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« Lectures dramatiques » dans les jardins du théâtre

— Par Laurence Aurry —

Il faut saluer l’initiative d’ETC Caraïbe et remercier Michèle Césaire et le Théâtre de Fort-de-France pour les lectures dramatiques publiques organisées dans les jardins du théâtre les 8 et 9 avril derniers.ETC Caraïbe ( Ecritures Théâtrales Contemporaines en Caraïbe) est une jeune association dynamique qui s’est donné pour mission de susciter et de promulguer la création dramaturgique dans le bassin caribéen. Depuis quatre ans, elle organise des concours d’écriture permettant l’émergence et la révélation de jeunes talents. En partenariat avec le Rectorat et la DRAC, elle a mis en place dans les établissements scolaires et les prisons des rencontres avec des metteurs en scène, des acteurs et des auteurs confirmés. Dans les locaux de Fonds Saint-Jacques, éditeur, auteurs dramatiques viennent régulièrement animer des ateliers d’écriture pour les apprentis-dramaturges.

ETC Caraïbe œuvre à l’ouverture et au métissage culturels. Avec ces intervenants de tous horizons (cubains, vénézueliens, canadiens, français, africains…) et ses actions dans de nombreuses villes en France (Paris, Avignon, Toulouse…) et à l’étranger (Montréal, Caracas, bientôt New York…) ETC Caraïbe offre une chance extraordinaire de faire rayonner notre culture insulaire et de nous ouvrir au monde.

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« La petite maîtresse » de Dominiqque Sels

 

Invitée d’un salon mensuel des « Amis de Jean-Baptiste Botul », la romancière Dominique Sels publie La Petite Maîtresse, dialogue qui fait revivre cette soirée. Le préambule, intitulé « Les Arlésiens », est inspiré par « ce philosophe insaisissable qui porte le prénom de Molière et ressemble à Socrate ». L’auteur y étudie la catégorie des Arlésiens, personnages littéraires ou de fantaisie qui, tels Socrate au banquet, déclarent n’être « rien », ou telle l’Arlésienne d’Alphonse Daudet, ou Dulcinée chez Cervantès, ne se montrent pas, sont en creux, et catalysent les passions. La causerie est ensuite largement consacrée à un autre thème, issu lui aussi d’une lecture du Banquet de Platon : les amours avec écart d’âge (d’où le titre La Petite Maîtresse), amours célestes dont les fruits sont des livres, des tableaux, des carrières, plutôt que des enfants. Tournées vers la création plutôt que vers la procréation, ces amours étaient dans l’Antiquité strictement masculines. Dominique Sels, qui en appelle à la notion de neutre, les étend à des personnes d’un genre indifférent. Ces amours intéressent par conséquent la fécondité artistique et intellectuelle des femmes, relativement récente.

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Un projet de GDF-Suez met en danger les dernières tribus isolées d’Amazonie,

par Jean-Marie G. Le Clézio et Jean-Patrick Razon —

gdf_suez_amazonieLe groupe GDF-Suez a entrepris en 2008 la construction de l’un des plus grands barrages du Brésil. D’une capacité de 3 300 MW, le barrage de Jirau, qui devrait entrer en exploitation d’ici deux ans, fait partie d’un programme controversé qui prévoit la construction de quatre centrales hydroélectriques dans le bassin de la rivière Madeira, un affluent de l’Amazone. Ce projet, le plus important d’Amérique latine à l’heure actuelle, s’inscrit dans le « Programme de croissance accélérée » lancé en 2007 par le président Lula : il représente plusieurs centaines de kilomètres carrés de retenue d’eau, dont 258 km2 pour le seul barrage de Jirau ; il menace non seulement la diversité biologique et socioculturelle de la région, l’intégrité des territoires occupés par les peuples indigènes, les communautés riveraines et d’autres populations locales vivant dans la région du bassin de la Madeira, mais aussi la survie même de certaines des dernières tribus isolées du monde.

Principal affluent de l’Amazone, la Madeira est située dans l’Etat du Rondônia, au nord-ouest du Brésil.

