M' A

La stratégie européenne « énergie-climat » dite du « 3 fois 20 en 2020 ».

 

Conférence à l’UPEG de Patrick Criqui, chercheur au CNRS, 28 /11/07(notes de Armand Chanel).

Selon les études scientifiques du GIEC (Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui ont servi de base à la conférence internationale des Nations Unies sur le climat à Bali en décembre 2007 qui doit préparer « l’après-Kyoto », si on laisse faire la trajectoire spontanée de l’économie, la concentration en CO2 (principal gaz à effet de serre ) atteindra 1000 ppmv (parties par million en volume), ce qui provoquera un réchauffement de + 6° C en 2050, ce qui est insupportable !

Il faudrait raisonnablement limiter le réchauffement à + 2° et pour cela revenir à un niveau d’émission, en 2050, qui soit globalement inférieur de 20 à 30 % inférieur à celui de 1990 (considéré comme référence lors du protocole de Tokyo). Ce qui est un énorme effort à faire pour les pays développés du fait de la croissance entre temps des pays émergents, notamment de la Chine.

L’Europe appuie cette stratégie mondiale, où pour concilier la légitime expansion des PVD avec la nécessaire limitation des émissions au niveau mondial, les pays riches doivent donner l’exemple, techniquement, économiquement, socialement.

→   Lire Plus

« On Bò a 2 Lans » de José Jernidier et Sylviane Telchid

 

 — Par Alvina Ruprecht —

 on_bol_a_2_lansPrésentée au Centre des Arts de Pointe-à-Pitre,7 novembre, 2007, première manifestation d’une tournée qui amènera l’équipe autour de la Guadeloupe et à Paris.

 L’histoire théâtrale nous montre que la comédie n’est pas un art mineur. Bien au contraire. Dans le contexte européen, le théâtre de la foire était le lieu privilégié des mimes grotesques et clownesques, l’origine du théâtre populaire qui servait de soupape de sécurité contre les mouvements contestataires dans les sociétés féodales. En Italie, il y a eu surtout la Commédia dell’arte, des acteurs itinérants connus à travers le continent qui ont laissé des traces profondes sur les premières créations de Molière, sur son panthéon de personnages inspirés souvent des types de la Commédia, et surtout sur ses premieres conceptions scéniques basés sur un jeu très gros, très physique, très codé. La Commedia était un théâtre de mime et de mimique sans véritable dialogue mais qui avait recours aux bruitages, aux onomatopées, aux sonorités de toutes sortes. Rien de plus vulgaire que ces grognements, ces cris, ces rots, rien de plus corporel, de plus bruyant, de plus chaotique que les lazzi de la Commedia qui rendent hommage aux jeux du bas du corps populaire que Bakhtine a théorisé (le Carnavalesque) dans son livre sur Rabelais.

→   Lire Plus

Archie Shepp : l’Art du métissage noir, mais surtout celui du partage

—Par Roland Sabra —

En concert à l’Atrium

Photo avec l’aimable autorisation de Philippe Bourgade

 Cela faisait dix-huit ans qu’il n’était pas revenu en Martinique. Vendredi 23 novembre 2007 à l’Atrium de Fort-de-France il a retrouvé près d’un millier d’amis qu’en vérité il n’avait pas quittés. Archie Shepp est un jeune homme qui, s’il vient de fêter ses soixante-dix ans cette année, est toujours prêt à défricher des pistes musicales inexplorées pour les rattacher, les lier à cet ensemble imprécis, aux contours flous que l’on appelle le Jazz. Énumérer les facettes du talent de cet immense artiste est un travail de longue haleine. Jugez -en brièvement : il apprend successivement le banjo, le piano, le saxo alto, le saxo soprano, il fait des études de théâtre, il écrit des pièces, il les monte, il en produit, entre temps, après des études universitaires rondement menées, il dispense des cours d’ethnomusicologie au sein de l’Université de Amherst au Massachusetts. Ce qui ne le dispense pas, bien au contraire de s’engager politiquement dans le mouvement pour les droits civiques aux USA, tout en passant un grande partie de son temps en France, une terre d’adoption.

