M' A

« Substance de vie » de la Cie Tête Grainée

— Par Roland Sabra —


José Chalons

 

Chorégraphie et auteur du projet : José Chalons. Interprètes: Yna Boulangé et José Chalons. Création musicale : Maurice Bouchard et Alfred Fantone. Collaboration artistique, son- lumière : Dominique Guesdon et Valéry Petris.

1959 au Japon, un jeune garçon, seul sur scène, danse ( Bu) frappant des pieds(Tô) sans musique, couvert de craie, mime un rapport sexuel avec un poulet suivi de l’étranglement du volatile entre ses cuisses, puis se laisse approcher, dans l’ombre, par un homme plus âgé… Le scandale immense, préside à la naissance du Butô. Tatsumi Hijikata, avec son spectacle « Hijinsky » (« couleur interdite ») vient de poser un acte.

En moins d’un siècle depuis l’avènement de l’ère Meiji, le Japon féodal a fait alliance de la façon la plus totale, totalitaire même, avec la modernité la plus extrême dont la dernière ponctuation porte les noms douloureux d’Hiroshima, Nagasaki. Le Butô est est un non qui fait nom. Non à cette alliance barbare au nom d’une autre alliance critique, d’une part celle de l’ « Ausdrucktanz »,celle des « maudits » tels Sade, Lautréamont, Artaud, Bataille, Genet et d’autre part celle de la lenteur, du minimalisme, de l’ésotérisme de la tradition Nô et d’anciens rites shintô.

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Hermeto le Poly..sons

 — Par Edouard Rateau —

Vendredi 2 décembre. Dans le cadre de la Rencontre Caraïbes Brésil qui clôture en Martinique l’année du Brésil en France, le CMAC a invité la légende vivante Hermeto Pascoal à nous rendre visite.

Un mot tout d’abord sur la première partie « locale » de cette soirée. Jeff Baillard à la guitare et l’excellent Ronald Tulle au piano conversent pour nous sur des rythmes caribéens et sud-américains. Un moment de pur plaisir beaucoup trop bref qui mériterait mieux qu’un strapontin musical.

Puis apparaît le Maître. C’est un personnage haut en couleurs, espiègle, gesticulant, vitupérant, affublé d’une tenue digne d’un Tonton flingueur de la scène qui se tient devant nous du haut de ses soixante-dix printemps. Ce n’est pas un agneau, Pascoal ! C’est un véritable monstre insatiable qui nous gratifie de nombreuses facéties et cherche à nous surprendre à l’envi. Pour lui, tout objet peut être « instrumentalisé » et pourquoi pas un simple verre d’eau ou une théière ?

C’est tonique, vivifiant, régénérant, ponctué de prestations vocales dissonantes d’Aline Morena. Une sorte de tourbillon musical puisant dans le jazz et les rythmes traditionnels du Nordeste brésilien.

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Antilles : silence, on empoisonne !

 

La Lettre de S-EAU-S Février 2006

 

Les nouvelles que nous recevons de Guadeloupe et de Martinique sont véritablement effarantes. Avec la bénédiction de l’AFSSA (l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments), l’Etat Français, sous la signature du ministre de l’économie des finances et de l’industrie, du ministre de l’agriculture et de la pêche, du ministre de l’outre-mer, du ministre de la santé et des solidarités, vient d’autoriser la consommation de denrées alimentaires d’origine animale et végétales contaminées à des taux élevés par le chlordécone, un pesticide particulièrement redoutable utilisé sur les bananes.

Rappel des faits :

Octobre 2002 : une tonne et demie de patates douces en provenance de la Martinique sont saisies par la répression des fraudes sur le port de Dunkerque. Elles présentent une forte contamination par le Chlordécone, un insecticide puissant utilisé sur les exploitations de bananes et interdit depuis 1993.

Juillet 2001 : un rapport est remis à Dominique Voynet, ministre de l’environnement, et à Dominique Gillot, secrétaire d’état à la santé. Rédigé par deux inspecteurs généraux des affaires sociales et de l’environnement, il décrit un état de pollution « difficilement admissible » ainsi que les risques sanitaires courus par la population (cancers, troubles neurologiques et de la reproduction).