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Le francophone est-il une langue étrangère ?

par Hubert Haddad

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Etre un francophone qui a réussi, c’est avoir sa résidence intellectuelle secondaire à Saint-Germain-des-Prés

   Même si la pesanteur et les réflexes néocoloniaux demeurent inhérents à toute position dominante, on ne peut guère affirmer que les médias, l’édition, le public, bref la France dite métropolitaine, ait une représentation post-coloniale de ce qui se passe dans le vaste ailleurs de la langue française. C’est davantage d’une perception et d’un positionnement élitistes qu’il s’agit, celui d’un certain jacobinisme intellectuel, du parisianisme pour tout dire, mode sélectif d’exaltation des différences cher au protectionnisme, à l’occasion caudataire de la bourgeoisie éclairée.

Le désaveu implicite pour les expressions littéraires extra-territoriales rappelle celui qui avait cours naguère, en direction des provinces françaises : un écrivain isolé dans le Cantal ou l’Ardenne avait peu de chances d’exister un jour s’il ne montait pas à Paris, dans la foulée d’un Lucien de Rubempré. Rimbaud était considéré comme un rustre par Banville et sa coterie. Les poètes maudits sont presque tous des horsains, des provinciaux présomptueux.

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« EIA » : les noces blanches du théâtre et du slam

— par Roland Sabra —

Les metteurs en scène Eric Delor et josé Exélis nous proposaient le 31/03/10 à L’Atrium une version revisitée, plus épurée de « EIA » crée en juin 2009 à l’occasion de l’anniversaire d’Aimé Césaire. L’originalité de la démarche consiste à essayer une alliance entre le théâtre et le slam. Le slam, dont on a pu entendre une belle prestation il y a peu à l’Atrium avec « Grand corps malade » relève à l’origine de la joute oratoire. La rythmique du poème procède par assonances, allitérations, onomatopées et répétitions consonantiques. Les champs lexicaux mêlent avec plus ou moins de bonheur les registres du familier et du soutenu, de l’argot et de la préciosité, le verlan et les anglicismes. Du point de vue argumentatif dominent l’apostrophe et l’impératif, modes d’expression d’une violence dénonciatrice des injustices sociales. La forme semble en parfaite adéquation avec la dénonciation du colonialisme, du racisme, de l’esclavage, de l’oppression, de la société de consommation etc., ces thématiques lancinantes et récurrentes que tout artiste antillais se doit d’arpenter s’il veut se faire un chemin.

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Une Biennale de danse à Cuba

  — Par Raphaël de Gubernatis —

malsonPour créer des liens et stimuler des échanges entre artistes très isolées des grandes et petites Antilles, Cultures-France a créé une Biennale de danse Caraïbes à la Havane.

La seconde édition de cette entreprise militante et généreuse s’est heurtée à la triste réalité du terrain. Elle n’aura probablement pas de suite.

Au fond, tout a débuté par une mission de Cultures France, le fer de lance de l’action culturelle du Ministère des Affaires étrangères. Une mission menée par Sophie Renaud dans la myriade d’îles qui courent entre les deux Amériques, de la pointe du Yucatan aux rivages du Venezuela et des Guyanes. Des îles jadis colonisées par les Espagnols, les Portugais, les Français, les Anglais ou les Hollandais, dont on prit bien soin de massacrer les populations aborigènes que remplacèrent bientôt des Africains arrachés à leurs terres, et bien plus tard parfois des Indiens ou des Chinois, mêlés aux Européens. Des îles on l’on parle espagnol, français, anglais, créole, peut-être même encore flamand….ou mandarin. « Un formidable laboratoire de la diversité culturelle » s’extasie justement Sophie Renaud, « mais dont on ne prend pleinement conscience qu’en volant d’île en île et en y rencontrant jour après jour artistes et personnels politiques ».

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C’est la question qui importe

— Par Dany Laferrière —

 

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Dany Laferrière

Dans quelle langue écrivez-vous ?, me demande Le Monde. Bien sûr le mot langue qui tient un certain nombre d’écrivains, ceux du Tiers-monde notamment, à la porte de la littérature – on arrivera un jour à la question du style -, est encore là, mais la vieille question a changé si radicalement de forme que j’ai dû la relire trois fois pour bien la comprendre.