→   Lire Plus

Une ouverture de festival 2007 mal entamée mais sauvée par l’éblouissante Tania MARIA

 — par Roland Sabra —

Tania MARIA Quartet

 Après que Manuel Césaire ait présenté les intentions de ce festival de Jazz de Martinique, jeudi 22 novembre sur la grand scène de l’Atrium, les limites du genre sont vite apparues. L’idée est généreuse, unificatrice, consensuelle puisqu’il s’agit de réunir dans un même festival des artistes de stature internationale, d’autres de notoriété caribéenne et d’autres encore qui en dehors de la Martinique sont, allez soyons magnanimes, peu connus. Dans cette démarche se retrouvent toues les contradictions de la politique culturelle en Martinique. Il y a ceux pour qui seul compte le talent, d’où qu’il vienne, et les autres pour qui le « localisme », le « régionalisme » de l’artiste est primordial. Ceux qui pensent que peu importe la couleur du chat pourvu qu’il attrape des souris et ceux qui croient qu’il est plus important que le chat soit rouge. Ce sont ces derniers qui sous la houlette de Mao ont exterminé cent millions de chinois et c’est finalement la victoire des premiers qui a permis le décollage économique que l’on sait de la Chine.

→   Lire Plus

« La Martinique vue du ciel » de Patrick Chamoiseau et Anne Chopin

— Par Roland Sabra —

Trésors cachés et patrimoine naturel de

C’était il y a vingt ans de cela Yann Arthus-Bertrand publiait son premier album de vues du ciel. C’était Venise en l’occurrence. Depuis le genre a fait florès et le livre le plus connu, le plus vendu est sans doute l’album publié en 2002, ré-édité plusieurs fois depuis et qui portait comme nom « La terre vue du ciel ». Trois millions d’exemplaires plus tard et en 24 langues s’il vous plaît, le concept a fait son chemin. Le célèbre photographe, journaliste, reporter, homme d’affaire et militant écologiste a en effet multiplié les publications. Pas sûr que la Martinique ait été à l’honneur. Peu importe, la chose a été faite puisque HC Editions édite ces jours-ci « Une Martinique vue du ciel », très précisément les « Trésors cachés et patrimoine naturel de la Martinique vue du ciel ». Les photos sont prises par Anne Chopin qui « shoote » son pays d’adoption depuis quinze ans et les commentaires, excusez du peu, sont de Patrick Chamoiseau.

Revenons un instant sur cette idée enrichissante, c’est un euphémisme, de prendre des photos en sur-plomb, dans la position dominante de la plongée, de la domination, de la verticalité, dans un éloignement, une mise à distance de ce que l’on photographie.

→   Lire Plus

« La perversion est au service de la société et de l’espèce »

— Par Roland Sabra —

Edito du 29-XI-07

 


Suite de l’édito

Vincent Mac Doomr

 … Qu’un des plus grands économistes du 20 ème siècle ait été homosexuel n’ajoute ni n’enlève rien à son talent. A moins de considérer que son hétérodoxie théorique ne soit pas sans rapport avec ses penchants amoureux. C’est ce que la lecture de Freud laisse entendre. Mais l’homosexualité travaille aussi les corps constitués comme en témoignent les « scandales à répétition qui soulèvent régulièrement les églises (cf ci-dessous). Ce phénomène rémanent réduit la portée les « explications » du délégué interministériel Patrick Karam qui motive la mission contre l’homophobie qu’il confie à M Auerbach-Schiffrin en avançant : « Dans nos sociétés créoles traditionnelles et très catholiques il existe une homophobie du même type que celle que l’on trouvait dans la société française avant 1968« . C’est encore la vieille thèse du retard dans le développement que l’on nous sert dans sa resucée sociologique!

Vincent Mc Doom interviewé dans le supplément TV de France-Antilles le déclarait tout bonnement : « Ceux qui ne m’acceptent pas, ont des problèmes avec leur sexualité« .

