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« Les Bonnes » : « Solange » Aïdoudi éblouissante dans une cérémonie sacrificielle, érotique et religieuse

 — Par Roland Sabra —

Une création foyalaise

Les comédiens et les comédiennes sont des êtres insupportables. Narcissiques, auto-centrés, mégalomanes, d’une redoutable fragilité qui se pare de la robe de l’infantilisme le plus indécrottable, on ne peut que les haïr de ne pouvoir faire du théâtre sans eux. Et pourtant… l’adage est bien connu qui affirme que l’on apprécie les gens que pour leurs qualités alors qu’on les aime pour leur défauts. Jandira de Jesus Bauer a été comédienne, ce qui explique pourquoi elle est sans doute assez folle pour s’embarquer avec trois comédiennes antillaises et monter « Les Bonnes » à Fort-de-France. Le résultat est à la mesure de l’entreprise, décalé, iconoclaste et fidèle, inventif et décapant, mais surtout réussi.

Toute l’œuvre de Genet peut se lire autour de deux axes, le bien/le mal, le masculin/le féminin. « Les bonnes » ont d’ailleurs été jouées plusieurs fois par des hommes. « Sol Ange » est un nom de personnage qui apparaît pour la première fois dans « Notre Dame des Fleurs » et Claire est aussi un signifiant qui renvoie à celui qui quitte le monde laïque pour le monde ecclésial.

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Soweto: la recette d’un succès populaire ambigu

 — Par Roland Sabra —

Soweto texte de Serge BiléComme toute recette de cuisine tout dépend de l’endroit où vous concoctez votre plat. On ne fait pas une bouillabaisse de la même façon à Marseille, à Miami, à Tokyo, à Fort-de-France. Il est important de tenir compte des ingrédients locaux, de ce que vous pourrez trouver sur le marché.

Prenons l’exemple de Soweto, spectacle qu’il est difficile de qualifier, tant il relève de genres indéfinis, (comédie musicale? tour de chant? danses? music-hall? variétés?) et qui a suscité un enthousiasme populaire indéniable à l’Atrium de Fort-de-France. Les trois représentations ont été doublées et chaque fois elles ont fait salle comble.

Serge Bilé, est un journaliste honnête et compétent, et ses papiers retracent, sans compromis, sans flatterie aucune ce qu’il constate, n’en déplaise à quelques nationalo-populistes qui lui contestent ( de quel droit?) sa liberté de parole au fallacieux prétexte qu’il ne serait pas martiniquais d’origine! La bêtise est sans frontière. Sans être historien, essayiste, ni même écrivain Serge Bilé écrit des livres, témoigne. « Noirs dans les camps nazis », qui aurait dû obtenir le prix Essais France Télévision a été écarté à la suite d’une intervention de la responsable des prix littéraires mettant injustement en doute le sérieux de l’ouvrage.

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Zandoli pa tini pat

—  par Selim Lander —

Bestiaire chorégraphique

3-4-5 avril 2008 au Théâtre de Fort-de-France

Décidément, les mauvaises habitudes ont la vie dure. A Fort-de-France où l’on n’est pas submergé par une offre surabondante de spectacles vivants, on observe souvent que les représentations, au lieu de s’étager tout au long de l’année suivant un calendrier harmonieux, sont souvent programmées de façon à se phagocyter mutuellement. A croire que les responsables de la programmation ont suivi des études de sciences économiques et qu’ils en sont sortis convaincus à tout jamais des vertus de la concurrence.

Le 3 au soir pour la première de Zandoli, il n’y avait pas beaucoup plus de 30 personnes au Théâtre de Fort-de-France. Sans doute les afficionados du spectacle vivant s’étaient-ils précipités à l’adaptation martiniquaise de Soweto, présentée exactement aux mêmes dates, 3-4-5 avril à l’Atrium… On espère que les deux soirées suivantes seront plus équilibrées et que l’on verra davantage de spectateurs au Théâtre car il n’est pas normal que des artistes de qualité se produisent devant une salle presque vide.