J’étais habitué à ce qu’on me fasse le reproche de ne pas écrire dans ma langue maternelle. Comme si un huissier m’indiquait brutalement que le terrain sur lequel je venais de construire ma maison ne m’appartenait pas. Avec cette dernière question, j’ai l’impression d’avoir enfin le choix. Un vent frais. Et si je la garde un peu dans ma main, la retournant dans tous les sens, comme un enfant fait avec un objet étrange et beau qu’il vient de trouver et dont il se demande à quoi ça peut bien servir, c’est que je veux savourer le moment. En vingt-cinq ans de présence sur la scène littéraire, c’est la première fois que je ne me gratte pas l’avant-bras avant de répondre à une question.

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« L’orchidée violée »: tout est à faire

— Par Roland Sabra —

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Photos Philippe Bourgade- Tous droits réservés.

José Exélis est un metteur en scène martiniquais des plus talentueux. Il nous a présenté l’esquisse de l’esquisse d’un travail  sur un texte de Bernard Lagier avec deux personnages incarnés par Amel Aïdoudi et un musicien Alfred Fantone Si le texte de Bernard Lagier est marqué de quelques envolées lyriques, de quelques belles images, sa construction demeure un peu confuse et le fil du propos n’en n’était que plus difficile à suivre.  Le travail à peine commencé de José Exélis, cinq services de répétition tout au plus pour  se présenter devant le public, s’appliquait donc à un texte  lui-même un peu brouillon. On devinait qu’il était question d’inceste et de liens forcément ambivalents entre la mère et l’enfant issu de ce drame. Amel Aïdoudi qui peut être admirable quand elle est dirigée peut être aussi insupportable quand elle est livrée à elle-même sur un plateau. C’était le cas. Dans ce genre de situation elle s’accroche à sa belle tignasse comme à une bouée de peur de couler sous le texte qu’elle ne peut faire vivre faute de se l’être approprié préalablement.

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Kanel Brosi : le temps de la maturité

— Par Roland Sabra —

kanel_brosi_sculpturesKanel Brosi expose jusqu’au 27 mars, de 10 à 19 heures, à l’Atrium en compagnie de la peintre Nicole Décoté, dont on peut voir une toile ci après. Si l’œuvre de la peintre semble porter le sceau d’une recherche toujours en mouvement celle de la sculptrice semble marquée par la « trouvaille » et la maturité. Elle a accordé un entretien à Roland Sabra.

 Roland Sabra : Kanel Brosi, depuis quand cette passion pour la sculpture à partir de bois flottés ?

Kanel Brosi : Passion oui, bois flottés pas seulement, puisque, quand j’étais petite fille, j’étais toujours perchée dans les arbres : je me pendais à l’envers aux branches en me cachant, et on me cherchait. J’ai toujours aimé le bois. Mais j’ai vraiment découvert les bois que l’on a en Martinique depuis 15 ans, à mon retour ici : j’ai redécouvert que l’on avait véritablement des trésors de bois, que j’ai commencé à accumuler.

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Un tiers des installations photovoltaïques sont à risque

Plus d’une installation photovoltaïque sur trois souffre d’un défaut de conformité avec les normes de sécurité, engendrant un risque d’électrocution ou d’incendie. C’est le message d’alerte que lance le Comité national pour la sécurité des usagers de l’électricité (Consuel). Un organisme, reconnu d’utilité publique et placé sous la tutelle de la direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), dépendant du ministère de l’écologie et de l’énergie, qui a pour mission de vérifier la conformité des installations.

Ce comité vient de rendre public le bilan des contrôles qu’il a effectués en 2009. Sur 2 341 installations photovoltaïques passées au crible, 864, soit 37 %, ne satisfont pas aux règlements et normes de sécurité en vigueur. Ce pourcentage marque un léger progrès par rapport à 2008, où 45 % des équipements contrôlés avaient été épinglés. Mais, compte tenu de la forte croissance du parc, le nombre d’installations hors normes est en réalité en hausse. Encore le Consuel n’a-t-il expertisé que 8 % des quelque 30 000 nouveaux systèmes photovoltaïques mis en service en France en 2009.

Dans la très grande majorité des cas, il s’agit d’installations de faible puissance, inférieure à 3 kilowatts.

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Le bilan désasteux d’AMJ : réponse à Jean Crusol

— Par Michel Branchi, Economiste et ancien Commissaire de la Concurrence et des Prix

Ce texte nous est transmis par Michel Branchi, économiste et membre du Bureau politique du PCM. Politiques Publiques n’avait pas en son temps reçu ni publié le texte de Jean Crusol, auquel Michel Branchi fait référence. Vous le retrouverez, pour une lecture complète, dans la seconde partie de cet article.