→   Lire Plus

Une mystification, et puis des chiffres et des lettres pour débattre

Poster-Tabou

— Par Roland Sabra —

Edito du 20/11/2007

 Il y a longtemps que le psychanalyste Guillaume Suréna n’était pas intervenu avec autant de force dans le débat politique en Martinique. Il le fait non pas de cette place singulière qui est la sienne – ils sont, semble-t-il,  très peu en Martinique à pouvoir tenir cette place –  il le fait comme membre de la Cité. Mais l’un ne va pas aisément sans l’autre. Et c’est précisément de cela dont il est question de la place de l’Un et de celle de l’Autre. Les mots d’ordre « Tous créole« , « Tous ensemble » sont issus de la même veine : celle du désir fusionnel, celle de la négation de l’altérité, celle de haine de la différence, celle qui excluant toute référence au discours les pose  comme nécessairement équivalents. Le discours du Maître et le discours de l’Esclave dans ce méli-mélo unisexe tant à la mode, dans une version tropicalisée du metro-sexuel, cet urbain qui marchandise sa part de féminité chez Garnier et l’Oréal. Que cette différence, ou distinction, selon Irène Théry ( cf.

→   Lire Plus

Un universitaire antillais à l’honneur

 — par Roland Sabra —

EDITORIAL du 15-XI-07

 

Frédéric Régent

Frédéric Régent

Ce n’est pas si fréquent. Le Monde des livres du 09 XI-07  qui consacre sa double page intérieure à l’esclavage et à la colonisation fait  sa  « Une »   avec le ivre de Frédéric Régent qui vient de paraître chez Grasset. On trouvera sur internet de nombreuses recensions, toutes aussi élogieuses les unes que les autres, de ce travail qui s’annonce donc comme remarquable. Mais Frédéric Régent n’en n’est pas à son coup d’essai. Né en 1969,  Il se définit comme «  Etant à la fois descendant d’esclaves et de colons. ». Il est docteur en histoire de l’Université Paris I -Panthéon-Sorbonne. Auteur de différents articles sur l’expédition d’Egypte, l’esclavage et la Guadeloupe pendant la Révolution, co-auteur avec Jacques Adélaïde-Merlande et René Bélénus de La rébellion de la Guadeloupe 1801-1802 (Archives départementales de la Guadeloupe, 2002), il enseigne aujourd’hui l’histoire à l’Université des Antilles et de la Guyane après avoir été professeur au collège de Trois-Rivières. Heureux élèves! Il est l’auteur, chez Grasset en 2004, de Esclavage, métissage, liberté (La révolution française en Guadeloupe, 1789-1802), aujourd’hui reconnu comme un livre de référence.

→   Lire Plus

A l’Atrium « L’échange » : gagnant/gagnant

— Par Roland Sabra

 A l’Atrium de Fort-de-France

La compagnie de la Comédie Noire, dirigée par le guadeloupéen Jacques Martial, présentait, à Fort-de-France, les 08 & 09 novembre 2007, « L’échange » de Paul Claudel, dans une mise en scène de Sarah Sanders. La pièce existe dans deux versions, écrites à plus de 50 ans de distance.

La version retenue par Sarah Sanders est l’originale, la flamboyante, celle rédigée en 1893. C’est la plus jouée, la seconde, dans laquelle l’influence de Jena-Louis Barrault est sensible, semble imprégnée d’une lecture claudelienne de Teilhard de Chardin.

L’intrigue est connue. Deux couples se rencontrent sur une plage du Nouveau monde. L’un est au service de l’autre. Deux couples donc, l’un composé d’un homme d’affaire, Thomas Pollock Nageoire, immensément riche, figure prototypique de Citizen Kane et d’une actrice sur le retour, Lechy Elbernon, figure prémonitoire des stars hollyvoodiennes, l’autre d’un homme immensément pauvre, Louis Laine, de tout juste vingt ans,  toujours adolescent, forcément, projection rimbaldienne de Claudel lui-même, et d’une femme un peu plus âgée, peut-être un peu frustre mais servante du Seigneur et engagée dans sa parole.

