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Vénus et Adam de Alain Foix : roman inclassable et iconoclaste

 Alain Foix, guadeloupéen, est écrivain, docteur en philosophie, directeur artistique, documentariste et consultant. Journaliste et critique de spectacles, il est également auteur d’un grand nombre d’articles et de courts essais, notamment sur l’art et le spectacle, directeur artistique et d’établissements artistiques et culturels il a notamment dirigé la scène nationale de la Guadeloupe de 1988 à 1991. Il s’est vu décerné le Premier prix Beaumarchais/ Etc_Caraïbe d’écriture théâtrale de la Caraïbe pour Vénus et Adam (2005) et Prix de la meilleure émission créole au Festival Vues d’Afrique de Montréal (1989) etc. Fort-de-France a eu la chance d’être le lieu l’an dernier  d’une création mondiale d’Antoine Bourseiller : la mise en scène de Pas de prison pour le vent une pièce écrite par Alain Foix. Il publie aujourd’hui aux Editions Galaade, Vénus et Adam.

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« Choc(s) & Art-Rose » : de la beauté et de la danse

par Roland Sabra —

   Deux chorégraphies de Christiane Emmanuel

 christiane_emmanuelDe la lecture d’un spectacle on oublie trop souvent la scénographie, le travail des lumières, l’environnement technique. Injustice. Mais que l’on se rassure ce fâcheux oubli est impossible après avoir vu les deux chorégraphies Choc(s) et Art-Rose qui nous a proposé Christiane Emmanuel les 19 et 20 novembre au Théâtre de Foyal. A moins d’être totalement aveugle. La chorégraphe a eu la belle idée de faire appel aux talents de la plasticienne Valérie John et la réussite était au rendez-vous. L’ouverture du rideau se fait sur un mur de chemises pendues à des cintres éclairées de telle sorte que l’évocation d’une lointaine Pétra bariolée, comme l’étymologie sémitique du lieu le soutient — Reqem, La Bariolée– vient immédiatement à l’esprit du spectateur. Le travail de Dominique Guesdon aux lumières est ici remarquable, on y retrouve ce souci qui est le sien de se mettre au service d’une œuvre qui n’est pas la sienne et de faire par la-même œuvre lui-même. Pure beauté plastique qui va porter le regard d’un bout à l’autre de deux prestations qui relèvent de champs problématiques que l’on aurait pu croire croire similaires mais qui se révèleront hétérogènes.

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Cinéma caribéen au CMAC

 Par Selim Lander.

En cette fin du mois de janvier, le CMAC proposait une sélection de film caribéens. On se plaint à juste titre en Martinique de n’avoir pas avec la Caraïbe toutes les relations que la géographie semblerait devoir dicter. La proposition était donc bienvenue. On ne conclura pas pour autant, après avoir visionné les films inscrits au programme, que le cinéma caribéen est proche d’atteindre la maturité.

Nom Tew, le court métrage dominicais qui ouvrait le programme semblait s’étirer bien au-delà de ses 9 minutes. Un jeune homme – certes musculeux à souhait – qui se promène dans la forêt, s’arrêtant ici pour pêcher quelque écrevisse, ou là pour déterrer du manioc, cela fait un argument un peu juste. Un unique protagoniste, réduit à un rôle muet, cadré par une caméra instable qui restitue une image sautillante et floue : la robinsonnade devient très vite lassante.

Le film qui suivait, Jab – the blue devils of Paranim, nous venait de Trinidad, une île connue pour la magnificence des ses groupes carnavalesques. Si les « diables bleus » s’inscrivent dans cette tradition carnavalesque, les attirails de ceux qui étaient présentés dans Jab étaient plus qu’indigents.

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Histoires d’art : Exit through the gift shop (Faites le mur !), un film de Banksy (2010).

 Par Selim Lander.