Une contre-vérité scientifique : La Région Martinique n’a pas « cassé la croissance économique ».

chiffres Afin de rendre le président de la Région sortant responsable de la crise que vit le pays, son concurrent direct a utilisé les services de Jean Crusol, agrégé d’économie, ancien premier secrétaire départementaliste de la Fédération socialiste ayant voté contre la collectivité unique en décembre 2007. Ce dernier a produit un libelle virulent intitulé « le bilan désastreux du président sortant de la Région Martinique diffusé sur internet et dans « Le Progressiste » (n° 2010 du 3 mars 2010).

Le professeur Jean Crusol accuse Alfred Marie-Jeanne d’avoir « cassé la croissance économique de la Martinique », notamment en ayant réduit l’investissement régional de 10 % au début de sa première mandature en 1998 et 1999 et en ayant choisi de rembourser la dette régionale en deux ans, soit 137 millions d’euros.

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Bach fut-il un jeune homme capricieux ?

— par Selim Lander — 

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J.-S. Bach en 1715

 

La Disgrâce de Jean-Sébastien Bach
de Sophie Deschamps et Jean-François Robin

Le comédien Serge Barbuscia, après s’être mis en scène lui-même devant les spectateurs de l’Atrium dans J’ai soif, a proposé au même public une production de sa compagnie, le Théâtre du Balcon, conçue à partir d’un épisode réel de la vie du compositeur Jean-Sébastien Bach (1685-1750). L’anecdote se situe en novembre 1716. Notre héros, encore jeune mais déjà célèbre compositeur, est au service du prince de Weimar. Davantage préoccupé de suivre son génie que les desiderata de son maître, il finit par s’attirer les foudres de ce dernier qui l’enferme dans un coin de son palais. Il ne sortira pas de sa prison tant qu’il n’aura pas livré une cantate pour le 1er dimanche de l’Avent.

Une note des auteurs nous renseigne sur leurs intentions. Leur texte, écrivent-ils « traite du combat de Bach contre l’obscurantisme et sa lutte pour une création sans contrainte ». Une autre note, du metteur en scène cette fois, précise sa lecture du personnage.

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Le Bilan Désastreux d’Alfred Marie-Jeanne,

 — par Jean Crusol —

bilan « Le président sortant de la région Martinique, avec ce qui lui reste de zélateurs, sillonne la Martinique en répétant : « j’ai un bon bilan, je n’ai pas endetté la région, j’ai même des excédents, je mérite que l’on me confie une troisième fois la région » sous-entendu « en dépit de toutes mes turpitudes à la Dominique, à la Grenade et ailleurs ».

Il est grand temps de tordre le cou aux fausses vérités et aux âneries que le sortant prétend présenter comme des preuves de bonne gestion.

Comment il a cassé la croissance économique de la Martinique ;

Sous prétexte de résorber un hypothétique déficit – alors que les finances régionales étaient parfaitement saines- le sortant a passé les deux premiers budgets de 1998 et 1999, à désendetter massivement la région. 137 millions d’euros furent ainsi remboursés en deux ans. Ce qui prouve, au-delà du conservatisme et de l’incompétence du personnage, en matière financière et budgétaire, qu’il n’y avait pas de déficit régional ! En effet, comment une collectivité pourrait-elle rembourser en si peu de temps une somme aussi importante si elle n’avait pas une excellente situation financière ?

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« Black is Black » : Littérature et tir à l’arc

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Note sur Black is Black, un récit de Raphaël Confiant (Monaco, Ed. Alphée, Jean-Paul Bertrand, 2008, 263 p., 19,90 €).


Par Michel Herland

A-t-on suffisamment prêté attention à Black is Black, cet ouvrage de Raphaël Confiant (RC) classé par lui dans le genre du « récit », probablement parce qu’il ne s’est guère soucié de nouer une intrigue, juxtaposant simplement le parcours quelque peu erratique de son narrateur, Abel, et les aventures érotiques de la prodigieuse Évita ? Ce récit, donc, mérite pourtant d’être connu, pas nécessairement pour les passages pornographique (est-ce là la raison du choix d’un éditeur aussi incongru que les éditions monégasques Alphée ?) qui devraient néanmoins combler les amateurs de ce genre de littérature, mais plutôt pour ce qu’il révèle de la vision de l’auteur sur la Martinique d’aujourd’hui.