→   Lire Plus

La France et ses esclaves. De la colonisation aux abolitions, 1620-1848 de Frédéric Régent

Esclavage, colonisation.  Blessures françaises

Qualifié par le Parlement de  » crime contre l’humanité « , l’esclavage devient un sujet de société – sans cesser d’être un objet d’histoire. Frédéric Régent publie une synthèse magistrale de ce douloureux passé. Parallèlement, un dictionnaire passe en revue tous les aspects de la vie quotidienne dans la France coloniale. Longtemps occultée, la question de la servitude en terre d’islam commence à intéresser des chercheurs. Qualifié par le Parlement de  » crime contre l’humanité « , l’esclavage devient un sujet de société – sans cesser d’être un objet d’histoire. Frédéric Régent publie une synthèse magistrale de ce douloureux passé. Parallèlement, un dictionnaire passe en revue tous les aspects de la vie quotidienne dans la France coloniale. Longtemps occultée, la question de la servitude en terre d’islam commence à intéresser des chercheurs.

Lire :  Vers une histoire générale de l’esclavage français ? — Par Silyane Larcher —

C’est une très vieille histoire, dont subsistent peu de vestiges : à partir du début du XVIIe siècle, 4 millions d’êtres humains ont connu l’esclavage sur des terres françaises. La moitié d’entre eux avaient été capturés en Afrique puis envoyés à fond de cale sur des navires négriers, en direction des colonies.

→   Lire Plus

« Le bêtisier du sociologue », de Nathalie Heinich

La sociologie s’amuse


[samedi 07 novembre 2009 – 14:00] Sociologie

Le bêtisier du sociologue
Nathalie Heinich

Éditeur : Klincksieck

160 pages / 14,25 € sur
Résumé : Les sociologues ne sont pas exempts de bêtises comme le souligne cet ouvrage qui ne manquera pas de faire polémique.

Peut-on s’amuser en lisant un(e) sociologue parlant de son quotidien professionnel ? Assurément avec ce recueil portant sur des erreurs de raisonnement pris dans le domaine de la sociologie. Voilà une occasion de se détendre en savourant le dernier ouvrage de Nathalie Heinich, ou l’offrir, à l’approche de Noël, à un collègue sociologue familier des sorties de route professionnelles dans l’espoir d’un pilotage plus sûr après sa lecture.

→   Lire Plus

L’approche freudienne des addictions

Psychothérapeute et docteur en psychanalyse, Odile Lesourne vient de publier La Genèse des addictions, sous-titré Essai psychanalytique sur le tabac, l’alcool et les drogues. Son expérience de psychothérapeute à la Salpêtrière l’a confrontée à des alcooliques, fumeurs et toxicomanes qui restaient, d’après ce qu’elle nous en rapporte, silencieux à propos de leur pratique addictive. Face à cette difficulté thérapeutique, l’auteur fait l’hypothèse que l’addiction ne répond pas « aux mêmes règles de fonctionnement que le conflit névrotique » avant de conclure qu’il faut la penser autrement. C’est ainsi qu’elle propose, en plus des trois structures que sont la névrose, la psychose et la perversion, une quatrième structure appelée addiction. Ces « tendances » (addictives) seraient communes à tout le monde et seraient « soit réalisées a minima, soit refoulées ou contre-investies ». Est-ce à dire que nous serions tous sur deux structures à la fois : par exemple, un névrosé ou « normal-névrosé », psychotique ou pervers doublé d’un addict « réalisé a minima« ?


L’addiction comme structure issue du clivage du Moi

Cette hypothèse induirait que les conduites liées à l’addiction auraient une même origine, identifiée par la psychothérapeute comme étant le clivage du Moi.

→   Lire Plus

« Combat de Femmes » ou les ruses de l’illusion scénique!

 — par Alvina Ruprecht —

 combat de femmesSélectionné par l’association Textes en Paroles en 2004, Combat de femmes fut créé en Martinique en 2005 dans une mise en scène de l’auteur. La reprise que j’ai vue le 26 octobre, 2007 au Centre Culturel de Sonis aux Abymes (Guadeloupe), également mise en scène par l’auteur, comporte la même distribution avec une seule différence : Fanny Gatibelza remplace Stana Roumillac dans le rôle de la deuxième fille.


