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La théorie du jeu appliquée au changement climatique : action collective et intérêts personnels

 Biodiversité et climat

climatsDes chercheurs des Instituts Max Planck de biologie évolutive et de météorologie se sont posés la question suivante : comment les hommes peuvent-ils être incités à lutter ensemble activement contre le changement climatique? Pour y répondre, ils ont simulé le « dilemme social » – dû à la divergence des intérêts particuliers et collectifs – auquel les hommes se trouvent confrontés dans le cadre du changement climatique. Leurs travaux ont mis en évidence qu’un objectif commun de protection du climat ne pouvait être atteint que si chaque personne était convaincue que, sans action, elle serait très probablement personnellement touchée par les répercussions du changement climatique.

Le problème de la « tragédie des communs » se pose pour de nombreux biens communs. Il se résume ainsi : les bien communs sont gratuits pour tous, et, par conséquent, peu de gens les utilisent avec égards. Ainsi, par exemple, une réduction des rejets de gaz à effet de serre, qui permettrait de limiter les conséquences dramatiques du changement climatique, serait avantageuse pour tous, puisque le réchauffement climatique touche tout un chacun.

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5O ans après Frantz Fanon : les apports de sa pratique clinique en Algérie auprès des victimes de guerre et de torture »

par Michel Grappe —

 

Penser aujourd’hui à partir de Frantz Fanon, Actes du colloque Fanon

Fanon F psychiatre d’origine antillaise, homme engagé dans la lutte contre le colonialisme est un fin observateur des comportements humains quand l’individu est aliéné par la domination d’un système politique (voir le nègre et la psychopathologie : Peau noire masques blancs) et des réactions psychopatlogiques de l’homme confronté à la guerre, à la torture.(Guerre coloniale et troubles mentaux : Les damnés de la terre).
Le vaste savoir de Fanon F « comprendre et décrire l’homme qui souffre » est nourri de lectures et d’expérience sur le terrain. Un premier livre a dû le stimuler dans son combat : Les Jacobins Noirs de James CLR publié en 1938 traduit en 1949 en français. Cet ouvrage raconte la libération de St Domingue par Toussaint Louverture victorieux des troupes napoléoniennes en 1802 puis la trahison française qui entraîne sa perte et le rétablissement de l’esclavage (qui avait été aboli en 1793).Fanon F républicain déclaré comme Toussaint Louverture, devra aussi déchanter de la France, en 1940 quand la guerre est déclarée :
Les Antilles accueillent l’Amiral Robert parti de Brest avec une partie de la flotte de guerre française.

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Le temps des « mères porteuses »

La psychanalyste Geneviève Delaisi de Parseval, spécialiste de l’assistance médicale à la procréation, estime indispensable d’autoriser la pratique de la gestation pour autrui (GPA) en France.
La gestation pour autrui (GPA), qui s’adresse en premier lieu aux femmes présentant une pathologie utérine, va-t-elle entrer dans l’arsenal courant de la lutte contre la stérilité ? 

Très probablement. Environ 10 000 bébés conçus dans le cadre d’une GPA sont nés aux Etats-Unis depuis une vingtaine d’années, et cette pratique est désormais autorisée dans de nombreux pays. Depuis la première fécondation in vitro (FIV, 1984) et le premier don d’ovocyte (1988), la fonction maternelle, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, peut ainsi se répartir entre trois femmes distinctes : la mère « d’intention » (qui élèvera l’enfant), la mère « génétique » (qui donnera l’ovocyte si besoin est) et la mère « gestatrice », terme aujourd’hui préféré à celui de « mère porteuse ». Ces nouvelles façons de faire des bébés vont d’autant plus se développer que personne, aujourd’hui, ne supporte l’infertilité. Pas plus les médecins « fivistes » que les couples parentaux.