Mr Brainwash, Madonna

La session cinéma de mai a démarré très fort au CMAC avec le film décapant de Banksy, célébrissime street artist qui a pourtant réussi à préserver le mystère sur son identité véritable. Son film est à son image. Si Banksy est bien présent (en personne – évidemment floutée – et à travers son œuvre), Faites le mur ! s’organise autour d’un autre artiste contemporain, Mr. Brainwash, qui demeure également une énigme, même si son identité, dans ce cas, est parfaitement connue (Thierry Guetta, un Français installé à Los Angeles).

Le film est simultanément et contradictoirement la glorification des street artists authentiques et la dénonciation du n’importe quoi dans l’art contemporain. Parmi les artistes authentiques qui sont montrés dans le film, on signalera par exemple le mosaïste Space Invader (un autre Français) qui scelle sur les murs des villes du monde entier des figures inspirées au départ du jeu vidéo du même nom.

 

 

 

Space Invader

Banksy lui-même est probablement le plus connu des street artists. Cela tient non seulement au mystère autour de sa personne mais plus sûrement à la qualité de ses œuvres, à leur contenu émotionnel, au message politique qu’elles véhiculent.

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« Des incarcérés », de Christophe Cazalis, un pari à demi réussi.

Par Selim Lander.

 

 
   

Une bouffée d’oxygène, cette dernière fin de semaine, à l’Atrium. Enfin un auteur et un metteur en scène qui osaient innover, mélanger les genres, au risque, il est vrai, de nous laisser finalement l’impression d’une histoire inachevée et d’une demie réussite.
La pièce met successivement en scène deux univers très différents. D’abord un pays totalitaire, quelque part sous les tropiques, où l’on traque sans répit les résistants, les « anarcos ». Au départ Henri, un médecin blanc, francophone (joué par Patrice le Namouric) est seul, prisonnier dans sa cellule. Il n’a d’autres interlocuteurs qu’une caméra et un haut-parleur quand vient le temps pour lui de passer « au rapport ». Arrive ensuite un deuxième prisonnier, Amédée, un ouvrier noir (interprété par le metteur en scène, Hervé Deluge), qui ne connaît que le créole. Ils sont néanmoins tous les deux pourvus d’un appareil qui leur permet de comprendre et même de parler la langue de l’autre, ce qui vaut de savoureux passages entre les deux langues aux couleurs et aux registres si différents. Après quelques malentendus initiaux, les deux hommes finissent par devenir complices, sauf qu’on comprend au trois quarts de la pièce qu’Amédée est en réalité un agent double, chargé de faire parler Henri.

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Petite Histoire des faits économiques (des origines aux subprimes)

— Par Michel Herland —

 « Mainstream for ever »

 

 

Jacques Brasseul, Petite Histoire des faits économiques (des origines aux subprimes), collection « U », Armand Colin, 2e éd., Paris, 2010, 320 p. Par Michel Herland.

 

Jacques Brasseul est l’auteur, chez le même éditeur, d’une Histoire des faits économiques et sociaux magistrale, en trois volumesi. Il en a tiré une édition condensée, une Petite Histoire (2001) dont il nous donne aujourd’hui une version augmentée. Pour qui souhaite s’instruire (ou se rafraîchir la mémoire) sur les différentes étapes qui ont conduit l’humanité depuis les temps primitifs jusqu’à aujourd’hui, cette nouvelle Petite Histoire rédigée par un spécialiste incontesté du domaine est le choix qui s’impose.
Cette deuxième version, bénéficiant d’une centaine de pages supplémentaires par rapport à la précédente, l’auteur a pu ajouter divers compléments, sous la forme d’une série d’encadrés qui apportent un éclairage nouveau à l’exposé principal et, surtout, il a pu ajouter un chapitre entier consacré à l’évolution économique des origines jusqu’au début de la révolution industrielle, ce qui faisait l’objet du premier volume de sa « grande » histoire et qui n’avait pas trouvé sa place dans la version précédente de la Petite Histoire.