Au premier abord, nous nous croyons en plein rêve romantique mais l’innocence du regard romantique se dissipe rapidement. Un salon cossu, des meuble recouverts d’un velours rouge-sang; des roses artificielles qui jonchent le sol tandis que des fleurs coupées et des plantes ornementales garnissent les meubles dans un cadre qui évoque l’opulence sensuelle d’un opéra de Verdi. Au milieu de cette extravagance se tient la Diva, vêtue d’un blouson couleur sang qui flotte derrière elle lorsqu’elle se déplace. D’énormes bagues brillent sur ses doigts dont les bouts rouges évoquent des griffes plutôt que des mains. Un brin de sadisme, de cruauté, des accès de colère assortis des bouffées de narcissisme quasi hystérique, caractérisent ce personnage, au bord de la crise de nerfs.

→   Lire Plus

Kanel Brosi : le triomphe de la mètis ou comment l’œuvre recèle l’intelligence de la ruse

« Les Passeurs » à la Villa Chanteclerc

 — Par Roland Sabra —

« Tout est déjà là Le présent, Le demain Les torts et les raisons Tout est déjà là

les grandes vérités

les espérances vides

la voix qui ne sait pas

qui l’entendra. »

Gianmaria Testa, « La valse d’un jour »

 

.

 Au commencement était l’acte. L’acte de création. Elle ramasse des bois flottés, et elle y voit ce qu’aucun d’entre nous ne sait voir. Le sens est déjà là, dans les veines et la déveine de l’objet livré au sable. Kanel Brosi, en mobilisant la mètis des Grecs – ou intelligence de la ruse– engagée dans le devenir et l’acte de la création, trace un chemin de rencontres éblouissantes, au sens premier du terme, entre « Femmes » (titre de sa première exposition), et « Prophètes » (nom d’un projet en devenir). Dans cet entre-deux, elle nous offre les « Passeurs », si bien nommés, à la Villa Chanteclerc. Elle fait la « passe », comme l’écrit Lacan quand il s’agit de formaliser ce passage de l’analysant à l’analyste.

→   Lire Plus

Infanticides : dans le huis clos des familles

Trop de nourrissons décédés ne sont même pas déclarés nés et certaines morts sont certifiées  » naturelles « . Les statistiques ne reflètent pas la réalité

 

Six cadavres de nouveau-nés ont été découverts le 17 octobre dans une cave à Valognes (Manche). Depuis la révélation de l’affaire Courjault, en 2006, les cas d’infanticide à la naissance (néonaticide) semblent se multiplier, au point que cela deviendrait presque banal. Pourtant, ces petits corps que l’on a à peine cachés ne représentent que la partie immergée et médiatisée de drames familiaux qui se nouent à huis clos.

Dès 2003, les pouvoirs publics s’émeuvent de ces cas d’infanticide. A la demande de la direction générale de l’action sociale (DGAS), et avec le soutien de la direction générale de la santé (DGS) et de la mission de recherche  » droit et justice  » du ministère de la justice, une enquête est menée par mon équipe au sein de l’unité Inserm 750 auprès des tribunaux de Bretagne, d’Ile-de-France et du Nord – Pas-de-Calais. Elle visait à réexaminer tous les décès de nourrissons de moins de 1 an survenus entre 1996 et 2000 et pour lesquels le parquet avait été saisi.

→   Lire Plus

Sous le signe du théâtre

— Par Roland Sabra —

 Poster-Tabou « L’échange » de Paul Claudel, les 08 et 09 novembre à Fort-de-France! Voilà un évènement théâtral de taille. Le travail de la Compagnie de la Comédie Noire a fait l’objet d’une couverture de presse élogieuse. On trouvera à la suite, un dossier de présentation avec un résumé de la pièce. A ne surtout pas manquer!

Le débat, parfois vif, qui depuis deux ans travaille à nouveau, le monde théâtral et qui porte, pour le dire vite, sur la place du texte dans la représentation se poursuit, comme l’illustre la controverse entre Florence Dupont et Denis Guénoun. Ce débat n’est pas importé, ici en Martinique. Il est enraciné à l’existence même du théâtre martiniquais dont l’indubitable filiation avec la poésie est à la fois sa force et sa faiblesse. Comme aime à le souligner la comédienne Amel Aïdoudi « On fait de l’or avec de l’or« . C’est pourquoi le recours à des textes forts, « L’échange » de Claudel, « Les Bonnes » de Genet,  Manteca de Torriente ou les admirables traductions en créole de Becket par Monchoachi peut être  salué comme une tentative de refondation du théâtre.