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Rap et politique

— par Roland Sabra —

Editorial du 07 février 2008

Poster-Tabou

Le rap a trente-trois ans, l’âge du Chirst, mais s’il grimpe c’est au box office pas sur le Golgotha. Il est né à New York de joutes verbales, plutôt poétiques dans les prisons et franchement militantes sur les trottoirs du Bronx, du Queens ou de Brooklyn. N’en déplaise aux rombières c’est un mouvement artistique complet, un mode de vie, le hip hop. A la musique se joignent la danse, break, smurf etc., l’expression picturale, graffitis, tags et des codes vestimentaires et comportementaux déterminants, baggies, look XXL, bijoux en or et rollex ostentatoires. La généalogie du rap est rhizomatique, elle emprunte à la fin des années soixante aux Last poets, un collectifs de jeunes noirs militants qui clament en musique leurs révoltes à caractère politique, mais elle est reliée aux sounds systems jamaïquains et à leurs discos mobiles qui parcouraient l’île sono hurlante pour faire connaître les derniers tubes. Au milieux des années soixante-dix dans le Bronx, un surnommé Kool Herc organise une fête et a l’idée d’utiliser deux platines pour mieux assurer l’enchainement des morceaux et faire durer les breaks, ces moments où ne reste que le tempo, le beat.

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« Mon » vieil homme et « ma » mer…

 IMPROMPTU avec Aimé Césaire

— Par Marie-Andrée Ciprut —

 

 Il commença par s’excuser et se plaindre de sa santé chancelante car il souffrait déjà du poids des ans. Nous avons craint le pire en pensant tout bas : « ça y est, nous voila pris au piège de ce radoteur qui va nous parler de ses petits bobos : pourvu que cela soit bref ! » Car lorsque l’on passait la porte du bureau de ce vieux sage, on ne savait jamais au préalable combien de temps allait durer l’entretien qui pouvait varier d’un quart d’heure à une heure ou deux, rarement plus, selon l’intérêt qu’Aimé Césaire portait à son hôte. Pour nous, ce fut une heure trente de pur bonheur, moments d’exception voire d’extase en mars 2005, durant lesquels il nous a entraînés dans le tourbillon de sa vie prolifique, son œuvre pluridimensionnelle, sa pensée si lucide, à travers certains souvenirs qu’il a reliés aux miens…

 Un homme politique engagé

 Il fut une figure incontournable du XXème siècle pendant ses 56 années à la tête de la mairie de Fort-de-France, ses 48 ans de députation, et plus tard au cours de sa longue retraite.

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Le GRAF-M et « l’emprise »

 — Par Roland Sabra —

Le GRAF-M , Groupe d’Action et de Recherche Féministe de Martinique est né d’une démarque de l’UFM, Union des Femmes de Martinique. Mais la double appartenance est possible. Petite structure, comparée à l’UFM, la nouvelle association revendique une plus grande indépendance à l’égard des organisations politiques et sans doute, parce que la nature même de la divergence est difficile à apprécier, une approche différente des rapports hommes/femmes. Le vendredi 18 janvier la foule se pressait à l’invitation de cette jeune organisation pour débattre, en présence de Fabienne Frémeaux, membre du Graf-M et auteure de «  Comment je me suis faite arnaquer par mon psy », de l’emprise.

Le titre même de l’ouvrage est discutable, il s’inscrit dans la longue série des attaques frontales menées contre la psychanalyse depuis le « Livre noir de la psychanalyse » en passant par les tentatives de réglementation de l’activité des « psy » et autres promotions des Techniques (le mot est juste!) comportementalo-cognitivistes1. Mais l’amendement Accoyer à l’origine de cette loi de police a conduit à une impasse.

