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« Folie » : de corps et d’âme

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Yna Boulangé dans une mise en scène de José Exélis du troisième volet de l’œuvre de Marie Vieux-Chauvet ( Photo Philippe Bourgade)

— Par Roland Sabra —
« Folie » le troisième volet de l’œuvre de Marie Vieux-Chauvet nous est proposé dans une adaptation de José Pliya et une mise en scène de José Exélis avec pour unique comédienne Yna Boulangé. Il y a toujours cette difficulté de l’adaptation d’un texte romanesque au théâtre. José Pliya, spécialiste en la matière, en connait les affres et les tourments avec d’assez belles réussites quoique toujours limitées par la structure du texte qui quelques fois fait résistance. Adapter sans trahir, telle est la gageure. Pour « Folie » le pari est gagné, dans la mesure où l’on croit, par instant, reconnaître le texte en l’entendant. La fidélité est d’esprit. C’est la plus sûre.

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Au pianiste il faut un piano !

— Par Roland Sabra —

  La saison du CMAC s’est ouverte avec un très beau concert de Nicolas Stavy qui nous a proposé comme programme le contenu de son dernier CD consacré comme il se doit l’année du bicentenaire de la naissance de Franz Liszt au compositeur hongrois. Peu de musiciens ont autant que Liszt puisé leur inspiration dans les œuvres littéraires. Il laisse d’ailleurs derrière lui une abondante masse d’écrits. Mais ce n’est pas dans ce domaine que le compositeur a brillé de tout son éclat. On dit son style quelque peu ampoulé. L’apport pianistique essentiel de Liszt se situe dans le domaine de l’impressionnisme musical dont il sera l’initiateur et qui triomphera avec  le poème symphonique de Claude Debussy « Prélude à l’après-midi d’un faune« . Transposition musicale du sonnet des couleurs de Rimbaud ( A noir, I rouge, U vert, O bleu : voyelles Je dirai quelque jour vos naissances latentes…) il existerait des correspondances entre couleurs et musique. Il s’agit de rompre avec la linéarité de l’écriture et de favoriser l’émergence d’une succession d’impressions en utilisant toutes les sonorités du piano et en accentuant à l’extrême les diverses intensités du toucher de clavier.

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Hamlet décapant !

— par Roland Sabra —

La saison 2011-2012 du Théâtre Aimé Césaire de Fort-de-France s’est ouverte avec « Hamlet » dans une mise-en-scène décapante du jeune Igor Mendjisky. Décapante en effet d’abord par les costumes, sans âge, modernes, vaguement destroy des comédiens, par la superbe bande son, très jazz, très blues, très seventies, les lumières très sombres, par le jeu très électrique, très survolté même du personnage principal et aussi par la lecture que nous propose le metteur en scène. Igor Mendjisky part du principe que la pièce de Shakespeare pose des milliers de questions et qu’il serait réducteur de vouloir y répondre. Il faudrait rester dans le doute, l’incertitude. Parti pris de mise en scène qui n’est pas un évitement de lecture mais un refus de choisir. Position par excellence de l’hystérique elle (lui) qui refuse de se voir assigner une identité sexuée et qui se complait dans l’entre-deux sexes. C’est dans le jeu de Hamlet que Romain Cottard excelle à cet exercice, déplacement métaphorique de la célèbre interrogation shakespearienne de la pièce « Être ou ne pas être ». En l’occurrence être ou ne pas être homme, être ou ne pas être femme ?

