—Par Layla Zami —
Un texte écrit d’oralité retrouvée
par Layla Zami
http://www.laylazami.net
A chanter de vive voix ou à murmurer tout bas
Un quart. de tour.
Encore un quart. Encore un puis un autre !
« On » en a fait le tour.
La danseuse tourne…
Public jeté d’emblée, sans détour, dans le rôle
de celles et ceux qui ont tué, violé, volé de leurs regards, gestes et paroles,
le corps et la vie de Sawtche.
Même après sa mort
Les scientifiques – scienti-fric
Dépecèrent le corps
L’étiquetèrent, sans éthique.
Chantal Loïal est sur scène.
La foule moqueuse et haineuse, projetée en bande sonore, met le public mal à l’aise. Se reconnaîtrait-on dans les moqueries et voix aigres ? Plus tard au cours du spectacle, l’artiste dira « la danseuse aux grosses fesses » et certain-e-s étoufferont leur embarras dans un rire inachevé. Elle joue de l’ambiguïté entre elle et Sawtche pour révéler les continuités entre aliénations contemporaines et oppressions du passé.
Qui d’autre qu’une artiste peut éveiller dans un même temps, compréhension et stupéfaction ? Colorer de beauté une laide réalité d’enfermement et d’humiliation ?