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« Cette récession sera la plus féroce depuis la Seconde Guerre »

Éditorial du 24 janvier 2008

— Par Roland Sabra —

   Privatiser les profits et socialiser les pertes. La très libérale Grand-Bretagne en était à se demander s’il ne faudra pas nationaliser la Northern Rock, au bord de la faillite en septembre 2007 et dont les pertes vertigineuses pourraient ne pas être couvertes par un emprunt pourtant garanti par l’Etat!  Georges Bush n’a même plus ce genre d’interrogations. Les libéraux appellent au secours l’Etat quand ça va mal et le prient de bien vouloir se faire le plus discret possible quand les profits flamboient. La crise des subprimes n’est que la partie visible de l’iceberg. Les banques sont sorties de leur rôle d’intermédiaires financiers et ont pris des risques inconsidérés, en refourguant  des prêts à des particuliers peu solvables. Elles se sont ensuite empressées de  se vendre entre elles ces créances arrachées aux plus défavorisés, comme par exemple à la population noire de East New York, un quartier déshérité de Brooklyn, en les dissimulant, en les camouflant  dans des paquets plus ou moins bien ficelés (la titrisation). C’est en ouvrant ces paquets qu’elles prennent conscience de l’importance des dégâts.

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Les pervers, entre le sublime et l’abject

—- par Pierre Assouline —-

    Aussi étrange que cela puisse paraître, il n’existait pas à ce jour d’histoire des pervers en librairie. Non une histoire de la perversion, déjà étudiée par lepervers.1200642959.jpgs psychanalystes, mais bien des pervers qu’ils fussent appelés anonymes, misérables, minuscules, infâmes, antiphysiques ou pervers. C’est dire si l’essai historique d’Elisabeth Roudinesco La part cachée de nous-mêmes (229 pages, 18 euros, Albin Michel) était espéré sinon attendu. De nos jours, l’adjectif est aussi galvaudé que le nom et il courant que “perversité” soit employé en lieu et place de “perversion”. Celle-ci a la particularité de pouvoir être considérée comme sublime ou abjecte selon l’angle de vue : artistique, créateur ou lystique, et donc fécond, il est sublime ; mais lorsqu’il n’aboutit qu’à la satisfaction d’une pulsion de mort, il est abject. On voit par là que l’affaire est risquée pour celui qui se lance dans une anthopologie culturelle du bonheur dans la destruction, cette jouissance du mal que l’on s’inflige ou que l’on fait subir à l’autre dans un débordement de sens. Dans une langue très fluide exempte de jargon médical ou psychanalytique, Elisabeth Roudinesco montre bien comment la perversion est cette chose chachée en nous que nous refusons de voir, la face nocturne de l’homme.

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Édouard Glissant : Un État-nation martiniquais? Non merci, mais que vive la Nation-relation martiniquaise!

Edito du 15/01/2008

— Par Roland Sabra —

 « On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans » écrivait Rimbaud et c’est tant mieux! Ils étaient sept de cet âge là, du plus noir qu’hier soir à la plus blanche que blanc à s’être lancés le défi de dire, de mettre en voix, un texte difficile, un texte dont ils n’ont pas tout compris lors de sa première écoute, mais un texte qui leur parlait d’identités anciennes et d’identité en devenir, à eux déjà plus loin que leurs parents. Ils se sont engueulés, jamais méchamment, ils ont eu des fous rires, de ces rires que l’on a quand on a dix-sept ans et que l’on n’a plus jamais plus tard. Ils étaient sept élèves du Lycée Schoelcher.  Ils ont joué avec les mots et les mots se sont joués d’eux quand ils leurs donnaient à penser plus loin qu’eux-mêmes. Glissant était là, Chamoiseau était là, leurs profs étaient là, leurs copains étaient là, les caméras filmaient, les journalistes enregistraient, mais eux ils s’en foutaient un peu car ils avaient à dire. 

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Identité : Madiana et les musées coloniaux

— par Roland Sabra —

Edito du 10-01-08


Deux lignes de forces dans ce numéro de rentrée.

Dans la solitude d’un champ de navets

La première ligne de force de ce numéro aborde la  thématique   de l’identité à partir des effets d’acculturation et même de « déculturation » de la programmation cinématographique en Martinique.