Claire Moineau dans Crescendo

D’autant que le spectacle offre un prologue, non annoncé sur le programme, qui justifierait à lui seul le déplacement de tous les amateurs de danse.

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« Les Bonnes » de Jean Genet en Martinique : en voilà du propre!

— Par Roland Sabra —

Comment le choix de la pièce vient au metteur en scène?

Épisode 1

Jandira Bauer, metteuse en scène martiniquaise d’origine brésilienne a accepté la présence d’un critique tout au long de la gestation et l’accouchement d’un spectacle. Je vais tenter de rendre compte de cette aventure. Roland Sabra.

Jandira Bauer a consacré sa vie au théâtre. Du Brésil à la Martinique en passant par la France, elle a fréquenté, cotoyé, mais surtout appris auprès des plus grands. De Jean Genet à Ariane Mouchkine. De Jean Genet justement au début dea années 80 qu’elle rencontre comme comédienne dans « Les Bonnes ». Le Maître est imposant, la comédienne impressionnée car au-delà d’un apparent détachement il veille au grain. Jamais il ne donnera l‘imprimatur pour une version définitive de son texte. Ce sera la deuxième version, trois sont connues, deux publiées, la troisième aux archives Loius Jouvet.

Le texte « Les Bonnes », Jandira Bauer un quart de siècle après sa rencontre avec l’auteur, le connaît par coeur. Il n’a cessé de la travailler et, elle, n’a cessé de le travailler tout au long de sa carrière dans de nombreux ateliers.

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« Les Bonnes » de Jandira Bauer : une créatrice marginale et provocatrice, profondément humaine.

« Les bonnes » création à Fort-de-france : homosexualité, religions, candomblé et luttes des classes

Elle arrive à l’heure au rendez-vous, qu’elle a demandé plusieurs fois de déplacer, parée des couleurs du diable : noire et rouge. Martinico-brésilienne, elle a gardé cet accent lent et chanté de son pays natal. La langue a du mal a maîtriser le bouillonnement de l’esprit. Venue parler de sa dernière création «  Les Bonnes » présentée pour la première fois à Fort-de-France, jeudi 10 avril avant Le Festival d’Avignon cet été, elle profite d’une incise sur Jean-Luc Lagarce pour décortiquer, pendant deux bonnes heures, la façon dont il faut lire « Juste avant la fin du monde » qu’elle travaille en ce moment avec des élèves comédiens. Genet, Lagarce, des auteurs à ne pas mettre en toutes les mains et dont Jandira de Jésus Bauer fait son quotidien. Un quotidien qui n’a rien de monotone, son rapport aux textes est charnel, il est fait de sexe, de transgressions, de tendresse, de mise en danger, de passions, et les mots sont à l’avenant, directs, sans fioritures, les formules assassines et drôlement imagées de tournures lusophones, en un mot, un discours d’humanité.

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« Epilogue d’une trottoire » de Alain-Kamal Martial

   — Par Alvina Ruprecht —

une_trottoireMise en scène de Thierry Bédard

Une production de la compagnie Notoire, la scène nationale d’Annecy.

Présentée au Théâtre du Grand Marché de Saint-Denis de la Réunion, 5-8 mars 2008

Équipe technique :
Création sonore : Jean Pascal Lamand

Lumières; Jean Louis Aichhorn

Distribution :

Marie Charlotte Biais – la femme

Joao Fernando Cabral – le fantôme

Le Théâtre du Grand Marché qui a la mission du Centre dramatique de l’Océan indien, se trouve tout au fond du pavillon du « grand marché », comme un bijou qu’on cache pour éviter que les indésirables ne le subtilisent. Pourtant, ce bijou de création scénique ouvre grand ses portes à tous les publics de Saint-Denis de la Réunion, en leur offrant une programmation des plus stimulantes et un lieu de rencontre agréable où artistes et grand public prennent un verre, se côtoient, et échangent des idées. Ce théâtre reçoit souvent les productions d’outre-mer pour alimenter le dialogue artistique au grand plaisir des habitants de la région. C’est dans le contexte de cette programmation ouverte qu’un texte intitulé Épilogue d’une trottoire, œuvre jouée dans le « cycle de l’Étranger(s) » au theatre Notoire (le CDR d’Annecy), a été donné au Théâtre du Grand Marché cette saison.