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Théâtre et politique : le CMAC donne Carte Blanche à José Exélis

 — Par Roland Sabra —

theatre_&_politiqueLe CMAC a donné carte blanche (ah! traitrise de la langue!) à José Exélis pendant 20 jours au mois de novembre. Cette heureuse initiative a permis de voir une version très aboutie de IAGO, déjà présentée au public la saison dernière, et qui lève les quelques réserves que l’on avait formulées à l’époque. (Cf. Le Naïf n° 125). La première partie sérieusement remaniée, recentrée, avec un jeu bien plus épuré de l’excellent Gilbert Laumord, passe la rampe avec aisance. Soulignons une fois encore la qualité de la scènographie de Dominique Guesdon et Valéry Pétris, qui contribue à faire de ce spectacle la meilleure production locale depuis longtemps. Un vrai travail de qualité, original et rigoureux, dont on souhaiterait qu’il bénéficie de la part des collectivités locales d’aides à « l’exportaion ». Après tout le théâtre martiniquais mérite autant de considération que la banane et a de toute évidence un avenir plus prometteur!

Les aides à la création étaient justement un des sujets d’une conférence « Théâtre et politique » organisée dans le cadre de cette opération «  Carte blanche ».

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La censure est imbécile, même en Martinique!

— Par Roland Sabra —

Poster-Tabou

La censure est imbécile, seuls les censeurs ne le savent pas et pour cause.
Tout pouvoir a ses zélotes et ses sicaires, au sens réel parfois, au sens figuratif le plus souvent et de façon involontaire. La droite nationalo-populiste qui qui est aux affaires régionales à les siens. Ils œuvrent sous le masque des institutions, en catimini. Le Rectorat est un de leurs domaines d’expérimentation de ces lendemains qui chantent qu’ils nous promettent.

Le 10 octobre 2005, ils ont obtenu d’un Conseiller polpo-TICE du Recteur la fermeture totale d’un site internet consacré aux sciences sociales et économiques, destiné aux élèves, étudiants et enseignants des disciplines concernées. Le prétexte? Sur les 3800 pages du site deux pages, signées R. Sabra, épinglaient le clientélisme du MIM.

Un texte sur «Phèdre» et les conditions socio-politiques de sa création en Martinique, comme possible illustration des dimensions économiques, sociales et politiques d’un évènement culturel ( première leçon de l’année pour les élèves des classes de seconde et de première). Un autre intitulé «DMS n’est pas un modèle» » sur l’absence de stratégie de développement «durable» d’un Conseil Régional qui aligne sa politique sur celle des milieux d’affaires et qui tire son profit d’un assistanat qu’il feint de déplorer et dont il fait son fonds de commerce électoral.

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De loin. Par Édouard GLISSANT et Patrick CHAMOISEAU

Lettre ouverte au Ministre de l’Intérieur de la République Française,
à l’occasion de sa visite en Martinique.


M. le Ministre de l’Intérieur,

La Martinique est une vieille terre d’esclavage, de colonisation, et de néo-colonisation. Mais cette interminable douleur est un maître précieux : elle nous a enseigné l’échange et le partage. Les situations déshumanisantes ont ceci de précieux qu’elles préservent, au cœur des dominés, la palpitation d’où monte toujours une exigence de dignité. Notre terre en est des plus avides.
Il n’est pas concevable qu’une Nation se renferme aujourd’hui dans des étroitesses identitaires telles que cette Nation en soit amenée à ignorer ce qui fait la communauté actuelle du monde : la volonté sereine de partager les vérités de tout passé commun et la détermination à partager aussi les responsabilités à venir. La grandeur d’une Nation ne tient pas à sa puissance, économique ou militaire (qui ne peut être qu’un des garants de sa liberté), mais à sa capacité d’estimer la marche du monde, de se porter aux points où les idées de générosité et de solidarité sont menacées ou faiblissent, de ménager toujours, à court et à long terme, un avenir vraiment commun à tous les peuples, puissants ou non.