Parmi la vingtaine de films que la critique estime être les meilleurs de l’année 2007 ( cf; ci-après) Madiana en a programmé deux! On ne peut que saluer l’abnégation de Sarah Netter, la critique d’Antilla qui chaque semaine est contrainte non seulement de voir mais, et c’est le pire, de commenter les « nanards » de la programmation éliséenne.  Trouver un bon film en Martinique relève de l’expérience de la solitude dans un champ de navets. Madiana est entrain de tuer doucement mais sûrement le cinéma en Martinique. Mais le plus inquiétant est la mise en œuvre d’une acculturation aux mœurs étasuniennes en matière de relations sociales et, c’est surtout là que le bât blesse de violences sociales.

Premier effet de la présence de ce multiplexe : la disparition des salles de quartier et même de communes au profit d’une  centralisation des projections aux portes de Fort-de-France .

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Jocelyne Fortuné

— Par Christian Antourel —

Série Noire pour lumières, une « peinture lyrique » mise en scène

D’abord fermer les yeux. Les ouvrir et être ailleurs. La peinture de Jocelyne Fortuné nous entraîne à la lisière de deux mondes, entre l’art et le cosmos, comme si elle cherchait à confondre la matière et le mouvement. Son œuvre va bien au-delà d’un simple regard de traces. Elle laisse entrer le hasard qu’elle apprivoise quand le sable impose son relief, son accroche à la lumière. Elle se fond dans les minuscules sourires du sable pour mieux embrasser l’immensité de l’art dans son espace intemporel. Ainsi elle crée cette peinture aux formes indifférenciées qu’elle offre à la matière, collée au support comme une origine de vie, espace de création. Dans cette complicité privilégiée entre transparence et apparence, elle vide son âme dans la lumière réinventée.

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Dérive et dérapages

Poster-Tabou
 Éditorial

— par Roland Sabra —

Edito du 20/12/2007

 L’anthropologue Kenja,  dans son commentaire hebdomadaire de l’actualité qu’il livre à « Antilla » l’annonce comme le premier fait qui a retenu son attention la semaine dernière : le 08 décembre à la rencontre LaKouzémi, Raphaël Confiant aurait rendu publique son adhésion à Al Quaïda, tout en renonçant à la créolité. Un an après ses propos sur les juifs qualifiés d’ « innommables » cette adhésion serait dans la droite ligne d’une dérive identitaire déjà relevée dans ces pages. Il faut suggérer que l’abandon de la créolité s’accompagne d’un passage à « l’arabïté », élargissement assuré d’un lectorat bien plus conséquent. On voudrait juste savoir quand Raphaël Confiant prendra l’avion de façon à éviter de voyager ces jours-là.

Plus affligeant, le dérapage de Daniel Boukman, lors de la lecture de « Quand les murs tombent » de Chamoiseau et Glissant à l’Atrium. On sait que la vente de la brochure qui porte ce titre est destinée à l’aide aux sans-papier et aux associations qui viennent en aide aux immigrés. Mais voilà tous les immigrés n’ont pas le même statut.

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René Maran : le travail du déchirement et de la rectitude

Poster-Tabou

par Roland Sabra

Éditorial du 20 décembre 2007 

 Comme les nègres héroïques, dépenaillés, mains nues qui montaient à l’assaut des troupes pas encore impériales mais déjà impérialistes de Bonaparte à Vertières en chantant La Marseillaise ou La Carmagnole, René Maran était intimement persuadé que les valeurs de Liberté et d’Egalité appartenaient à  l’humanité entière et que ce n’était que hasard de l’histoire si celles-ci s’étaient manifestées avec force dans l’espace français. C’est à ces valeurs, qu’il posait comme universelles qu’il était attaché, bien plus qu’à la France, comme on se plait à le dire comme pour mieux marginaliser cet écrivain immense et dérangeant, inspirateur et précurseur de la Négritude comme le reconnait Senghor. Dérangeant et inclassable, c’est le moins que l’on puisse dire, fonctionnaire colonial il dénoncera dans la préface de Batouala, « le pays qui lui a tout donné » et dont la civilisation repose   » sur des cadavres » ( cf ci_contre). Il n’aura de cesse de condamner l’écart entre les idéaux républicains et la pratique gouvernementale.  Et c’est ce que Senghor appelle « L’humanisme noir de René Maran » qui lui fait  dénoncer  « l‘anthroponégrisme » d’enfermement de certains écrivains et penseurs noirs américains.