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« Les mémoires de la faim », par Edouard Glissant

 

« DES IMAGINAIRES NOUVEAUX… »

Le scandale de la faim dans le monde, et de l’irresponsabilité affichée par ceux qui en sont la cause directe, les producteurs mondiaux et leurs systèmes impitoyables de rentabilité, nous oppose la double difficulté du rassemblement des opinions éparses dans l’espace international, et des mémoires des peuples, qui se dissipent rapidement dans les exaspérations de l’actualité.

Ce qu’on a appelé les émeutes de la faim, dans les pays les plus pauvres du monde, émeutes déclenchées par les augmentations brutales des produits de consommation de base, le riz principalement, et dont une des explications les plus scandaleuses, avancée par ces mêmes producteurs, a été que « le marché donne ainsi le signal que la production agricole est insuffisante », explication outrageuse et indigne de l’humanité même la plus basse, nous devons nous avouer, quelques jours à peine après leur explosion, que l’écho s’en dissipe déjà dans les autres torrents de ce qui inlassablement court dans le monde, et que ces émeutes ne sont désormais commentées que dans les pays qui n’ont pas eu (encore) à souffrir de telles famines.

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« Mémoires d’Iles » d’Ina Césaire. Adaptation et mise-en-scène de José Exélis

— Par Roland Sabra—

memoire_d_ilesNostalgie Blues et lutte des classes

Le rideau s’ouvre sur un espace vide dessiné par José Exélis et sculpté par la lumière de Valéry Pétris. Réussite. Elles sont deux, deux de cet âge qui n’a plus nom. Elles sont d’un autre temps, de ce temps où la mémoire de ce que l’on a fait prend le pas sur ce qui reste à faire.. Deux d’un même père, mais l’une mulâtresse et l’autre « mal sortie ». L’une reconnue et l’autre ignorée. Deux sœurs donc, par le père. Impair et passe. Elles vont se laisser aller à remonter le temps. Hermance, truculente, joue la carte couleur, négresse elle est, négresse elle se revendique. Aurore, elle a en mains deux paires, une paire blanche une paire noire. Elle hésitera toujours à jouer. Ambivalence de classe, de l’entre-deux. Elle s’enorgueillit de bien parler français, d’avoir intégrer les codes de la classe dominante, et se révolte à l’assassinat, resté impuni, par un gendarme blanc, de Zizine et Désétages à la veille d’un scrutin municipal : « Élections sans incident » dira la presse à la botte.

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« Les souvenirs de la dame en noir », monologue de et par Maïmouna Gueye

—- Par Laurence Aurry —

(Spectacle joué dans la salle Frantz Fanon de L’Atrium, le jeudi 13 mars 2008)

souvenirs de la Dame en noirC’est un cri de souffrance, c’est un souffle de liberté, c’est le théâtre de Maïmouna Gueye. Le monologue de la dame en noir est en réalité un écho de toutes les voix des femmes africaines qui ont vécu le mépris, les mutilations, l’oppression. De l’excision, au mariage forcé, à l’avortement, Maïmouna chante et pleure le triste destin de ces femmes, véritables objets sexuels. Avec beaucoup de violence mais aussi de poésie, d’humour et de dérision, le texte nous interpelle vigoureusement. Le jeu volontairement changeant, heurté, les nombreuses adresses aux spectateurs, l’alternance des tonalités donnent au monologue un réel dynamisme.

La dame en noir semble avoir perdu la raison. Elle pourrait être une de ces sans papiers misérables, qui vivent dans des squats infâmes, c’est du moins ce que suggère la scénographie avec la grosse poubelle, les détritus répandus sur le sol et ce qui ressemble à un lit de fortune, ainsi que ses vêtements déchirés. Elle a fui l’enfer pour vivre dans un autre enfer.

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 » Les Souvenirs de la dame en noir  » : Super-Nana à l’Atrium !