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« Littérature et barbarie »

Par André Lucrèce

litte_&_barbarieMarqué par l’uniformisation du monde et la perte progressive du sentiment du divers, le monde vit de plus en plus dans le doute et dans un sentiment d’insécurité sous la « menace » de nouveaux barbares venant de l’extérieur avec une culture, une religion, une manière de vivre différentes. Oyez ce qui se passe aujourd’hui dans les cités des ban lieues où des jeunes assiégés dans leur ghetto hurlent leur révolte sociale dans une malencontreuse violence contre l’ignorance et le mépris.

Or la menace des barbares ne vient pas tant de l’extérieur, de la présence des sans papiers ou des jeunes noirs et maghrébins des cités que l’on traite comme des sauvages primitifs, et qui, stigmatisés, renvoient aujourd’hui l’image conforme au regard. Non, cette menace, ‘ (je partage cette idée jadis développée par le philosophe espagnol Ortega y Gasset) vient de l’intérieur, c’est-à-dire de la transformation des personnes cultivées en barbares.

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Francophonie sans Français

 En occultant la diversité ethnique de ses écrivains, la France réduit le rayonnement de sa langue

A la veille de l’Année de la francophonie annoncée – pour 2006 – par le président de la République, des émeutes font désordre dans ce beau paysage coloré des peuples francophones. Beau mais étroit : le français perd des locuteurs d’année en année dans le monde.

La puissance anglo-saxonne n’explique pas entièrement ce rétrécissement de la clientèle. L’anglais est certes le vecteur de communication de l’économie mondiale, mais aussi, il est la langue de plusieurs cultures : les Anglo-Saxons ont intégré le chromatisme des peuples qui contribuent à construire cette universalité. Et, de plus, ils auraient, comme les Français, un certain souci d’égalité et de justice. Allez ! Ils sont bien un peu racistes –  » nobody’s perfect « . Par exemple, en 2004, ils recensèrent cent Britanniques remarquables. On constata qu’aucun de ces individus n’était d’origine ethnique.

Des voix s’élevèrent pour protester et cent Britanniques noirs remarquables furent répertoriés. Pas seulement des sportifs ou des musiciens de jazz ! On trouva une poétesse, un producteur de télévision, un syndicaliste.

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Fonctions et enjeux de la parole dans Texaco (Patrick Chamoiseau)

 

— Par Luce Czyba —

 

Résumé

 

C’est de mémoire collective et d’affirmation, par l’écriture littéraire, d’une créolité qui n’est pas que langage mais promeut une esthétique, que procède le projet de Texaco. La présentation par L. Czyba du roman et de la perspective dans laquelle il s’inscrit privilégie la dialectique de l’écriture et de la parole. Le « marqueur de paroles », relais et témoin de la narratrice principale qui le nomme « oiseau de Cham », accomplit en quelque sorte le rêve d’« oraliture » de son auteur Chamoiseau.

 

Texte intégral

 

Dans l’Éloge de la créolité1, Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant se proclament créoles, ce qui, pour eux, ne signifie pas seulement être né et avoir été élevé aux Amériques, sans en être originaire comme les Amérindiens, mais surtout être « en quête », et souvent de façon douloureuse, « d’une pensée plus fertile, d’une expression plus juste et d’une esthétique plus vraie ». Ils refusent en effet de continuer à voir le monde à travers le filtre des valeurs occidentales, à se percevoir eux-mêmes « exotisés » par la vision française qu’ils ont dû adopter, autrement dit à se regarder eux-mêmes avec le regard de l’Autre.

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La censure est imbécile, même en Martinique!

— Par Roland Sabra —

 

censure-1La censure est imbécile, seuls les censeurs ne le savent pas et pour cause.
Tout pouvoir a ses zélotes et ses sicaires, au sens réel parfois,au sens figuratif le plus souvent et de façon involontaire. La droite nationalo-populiste qui qui est aux affaires régionales à les siens. Ils oeuvrent sous le masque des institutions, en catimini. Le Rectorat est un de leurs domaines d’expérimentation de ces lendemains qui chantent qu’ils nous promettent.

Le 10 octobre 2005, ils ont obtenu d’un Conseiller polpo-TICE du Recteur la fermeture totale d’un site internet consacré aux sciences sociales et économiques, destiné aux élèves, étudiants et enseignants des disciplines concernées. Le prétexte? Sur les 3800 pages du site deux pages, signées R. Sabra, épinglaient le clientélisme du MIM.

