–Par Roland Sabra —
Assis en fond de scène du début à la fin du spectacle, ils attendent leur tour pour venir dans la lumière sur le devant du plateau. Peut-être figurent ils aussi, par leur présence immobile le rôle des conseillers de l’ombre? Avant de prendre la parole le plus souvent ils contournent le cercle de feu dessiné sur le sable de la scène, se tenant à la lisière du jour et de la nuit. Seules les deux reines occupent plus systématiquement le centre de l’espace. Les comédiens se font souvent récitants comme pour mieux s’effacer derrière le texte. Il s’agit là d’un théâtre minimaliste dans sa figuration et d’une exigence affirmée dans sa conception, d’une grande épure qui use de sobriété pour faire valoir un texte dont la traduction retenue est la plus classique. L’atemporalité de la thématique abordée dans la pièce relève d’un affrontement éternel, celui qui oppose principe de plaisir et principe de réalité. La mise en scène valorise la soumission douloureuse de Elisabeth 1ère aux impératifs qui sont ceux de sa charge. Elle sacrifie sa vie de femme, demeurant une reine vierge en n’acceptant dans son lit que la raison d’Etat.