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« le Jour où Nina Simone a cessé de chanter » de Alain Timar

 — Par Roland Sabra —

 
« le Jour où Nina Simone a cessé de chanter » | © Sylvie Biscioni

Alain Timar, le metteur en scène avignonais, est de retour en Martinique. Avec un texte de de Darina Al Joundi et Mohamed Kacimi : «  Le jour où Nina Simone a cessé de chanter ». Alain Timar est un élément du « Tout-monde » cher à Edouard Glissant. S’il y a des lignes de forces dans ses choix, comme Jean Genet; Ionesco ou Samuel Becket dont on a eu la chance d’applaudir à Fort-de-France il y a déjà quatre ans « Fin de partie », il y a surtout dans son travail une ouverture à l’altérité, une sensibilité à la différence vécue comme une nécessité. Il monte des textes en hongrois, en américain, en tagalog, une langue des îles philippines. Il est aussi celui qui révèle, au public français, sept ans avant son prix Nobel de littérature l’écrivain Gao Xingjian.

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« Nabd El Jazirah », de Widad AMRA

— Par Isabelle Alfonso-Damico —

Nabd El Jazirah

 

widad_amra-1Parce que d’habitude, … disons en règle générale, l’auteur chouchoute son lecteur, le protège…

Parce que Widad est une femme, une mère, et même une jeune et merveilleuse grand mère…

Parce que le titre, écrit en arabe, sonnait à mes oreilles avec le souvenir, les racines, et la douceur de l’enfance…

Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore tel que son sourire et son empathie à l’autre…

Je suis entrée avec douceur dans ce livre « Nabd El Jazirah »

je ne me suis pas méfiée…

Emportée par le rythme, entrainée par la passion, happée par la force de l’écriture,

j’ai été bousculée, renversée, malmenée par une plume

« Nabd el Jazirah »… le souffle cyclonique et tourbillonnant d’un délire. Me suis retrouvée littéralement scotché à mon oreiller

oui, …oui, j’étais tranquillement allongée dans mon lit, livre à la main, prête à voyager dans les racines « widadiennes.

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« La nuit caribéenne » : la mise en scène est un art difficile.

  — par Roland Sabra —

  Crédits photo : Philippe Bourgade

Comment donner chair à un texte? Le travail ressemble plus à celui du sculpteur qui enlève de la matière qu’à celui du peintre qui en ajoute. Arielle Bloesch en a fait la démonstration avec « La nuit caribéenne » les 22 et 23 octobre au CMAC de Fort-de-France. Confrontée à un premier texte pour le théâtre écrit par Alfred Alexandre, d’une grande force, riche de contenu, il lui a fallu faire des choix. Rappelons l’argument. Deux frères, Frantz et Georges, deux naufragés de l’espérance révolutionnaire caribéenne, de l’aspiration à un monde plus fraternel, sont les épaves échouées sur la grève inhospitalière du libéralisme triomphant. Trahis par les dirigeants du Parti, au sein duquel ils étaient engagés dans le service d’ordre, ils ont sombré avec leurs rêves d’indépendance dans une dérive sans fin vers ce que Robert Castel nommerait comme étant la désaffiliation, une des dernières étapes avant la mort sociale. Alfred Alexandre dit avoir beaucoup penser à Steinbeck et à Faulkner en écrivant ce texte. Comme un hommage. A la trahison des espérances de transformations politiques et sociales vient se surajouter une traitrise, une crapulerie, occultée, maquillée entre les deux frères et qui, remémorée ouvrira sur une issue dramatique..

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La colère noire de Basquiat, éblouissante

 

D’origine portoricaine et haïtienne, né en 1960 à Brooklyn dans l’Etat de New York et mort à New York en 1988 à la suite d’une overdose à l’âge de vingt-sept ans, Basquiat appartient à la génération des graffiteurs qui a brusquement émergé à New York à la fin des années 70. En 1977, il commence à signer ses graffitis du nom de SAMO (pour « Same Old Shit ») accompagné d’une couronne et du sigle du copyright. Au cours de sa fulgurante carrière, sa peinture passe de la rue au tableau.
Son univers mélange les mythologies sacrées du vaudou et de la Bible en même temps que la bande dessinée, la publicité et les médias, les héros afro-américains de la musique et de la boxe, et l’affirmation de sa négritude. Il définit ainsi une contre-culture urbaine, underground, violente et anarchique, pétrie de liberté et de vitalité. En 1982, Basquiat est invité à participer à la Documenta 7 de Kassel en Allemagne. L’année suivante, il est le plus jeune et premier artiste noir à exposer à la Biennale du Whitney Museum of American Art à New York.