— par Selim Lander —

 On attend du comédien, surtout lorsqu’il se présente seul en scène, les qualités qui lui permettront d’imposer sa personnalité au spectateur. Le comédien n’est pas là pour enseigner, il n’a pas besoin de nous captiver par la profondeur de son discours. Nous voulons qu’il nous subjugue par sa présence, par son jeu, bref par son talent d’acteur. Les spectateurs qui auront eu la chance d’assister au spectacle de Maïmouna Gueye jeudi 13 mars 2008 à l’Atrium de Fort-de-France auront été, à cet égard, plus que comblés.

 Maïmouna Gueye a commencé le théâtre très jeune dans son Sénégal natal avec Gérard Chenet, auteur et metteur en scène d’origine haïtienne, qui lui a offert en particulier le rôle d’Antigone, puis elle est allée faire ses classes au conservatoire d’Avignon. On l’a vue dans quelques films puis, en 2003, elle a écrit et créé Les Souvenirs de la dame en noir, spectacle avec lequel elle continue de tourner, en alternance avec un autre « one woman show » plus récent, Bambi, elle est noire mais elle est belle, créé en 2006.

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« Les 16 de Basse-Pointe » : quand le sucre a le goût du sang

— par Roland Sabra —

Tournage avec René Polomat
Tournage avec René Polomat

« Manmay kouté, kouté sa ki pasé, sé té an mars, an mars 48».». La chanson de Kolo Barst pourrait, hélas être adaptée à de nombreuses situations en Martinique, tant le pouvoir colonial s’est inscrit avec un alphabet de sang et de feu sur le corps du peuple martiniquais. Le 04 mars 1948 au Carbet les gendarmes tirent sur des ouvriers en grève sur l’habitation Lajus. Trois morts. Le crime restera impuni. C’est dans ce contexte et dans un climat général de répression du mouvement ouvrier, diligentée par le pouvoir socialiste que le 06 septembre 1948, le petit béké Guy de Fabrique, administrateur de la plantation Leyritz, provoque arme au poing, en compagnie de trois gendarmes un groupe d’une soixantaine de grévistes. Désarmé il s’enfuit, puis est rejoint par un petit nombre d’ouvriers agricoles. Trois coups mortels lui sont portés suivis d’une trentaine d’autres. Un béké a été assassiné! La nouvelle est incroyable, habituellement ce sont les nègres que l’on assassine, mais là c’est un blanc créole, pensez-donc!! Dans les jours qui suivent 16 hommes sont arrêtés sans preuve, incarcérés trois ans avant d’être jugés dans l’ancien port négrier de Bordeaux.

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Aimé Césaire ne meurt jamais

par Olivier Larizza

 

aime_cesaire-9_300Il est la référence cardinale. Le poteau mitan universel. Déifié de son vivant, mythifié même. Césaire apparaissait — pardon : il apparaît — comme immortel. Il tient du surhumain, de la surnature. Une figure tutélaire qui veille sur son peuple ad vitam aeternam. Rien ne devait lui arriver. Il était aussi vieux qu’un dieu. Solide et inamovible comme un monument. Césaire ne disparaîtra jamais de la surface de son île, de cette terre. Les Martiniquais mettront longtemps à réaliser qu’il est réellement décédé tant il échappe à la condition matérielle par toute la force symbolique et rayonnante qu’il recèle.

 Césaire, en effet, est le grand et le seul Papa de ce peuple. Il a su, politiquement et littérairement, faire valoir son discours et son chant dans la relation complexe avec la mère-patrie France. Césaire a pris la parole et cet acte en lui-même suffit. Il est performatif. Il consacre la force de la rhétorique, si prégnante dans les Antilles. En prenant voix au chapitre de l’Histoire et de l’Histoire coloniale en particulier, Césaire a signifié que lui, et le peuple qui se reconnaissait en lui, existaient pour eux-mêmes.

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« Mademoiselle Julie » : Pères, ne laissez jamais vos filles seules les nuits de Saint-Jean!