→   Lire Plus

Le français est une langue créole

— Par Alain Rey —

Alain Rey

FRANCE – 22 octobre 2007
PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE MATAILLET ET RENAUD DE ROCHEBRUNE

Père du dictionnaire Le Robert, le célèbre lexicologue part en lutte contre les puristes. Et se félicite des métissages de la langue de Molière. Interview.

La langue française est-elle en danger ? La question, posée à nouveau avec insistance par divers auteurs ces dernières années, revient régulièrement au premier plan. Et elle conduit toujours deux camps à s’opposer.

Le plus fourni, celui des pessimistes, dénonce le déclin du français sur la scène mondiale. Mais aussi la menace que feraient peser sur son usage ceux qui le parlent mal, que ce soit par la faute de l’école, l’apparition de nouvelles façons de communiquer – par exemple les SMS – ou d’autres évolutions, comme, pour certains, l’influence grandissante des créoles ou des pidgins. Ces tenants de la pureté de la langue sont surtout épouvantés par l’essor de l’anglais et plus encore par l’anglicisation du français.

En face, d’autres ont toujours fait valoir que ces inquiétudes étaient souvent sans fondement et toujours largement exagérées.

→   Lire Plus

Philippe Bourgade ou Comment photographier l’âme d’un peuple?

 — Par Roland Sabra —

Zaï mouillé.Elle lavait son linge et le voilà qui vient pour lui conter fleurette. Elle a sans doute cru qu’il était intéressé par ses talents de lavandière. Elle ne l’a pas très bien reçu.

Une superbe idée de cadeau : « L’Eau mémoire » de Philippe Bourgade

Il vous reçoit le jour de fermeture hebdomadaire de son exposition « Martinique des Mornes ». Il est venu pour vous parler de ce qui le tient debout, de ce qui lui donne sa verticalité, de son « objet petit a », si l’on peut en parler, dirait le psychanalyste. C’est d’une passion dont il est question, mais une passion tranquille, assurée, de celle qui donne sens à toute une vie, de celle qui donne l’impression de ne pas douter. Son chemin est celui-là, celui qui le fait gravir encore et encore les mornes de Martinique, de sa Martinique, à la recherche de ce qui serait son essence.

Il y a trois douzaines d’années de ça il est tombé amoureux d’un objet, un appareil photo. Le boîtier noir et son objectif, la densité de l’alliage du verre et du métal sous une forme compacte, le plaisir de le saisir, de l’avoir en main comme on a le plaisir d’avoir un vin en bouche, le poids de l’objet, l’impression de solidité et la fragilité des mécanismes qui le composent, l’objet comme un prolongement de soi, comme une pulsion, comme un concept à la limite du corps et de l’esprit.

→   Lire Plus

Manuel Césaire aux commandes

— Par Roland Sabra —

Poster-TabouEdito du 20/10/2007

  La rentrée des Mercredi-Cinéma de l’Atrium s’est faite sur les chapeaux de roues. Il y eu d’abord  » L’avenir est ailleurs« , déjà vu et puis l’admirable « Persépolis » d’après la B.D. de Marjane Satrapi. . Plusieurs projections avec débats sont prévues pour « Gouverneurs de la rosée » déjà vu lui aussi. Côté théâtre nous avons déjà évoqué « Manteca« , et nous attendons vivement « L’échange » de Paul Claudel (08 & 09-XI-07) et « L’amour » adaptation de José Pliya du roman « Amour, Colère et Folie » de Marie Vieux-Chauvet ». Monter Claudel est une gageure difficile à soutenir. On lira avec intérêt les propos de  Brigitte Salino, confirmés à postériori par le relatif échec de « L’échange » de Julie Brochen, cet été en Avignon , dont on  a constaté, avec regret, que la profondeur, indiscutable, de sa lecture avait été trahie par une distribution un peu faible.