Un texte sur «Phèdre» et les conditions socio-politiques de sa création en Martinique, comme possible illustration des dimensions économiques, sociales et politiques d’un évènement culturel ( première leçon de l’année pour les élèves des classes de seconde et de première). Un autre intitulé «DMS n’est pas un modèle» » sur l’absence de stratégie de développement «durable» d’un Conseil Régional qui aligne sa politique sur celle des milieux d’affaires et qui tire son profit d’un assistanat qu’il feint de déplorer et dont il fait son fonds de commerce électoral.

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DMS n’est pas un modèle !


par Roland Sabra —


Poster-Tabou

DMS est le nom d’un modèle économique utilisé par l’INSEE pour faire des prévisions. Ce sont aussi les initiales de Daniel Marie-Sainte vice-président du Conseil Régional

Les seconds couteaux sont bien utiles en politique : ils disent tout haut ce que le chef, charismatique selon les codes journalistiques, pense tout bas..

AMJ est paraît-il « charismatique ». « Charismatique » :relatif au charisme, don particulier conféré par la grâce divine » dixit le Robert véhément serait plus juste, même Claude Lise est qualifié de « charismatique » ( Antilla n° 1162) on constate à quel point l’adjectif est dévalorisé.  Claude Lise est tout sauf charismatique, placide à la rigueur. Rappelons encore une fois que lorsque le sociologue Max Weber utilise ce terme, aujourd’hui galvaudé, il fait référence au discours tenu par les dominés pour justifier leur domination. Le « charisme » n’existe pas en dehors de ce rapport de sujétion. Le mot en dit plus sur celui qui l’attribue que sur celui auquel il est attribué. Revenons aux seconds couteaux, à Daniel Marie-Sainte en particulier, lui tout le monde sera d’accord n’a rien de charismatique, mais il présente un intérêt: il en dit plus sur la politique de son chef que son chef lui-même.

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DMS n’est pas un modèle !

— par Roland Sabra —


DMS était le nom d’un modèle économique utilisé par l’INSEE pour faire des prévisions. Ce sont aussi les initiales de Daniel Marie-Sainte vice-président du Conseil Régional

Les seconds couteaux sont bien utiles en politique : ils disent tout haut ce que le chef, charismatique selon les codes journalistiques, pense tout bas..

AMJ est paraît-il « charismatique ». « Charismatique » :relatif au charisme, don particulier conféré par la grâce divine » dixit le Robert, véhément serait plus juste, même Claude Lise est qualifié de « charismatique » ( Antilla n° 1162) on constate à quel point l’adjectif est dévalorisé.  Claude Lise est tout sauf charismatique, placide à la rigueur. Rappelons encore une fois que lorsque le sociologue Max Weber utilise ce terme, aujourd’hui galvaudé, il fait référence au discours tenu par les dominés pour justifier leur domination. Le « charisme » n’existe pas en dehors de ce rapport de sujétion. Le mot en dit plus sur celui qui l’attribue que sur celui auquel il est attribué. Revenons aux seconds couteaux, à Daniel Marie-Sainte en particulier, lui tout le monde sera d’accord n’a rien de charismatique, mais il présente un intérêt: il en dit plus sur la politique de son chef que son chef lui-même.

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Six chansons d’amour traduites en créole par Pierre Pinalie

 


1/Nougaro                                                       Il faut tourner la page
Il faut tourner la page Changer de paysage,

Le pied sur une berge

Vierge.

Il faut tourner la page

Toucher l’autre rivage,

Littoral inconnu

Nu.

Et là, enlacer l’arbre

La colonne de marbre

Qui fuse dans le ciel

Tel

Que tu quittes la terre

Vers un point solitaire

Constellé de pluriel.

Il faut tourner la page…

Redevenir tout simple

Comme ces âmes saintes

Qui disent dans leurs yeux

Mieux

Que toutes les facondes

Des redresseurs de monde

Des faussaires de Dieu.

Il faut tourner la page

Jeter le vieux cahier

Le vieux cahier des charges

Oh, yeah.

Il faut faire silence

Traversé d’une lance

Qui fait saigner un sang

Blanc.

Il faut tourner la page

Aborder le rivage

Où rien ne fait semblant,

Saluer le mystère

Sourire

Et puis se taire.