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A propos de la programmation cinéma du CMAC

— Par Roland Sabra —

Josiane Cueff, entourée de Steeve Zébina et de Frédéric Thaly présentait lundi 03 octobre pour la saison 2011-2012 le programme du CMAC  que l’on peut par ailleurs télécharger ou voir en vidéo sur Madinin’Art. On sent et on devine plus qu’on ne voit la touche de la nouvelle directrice de la scène nationale. Il faut dire que la compétence de l’équipe qui l’entoure n’est plus a démontrer, d’autant plus que celle-ci a fonctionné, sans capitaine pendant de longs mois et qu’elle a de ce fait dû conquérir des espaces d’autonomie qu’il serait mal venu de vouloir lui contester. Même s’il s’agissait de remonter face au vent  il faudrait de s’appuyer sur ce vent. Ce qui ne semble pas être de circonstance et c’est tant mieux. Un programme dans l’air de la maison, c’est à dire avec un air musical très prononcé, une touche de danse, un zeste de théâtre et quelques grains de  épars de cinéma? C’est à propos du cinéma que quelques remarques viennent à l’esprit

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Hervé Deluge monte Le tartuffe

—  Propos recueillis par R. Sabra —

 

 

 

Pourquoi monter le tartuffe ici et maintenant en Martinique ?

Tartuffe est l’une des pièces qui a fait l’objet du plus grand nombre de mises en scène au monde. C’est dire si cette dernière pose des questionnements universels.
Pour une équipe artistique martiniquaise se confronter à cette œuvre c’est poser concrètement un défi : celui de nous l’approprier de manière vivante, contemporaine et sans complexe.
C’est aussi établir un pont entre l’éducation nationale et le théâtre professionnel, qui puisse nourrir les espoirs d’une action culturelle soutenue.
Jouer une pièce classique en Martinique 15 fois dans la grande salle de l’Atrium est une gageure et constitue une première. C’est surtout offrir à notre jeunesse l’opportunité d’assister aux représentations d’un spectacle qui ouvre aux enseignants comme aux élèves une large sphère d’investigation. Ainsi qu’à tout amoureux du théâtre classique ou du théâtre tout court.

L’hypocrisie n’est-elle pas nécessaire au maintien de la religion et de ses lois?
-Pourquoi la religion serait-elle nécessairement liée à l’hypocrisie?
Il me semble qu’il existe des gens qui ont réellement la foi et qui l’appliquent avec sincérité, c’est à dire dans l’amour du prochain.

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Sébastien MEHAL met en scène un paysage urbain incandescent.

par Scarlett JESUS —

Samedi 24 septembre, à L’ARTOCARPE, au Moule :

 

 

par Scarlett JESUS

Le choix du lieu : Est-il exact de dire que l’exposition se déroule dans un « garage » ? Ne conviendrait-il pas mieux de convenir, l’espace d’exposition étant largement ouvert sur la rue (presque une ruelle), qu’il y a volonté de mettre en lien deux espaces différents. La rue se prolongeant par le garage, et vice et versa. Aucune frontière ne vient séparer le dedans du dehors, l’espace privé (celui du garage) et l’espace public (la rue). Si l’un est un lieu de circulation, de rencontres (mais aussi de manifestations populaires), l’autre est à l’opposé un lieu fermé, destiné à protéger la propriété la privée (la voiture d’un individu) et/ou à entreposer différents objets, des outils de bricolage en particulier. Deux espaces éminemment emblématiques dont s’empare Sébastien MEHAL selon une démarche artistique qui se propose de rendre compte d’un paysage urbain antillais très spécifique. Paysage qui, aux dires de l’artiste, n’existe déjà plus que dans la mémoire (individuelle et collective), et auquel il entreprend de redonner vie.

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« La nuit du secret » de Laurence Aurry

— Par Roland Sabra —

La vie d’un secret ou le secret d’une vie?