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Louisa Marajo

 

Louisa Marajo

Elle n’a que 18 ans mais elle sait ce quelle veut. Louisa Marajo vient tout juste de passer son bac avec la mention « Bien ». Férue d’arts plastiques, elle part pour Saint-Etienne se perfectionner dans cette voie. Mais Louisa est aussi une grande athlète qui a remporté des médailles.

Il existe une école régionale d’arts plastiques à la Martinique. Alors pourquoi partir ? 

La première raison tient à mon besoin d’évasion, j’ai envie de rompre le cordon ombilical et me retrouver face à moi-même. Je veux avancer en eau profonde. Par ailleurs je crois beaucoup à l’adage qui dit que « Les voyages forment la jeunesse”. Ce sera pour moi l’occasion de voir d’autres horizons et de rencontrer d’autres types de personnes. Je veux vivre une expérience de solitude pour affronter la vie, le froid, bref d’autres réalités.

Et pourquoi avoir choisi Saint-Etienne plutôt qu’une autre grande ville de France ?

Au mois de mai, je suis partie pour passer plusieurs concours d’entrée aux écoles d’arts. J’ai réussi à trois d’entre elles sous réserve, bien entendu, de l’obtention du bac.

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Cahier d’un retour au pays natal : Le Film

–Par Christian Antourel —

Jacques Martial

Avec tout ce qui se passe sur nos grands et petits écrans, tous ces films dont l’image semble toujours être à bout de souffle, tant il faut greffer à ces histoires imprévisibles des suites artificielles, feuilletons griffonnés à la hâte sous couvert d’audimat, qu’elles en deviennent interminables et incontrôlables. Ou lorsque les armes sont plus loquaces que les textes qui les incluent, plus vrais que les acteurs tout couleurs hémoglobine, dont les rôles réflexes conditionnés, se résument à parler haut et remue-ménage, à appuyer sur la détente d’armes plus automatiques que leurs créations artistiques. Savez-vous qu’un film se tourne chez nous, qu’il se nomme : « Cahier d’un retour au pays natal ». Une adaptation audiovisuelle du texte d’Aimé Césaire, mis en scène par Philippe Berenger. Absolument ! Même que Jacques Martial en fait partie. Je vous le rappelle, il en est l’interprète principal et l’instigateur.

Un petit bijou de film,  poli comme une pierre précieuse

Après son rôle majuscule, grandiose, dans la pièce du même titre, au théâtre de Fort-de-France, c’est encore un retour au pays natal.

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« René Maran, le premier Goncourt noir », de Charles Onama

Une vie de compromis et de révolte

La vie de René Maran n’est ni simple ni rectiligne. Sa démarche intellectuelle n’est pas non plus facile à cerner. Durant sa carrière de fonctionnaire et d’écrivain, il n’a pas souvent pris des positions aisément compréhensibles et accessibles au premier abord. Ce qui l’a souvent amené à être mal compris, à la fois des Blancs et des Noirs. Sa force principale a toujours été son indépendance d’esprit même s’il a incontestablement été formé dans un environnement où les préjugés raciaux sont parfois tenaces. René Maran est resté un homme du compromis mais pas de la compromission. Il a toujours été un homme du dialogue franc et sincère, un pondéré aux convictions fortes, bref, un médiateur incompris des Blancs et des Noirs. Il est surtout un intellectuel qui voulait voir l’humain triompher au-delà de sa couleur, un écrivain attaché au savoir et à la culture de toutes les aires géographiques, car le savoir et la culture sont, pour lui, une ouverture aux autres et au monde.