 

Nou pou tounen paj-la Chanjé péyizaj-la,

Pié-a asou an plaj

Viej.

Nou pou tounen paj-la

É rivé lot bò-a,

An plaj yo pa konnet

Pies.

Fok nou bo piébwa-a

Potomitan an mab

Ki ka tijé an siel

Jik

Ou pé kité latè

Pou an pwen ki tou sel

Épi anlo zétwel.

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L’avalasse créolité et brouillard diglottique : les déchoucailles des éloges

par Robert Fournier—

 

Robert Fournier est “Associate Professor of French Linguistics” à Carleton University, Ottawa.

 

 

« Parmi les stéréotypes les plus courants au sujet de l’époque coloniale persiste celui qui veut qu’on trouvait dans les îles deux catégories bien distinctes d’individus : des maîtres et des esclaves. »

Paru dans « Robert Fournier & Henri Wittmann (dirs), Le français des Amériques, Presses universitaires de Trois-Rivières (Québec), 1995, pp. 199-230 »

 

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Dans une brochure touristique vantant comme il se doit les beautés de « ce coin de France Tropicale« , distribuée par l’Office Départemental du Tourisme de la Martinique aux congressistes venus échanger sur les études francophones dans le monde (CIEF 1990), on pouvait lire à la page 3 « Informations générales » sous la rubrique Langue,

Le français est parlé et compris par toute la population mais on y entend beaucoup ce rapide patois créole qui comporte autant de mimiques que de mots empruntés au français, à l’anglais, à l’espagnol et parfois influencé par les langues africaines. Bien entendu l’anglais est généralement compris [c’est moi qui souligne].

Le contenu de ce passage, très commode pour démarrer un séminaire de Langue et Société au cours duquel on souhaite déchouquer quelques vieux mythes et préjugés tenaces entretenus sur la dynamique des langues notamment créoles, et des gens qui les causent, est parfaitement dérisoire au plan sociolinguistique.

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Rimèt Sézè pa ta’y

 

(Serge RESTOG)

La Tribune des Antilles N° 23, juin 2000.

Jòdijou, adan lanné dé mil la, nou pé di, i ni anchay bagay ki chanjé atè isi Matinik. Nou ka chonjé toujou, lè moun té ka di, Sézè ka matjé tout lo pawòl li a, men jan isi pa ka konprann an patat adan tousa i ka di a. Sa nou pé di jòdi-a, sé ki sé pawòl-tala pa vré ankò. Nou wè épi dé koko zié-nou, adan kartié. Nou tann épi zorèy-nou adan konmin, anchay koté nou alé Matinik, moun ki ka li, moun ki ka résité, moun ki ka bokanté pawòl, moun ki ka jwé, moun ka ki chanté, moun ki ka dansé anlè pawòl Sézè. Tousa ka fè nou di épi tout fòs gòj-nou, épi tout fòs bouch-nou, Sézè sé an matjè ki adan gou pèp-la.

Sézè sé an matjè ki andidan pèp-la, i ka palé di pèp-la, i ka palé ba pèp-la. Gran moun, jenn moun vini ka résité pawòl Sézè, ka résité sa anlè bout dwèt-yo, san yo ni piès papiyé matjé. Sé moun-tala ka di, nou kontan pawòl-poézi Sézè a.

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Notre rapport à la langue

 — Par Fernand Tiburce FORTUNÉ —

 

Selon ULLMAN, « tout système linguistique renferme une analyse du monde extérieur qui lui est propre et qui diffère de celles d’autres langues ou d’autres étapes de la même langue. Dépositaire de l’expérience accumulée de générations passées, il fournit à la génération future une façon de voir, une interprétation de l’univers ». (1)

C’est pourquoi, selon nous, la relation à notre langue est une relation à la terre, donc à la poésie, donc à la création. Elle est par conséquent une relation à la mère, un cordon ombilical essentiel qui nous singularise, et en même temps nous préserve de la solitude.

La langue s’exprime alors comme patrimoine, c’est-à-dire comme un lieu non clos où s’engrangent drus, les temps forts de notre vécu. Dans ce contexte, le parler d’un peuple signifie volonté d’amour et acte de fidélité.