— Par Roland Sabra —
Michèle Césaire continue d’explorer les relations maître-serviteur. Après nous avoir présenté un Jacques le Fataliste très sage, elle nous offre aujourd’hui une Mademoiselle Julie tourmentée. Le tourment accompagne d’ailleurs la vie de Strindberg, auteur de la pièce et inventeur du théâtre moderne.

La pièce est un huis clos de trois personnages qui pousse au suicide une jeune fille la nuit des feux de la Saint-Jean. Mademoiselle Julie est une jeune fille qui appartient à à une noblesse d’épée sur le déclin. Jean est un domestique qui imagine échapper à sa condition par l’entremise d’une liaison avec la fille du Comte, sous les yeux de la cuisinière Christine, sa promise. Jeu de dupes à la fatale issue. Déjà enfant, le domestique croyait aimer Julie quand il n’était attiré que par les richesses, le château et les soins de la jeune fille. Il rêvait d’ascension sociale, elle vivra une descente aux enfers. A la transgression sociale s’ajoute une transgression des rôles sexuels, puisque c’est elle Julie qui prend l’initiative de séduire son domestique. On retrouve dans la pièce toute l’ambivalence de Strindberg vis à vis de ses propres parents.

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La Julie présentée à Foyal n’était pas Mademoiselle!

— Par Roland Sabra —

Mademoiselle JULIE est une leçon de sociologie sous la fausse apparence d’un divertissement. C’est là toute la différence entre un théâtre militant, didactique, pesant qui noie le divertissement dans la leçon démonstrative et le théâtre de réflexion qui, se présentant d’abord comme un divertissement, amène le spectateur à s’interroger, à penser. Un espace est constitué entre la scène et la salle que le spectateur aura la possibilité, le loisir et pas l’obligation, de traverser par un processus d’identifications plus ou moins conscient non pas à des personnages, mais à des situations vécues, incarnées par des comédiens. Ce qui est asséné d’un côté est laissé à la liberté d’appropriation de l’autre. Distinction entre texte de propagande et texte à thèse, éloge de la distanciation surtout quand elle est brechtienne. Parvenir à cette magie assure à la pièce sa pérennité. C’est pourquoi on peut toujours jouer Sophocle et quelques autres.

La JULIE de Stindgerg n’a pas pris une ride. Elle est de tout temps, de toute éternité, de tout lieu à tel point que c’est à se demander pourquoi un metteur en scène antillais ne l’a pas encore adaptée, transposée, créolisée.

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Marie Reynier, Rectrice de l’Académie de Martinique et le « stock » des Contrats-Aidés Le mot de trop!

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— par Roland Sabra —

Edito du 28/02/2008

 Ambiance tendue le jeudi 21 février 2008 au Rectorat de l’Académie de Martinique où la Rectrice, Marie Reynier, recevait les acteurs du système éducatif mobilisés contre la suppression des  postes occupés par des Contrats-Aidés (C-A). Il s’agit là d’emplois précaires à durée limitée, qui ont été créés en 2005. Une partie du débat porte sur la nécessité ou non de ces emplois. Pour Marie Reynier ces emplois relèvent d’un programme politique d’insertion qui relève d’une logique autre que la seule prise en compte des besoins de l’Education Nationale, pour preuve, selon elle, le calcul de ces ouvertures d’emplois, qui repose sur le nombre de Rmistes enregistrés et non sur un recensement des nécessités éducatives. Ces créations d’emplois précaires sont intervenues alors que loi du 13 août 2004 a transféré aux départements et aux régions la gestion des personnels techniciens, ouvriers et de services (TOS) des collèges et des lycées. Contrairement au texte constitutionnel ce transfert n’a pas été accompagné des moyens financiers adéquats. La Région et le Département n’ont donc pas pu, ou pas voulu, doter les établissements scolaires des TOS nécessaires à leur bon fonctionnement, pariant sur le détournement par les chefs d’Etablissement des tâches éducatives des Contrats-Aidés, en surnombre(sic!)

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« Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée », d’Alfred de Musset

— Par Laurence Aurry —

par Laurence Aurry

  En tant que simple amatrice de théâtre, je voudrai juste vous faire part de mes impressions concernant la pièce de Musset, jouée vendredi et samedi 22 et 23 février, dans la petite salle de l’Atrium.

