— Par NATALIE LEVISALLES —
Quelques jours avant d’être hospitalisé, Aimé Césaire faisait comme il avait fait chaque jour toutes ces dernières années. Après avoir passé la matinée à la mairie de Fort-de-France où il recevait tous ceux qui voulaient le rencontrer, des mères qui venaient lui présenter leurs enfants aux lycéens qui lui demandaient de l’aide pour un exposé, il mangeait un peu de riz, montait dans la voiture conduite par son chauffeur et partait se promener dans l’île.
L’écrivain Daniel Maximin, qui le connaît depuis près de quarante ans, a fait cette balade avec lui en décembre. Ils se sont arrêtés à l’endroit préféré d’Aimé Césaire, le sommet d’une colline d’où on voit, à droite, la mer des Caraïbes, à gauche, l’océan Atlantique. Ils se sont aussi arrêtés sous l’arbre préféré du poète, un énorme fromager dont les branches et le feuillage traversent la route. Dans un entretien avec Maximin, paru en 1982 dans la revue Présence africaine (1), Césaire raconte qu’il a toujours été fasciné par les arbres. «Le motif végétal est un motif qui est central chez moi, l’arbre est là.