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« La nuit caribéenne » : présentation

 — Par Roland Sabra —

La nuit caribéenne se joue le vendredi 22 et le samedi 23 octobre à l’Atrium. C’est l’occasion de découvrir un auteur de théâtre et donc un texte. Un texte fort, comme un cri de haine, de désespoir, de fureurs, de mensonges ,de crimes, de viols et de dissimulation. Deux frères, des laissés pour compte des lendemains qui chantent, trainent leur déclassement social entre terre et mer. Le leader maximo du parti pour lequel ils s’étaient engagés dans le Service d’ordre( SO) a passé de petits arrangements avec l’ennemi de classe, et somme toute s’en accommode plutôt bien. Ils font penser à George et Lennie du livre de Steinbeck Des souris et des hommes dont on a vu une adaptation au petit théâtre de foyal il y a peu. Frantz est l’ainé, il a élevé son cadet Georges; il existe un lourd contentieux entre les deux frères et la haine est un ciment solide qui unit ces deux paumés. L’effondrement des repères symboliques qui les soutenaient se coagule avec la disparition de l’espérance d’un monde autre, le renoncement à une attente eschatologique; l’abandon du rêve d’un monde meilleur , d’un monde dans lequel les derniers auraient pu être les premiers.

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Les dominés du capitalisme

—Par Olivier Doubre —

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Entre sociologie et ethnographie, c’est un travail exceptionnel qu’ont coordonné Patrick Bruneteaux, sociologue au Centre de recherches politiques de la Sorbonne, et Daniel Terrolle, maître de conférences en anthropologie à l’université Paris-VIII. Des Antilles françaises au Japon, des favelas brésiliennes aux camps de réfugiés palestiniens, des « paupérisés» des banlieues françaises aux prostitués transsexuels des faubourgs de Lima, au Pérou, en passant parles injecteurs d’héroïne dans les rues de Los Angeles, leur ouvrage nous propose un voyage auprès des « surnuméraires» du monde merveilleux du capitalisme globalisé. Où l’on voit que la mondialisation néolibérale produit structurellement et inexorablement dans chaque contrée son lot de laissés-pour-compte, relégués en marge du confort global, en deçà même du prolétariat salarié le plus humble.

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La censure, au service de qui ?

— par Paul Guermonprez —


 

 

Notre société idéalise les jeunes. Ils seraient tous beaux, joyeux, énergiques, innocents. Nous créons cette illusion pour tenter de préserver égoïstement l’enfant qui est en nous. La valeur « jeune » justifie tous nos caprices, notre incapacité à penser les conséquences long terme de nos actes, notre cécité aux problèmes de la planète. Nous ne pensons plus comme des parents mais comme de jeunes enfants par pur égocentrisme.

Nos jeunes en sont les premières victimes. A eux la dette publique, le système de retraite chancelant à financer, l’équilibre naturel détraqué. Non seulement nous ne pensons pas à eux mais nous prenons bien soin de les tenir éloignés des débats et désinformés des enjeux. Ils auront comme seul héritage naïveté et dette sans bornes. Oppressés par la perfection de ce que nous projetons sur eux, ils n’ont plus le temps d’être enfants, de faire leur apprentissage, des erreurs, d’en tirer les leçons. A aucun moment nous ne les accompagnons, avertissons, guidons.

L’exposition de Larry Clark est le regard de vérité d’un adulte clairvoyant. Il montre les adolescents dans toute leur complexité, en respectant leur nature, sans leur imposer le regard de l’adulte, sans juger leurs erreurs.

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« Des souris et des hommes » de John Steinbeck : du bon gros théâtre… de qualité!