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En vente en Martinique

Émile Nestor est mort « suicidé » de trois balles de Mc76.Voilà comment débute le roman de Laurence Aurry «  La nuit du secret ». Et il se termine par cette question « Qui était réellement Emile Nestor ?». Pendant deux cents soixante pages cette question va tarauder le lecteur, ne plus lui faire lâcher des mains de roman aux intrigues multiples, croisées dans lesquelles s’enchevêtrent sans pouvoir les démêler et encore moins en mesurer la portée mensonges, affabulations, mythomanie, lâchetés et crapuleries assaisonnées d’autant de qualités opposées. Émile Nestor qui avait vingt ans en 1940, a-t-il été un salaud ? un planqué ? un héros ? Disjonction inclusive. Nous ne saurons pas. Émile Nestor écrivait le roman de sa vie. Il l’écrivait et le ré-écrivait. Il nous raconte son histoire et il nous raconte des histoires. Écriture dans et sur l’écriture. Laurence Aurry nous confie par là une de ses passions, une de ses fascinations, celle du texte. La plume est précise, agréable à lire, retenue, au risque de paraitre parfois un peu académique.

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K’Bich : L’école du rythme

Par Christian Antourel —

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Pas de liberté sans rigueur

 

 

« K’BICH fait sa rentrée et poursuit les projets déjà lancés. Nous travaillons le
Solfège rythmique, la batterie, le tambour, des percussions diverses. Souvent sur des bandes sonores ou accompagnés par des musiciens. Nous tenons particulièrement à permettre à nos élèves de vivre des expériences variées et mener des projets personnels » 
Dans son école de musique, Hervé Laval dispense des cours individuels et collectifs, pour débutants, intermédiaires et avancés. Adultes et enfants à partir de 7 ans. Des plus jeunes sont acceptés lorsqu’ils présentent des dispositions évidentes et manifestent un talent inné, déjà annonciateur d’autre chose. Outre le subtil mélange entre cours magistral et travaux dirigés, pour un enseignement efficace, l’école organise au long de l’année des manifestations culturelles fortes, qui viennent appuyer et mettre en application la chose apprise en classe :
Création du K’BICH STREET BAND (monté avec les élèves et leurs parents) Parade carnavalesque pendant les jours gras. 22 mai sur le parvis de l’Atrium. Fête de la musique sur la scène Aimé Césaire de l’Atrium.

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Les gender studies

 — par Sandrine Teixido —

Apparues dans les années 70 aux États-Unis, les gender studies ont profondément renouvelé l’étude des rapports homme/femme en posant que la différence de sexe est une construction sociale. Si ce courant n’a guère d’équivalent en France, en revanche la notion de genre a fini par s’imposer dans les études féministes et de nombreux enjeux de société.

Objet et genèse

Le concept de « gender » est né aux Etats-Unis dans les années 70 d’une réflexion autour du sexe et de l’utilisation de cette variable dans les recherches en sciences sociales. Le mouvement féministe qui a pris de l’ampleur après la révolution sexuelle cherche à faire entendre sa voix au sein des institutions de recherche. Il s’agit de faire reconnaître un engagement qui se veut de plus en plus une réflexion renouvelée sur le monde. C’est un psychologue, Robert Stoller (1), qui popularise en 1968 une notion déjà utilisée par ses confrères américains depuis le début des années 50 pour comprendre la séparation chez certains patients entre corps et identité. De là l’idée qu’il n’existe pas une réelle correspondance entre le genre (masculin/féminin) et le sexe (homme/femme).

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Haïti : déménagement linguistique

Par Yves Dejean  [1]

Maturation et spontanéité linguistiques

 

Les recherches et les progrès en linguistique de la seconde moitié du vingtième siècle ont mis en lumière l’acquisition naturelle et rapide de la ou des langues de leur environnement par tous les enfants normaux dès leur naissance (et même avant, à en juger par les recherches récentes de Jacques Mehler and Emmanuel Dupoux sur l’acquisition in utero ; voir Mehler J, Dupoux E. 1994. What Infants Know : The New Cognitive Science of Early Development. Cambridge, MA : Blackwell). La réalité et la nature de ce phénomène humain universel contrastent vivement avec l’apprentissage d’une langue étrangère par des personnes qui se donnent la peine de l’étudier. Cet apprentissage est souvent laborieux, lent, incomplet, boiteux et sujet à régression.