« Circus baobab » nous a offert un numéro de cirque, convenu, sans surprise, qui a ravi de joie une bonne partie du public, nombreux.

→   Lire Plus

Manteca, une pièce de Alberto Pedro Torriente, mise en scène par Ricardo Miranda : servir le texte ou se servir du texte?

 — Par Roland Sabra —

 Issu de l’école du théâtre Si de Yohvani Medina, Ricardo Miranda signe avec Manteca du cubain Alberto Pedro Torriente sa première mise en scène, récompensée par le prix de la presse au festival « Off » d’Avignon en juillet 2007.

 L’intrigue se déroule à La Havane, dans les années 90 pendant la période dite « spéciale » celle qui fait suite à la disparition de l’URSS. Le grand frère soviétique qui soutenait à bout de bras, face à l’Amérique, la vitrine cubaine du socialisme s’est effondré entraînant dans sa chute l’économie cubaine. A méditer cette situation d’un petit pays maintenu pendant des décennies sous perfusion par une grande puissance et qui se retrouve plongé dans la misère quand le protecteur vient à faire défaut! Camilla Guzmann dans son film attachant, « Le rideau de sucre », projeté en avant-première à Fort-de-France lors des 3ème rencontres Cinéma mettait le doigt sur cette désillusion.

 Dans « Manteca, une femme Dulce et ses deux frères Célestino ingénieur rapatrié après une formation en URSS et et Pucho, professeur exclu de l’université pour homosexualité élèvent un cochon dans un appartenant havanais qu’il s’agit de transformer en charcuterie à la veille du nouvel an, fête nationale cubaine.

→   Lire Plus

La Mort du Colibri Madère, de Claude-Michel PRIVAT

—Par Fernand Tiburce FORTUNE

 Roman

L’Harmattan

 

 

  par Fernand Tiburce FORTUNE, écrivain

 Le premier contact avec Claude-Michel Privat eut lieu sur les hauteurs du Carbet, au lieu-dit Morne aux boeufs, chez un ami commun en vacances au Pays, et qui m’avait déjà présenté l’ouvrage dans son appartement parisien. Il est toujours agréable de mettre un visage sur celui qui a été habité par l’écriture, de la première idée à la conclusion d’un livre, de celui qui a été tourmenté par la première page qui n’en finit pas d’aboutir, qui a été désespéré par le stylo qui n’avance plus, alors qu’il y a tant à dire, mais comment ? Car ce jour-là, rien ne va, les mots ne s’emboîtent pas les uns aux autres pour faire apparaître le miracle attendu du lecteur. Il est agréable de rencontrer celui qui a maintenant peur de cette œuvre qui ne lui appartient plus et qui va être l’objet de toutes les attentions favorables, comme défavorables, l’objet de critiques, d’approbation, d’émerveillement. Ou alors qui subira une indifférence courtoise ou agacée.

 Le problème de la première œuvre est celui aussi de l’anonymat.

→   Lire Plus

« Les psychoses », ou de quelques questions à l’occasion d’un séminaire.

par Roland Sabra —


Francis Bacon, Autoportrait

Les nosologies sont filles des pratiques culturelles. Alors qu’en France il est plus ou moins d’usage de parler de psychoses infantiles, l’OMS ne retient le diagnostic de psychose que pour les adultes. Vérité ici, erreur au-delà… Un semblant d’accord toutefois à propos de psychoses : le mot ne s’emploie qu’au pluriel, c’est dire l’ambition du séminaire qu’organise à Schoelcher le GAREFP du 30 octobre au 3 novembre sur le thème. Voici quelques unes des questions que nous aimerions voir débattues.

Psychose est un terme générique qui recouvre, la liste n’est pas exhaustive, schizophrénie, syndrome maniaco-dépressif, bouffée délirante, paranoïa, autisme… il s’oppose à celui de névroses, lui aussi au pluriel et qui recouvre des comportements qui ne provoquent pas de graves confusions mentales. Le critère de gravité, sous-jacent à ce classement, est souvent inefficace dans la réalité. Il existe des confusions mentales non handicapantes et de sévères névroses suffisamment invalidantes pour rendre impossible la vie professionnelle voire tout simplement sociale.