Je vous avoue qu’une mise en scène de Yoshvina Médina me laissait espérer un plus agréable moment.

D’abord le choix même du texte surprend, une œuvre peu connue, Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, et pour cause ! Le titre résume assez bien le bavardage de cette pièce en un acte, proche du marivaudage mais n’en possédant pas toute la saveur. Pourquoi ce texte désuet alors que le répertoire de Musset offre tant d’œuvres passionnantes et que le théâtre contemporain regorge de pièces courtes autrement plus intéressantes ? Veut-on ramener le public dans les salles ou définitivement signer l’arrêt de mort d’un art déjà moribond ?

Que dire de la mise en scène et des costumes ? On a pu lire dans la presse que Médina signait là « une mise en scène aux accents bruts de modernité ».

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Institut Régional d’Art Visuel de la Martinique : l’impossible mariage entre l’art et la politique.

— Par Bruno Serinet —

L’institut Régional d’Art Visuel de la Martinique ( I.R.A.V.M.) se trouve dans une situation très difficile voire désastreuse. Confronté à l’incontournable nécessité de se renouveler en profondeur du fait des réformes européennes de l’enseignement supérieur, ce jeune établissement d’à peine vingt-quatre ans végète pourtant et vit au jour le jour. Les élus du Conseil Régional qui en ont la charge, méprisant sans aucun doute l’art et plus généralement tout ce qui invite à penser, pratiquent l’immobilisme et se contentent de gérer les affaires courantes.

Les enseignants ont toutefois obtenu le départ du directeur en juillet 2007 mais depuis aucun concours n’est organisé pour le remplacer. Une direction intérimaire a bien été nommée mais elle n’a pas la compétence pour penser un nouveau projet pédagogique et n’est pas indépendante par rapport au pouvoir politique.

L’absence d’orientation cohérente pour permettre à cette institution de jouer le rôle qu’elle mérite, le manque de volonté évident de lui donner les moyens de continuer à exister, l’opacité avec laquelle est gérée la dotation de plus de trois et demi millions d’euros qui lui est accordée chaque année par le Conseil Régional de la Martinique, tout cela est source de colère et d’indignation pour bon nombre d’enseignants et de personnes qui travaille en son sein.

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Haïti, point focal de la Caraïbe, par Édouard Glissant*

La question que je me pose est double. Je ne voudrais pas que nous regardions Haïti seulement sous l’angle du passé, quoique ce passé soit glorieux. Nous savons tous que Haïti, du point de vue de l’importance historique, est la terre mère des Antilles et de la Caraïbe, mais il me semble qu’il faut dépasser cette perspective et je suis plutôt intéressé par les énormes potentiels artistiques et culturels d’un pays qui a tellement souffert de la misère et de l’absence d’infrastructures. Il me semble qu’il y a là un miracle permanent sur lequel il faut jouer et, par conséquent, célébrer l’histoire d’Haïti, mais aussi la dépasser et voir les perspectives de création et peut-être aussi les capacités de fédération d’Haïti. Car ce qui est, peut être, un des points, un des principes qui réunit tous les acteurs de la Caraïbe est la reconnaissance d’Haïti comme point focal de la région.

Par conséquent, voici la question que je me pose : est-ce que nous pouvons, nous autres, Caribéens créolophones, anglophones, francophones, hispanophones et les autres, nous retrouver en Haïti dans tous les sens du terme ?

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L’Afrique répond à Sarkozy

Contre le discours de Dakar

14,5 x 22 cm, 480 pages, 19,80 € ISBN : 978-2-84876-110-7

 

Le 26 juillet 2007 à Dakar, lors de sa première visite en Afrique subsaharienne,Nicolas Sarkozy a profondément blessé les Africains par un discours qui se voulait pourtant amical. Son adresse « fraternelle » à la jeunesse du continent, supposée fonder la nouvelle politique africaine de la France, n’a en effet trompé personne. Elle est vite apparue comme une grossière tentative de maquiller publiquement en oeuvre de bienfaisance les crimes de ses ancêtres.