 

Quand on propose l’apprentissage du français à plus de huit millions de créolophones unilingues d’Haïti comme une entreprise obligatoire dans un système scolaire, il est nécessaire de réfléchir sérieusement à sa possibilité, sa praticabilité et son coût en temps, efforts, matériel, argent et enseignants. L’examen de cet aspect du problème semble totalement ignoré ou escamoté par les auteurs d’un livre récent L’Aménagement linguistique en Haïti : Enjeux, défis et propositions (par Robert Berrouët-Oriol, Darline Cothière, Robert Fournier et Hugues St-Fort, Éditions du CIDHICA et de l’Université d’État d’Haïti, 2011).

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« Congre et Homard » de Gaël Octavia

par Alvina Ruprecht

Congre et Homard  de Gael Octavia, mise en scène de Dominik Bernard, au CMAC les 1er et 02 février à 20 heures

 La pièce a vu le jour après un processus intéressant que nous avons pu suivre de la Guadeloupe jusqu’en Avignon. Congre et Homard, a d’abord été présenté dans une mise en lecture en Guadeloupe il y a deux ans, et a pu se réaliser grâce à l’appui de Textes en paroles, association guadeloupéenne qui œuvre à la promotion des écritures dramatiques de la Caraïbe soumises à la sélection d’ un jury international.
L’auteur Gaël Octavia est martiniquaise; et les deux protagonistes sont joués par des Guadeloupéens Joël Jernider, et Dominik Bernard. Sans entrer dans des commentaires historiques, il faut souligner cette collaboration qui signifie un renouveau important du regard théâtral et une ouverture importante du milieu vers toute la région de la Caraïbe et des Amériques.

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Lettre aux 46 268 et plus


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Par Roland Sabra

Edito du 07-08/2011

A ce jour il y a 46 268 destinataires de la Lettre et plus car parmi eux de nombreuses listes de diffusion dont nous ne connaissons pas la taille. Une base de données qui fait bien des envieux et ce d’autant plus qu’il est hors de question de la commercialiser! Madinin’Art s’inscrit résolument dans une logique anti-utilitariste, ne repose que sur le bénévolat, et se félicite de faire mieux, en termes d’audience, de réflexion et d’analyse que certaines démarches motivées par la recherche du profit!

Mais on peut poser la question de l’utilité sociale de Madinin’Art. Peut-être que ça ne sert à rien si ce n’est à faire plaisir à la petite bande de copains qui y participent. A quoi servent les critiques culturelles ici en Martinique? Les spectacles sont à l’affiche si peu de temps que ceux qui les ont vus n’apprendront pas grand chose et ceux qui ne les ont pas vus n’auront pas la possibilité de choisir entre les voir ou ne pas les voir! Les grandes institutions culturelles de Martinique sont bien plus intéressées par le rôle d’annonceur, par le rôle de relais de leur service de communication, de la presse que par son rôle de critique, ce dans quoi elle se complait avec aisance.

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« L’affaire Fanotte Ti Sonson » ou à chacun son théâtre

— par Roland Sabra —

   Oh ce n’est pas un pièce de ce que l’on appelle « le répertoire » sous entendu celui de la Comédie Française. Ce n’est pas non plus un texte issu du théâtre d’interrogations métaphysiques. Les personnages sont outrés, un peu vulgaires, c’est parfois en-dessous de « mon cul sur la commode », mais n’en déplaisent aux précieux, aux délicats c’est quand même du théâtre. La troupe de théâtre amateur «  Sa sé Nou » l’annonce très clairement dans son titre elle a vocation à la satyre sociale. C’est dans cette tradition que s’inscrit « L’affaire Fanotte Ti Sonson » que nous avons pu voir en matinée samedi 21 mai au théâtre municipal de For-de-France. Résumons l’intrigue. Ti Sonson, Nestor Migere dans le rôle, est parti dans les fournées du Bumidom, travailler ans en France pendant quarante ans ; Il revient pour sa retraite avec l’intention de vivre aux crochets de sa vieille maman, mais voilà l’aide-ménagère, Fanotte incarnée par Marlène Loza, à dilapider le compte en banque de la maman. Un procès s’engage et vont défiler à la barre les témoins, tous favorables à Fanotte.