Contrairement à beaucoup d’autres écrits de RC, Black is Black s’inscrit résolument en effet dans la Martinique moderne, ce petit monde en voie de « décréolisation » et de « décivilisation » que l’auteur a théorisé par ailleurs (Antilla, n° 1375, p. 46-47). On y retrouve les deux personnages récurrents des livres appartenant à la même veine (La Savane des pétrifications, La Baignoire de Joséphine), Saint-Martineau, professeur de mathématiques au lycée Schoelcher et la belle « Saint-Dominguoise », Anna-Maria de la Huerta dont Abel reste l’éternel amoureux.

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«Les Antilles antan lontan» d’Ernest Pépin.Nostalgie quand tu nous tiens.

 

 Par Michel Herland.

Les éditions HC (comme Hervé Chopin), bien connues en Martinique, ont fait appel à Ernest Pépin pour commenter des cartes postales anciennes des Antilles dont la plupart avait déjà été présentées au public dans un livre publié en 2001 sous le titre « Antilles d’antan ». D’une édition à l’autre, le nombre de pages a augmenté, la maquette s’est aérée et, surtout, la taille et la qualité de la reproduction des images se sont grandement accrues, certaines photographies faisant même l’objet d’une présentation pleine page (24,5 x 32 cm) sans que cela nuise en rien à la netteté de l’image.

Beaucoup de photos valent surtout en tant que témoignage d’une époque disparue. Même les moins pittoresques nous touchent, par exemple celles qui présentent simplement les bâtiments d’une usine à sucre, parce qu’elles nous montrent à quoi ressemblaient vraiment, lorsqu’ils étaient en activité, ces bâtiments dont nous découvrons les vestiges envahis par la végétation au gré de nos promenades dominicales. Nous mesurons alors combien ces constructions industrielles, censées matérialiser la richesse des planteurs, étaient en réalité modestes.

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Widad Amra publie « Regards d’errance »

— Par Pierre PINALIE —


Ce ne sont pas des cris, mais tout est dit fortement, et la langue est belle, qui sait glisser du classique au familier sans repousser un seul instant l’intérêt du lecteur. À tel point que les phrases qui font allusion à un dieu restent aimables et séduisantes, sans choquer et sans repousser ceux qui n’entrent pas dans les croyances. D’ailleurs, l’apparition des « vendredi » pourrait même enchanter d’autres croyants venus d’autres lieux. Et sur l’enchaînement des thèmes et des allusions, une dialectique permanente retient l’attention du militant qui déplore la colonisation et du camarade qui aime qu’on le nomme ainsi.

De manière étonnante, les fêtes religieuses voisinent avec l’Indien venu d’ailleurs, et la nature reste un cadre permanent, avec des flamboyants et surtout l’arbre du voyageur, et cela paradoxalement, dans un pays mêlé. Face à la végétation variée, l’homme présente aussi un éventail de peaux différentes jusqu’à ce que se produisent des dérives encanaillées malgré le plaisir du rhum. Et du point de vue de l’Histoire, du droit et de l’espoir, il est normalement attendu que les marrons aient laissé leur souvenir et leur âme.

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Kanel BROSI – sculptures Dans la forêt des ombres – & Nicole DÉCOTÉ – peintures Chemins de lumières –

kanel_brosi_sculptures du samedi 6 au samedi 27 mars 2010

à la Galerie La Véranda de l’ATRIUM

Parlez-vous le « Kanel » ? Des « bâtons » baroques (bois sauvés des plages et des mangroves) s’allient à des « totems » longilignes (troncs évadés des forêts), pour se grouper en « armée » … Une armée pacifique – et de haute taille !
Un soigneux toilettage des « trophées » patiemment récoltés a d’abord régénéré ces déchets maculés. Puis des mains Jivaro ont modelé l’argile autour de ce bois stimulant, déclencheur de formes. Une tête et un corps ont redonné vie à ces résidus abandonnés, qui retrouvent ainsi une identité.
Identité multiple ! Fascinée par la diversité des cultures du monde, Kanel leur rend hommage, avec des visages qui disent l’Afrique, les Antilles ou l’Asie, qui nous parlent de Xian et ses guerriers éternels, de la Grèce et ses sages …
Mais des couleurs contradictoires, au-delà de tout réalisme, proclament une symbolique du métissage, et s’autorisent des glissades fantaisistes.
Armée pacifique, disions-nous, qui exalte la grande famille humaine, matérialise le vivre-ensemble et la tolérance.