Si les contraintes de la vie ont poussé René Maran à accepter certains compromis, il est presque toujours parvenu à maintenir un équilibre entre le compromis et la révolte.

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Qui était vraiment René Maran, le premier Goncourt Noir ?

 — par Selim Lander —

 


Le 14 décembre 1921, l’Académie Goncourt a couronné un jeune écrivain de 34 ans, René Maran, pour son roman Batouala. Au cinquième tour de scrutin ne restaient plus en lice que L’Épithalame de Jacques Chardonne et Batouala. Avec cinq voix contre cinq les deux romans étaient à égalité. Le second l’a emporté grâce à la voix prépondérante du président Gustave Geoffroy. Les autres candidats de cette année-là n’ont guère marqué l’histoire littéraire, à l’exception de Pierre Mac-Orlan qui concourrait avec La Cavalière d’Elsa. Comme le nom l’indique, Batouala est un roman africain. Par contre le nom de l’auteur ne révèle pas qu’il s’agit d’un noir, « le premier Goncourt noir ».

René Maran est né le 5 novembre 1887 sur le bateau qui menait ses parents d’origine guyanaise à Fort-de-France. Comme c’est là où sa naissance a été enregistrée, on le présente souvent comme un écrivain de Martinique. En réalité, il n’est resté sur cette île que les trois premières années de sa vie, avant de déménager avec sa famille au Gabon où son père devait poursuivre sa carrière d’administrateur colonial.

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« Un dimanche au cachot », de Patrick Chamoiseau

Une lecture possible : un roman initiatique

— Par Michel Pennetier —

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Dans le dernier roman de l’auteur martiniquais, le lecteur intervient parfois dans l’œuvre en cours d’écriture, de manière bien intempestive, critiquant tel choix, en proposant un autre, bref agaçant l’auteur. Désormais, le roman est écrit et publié, et le lecteur reprend tous ses droits d’interprétation au risque d’ajouter à l’œuvre des sens qui n’avaient pas été pensés par l’auteur ou dont il n’était pas conscient. Mais c’est son droit et le pouvoir que le lecteur s’arroge de créer ainsi à partir de sa lecture est en fait un hommage qu’il rend à l’auteur dont l’œuvre par sa richesse et sa complexité est capable de donner naissance à une créativité nouvelle, se démultipliant ainsi à chaque lecture. La mienne se voudrait fraternelle et j’espère qu’elle aura l’heur de plaire à l’auteur.
Deux récits alternent, se chevauchent, s’interpénètrent ; deux temps, celui du présent et celui du passé de l’esclavage entrent en relation, deux jeunes filles dominent le roman, celle d’aujourd’hui, une jeune délinquante recueillie dans un centre de rééducation nommé «  la Sainte Famille », celle du passé, une jeune chabine, esclave sur l’Habitation où un siècle plus tard sera installé le centre.

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Georges Castera. Un langage à double canon pour dire l’indifférence

— par Jean Durosier DESRIVIERES —

Ces rencontres organisées en ce mois de novembre, ayant pour thème ou problématique : « Marcher sur nos morts », coïncident harmonieusement au mois des Guédés, en Haïti. Pour ceux qui l’ignorent, je dirai succinctement que les guédés sont des loas, des génies ou des esprits du Vaudou : ce sont des loas de la mort, mais aussi de la vie, car de la putréfaction renaît la vie immortelle. Ce sont les loas les plus étranges du panthéon vaudou, dit-on : leur rituel dévoile le tragique le plus macabre et l’érotisme le plus débridé. Barron Samedi, aussi dénommé Barron Cimetière ou Barron Lacroix, serait la figure la plus représentative des guédés. En effet la croix de Barron, symbole des guédés, indique la croisée des chemins qui guette tout un chacun. Et on y parvient tous, chacun à son heure. La croix de Barron, c’est ce pieu vertical qui renvoie au phallus (éros, la vie) et cette bande horizontale qui renvoie au tombeau (thanatos, la mort).