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Le théâtre amateur de Martinique est vivant!

— par Roland Sabra —

A peine le festival de théâtre amateur du Théâtre Amé Césaire de Fort-de-France fermait-il ses portes que celui de la ville de Trinité ouvrait les siennes du 01 au 06 juin. Annoncé avec discrétion, il faut dire que les responsables des services culturels et de communication de Ttrinité ont encore une large marge de perfectionnement devant eux, il  nous proposait en séance inaugurale une pièce de Daniel Boukmam « Agoulou ek Ti Sonson » par la toute jeune compagnie Krye Manmay Sent-Lis. Daniel Boukman reprend donc une thématique déjà abordée avec Agoulouland et mise en scène par Bérard Bourdon ( ). Ce ne sont pas les extraits choisis de cette nouvelle mouture qui permettent d’apprécier l’évolution de la réflexion de l’auteur. Loin s’en faut !

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« Ninety Perrinon Street » : un documentaire de Laurent Cadoux

— Par Roland Sabra —

 

 le 90 de la rue Perrinon

Vous êtes sans doute déjà passés devant le 90 de la rue Perrinon sans peut-être avoir remarquer cette maison en bois à la fois studio d’enregistrement, lieu de rencontres et d’échanges musicaux. Laurent Cadoux dans son troisième opus sur les quartiers de Fort-de-France, après les Trenelle-Citron et Terre-Sainville s’attarde dans ce lieu de création artistique. Le film qu’il nous propose relève d’une commande de la ville qui voudrait présenter ses quartiers. Comment filmer le centre ville ? A-t-il une unité qui puisse être filmée et faire l’objet d’une narration ? Laurent Cadoux est tombé un peu par hasard sur la maison qui donne son titre au documentaire. Louée pour trois francs six sous à l’époque, elle a été transformée, aménagée, insonorisée notamment avec des boites à œufs collées aux murs, pour devenir plus ce qu’elle a été que ce qu’elle n’est encore  aujourd’hui, en 2011, en attendant un devenir voué à la démolition. Les musiciens qui l’occupent encore occasionnellement et qui sont interviewés dans le film disent combien la richesse de leur musique tient à la fois aux métissages, à l’hybridation, et à la recherche de sonorités ancrées dans la mémoire populaire.

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Les dessous du jury du festival de Trinité 2011

— Par M’A —

Plus d’un aura été scandalisé par le palmarès rendu public par Bérard Bourdon lors du Festival 2011 de théâtre amateur de la ville de Trinité. Sentiments d’iniquité et d’injustice dominent. Comme tout se sait très vite dans notre petit pays, nous avons appris que les membres du jury n’étaient pas unanimes, et c’est un euphémisme. Notons d’abord que Daniel Boukman dont la troupe « Key Manman Sent-Lis » présentait la pièce « Agoulou ek Ti sonson » a eu l’élégance de se retirer du jury. Il n’était pas venu à l’idée des organisateurs qu’il pouvait y avoir, comment dit-on aujourd’hui? Conflit d’intérêts? L’auteur n’a pas eu a se prononcer sur la façon dont son texte avait été passé à la moulinette, dépecé et restitué sous la forme d’un galimatias sans queue ni tête. Par ailleurs on a appris que les membres du jury s’étaient réunis plus d’une semaine avant l’ouverture et s’étaient mis d’accord pour exclure du palmarès « Les sardines grillées » au motif que la pièce avait déjà été jouée, notamment à Fort-de-France et qu’il ne s’agissait pas de vrais amateurs, car trop nettement au dessus de la concurrence.

