—Par Patrick Camoiseau —
L’Humanité : Partons du début. Quelle a été votre réaction, à l’annonce fracassante de la dissolution de l’Assemblée nationale ?
Patrick CHAMOISEAU : Surtout, l’incompréhension. Puis, je me suis dis qu’il y avait peut-être une stratégie de chaos soudain pour susciter une désorganisation générale qui éliminerait tout débat et faciliterait le fameux « front républicain », lequel bien sûr se serait organisé autour de la figure présidentielle. Une manière de demeurer au centre de la vie politique malgré la fin toujours désenchantée d’un mandat non renouvelable.
Passée une probable stupéfaction, avez-vous vite mesuré les dangers consécutifs à cette décision plus qu’intempestive, qui peut placer l’extrême-droite au seuil du pouvoir ?
PC : Bien sur, mais je regarde tout cela en tant que martiniquais, c’est à dire comme membre d’un peuple-nation nié dans ce qu’il est et encore enfoui dans un vestige colonial archaïque, un syndrome systémique appelé « Outremer ». N’oublions pas que l’esprit colonial et l’esprit de l’extrême-droite sont quasi identiques. Les premiers camps de concentration et les génocides qui les accompagnent ont été expérimentés dans les colonies, avec les Hereros et les Nama, en Namibie.