Notons que le Vaudou, qui est plus une vision cosmique qu’une religion, conçoit le monde comme un éternel cycle, contrairement à la conception judéo-chrétienne qui porte foi à l’alpha et l’oméga, au commencement et à la fin.

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Langue, identité et pensée unique

Poster-Tabou

Par Roland Sabra

Edito du 13-XII-07 

Tout est affaire de langage. Certes! Mais ce qui nous intéresse ici c’est la façon concrète dont cette faculté humaine est mise en œuvre dans une langue. Une langue commune est un facteur de construction de l’identité nationale,  et l’on a vu de par l’histoire des opérations  d’« assistance identitaire » à l’égard des nations qui présentaient, de par leur situation politique, un déficit initial d’intellectuels autochtones : les lettrés allemands, français, anglais ou russes ont prêté leur concours à la fondation des identités nationales en Europe. Mais si la langue est à la base de l’identité nationale celle-ci ne s’y résume pas. La possession du sol est elle aussi indispensable. Si celle-ci vient à manquer les rêves d’unités qu’ils soient africains avec le panafricanisme, arabe avec le panarabisme connaîtront le même sort que les langues dites construites par opposition aux langues naturelles. De belles utopies. Dès lors la pan-créolité dont Rodolf Etienne fait l’éloge, se trouve confrontée à des difficultés autrement plus ardues que celles qu’ont tentées d’affronter Africains et Arabes. Ce que possédaient les uns et les autres, à savoir l’unité linguistique et où territoriale, force est de constater que les créoles en sont dépourvus.

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« Le collier d’Hélène » : Daniely Francisque entre guerre civile et guerre intime

— Par Roland Sabra —

 

Qu’est-il plus grave?  perdre sa terre? ou un collier? La question est insensée pour qui oublierait qu’un chagrin d’amour peut anéantir un sujet plus sûrement qu’un bombardement. Oser dire cela dans un pays en guerre depuis trente ans, dans un pays occupé, dans un pays déchiré, dans un pays qui n’est qu’affrontements, enlèvements et assassinats dans un pays qui pourtant veut vivre, oser dire cela relève de la folie. C’est ce à quoi nous convie Lucette Salibur en montant une pièce de Carole Fréchette, « Le collier d’Hélène » dont on avait pu écouter la lecture dans le cadre de la troisième rencontre métisse « Théâtre des Nations » Martinique/Québec au Théâtre de Fort-de-France de Michèle Césaire sur une invitation de Etc Caraïbe/CEAD.

Hélène est donc à Beyrouth, quand elle perd un collier de verroteries. Perte sur laquelle elle s’appuie pour rester dans ce pays meurtri et partir à la recherche de l’objet perdu.

Refuser de hiérarchiser la douleur, de considérer qu’il est des peines supérieures à d’autres c’est se situer d’emblée du côté du sujet, en posant comme incontournable le caractère incommensurable de la souffrance humaine.

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Propos d’éco

Par Roland Sabra

Edito du 05-12-2007

A l’origine le mot « économie » signifie « administration de la maison. L’origine du mot est grecque : oikos veut dire maison et nomos règle. Le sens du mot a évolué et s’applique  aujourd’hui à des ensembles humains plus important, comme une nation.  Les études économiques doivent permettre d’éclairer les décisions prises par le pouvoir politique de la Maison Martinique, par exemple. Si les sciences sociales étudient les Hommes vivant en société l’économie est donc une  de ces disciplines. La « somme » que publie Jean Crusol s’inscrit dans cette veine. Il dresse une large fresque historique en insistant sur la pluralité des expériences historiques et il met surtout en évidence la question qui va devenir de plus en plus brûlante, de la reconversion que certains ne veulent pas voir. La crise de la banane n’aura été d’aucun effet.  Si l’article de Michel Herland, ci-contre « explore les conditions qui permettent à certains petits États insulaires de la zone intertropicale de parvenir à la prospérité économique », les pistes de développement que dégage Jean Crusol et qui reposent sur les avantages comparatifs que détient la Martinique, ne font que souligner ce que Madinin’Art a déjà repérer dans plusieurs articles comme incurie du pouvoir politique local.