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La pratique écrite du créole haïtien, entre fiction et diction. * Tèks envante, tèks lide ak tèks tradwi !

Par Jean-Durosier DESRIVIERES

En dehors d’autres outils sans doute de grandes valeurs, les haïtiens disposent, de façon légitime et légale, de deux langues – le créole et le français – pour investir pleinement leur imaginaire. A l’instar des vrais bilingues se permettant de passer d’un territoire linguistique à l’autre sans failles, notamment sur le plan oral, je m’autorise un exercice similaire dans ce texte (ainsi commandé), dépourvu pourtant de tout esprit démagogique et de toute sensibilité au quota. En ce sens, je ne saurais ignorer mon adhésion aux concepts et notions largement mis en valeur par Robert Berrouët-Oriol dans ce lumineux ouvrage collectif (autres collaborateurs : Darline Cothière, Robert Fournier et Hugues St-Fort), d’une extrême rigueur méthodologique, qu’il a coordonné : L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions [1] , lequel fait l’éloge de la francocréolophonie haïtienne et propose une convergence linguistique dans l’enseignement et la pratique des langues au pays. J’y reviendrai.

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Petit résumé des Sixièmes Rencontres Cinémas de Martinique

— par Roland Sabra —

Semaine 1

Ces sixièmes rencontres cinémas de Martinique sont bien étranges. A côté du meilleur se fourvoie certains soirs le moins bon ou très exactement des œuvres, car ce sont tout de même des œuvres, qui auraient sans doute plus leur place dans d’autres cadres que ces Rencontres Cinémas, qui ont une importance d’autant plus grande pour le spectateur de Martinique qu’il n’est pas si fréquent de pouvoir assister à ce qui se présente implicitement comme un Festival. S’il est vrai que sur le continent ces dits festivals de cinéma présentent une incroyable diversité ou l’ excellence côtoie l’exécrable, leur nombre, leur fréquence fait vite oublier ce que l’on n’aurait pas dû voir pour ne retenir que le meilleur. La rareté de tels évènements en Martinique devrait inciter à une plus grande rigueur dans le menu proposé. Prenons un exemple celui de la soirée Ekoclap du 08 juin qui nous a imposé « Waste Land, de la poubelle au musée » et « Severn, la voix de nos enfants » deux documentaires télévisuels dont le contenu est déjà révélé dès les premières images.

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Psychanalyse et anticolonialisme L’influence de Frantz Fanon

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par GUILLAUME SURÉNA*

« Aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l’intelligence,

de la force et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête. »

Aimé Césaire (1939). 

Le Professeur Tobie Nathan, dans Le Monde diplomatique d’octobre 1991, nous révèle, sur le ton prophétique des grands découvreurs, « que l’Afrique n’est pas une terre à conquérir [ … ] par telle ou telle chapelle psychanalytique en mal de clientèle » (Tobie Nathan, 1989). Dans cet article plus hâtif qu’instructif, les Nègres qui se réclament de l’or pur de la psychanalyse seraient « « blanchis » dans les universités et les instituts occidentaux » (Nathan, 1989).

je mesure donc le risque que je cours face à l’autorité d’un tel grand prêtre du savoir universitaire. Mais je ne voudrais pas sous-estimer celui que je cours face à certains Nègres des Antilles et d’ailleurs en critiquant l’un des Nègres dont nous sommes le plus fier depuis Toussaint Louverture, l’un de ceux qui ont le plus contribué à remettre en cause l’aliénation coloniale. J’ai nommé : Frantz Fanon.

Comment rendre compte du retard de développement de la psychanalyse dans les communautés noires, que ce soit en Afrique, aux Etats-Unis, au Brésil, dans le Bassin caraïbéen ?

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« Il want it, I’ll get it ! » : que les fruits tiennent la promesse des fleurs !