 

Les paroles de Nicolas Sarkozy, émaillées de clichés racistes, ont été centrées sur un mythique homme africain, sur l’âme de l’Afrique, sur la Renaissance africaine, dont il fait du reste une lecture bien suspecte.

 

Rien sur le rôle réel de l’Europe et des institutions financières internationales dans l’appauvrissement de ce continent. Aucune allusion aux régimes « kleptocrates » et férocement dictatoriaux, soutenus par les différents gouvernements français depuis les « indépendances ». L’Afrique vilipendée à Dakar par Nicolas Sarkozy,  c’est celle du pacte colonial, fragilisée par la Françafrique dans un monde de plus en plus organisé et cupide.

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La théorie du jeu appliquée au changement climatique : action collective et intérêts personnels

 Biodiversité et climat

climatsDes chercheurs des Instituts Max Planck de biologie évolutive et de météorologie se sont posés la question suivante : comment les hommes peuvent-ils être incités à lutter ensemble activement contre le changement climatique? Pour y répondre, ils ont simulé le « dilemme social » – dû à la divergence des intérêts particuliers et collectifs – auquel les hommes se trouvent confrontés dans le cadre du changement climatique. Leurs travaux ont mis en évidence qu’un objectif commun de protection du climat ne pouvait être atteint que si chaque personne était convaincue que, sans action, elle serait très probablement personnellement touchée par les répercussions du changement climatique.

Le problème de la « tragédie des communs » se pose pour de nombreux biens communs. Il se résume ainsi : les bien communs sont gratuits pour tous, et, par conséquent, peu de gens les utilisent avec égards. Ainsi, par exemple, une réduction des rejets de gaz à effet de serre, qui permettrait de limiter les conséquences dramatiques du changement climatique, serait avantageuse pour tous, puisque le réchauffement climatique touche tout un chacun.

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5O ans après Frantz Fanon : les apports de sa pratique clinique en Algérie auprès des victimes de guerre et de torture »

par Michel Grappe —

 

Penser aujourd’hui à partir de Frantz Fanon, Actes du colloque Fanon

Fanon F psychiatre d’origine antillaise, homme engagé dans la lutte contre le colonialisme est un fin observateur des comportements humains quand l’individu est aliéné par la domination d’un système politique (voir le nègre et la psychopathologie : Peau noire masques blancs) et des réactions psychopatlogiques de l’homme confronté à la guerre, à la torture.(Guerre coloniale et troubles mentaux : Les damnés de la terre).
Le vaste savoir de Fanon F « comprendre et décrire l’homme qui souffre » est nourri de lectures et d’expérience sur le terrain. Un premier livre a dû le stimuler dans son combat : Les Jacobins Noirs de James CLR publié en 1938 traduit en 1949 en français. Cet ouvrage raconte la libération de St Domingue par Toussaint Louverture victorieux des troupes napoléoniennes en 1802 puis la trahison française qui entraîne sa perte et le rétablissement de l’esclavage (qui avait été aboli en 1793).Fanon F républicain déclaré comme Toussaint Louverture, devra aussi déchanter de la France, en 1940 quand la guerre est déclarée :
Les Antilles accueillent l’Amiral Robert parti de Brest avec une partie de la flotte de guerre française.

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Le temps des « mères porteuses »

La psychanalyste Geneviève Delaisi de Parseval, spécialiste de l’assistance médicale à la procréation, estime indispensable d’autoriser la pratique de la gestation pour autrui (GPA) en France.
La gestation pour autrui (GPA), qui s’adresse en premier lieu aux femmes présentant une pathologie utérine, va-t-elle entrer dans l’arsenal courant de la lutte contre la stérilité ? 

Très probablement. Environ 10 000 bébés conçus dans le cadre d’une GPA sont nés aux Etats-Unis depuis une vingtaine d’années, et cette pratique est désormais autorisée dans de nombreux pays. Depuis la première fécondation in vitro (FIV, 1984) et le premier don d’ovocyte (1988), la fonction maternelle, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, peut ainsi se répartir entre trois femmes distinctes : la mère « d’intention » (qui élèvera l’enfant), la mère « génétique » (qui donnera l’ovocyte si besoin est) et la mère « gestatrice », terme aujourd’hui préféré à celui de « mère porteuse ». Ces nouvelles façons de faire des bébés vont d’autant plus se développer que personne, aujourd’hui, ne supporte l’infertilité. Pas plus les médecins « fivistes » que les couples parentaux.