La langue, c’est nous-mêmes , mais c’est encore le contact, la présence, l’existence même de l’Autre. En effet, toute langue est à un certain degré ce mouvement multiforme vers une fraternité partageable, une communauté à essentialiser.

Comment ne pas aimer sa langue ?

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« Où va la lune ? » « Mingus, moins qu’un chien »

— Par Roland Sabra —

Cette année2005-2006 s’annonce donc décidément sous le signe de la reprise, puisque « Mingus ou moins qu’un chien » de Neil King, déjà présentée au Lamentin il ya deux ou trois ans, succédait à la pièce de William Gibson, « Miracle en Alabama« . En deux mots on regrettera l’absence de mise en scène et l’absence de direction d’acteur à moins qu’il ne s’agisse dans ce cas d’une impossibilité liée au comédien lui-même. Dommage, vraiment dommage! Le CMAC ne va pas mieux quand on songe à l’affligeant spectacle que nous a vendu La Cie Zadith Ballet Théâtre : «  Où va la lune? » Où va Jean-Claude Zadith? Nulle part, il semble figé, immobilisé empêtré dans le début des années 70 du siècle dernier, privé de toute capacité créatrice, incapable de susciter la moindre émotion. Un spectacle ennuyeux au possible, d’une immense platitude, à peine sauvé par « La Métamorphose » des cubains de la Cie Narcisco Medina.

 

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 » La mort aux trousses », un film d’Alfred Hitchcock

Par Ernest Lehman | Avec Cary Grant, Eva Marie Saint, James Mason
Titre original North by Northwest | 21 octobre 1959 en salle | 2h 16min | Aventure, Policier, Espionnage, Thriller

Synopsis :
Le publiciste Roger Tornhill se retrouve par erreur dans la peau d’un espion. Pris entre une mystérieuse organisation qui cherche à le supprimer et la police qui le poursuit, Tornhill est dans une situation bien inconfortable. Il fuit à travers les Etats-Unis et part à la recherche d’une vérité qui se révèlera très surprenante.

La presse en parle :
Le Monde par Jean de Baroncelli
La cocasserie de la comédie l’emporte sur l’horreur du cauchemar. Mais nous ne perdons rien au change. 17/10/1959

Libération par Jeander
Par la grâce de la caméra et surtout d’un découpage vertigineux, ce gros bonasse d’Alfred nous pousse au départ dans son royaume d’Absurdie où tout devient inquiétant, possible et inéluctable. 26/10/1959

Télérama par Jean Wagner
La Mort aux trousses est l’un des chefs-d’œuvre d’Hitchcock. Un film-anthologie où se retrouve l’essentiel de son univers. L’humour, la poursuite, l’amour rédempteur, le faux coupable… 23/06/1982

Cahiers du Cinéma par Luc Moullet
La Mort aux trousses est un divertissement par rapport à Vertigo qui est un film sérieux.

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Philippe ADRIEN : un metteur en scène mercenaire et … amnésique !

— Par Roland Sabra —

dehors  Philippe ADRIEN dirige le Théâtre de la Tempête à la Cartoucherie à Paris. On connaît les conditions honteuses dans lesquelles il a signé la mise en scène de « Phèdre » à l’ATRIUM (voir Le Naïf n° 125), spectacle financé par le Conseil Régional à hauteur de 100 000 Euros. Nous avions dénoncé une opération coloniale méprisante pour les peuples de la Caraïbes. En effet Philippe ADRIEN avait délégué deux de ses adjoints pour mettre en scène son ancienne élève Aurélie DALMAT, celle-ci lui ayant passé commande de ce spectacle financé donc avec des fonds publics. Il s’était contenté d’arriver deux semaines avant la première pour les « derniers réglages ». « Un spectacle bon pour les antillais, pas pour les parisiens » avions nous titré, en affirmant que jamais ce metteur -en-scène de renom, n’accepterait d’endosser devant les siens, parisiens donc, la paternité d’un aussi mauvais travail. Nous serion-nous trompés? Hélas mille fois hélas!

