cette ville martiniquaise depuis 1888. À l’époque, la fête durait deux mois et demi, marquant le rythme effervescent de la vie à Saint-Pierre. Les rues résonnaient des airs joyeux des chansons à la mode chaque dimanche, pendant que les établissements de bals publics ouvraient leurs portes, arborant fièrement drapeaux et noms de guerre.
Dès l’Avent clos, les préparatifs commençaient, avec les commerces exposant tout l’attirail nécessaire pour masquer ou déguiser les visages. Masques en carton, loups de satin, fausses moustaches, bottes à boutons ou pantoufles brodées, tout était prêt pour une célébration qui ne serait pas simplement une fête de convention, mais une véritable explosion de gaieté inscrite dans la vie quotidienne des Saint-Pierrois.
Le carnaval était une échappatoire, une époque où la population pouvait laisser éclater sa joie débordante et son énergie intense. C’était une célébration qui transcendait les barrières sociales, avec des défilés variés : néguélas, princes, dominos, pierrots, arlequins, polichinelles, médecins d’hôpital, chauves-souris, bébés Hurard… Chacun y trouvait sa place, du peuple bricolant des déguisements modestes aux bourgeois se pavant en costumes somptueux.