— Par Roland Sabra —

  Il ne faut pas désespérer de Hervé Deluge. S’il nous est arrivé d’être très réservé à l’égard de certaines de ses productions il nous arrive aussi d’être charmé par son travail. C’est le cas avec sa dernière production «I want it, I’ll get it », présentée fin fin 2011 à Fort-de-France dans le cadre du Festival e Théâtre amateur. Hervé Deluge, s’est emparé non pas d’un texte d’auteur mais d’un ensemble d’écrits destinés à autre chose quel leur mise en scène théâtrale. Il y a là des articles de presse, des extraits de coupures de journaux des commentaires, des réflexions entendues ici où là, des saynètes inventées à partir d’une observation distanciée et critique des pratiques quotidiennes qu’elles soient télévisuelles, radiophoniques, issues du monde professionnel ou de la conjugalité ou d’autres domaines. On assiste alors à un théâtre fait de collages de petites scènes, dont chacune présente une unité discursive et dont l’emboitement génère en creux, détaché du contexte et à un autre niveau de réflexion, un étrillage vigoureux de l’ordre social capitaliste. Tout le contraire d’un discours militant bavard, didactique et empesé.

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La création théâtrale à la Havane: Espace de renouveau de la réflexion identitaire cubaine

 

Alvina Ruprecht[1]

 

Le hasard a fait que j’ai pu voir les œuvres de trois metteurs en scène lors d’un séjour récent à la Havane. Leur manière d’aborder des questions concernant l’identité cubaine – de nouveaux rapports avec les traditions afro-cubaines, la discussion sur l’identité sexuelle et les possibilités artistiques d’un renouveau des sources de la pensée révolutionnaire – a révélé l’importance grandissante de la pratique théâtrale en tant qu’espace de réflexion sur les rapports entre l’individu et la société cubaine en général.

Eugenio Hernandez Espinosa, l’auteur de Maria Antonia, un classique contemporain de la littérature dramatique cubaine, a eu la gentillesse de m’inviter à une répétition de sa nouvelle mise en scène de son œuvre. L’événement a eu lieu au théâtre City Hall, siège de sa troupe le Teatro Caribeño de Cuba. Créée en 1967 par le regretté Roberto Blanco (le Grupo nacional el Taller dramático, devenu le Teatro Irrumpe), la production originale de Maria Antonia a représenté Cuba à la première édition du Festival des Amériques à Montréal (1985). Restée gravée dans la mémoire des artistes de l’époque, elle est devenue un événement mythique dans les annales théâtrales cubaines.

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« Miente » ou la vérité de la création


— Par Roland Sabra —

« Miente »

Art et transgression, telle semble être la thématique développée dans le film « Miente » qu’un jeune réalisateur Porto-ricain, Rafi Mercado est venu présenter au CMAC le 09 juin 2011. Voyons l’histoire qui est une libre adaptation d’un roman de Javier Avila, «  Different », avec un scénario écrit par José Ignacio Valenzuela. Un jeune boutiquier d’un magasin vidéo Henry ( Oscar Guerrero) mène la nuit dans on appartement une vie secrète, tournée vers lui-même. Introverti, il dessine et il peint comme pour donner figure à ses fantasmes. Un repli sur soi qu’illustre l’ouverture du film, à savoir une séance de masturbation sous la douche. Très vite on le voit partir dans des rêvasseries suggérées par son dessin d’une femme au corps entièrement tatoué. A partir de là le réalisateur nous engage dans une étrange dérive entre délire et réalité. En effet Henry ne tarde pas à rencontrer dans son magasin une belle cliente pas mal déjantée, Paula ( Mariana Santangelo) au corps tatoué comme par hasard et  dont il s’empressera de peindre tout l’épiderme comme une réplique, un double vivant de son dessin.