Depuis le 13 septembre et jusqu’au 23 Octobre 2005 il met en scène un autre Racine,  » Andromaque  » présenté dans la presse parisienne ( Télérama, Les Echos) et sur son site du Théâtre de la Tempête dans la rubrique actualité( http://www.la-tempete.fr/

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« Roméo et Juliette » se donne à voir, moins à entendre? Une ouverture de saison théâtrale plutôt réussie

— Par Roland Sabra —

Avant toute chose il faut rendre grâce à Ludwin Lopez, homme de talent et scénographe attitré de Yoshvani Medina. Il a dessiné pour « Roméo et Juliette » un bel espace dans une succession de tableaux réussis. Nicole Vilo à la réalisation des costumes et des accessoires, Sylviane Alphonse la modéliste, Denise Atouillant la couturière participent à la mise en valeur du travail de Ludwin Lopez. Le spectacle, grâce à lui est un plaisir pour les yeux, encore que l’usage abusif de films de PVC n’ajoute pas forcément à la beauté…. justement plastique du plateau. Mais il est bien épaulé par les très belles lumières de José Cloquell. A la contrebasse Carlos Pinto, chargé de la direction musicale s’efforce avec succès d’être en harmonie, c’est le moins qu’on puisse attendre, avec les propos de la scène. Par contrecoup les chansonnettes poussées par Yoshvani Medina, passent plus difficilement la rampe. D’ailleurs la jauge de la salle, la profondeur de la scène supporteraient l’utilisation de micro VHF par les protagonistes. Mais si l’on ajoute que la transposition à Saint-Pierre loin de mutiler la pièce de Shakespeare est tout à fait crédible et en souligne avec bonheur l’intemporalité on peut se demander d’où vient ce sentiment mitigé à la sortie de la salle?

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« Combat de femmes » de Luc Saint Eloy : en finir avec la complaisance aliénante dans le domaine culturel

 — Par Roland Sabra —

combat de femmes

Les techniques de Võ pour les femmes, un art qui consiste en l’apprentissage des formes de combat traditionnelles auprès de maîtres d’arts martiaux

« Incest ? The game all family can play! » disent avec l’humour qui les caractérise nos amis anglais. Luc Saint-Eloy, parisien d’origine guadeloupéenne aborde le sujet sous un autre angle dans « Combat de Femmes » une pièce qu’il a écrite mise en scène et présentée dans une première version aux foyolais le 08 juillet 2005 dans le cadre du 34 ème Festival de Fort-de-France « Imaginaires Insulaires ». Le texte écrit il y dix ans de cela est resté lettre morte pendant tout ce temps, sans que personne n’accepte d’en financer le montage et il aura fallu la nécessité de trouver quelque chose à montrer dans l’urgence de la préparation du festival pour qu’il soit présenté. Le thème est un peu sulfureux . Deux jeunes femmes entretiennent une liaison amoureuse, ce qui est ici et ailleurs déjà hors norme, mais facteur aggravant elles découvrent qu’elles sont soeurs par leur mère, l’une ayant été abandonnée, peut-être vendue, malgré quelques dénégations, à sa naissance à une famille d’adoption.

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« Roméo et Juliette » de Yoshvani Medina : peut-on aimer son ennemi?

— Par Roland Sabra —

Cette question Yoshvani Medina et la troupe du « Théâtre Si » en résidence à l’Atrium la posent dans une transcription caribéenne de Roméo et Juliette le 17 septembre 2005 en ouverture de la saison théâtrale 2005-2006. Son oeuvre théâtrale, plutôt baroque, marquée du sceau de la passion semble s’articuler autour d’un questionnement celui de la confrontation à l’impossible. Comment aimer ce que l’on éprouve comme une menace, comme un ennemi? Qu’il s’agisse de son ennemi intérieur comme sa part d’homosexualité dans « Suicida Me » ? De son ennemi conjugal que l’on a épousé et qui nous trahit dans « Circuit fermé » ? De son ennemi familier, familial, le père, la mère, qui nous a engendré et qui nous a violé dans « Merde! » aux dernières rencontres guadeloupéennes de « Textes et Paroles ». Avec Roméo et Juliette il s’attaque à cet interdit social, ce tabou constitutif de nos sociétés qu’est l’amour de l’ennemi.

Il nous a accordé une entrevue dont voici la première partie, la seconde sera publiée dans le prochain numéro du Naïf*

Le Naïf : Comment peut-on aimer son ennemi?