— Par Roland Sabra —

C omme souvent Michèle Césaire ouvre la saison théâtrale avec une pièce flamboyante Cette année elle nous offre un en hommage aux loosers du rêve a méricain et à tous ceux qui des aurores de l’expansion à la longue nuit des chômeurs ont trainé leurs guêtres et leur misère sur les bancs de toutes les galères du monde. C’est en 1937, au cours de ce qui est resté la plus grande crise du capitalisme que John Steinbeck publie Des souris et des Hommes. Ce sont avec les raisins de la colère les œuvres les plus connues de l’écrivain, prix Nobel de Littérature en 1962. L’histoire ressemble à celle de Moosbrugger dans « L’homme sans qualité » de Robert Musil paru en 1930, dont elle s’inspire mais en l’étoffant davantage. Le titre quant à lui est emprunté à un poème de Robert Burns «  Les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas ». Le succès du roman est immédiat et vient consolider le statut d’écrivain que Steinbeck avait conquis deux ans auparavant avec Tortillat Flat.

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« La blessure du nom », ouvrage de Philippe Chanson

Une anthropologie d’une séquelle de l’esclavage aux Antilles-Guyane

Ouvrage de Philippe Chanson

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—Anonyme – Passavoir – Crétinoir – Trouabal – Dément – Comestible – Macabre – Zéro – Malcousu – Savon – Gouacide – Négrobar – Satan – Peccatus – Dangeros… Tels sont quelques-uns des centaines de noms d’Etat civil saugrenus, dégradants et injurieux, redonnés aux esclaves africains des Antilles et de la Guyane françaises libérés en 1848. Cette blessure identitaire, largement et curieusement occultée, suinte encore sur ces terres créoles travaillées par trois siècles d’histoire coloniale traumatique.

Mais comment donc de tels noms ont-ils pu être attribués ?

L’étude ethnographique que propose cet ouvrage, travaillée par de longues années de terrain, tente d’en entendre les réponses. Elle s’étaye tout à la fois sur le dépouillement de plus de 350 000 patronymes collectés dans ces départements français d’Outre-mer, des entretiens notamment avec quelques figures éminentes de l’intelligentsia créole (Césaire, Glissant, Pépin, Chamoiseau), le cumul de données historiques, culturelles, linguistiques, littéraires, ainsi que sur la mise en œuvre d’une anthropologie dite ’fictionnelle’ et pourtant contemporaine.

L’auteur, sensible au poids moral du nom, se penche d’abord sur le choc, la prégnance, la proportion, les causes et les avatars de cette problématique si délicate ; reconstitue ensuite les circonstances et conditions des processus d’attribution qui ont pu aboutir à de tels dénis ; dégage également les pratiques et parades cathartiques de résistances mentales et culturelles pour contrer l’affront du nom ; et termine en ouvrant la question de cette grave blessure également subie par les créoles de l’Ile Maurice, tout en s’interrogeant sur une possible réparation du nom.

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Nous dilatoires

— Par Dominique DOMIQUIN—

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Dilatoire Huile sur papier. (Détail)

 

Persistent décidément chez nous des habitudes (sinon des vices) que je ne comprendrai jamais. Je viens de lire sur le blog du « Scrutateur » un plaidoyer de M Edouard Boulogne tentant de minimiser la gravité des propos tenus par Alain Huygues Despointes dans le reportage « Les derniers maîtres de la Martinique », diffusé durant la grosse crise de 2009. Propos qui lui valent aujourd’hui de comparaître devant la justice pour incitation à la haine raciale et apologie de crimes contre l’humanité. Il n’y a pourtant pas à tergiverser. Les propos de monsieur Huygues Despointes sont racistes et sans la moindre ambiguïté.

Que dans nos familles de noirs, de blancs, d’indiens, d’asiatiques et de syro-libanais des discours et injures racistes soient régulièrement tenus sur le ton le plus badin ne fait aucun doute pour votre serviteur. Ils n’en sont pas moins, en droit positif français, condamnables lorsqu’ils sont prononcés dans la sphère publique. Faut-il donc systématiquement que la justice nous le rappelle ? Notre Histoire locale et plus largement celle de l’humanité ne nous auraient donc rien enseigné ?

