–— Par Hubert Artus —
Il y a un an, à l’occasion des Etonnants Voyageurs de Saint-Malo, un manifeste faisait du bruit: « Pour une littérature-monde » [1] contrait le concept un peu colonialiste de « francophonie ». La disparition d’Aimé Césaire nous oblige à un état des lieux de l’insurrection poétique. A commencer par l’indispensable « Mondialité » d’Edouard Glissant.
Il y avait quelque chose d’incongru, pour un peu obscène, à entendre chaque jour le bulletin de santé d’Aimé Césaire. Cela durait depuis deux semaines. A ceux qui, nombreux et nombreuses dans la France du XXIe siècle, ne sauraient précisément qui il est, il conviendra de dire que si la notion de rupture a un sens politique et une place dans l’Histoire culturelle, elle le doit à des gens comme Césaire, Senghor, Glissant ou Chamoiseau. Si Césaire n’avait inventé le concept de « négritude », Glissant n’aurait assurément pu créer celui de « mondialité » comme une opposition humaniste à la mondialisation économique.
« La race de ceux qu’on opprime »
Aimé Césaire est donc un des créateurs de la « négritude ».