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Rap et politique

— par Roland Sabra —

Editorial du 07 février 2008

Poster-Tabou

Le rap a trente-trois ans, l’âge du Chirst, mais s’il grimpe c’est au box office pas sur le Golgotha. Il est né à New York de joutes verbales, plutôt poétiques dans les prisons et franchement militantes sur les trottoirs du Bronx, du Queens ou de Brooklyn. N’en déplaise aux rombières c’est un mouvement artistique complet, un mode de vie, le hip hop. A la musique se joignent la danse, break, smurf etc., l’expression picturale, graffitis, tags et des codes vestimentaires et comportementaux déterminants, baggies, look XXL, bijoux en or et rollex ostentatoires. La généalogie du rap est rhizomatique, elle emprunte à la fin des années soixante aux Last poets, un collectifs de jeunes noirs militants qui clament en musique leurs révoltes à caractère politique, mais elle est reliée aux sounds systems jamaïquains et à leurs discos mobiles qui parcouraient l’île sono hurlante pour faire connaître les derniers tubes. Au milieux des années soixante-dix dans le Bronx, un surnommé Kool Herc organise une fête et a l’idée d’utiliser deux platines pour mieux assurer l’enchainement des morceaux et faire durer les breaks, ces moments où ne reste que le tempo, le beat.

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« Mon » vieil homme et « ma » mer…

 IMPROMPTU avec Aimé Césaire

— Par Marie-Andrée Ciprut —

 

 Il commença par s’excuser et se plaindre de sa santé chancelante car il souffrait déjà du poids des ans. Nous avons craint le pire en pensant tout bas : « ça y est, nous voila pris au piège de ce radoteur qui va nous parler de ses petits bobos : pourvu que cela soit bref ! » Car lorsque l’on passait la porte du bureau de ce vieux sage, on ne savait jamais au préalable combien de temps allait durer l’entretien qui pouvait varier d’un quart d’heure à une heure ou deux, rarement plus, selon l’intérêt qu’Aimé Césaire portait à son hôte. Pour nous, ce fut une heure trente de pur bonheur, moments d’exception voire d’extase en mars 2005, durant lesquels il nous a entraînés dans le tourbillon de sa vie prolifique, son œuvre pluridimensionnelle, sa pensée si lucide, à travers certains souvenirs qu’il a reliés aux miens…

 Un homme politique engagé

 Il fut une figure incontournable du XXème siècle pendant ses 56 années à la tête de la mairie de Fort-de-France, ses 48 ans de députation, et plus tard au cours de sa longue retraite.

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Le GRAF-M et « l’emprise »

 — Par Roland Sabra —

Le GRAF-M , Groupe d’Action et de Recherche Féministe de Martinique est né d’une démarque de l’UFM, Union des Femmes de Martinique. Mais la double appartenance est possible. Petite structure, comparée à l’UFM, la nouvelle association revendique une plus grande indépendance à l’égard des organisations politiques et sans doute, parce que la nature même de la divergence est difficile à apprécier, une approche différente des rapports hommes/femmes. Le vendredi 18 janvier la foule se pressait à l’invitation de cette jeune organisation pour débattre, en présence de Fabienne Frémeaux, membre du Graf-M et auteure de «  Comment je me suis faite arnaquer par mon psy », de l’emprise.

Le titre même de l’ouvrage est discutable, il s’inscrit dans la longue série des attaques frontales menées contre la psychanalyse depuis le « Livre noir de la psychanalyse » en passant par les tentatives de réglementation de l’activité des « psy » et autres promotions des Techniques (le mot est juste!) comportementalo-cognitivistes1. Mais l’amendement Accoyer à l’origine de cette loi de police a conduit à une impasse.

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