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Pour Patrick Saint-Eloi

par Gérard DELVER
Patrick CHAMOISEAU

  Il y a d’abord le respect dont il faisait preuve à l’égard de tous.
Puis sa bonté.
Puis sa simplicité.
Puis cette humilité qui faisait partie de son talent, en intensité, en force et en fragilité.
Il y a encore, l’absence de renoncement, ou de désengagement, dans une vie qu’il a voulu mener en solitaire pour mieux être solidaire.
Ce qui nous reste, c’est cette célébration constante de sa terre, de son pays et de son peuple. C’est son inclinaison naturelle à associer aux rythmiques de Guadeloupe, de Martinique et de Guyane, les mélodies et harmonies de toute la Caraïbe et des autres faces du monde ; comme si, dessus la base féconde de la polyrythmie du zouk, pouvait se capter et se vivre au mieux ce que nous sommes : des identités enracinées mais ouvertes, opaques mais tellement claires d’amour, de danse, d’amitié, de la joie et de la douleur du vivre…
Ce qui nous reste, c’est cette langue créole menée vers les intensités de la douceur la plus extrême, exaltée dans les célébrations du sentiment, forcée d’accorder son éclat aux labyrinthes des vieux lenbé.

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Le nouveau Lycée Schoelcher : De l’art du ravaudage!

— Par Roland Sabra —

 

On se souvient du débat autour du choix architectural retenu pour la reconstruction du Lycée Schoelcher avant que l’ancienne équipe en charge de la Région décide purement et simplement de renoncer à ce projet. Le Lycée devait donc mourir, lui et le nom honni qu’il porte. La défaite de Marie-Jeanne et donc la victoire de Letchimy ont sauvé le Lycée. On peut même raisonnablement penser que l’affaire du Lycée Schoelcher n’est pas tout à fait étrangère à ce résultat. Mais la défaite des « indépendantistes » au profit des » autonomistes » laissait entière la question du choix esthétique à faire. Fallait-il reconstruire à l’identique le lycée, comme le souhaitaient certains passéistes, proches du Président de Région, qui ne voyaient pas le ridicule qu’il y avait dans cette tentative de construire un Dysneyland de l’Art moderniste? Fallait-il valider le projet initialement retenu par l’équipe précédente, au risque de faire passer pour des manœuvres politiciennes le refus par la mairie de Fort-de-France du permis de construire? Fallait-il relancer toute la procédure d’un concours, perdre de nombreuses années, ranimer la flamme de l’amertume chez ceux qui avaient choisi, sans être entendus le bel objet architectural, présenté par une équipe franco-française?

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Alain Garcès Un maître du feu

par Kélian Deriau —

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 Pour la dernière exposition de ses tableaux de pyrogravure, présentée au Calebasse café au Marin, Alain Garcés a confirmé que la pyrogravure empreinte du feu sur le bois, procédé millénaire, art brut de l’humanité, suscite louanges et sarcasmes. Mais les sommités en ce domaine a travers le monde, inconditionnelles de René Spetz, François Peeters, Emile Duc, François Prudhomme, considèrent toujours ces artistes comme d’authentiques géants d’un art de notre temps. Les pyrogravures originales, n’échappent pas aux collectionneurs d’œuvres d’art, ni aux yeux des connaisseurs du bel art. Ils voient d’un œil plutôt heureux le travail de nouveaux talents qui s’imposent sans conteste, dans l’univers des arts et de la culture. En outre, bien des collectionneurs branchés ou des amateurs chineurs avérés, achètent de la pyrogravure par simple précaution : Ils craignent de rater le train de la modernité. Cette situation du marché de l’art avec une approche précieuse et presque ridicule , pour tout ce qui ne s’affiche pas tout de go dans les galeries, loin de voiler , voire de stigmatiser la pyrogravure, génère et entretient le mystère d’avant les jours fastes.

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Chasseurs de swing

— Par Christian Antourel —

3 FEY 3 RASIN

   Swing se dit des musiques ou des musiciens qui donnent envie de danser, de faire onduler son corps.