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Insularité, indépendance et développement

 

par Michel Herland—

Michel Herland

Cet article explore les conditions qui permettent à certains petits États insulaires de la zone intertropicale de parvenir à la prospérité économique. Le concept de petit État insulaire est d’abord précisé en s’appuyant sur les travaux antérieurs du Commonwealth et de la  CNUCED. L

es handicaps de la faible dimension se traduisent par une vulnérabilité accrue aux accidents conjoncturels ou aux catastrophes naturelles. Néanmoins l’examen des performances différentes de ces États en matière de niveau de vie et de « développement humain » ainsi que du point de vue de leur capacité à affronter la « contrainte extérieure » permet de faire émerger quelques facteurs clefs de leur développement. Au-delà des avantages naturels spécifiques dont bénéficient certaines de ces îles (pétrole, minerais, etc.), les institutions semblent jouer un rôle déterminant. À la lumière de ces résultats, il est possible, en conclusion, de proposer certaines règles à suivre par un territoire insulaire dépendant – à l’instar des DOM – qui souhaiterait atteindre à la souveraineté politique.


Les économistes n’ont pas grand-chose à dire à propos du développement des départements d’outre-mer.

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« Batouala » de René Maran

(extraits de la préface)

     Civilisation, civilisation, orgueil des Européens, et leur charnier d’innocents, Rabindranath Tagore, le poète hindou, un jour, à Tokyo, a dit ce que tu étais !      Tu bâtis ton royaume sur des cadavres. Quoi que tu veuilles, quoi que tu fasses, tu te meus dans le mensonge. À ta vue, les larmes de sourdre et la douleur de crier. Tu es la force qui prime le droit. Tu n’es pas un flambeau, mais un incendie. Tout ce à quoi tu touches, tu le consumes.

     Honneur du pays qui m’a tout donné, mes frères de France, écrivains de tous les partis ; vous qui, souvent, disputez d’un rien, et vous déchirez à plaisir, et vous réconciliez tout à coup, chaque fois qu’il s’agit de combattre pour une idée juste et noble, je vous appelle au secours, car j’ai foi en votre générosité. Mon livre n’est pas de polémique. Il vient, par hasard, à son heure. La question « nègre » est actuelle. Mais qui a voulu qu’il en fût ainsi ? Mais les Américains. Mais les campagnes des journaux d’outre-Rhin. […]

     Mes frères en esprit, écrivains de France […].

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Un dimanche au cachot, de Patrice Chamoiseau

Le marqueur de paroles et ses maîtres

— Par Guillaume PIGEARD de GURBERT —

Deux remarques préalables : d’abord, Un dimanche au cachot, je vais y revenir, ne se donne pas au lecteur comme un objet interrogeable de haut ni de loin depuis un observatoire critique, mais place bien plutôt d’emblée le lecteur lui-même au cœur même du livre en en faisant un simple personnage. En sorte que Chamoiseau frappe par avance, sinon d’impossible, du moins de ridicule toute lecture critique de son roman, lequel n’a pas de mots assez durs contre les « verbiages du lecteur. » Ensuite, une œuvre vit d’une infinité de lectures, non seulement de la multiplicité de lecteurs qui s’y exposent, mais de la multiplicité de lectures dont est capable un même lecteur à différents moments de son existence. Si bien que mon ambition sera ici de n’être pas tant Le lecteur d’Un dimanche au cachot qu’un simple patient de cette œuvre parmi une infinité d’autres possibles.

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