Un autre critère est quelque fois retenu, celui du rapport à la réalité. Si le névrosé sait parfaitement que 2 + 3 = 5 et s’il en est profondément malheureux le psychotique serait persuadé que 2+ 3 = 6 tout en étant ravi de cela.

→   Lire Plus

« La perversion est au service de la société et de l’espèce »

Vincent Mac Doomr

— Par Roland Sabra —

   Les homosexuel(le)s sont-ils, sont-elles des pervers, des perverses? La connotation morale du terme est de peu d’utilité pour la question. Dans un pays où les filles se promènent  à moitié nues dans les rues, tout en ayant dans la tête des kilomètres de crinoline la question pourrait paraître surréaliste.  Ce numéro de la Lettre est consacré à la question de la perversion, à l’occasion du débat (enfin!) qui suivra la projection à Fort-de-France du film « Des hommes et des dieux« .

Qu’est-ce que la perversion? La réponse pourrait en dérouter plus d’un. Au delà  la question de l’homosexualité n’assiste-ton pas à une redéfinition du masculin et du féminin? ( lire le dossier) La propension, de plus en plus répandue,  à se déguiser en femme pendant Carnaval, le port ostentatoire  de bijoux féminin, la mode du piercing, les boucles d’oreilles, une homophobie prégnante mais un succès assuré pour les « Makoums », des rapports entre sexes marqués par la violence, tout cela ne relève-t-il pas d’une symptomatologie qui renvoie à une identité mal assurée?

→   Lire Plus

« Emballage perdu » de Véra Feyder

 — par Selim Lander —

Un filage à Nouméa 

La Nouvelle-Calédonie est grande par sa superficie mais petite par le nombre de ses habitants. Ceux-ci, de surcroît, sont divisés en plusieurs communautés qui ne montrent pas toutes une grande appétence pour le théâtre. Contre vents et marées, Max Darcis parvient néanmoins à faire vivre sur la scène calédonienne, depuis maintenant une dizaine d’années, des spectacles de grande qualité qu’on aimerait pouvoir inviter à Fort-de-France. Les plus anciens spectateurs de Nouméa se souviennent du Horla, d’après Maupassant, où Max Darcis

était seul en scène. Professeur de théâtre, il n’a pas tardé par la suite à constituer une compagnie, Aléthéïa Théâtre, réunissant quelques comédiens talentueux avec lesquels il a monté des pièces souvent dérangeantes, comme une Mademoiselle Julie avec Delphine Mahieu dans le rôle titre, qui faisait ressortir toute la fantaisie et la folie de son personnage, tandis que Max Darcis exprimait à merveille les ambiguïtés du valet, partagé entre la force des conventions et celles du désir, sans oublier l’appât du gain propre à une classe qui côtoie sans cesse la richesse sans la posséder jamais.

→   Lire Plus

Comment les pouvoirs publics ont tenté de minimiser le rapport Belpomme sur le chlordécone en Martinique

— Par Roland Sabra —

Début 2007 l’Association PUMA ( Pour Une Autre Martinique) demande à un cancérologue réputé Dominique Belpomme de faire le point sur la situation créée par l’usage intensif du chlordécone en Martinique. . En août 2007 Il a co-signé, avec le Pr Luc Montagnier, le premier à avoir identifié le virus du Sida, un opus intitulé « The multitude and diversity of environmental carcinogens ».Que celui qui a eu l’audace de le traiter de charlatan fasse la liste de ses propres publications scientifiques.

Fin avril et début mai 2007. Le Pr Belpomme se rend en Martinique pour collationner l’ensemble des informations concernant les abus d’usage de chlordécone. Nul travail d’enquête scientifique, il s’agit simplement de rassembler, d’examiner de confronter différentes études avec l’idée que le regroupement de ces informations éparses pourrait donner une cohérence alarmante et obliger les pouvoirs publics à réagir.

Juillet 2007, dans une note interne la MIIC (Mission interministérielle et Interrégionale Chlordécone) qui est informée du travail du Pr Belpomme, redoute les effets dévastateurs du rapport qui n’est pas encore rédigé précise : «  La crise est extrêmement grave.[…]

→   Lire Plus