Comme les trois mousquetaires ils sont quatre. Un pour tous et tous pour un. D’abord il y a Johan Jean-Alexis et Jean Damien Poullet violonistes impeccables. Il faut dire qu’ils échappent ici à la formation Malavoi, d’autant que leur agilité instrumentale se multiplie encore dans une virtuosité aiguisée de l’art du synthétiseur pour le premier et de la basse pour l’autre. Subtilités qu’ils alternent sur scène dans une fluidité de jeux improbable. Ces deux la ont en mémoire et gravé dans les doigts les armoiries respectivement du conservatoire de Paris et de Montpellier. Le troisième larron, le très talentueux percussionniste «  Pidou » Réviton , un personnage dans le monde du théâtre du conte et du tambour. Bien sûr, tous trois enseignent leur art avec le plaisir et la volonté non dissimulée de faire passer le message de la musique à travers les générations. De l’ombre apparaît aussi Joseph Valey en D’Artagnan très beau, la tête pensante, le manager du groupe.

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Pavillon BOUGENOT

 

Un édifice d’un intérêt patrimonial certain.

 

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Le pavillon Bougenot, un Bâtiment du conseil général à découvrir

Moins connu que la bibliothèque Schoelcher dont il est une annexe, le pavillon Bougenot est pourtant plus ancien et recèle quelques surprises. A plus d’un titre, il vaut le détour et mérite que l’on s’y attarde.

Situé dans la rue Victor Sévère, à côté de la bibliothèque Schoelcher, entre la préfecture, l’hôtel de police et l’immeuble Plein Ciel, le pavillon Bougenot est aisément repérable dans le centre ville de Fort-de-France. Datant de la seconde moitié du 19eme siècle, cet édifice, tout de bois et de fer forgé, constitue un témoignage intéressant sur l’architecture coloniale de l’île de l’époque. Entouré d’un agréable jardin aux palmiers centenaires, il est inscrit à l’inventaire des monuments historiques. D’une superficie à l’origine de 600 m2, avec un soubassement en béton et une charpente métallique, il se distingue par ses nombreuses fenêtres hautes en bois, sa véranda à l’étage et son intérieur sobre et raffiné.

Cette belle demeure bourgeoise doit son nom à l’un de ses anciens propriétaires, Emile Bougenot (1838-1925), ingénieur et industriel français, ayant joué un rôle majeur dans le développement des usines centrales de la Martinique à partir de 1860.

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Une anthologie de la poésie du Tout-Monde

   réunie par Edouard Glissant (La Terre, le Feu, l’Eau et les Vents, Paris, Galaade, 2010, 350 p.).

 — par Michel Herland —

 

« L’imaginaire est un champ de fleuves et de replis qui sans cesse bougent », écrit Edouard Glissant dans la préface à cette anthologie poétique d’un nouveau genre. Elle est nouvelle en effet en ce qu’elle ne fixe pas de bornes géographiques ou linguistiques au choix des auteurs (même si les versions originales des textes non francophones sont rarement reproduites) et en ce qu’elle ne suit aucun ordre : ni temporel, ni spatial, ni même thématique. Il y a néanmoins un fil conducteur, labyrinthique ou plutôt – pour mieux coller aux concepts glissantiens – rhizomatique, celui qu’a trouvé Glissant, poète lui-même, à travers le champ immense qu’il nous propose d’explorer à sa suite.

Il y a des embranchements inopinés, des retours vers des auteurs déjà rencontrés, la reprise de thèmes qu’on croyait épuisés. Libre à chacun de suivre le guide dans son cheminement, de parcourir après lui les thèmes qui semblent organiser la succession des poèmes (ou extraits de poèmes) retenus dans l’anthologie : la mort, l’humanité dans sa diversité, l’esclavage et la traite négrière, le dépaysement, la poésie, le paradis terrestre et la chute, les intermittences du cœur, la fusion de l’homme dans l’univers, la succession des âges et des saisons, la négritude, les sans-papiers, etc.