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IAGO » de José Exélis, un pari risqué, osé et en grande partie gagné

—Par Roland Sabra —

 Iago, adaptation et mise en scène de José Exelis

Gilbert Laumord : Othello, Iago, Cassio etc.

On ne le répétera jamais assez, la première question, celle qui conditionne toutes les autres que tout metteur en scène devrait se poser avant de monter un texte est celle-ci : «  Quelle urgence y a-t-il, ici et maintenant, à le faire ? » José Exelis y répond pleinement en présentant son « IAGO » d’après Othello de Shakespeare. Gilbert Laumord, en scène monologue le texte, il est est tour à tour Iago, Othello, Cassio Desdémones etc. Il y a là une prise de risque osée.

Le début est un peu confus, brouillon, tant il est difficile de suivre le texte dans la multitude de personnages convoquée devant le spectateur. Ce parti pris contraint son comédien à un jeu outré, caricatural, à la limite du grand guignol qui n’est pas son registre de prédilection. Ce n’est que quand il a devant lui un peu d’espace pour habiter son texte que G. Laumord capte l’attention et déploie son talent. Comédien à la présence puissante, massive et dense il excelle dans les mouvements lents beaucoup moins dans la précipitation.

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Julie BESSARD du 25 mai au 21 juin 2005

 

 

Mémoires- Installation 2004 paille et agrafes 6m X 4m

L’œuvre, le lieu, le public

Les Ombres Portées de Julie Bessard, entre dessin et sculpture, bousculent les catégories artistiques. Reflets de son monde intérieur, projections de son imaginaire secret, traces d’une absence, ces silhouettes abandonnées, masques, ailes, mandibules, corsets, cocons, chrysalides, insectes sont repeuplées par les phantasmes lovés dans les coulisses de l’inconscient.

Ces formes-signes sont de véritables dessins dans l’espace. Elles s’inscrivent dans le prolongement des contestations de la sculpture moderne apparues dans les années vingt et trente. Œuvres – processus plus qu’objets terminés, elles flottent, autonomes, en suspens et questionnent la notion de l’installation, de la relation de l’œuvre avec le lieu d’exposition et du partage d’un espace sensible avec le public. Cependant le génie du lieu n’est pas, comme pour la plupart des artistes qui pratiquent l’in-situ, la source inspiratrice de l’œuvre. Au contraire, l’architecture de l’œuvre s’impose au lieu, le crée en quelque sorte. Une multitude d’éléments fins installés rythmiquement ponctuent l’espace. Le matériau, de la paille de modiste, renforce la remise en question de ce que l’on considère traditionnellement comme l’objet sculptural.

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Dimanche avec un Dorlis

— Par Alvina Ruprecht —

dorlisUne production de la compagnie du Tout-monde
Texte : Patrick Chamoiseau
Mise en scène: Greg Germain
Scénographie et costumes: Erik Plaza-Cochet
Paysage sonore: François Leymarie
Eclairagee: Valérie Pétris

Distribution:
Gunther Germain Dorlis
Amel Aidoudi la femme

Créée à la Chapelle du verbe incarné en 2004 , la pièce de Chamoiseau est reprise cette année en Avignon avec la même distribution. Décidément , Greg Germain a une prédilection pour la psychanalyse, surtout depuis sa mise en scène de la Damnation de Freud ou les ethnopsychanalystes ont voulu montrer l’efficacité de certains rituels africains qui ont précédé de loin la psychanalyse européenne.

Pour sa part, Patrick Chamoiseau semble reprendre une thématique, déjà exploitée par Ernst Pépin (L’Homme au bâton) ou un personnage mystérieux pénètre chez les femmes la nuit pour les violer avec son bâton. Un cas d’ hystérie collective? la projection de femmes frustrées? La manifestation d’un esprit de nuit? Les rumeurs courent et l’imaginaire populaire s’enflamme. Il suffit de dire que dans le panthéon des créatures « magiques » issues de la tradition afro-caribéenne, les Soucougnans et les Dorlis, occupent une place privilégiés mais sur le plateau de la Chapelle du verbe incarné; cet esprit de nuit perd un peu son rayonnement.

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