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« Le Printemps de la fée Cassandre » de Michèle CAZANOVE

par Scarlett JESUS

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Après La Geste noire : La Chanson de Dendera (l’Harmattan, 2009), Michèle Cazanove vient de publier un second roman, Le Printemps de la fée Cassandre, sous-titré « Un printemps haïtien » (Edilivre.com). Dans ce roman, Alice, la narratrice, prend en charge un récit rétrospectif qui s’adresse à sa fille Cassandre. Ce récit relate l’enfance de Cassandre jusqu’à ses quinze ans, le printemps de sa vie, les relations qu’elle entretient avec sa mère, ainsi que l’univers dans lequel elles évoluaient toutes deux à Haïti.

S’agit-il pour autant d’un « récit de vie », renvoyant au genre du roman d’apprentissage, centré sur le cheminement de Cassandre, désigné comme étant le personnage principal ? Le titre semblerait  l’indiquer. Toutefois, le personnage de la Mère, ses sentiments, ses émotions et les propos rapportés (ceux qu’elle a tenus, ou ceux qu’elle s’autorise au moment de l’écriture), occupent le devant de la scène. Ne serait-elle pas en réalité le véritable protagoniste d’un récit qui relate davantage son propre « apprentissage » de la réalité (celle, générale, de la vie, mais aussi celle, sociale, d’Haïti) que celui de sa fille?

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BITTER SUGAR « La revue nègre contemporaine » de Raphaëlle Delaunay

par Christian Antourel —

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« Si l’on en croit certaines sirènes, la danse jazz serait une éternelle oubliée. Il existe pourtant des manifestations clairement consacrées à ce style de danse, et d’autres qui proposent autour d’elle des alliages inédits »

Autour de Raphaëlle Delaunay, danseuse d’origine antillaise et d’Asha Thomas, danseuse noire américaine de la Compagnie Alvin Ailey. Trois interprètes, toutes de formations différentes, prolongent dans la transposition d’un hip hop métissé de musique électro et de danse africaine, la musique exubérante et l’excentricité d’un jazz déluré et dénudé, éloquent, joyeux et poétique. Qui passe par les corps en éruption et rappelle dans le swing majeur d’un rythme effréné de charleston, de lindy hop, du black botton, du fox-trot , ragtime au piano très syncopé et de shim sham. Autrefois à l’affiche du Savoy, principal dancing de Harlem dans les années 20/30. L’important est de s’amuser, de faire la fête, de rire, par le plaisir de la danse et du rythme. Dans le souvenir, évoquer les esprits, sans nostalgie, des Duke Ellington, Cab Galloway, Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, et Joséphine Baker.

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Le succès des 7èmes RCM tient à sa programmation

 

— par Roland Sabra —

 

 

 

 Le succès des Rencontres Cinémas Martinique ( RCM) tient à la programmation. Parmi les pépites de celle-ci on retiendra tout d’abord  » Take shelter »  de Jeff Nichols, jeune étasunien de 33 ans, avec Michael Shannon, Jessica Chastain, Tova Stewart, Shea Wigham (2 heures). c’est la famille comme lors de son premier film, Shotgun Stories, dont il est encore question. De la famille et de sa fragilité à fleur de peau. Tout parait pourtant bien tranquille et paisible dans ce coin de l »Ohio pour Curtis Laforche , son épouse Samntha et leur fillette Hannah qui souffre d’une surdité dont la mutuelle de Curtis, ouvrier dans les fondations de bâtiments, devrait financer l’opération qui lui rendra l’audition. L’épouse est un modèle étatsunien du genre. Tout semble donc baigner dans la félicité. Pourtant se tapit sous le bonheur une sourde angoisse, un danger imminent, que Curtiss  pressent lors de visions, de cauchemars récurrents qui épargnent son entourage mais qu’il partage avec le spectateur. Agressions canines, accidents de la route, monstrueuses tornades dévastatrices semblent menacer le héros et sa famille.

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