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Aux Antilles, le scandale sanitaire du chlordécone


La France n’en a pas fini avec les scandales de sécurité sanitaire. Pendant vingt ans, de 1973 à 1993, un insecticide, le chlordécone, a été utilisé en Martinique et en Guadeloupe pour lutter contre le charançon de la banane, entraînant durablement une pollution des sols et une exposition d’une partie de la population.

Une étude, publiée lundi 21 juin en Guadeloupe et dans le Journal of Clinical Oncology, confirme que le chlordécone, un perturbateur endocrinien, est responsable d’un accroissement significatif du risque de cancer de la prostate, lequel représente 50% de l’ensemble des cancers dépistés en Guadeloupe et à la Martinique. L’étude valide donc les signaux d’alerte que les autorités ont longtemps ignorés.

TRÈS LONGUE DURÉE DE VIE

« D’énormes erreurs ont été commises, qui rappellent furieusement les grands enjeux de sécurité sanitaires des années 1980 et 1990: hormone de croissance, vache folle, etc. », estime le professeur William Dab, président du Conseil scientifique du Plan chlordécone en Martinique et en Guadeloupe. Interdit en métropole en 1990, le pesticide a été utilisé par dérogation en Guadeloupe et en Martinique jusqu’en 1993, alors que les Etats-Unis l’avaient proscrit depuis 1976.

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Pour un développement endogène de la Martinique : l’approche par le concept « d’économie résidentielle » est-elle pertinente ?

 —   Par José Nosel —

 

      Au-delà des mots…

 

solaire_eolien                          Dans le N° 1355 de « Antilla », Raphael Vaugirard, en sa qualité d’économiste, réagit  dans une tribune à une chronique que j’avais consacrée au concept d’économie résidentielle et publiée il y a quelques mois par « Antilla »; c’est l’occasion pour moi de livrer la présente contribution sur la question controversée du développement.

                       La prégnance, notamment médiatique aujourd’hui, de certains concepts, idées, mots d’ordre ou slogans, font que le citoyen se trouve embarqué dans des logiques qui en découlent, sans qu’on ne l’ait éclairé toujours très précisément, sur ce qui se cache derrière ces concepts, idées, mots d’ordre ou slogans, modernes ou actualisés.

              Trope, métonymie, ambivalence, oxymore, etc. participent à ce contexte d’ambiguïté du langage moderne. Même un concept comme celui de « développement », utilisé par nous tous, n’est pas si évident qu’on pourrait le croire. De plus en plus de gens, de grands philosophes, comme Serge Latouche, par exemple (« Décoloniser l’imaginaire », 2005) remettent en cause radicalement ce concept de développement ; en particulier tel qu’il est conçu dans le monde occidental.

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« Histoire de la globalisation financière », de Cécile Bastidon-Gilles, Jacques Brasseul et Philippe Gilles

—Par Michel Herland —

Comprendre la crise mondiale

 

de Cécile Bastidon-Gilles, Jacques Brasseul et Philippe Gilles (Paris, Armand-Colin, 2010, 376 p.).

 

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  Il ne fallait pas moins de trois auteurs pour dénouer l’écheveau compliqué des événements qui ont conduit à la crise dans laquelle – à quelques exceptions remarquables près – le monde se trouve aujourd’hui plongé. La perspective historique adoptée dans cet ouvrage ne nous apprend pas seulement comment nous en sommes arrivés là. Elle illustre aussi la tendance inhérente à l’anarchie et au désordre du système capitaliste, tendance qui ne peut être combattue sans un effort de régulation délibéré et puissant. Hélas ! les hommes ont la mémoire courte. Les cataclysmes économiques les poussent à réagir, à encadrer les comportements spontanés par un ensemble de règles plus ou moins strictes. Puis, le temps passant, on oublie que le respect des règles est la condition de la prospérité. On observe que leur relâchement permet, dans un premier temps au moins, d’obtenir des gains faramineux. Cependant la logique économique reprend rapidement ses droits et une nouvelle crise ne tarde pas à arriver.

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