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Les Martiniquaises à travers les âges

Compte-rendu par Michel Herland

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Femmes de la Martinique : quelle histoire ? Archives départementales, Fort-de-France, 2009, 98 p., 14 €. Alexandre Cadet-Petit, La Femme – un roman de plus de 69 pages, Desnel, Fort-de-France, 2008, 287 p., 20 €.

La femme est-elle vraiment l’avenir de l’homme ? La confrontation des deux ouvrages consacrés récemment à la femme martiniquaise ne permet pas d’aboutir là-dessus à une réponse bien tranchée.

Modestement présenté comme un « dossier pédagogique », le livret publié à l’initiative du service éducatif des Archives départementales rassemble et commente de nombreux documents écrits, accompagnés d’une riche iconographie. Il en ressort un panorama très varié qui commence par les Indiennes caraïbes portraiturées par le père Labat (« plus petites que les hommes, assez bien faites et grasses, elles ont les yeux et les cheveux noirs, le tour du visage rond, la bouche petite, les dents fort blanches, l’air plus gai, plus ouvert et plus riant que les hommes ; avec tout cela elles sont réservées et fort modestes… ») ; puis les esclaves, « amarreuses » ou servantes-maîtresses (c’est selon), bien différentes des blanches créoles si « indolentes » ; les « schœlchéristes », après 1848, qui prêchaient « l’ordre et le travail », tout en s’efforçant de pratiquer elles-mêmes « l’amour de dieu et des choses honnêtes » ; les charbonnières, un peu plus tard, qui ont créé le premier syndicat martiniquais ; les maîtresses d’école et leurs jeunes élèves ; les militantes de la négritude avant la dernière guerre ; jusqu’à l’actuelle présidente de l’Union des femmes de la Martinique.

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Tanya ELISABETH : l’Art Performance

— Par Christian Antourel —

 Le corps dans le décor

  Un art qui apparaît d’autant plus vivant, qu’il semble n’obéir à aucune règle définie, fourmillant d’imprévus et d’inventions.

 Tanya Elisabeth est une artiste au devenir prometteur. L’imaginaire artistique qu’elle développe, ses représentations quelle réalise comme dans l’envolée d’une apparition de colombes font de cette artiste plasticienne, une magicienne, mais aussi une danseuse a la recherche du temps perdu qu’elle retient dans l’étreinte spontanée d’une interprétation de la nature. Elle vit une aventure qui la porte dans des ressentis tenaces, volatils et fugitifs qu’elle envisage en connivence entre corps et décors, dans un accord tacite, un périple audacieux ou des espaces vides s’habillent entre transparence et apparence de couleurs vraies et fugaces. Elle danse dans l’espace de nos regards, maintenue en équilibre entre les surfaces modulables de toute la réalité d’un rêve, par essence, évanescente et éphémère.

 Cette sensualité du risque immédiat

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« MAR NUESTRO » d’Alberto Pedro Torriente : quand c’est mal parti… c’est mal parti!

—Par Roland Sabra —

 

Pour la seconde fois la compagnie  » Corps Beaux » présentait « Mar Nuestro » aux Martiniquais La mise en scène avait été revisitée, on pouvait donc penser qu’il s’agissait d’un travail différent. Et il l’était. En mieux ? En pire ? Ni l’un ni l’autre. Ricardo Miranda en « Vierge folle » était au moins deux tons en dessous de sa prestation de la première version. Ce qui était un mieux incontestable mais encore très indigeste. Un interprétation beaucoup moins « Cage aux folles » que  dans la première version, mais comment revenir, comment atténuer un tel parti pris de mise en scène?  Reste que la diction mange toujours autant de syllabes et rend le texte par moment  totalement incompréhensible.

Et nos regrets n’en sont que plus grands. Car s’il y a quelques qualités a retenir du travail de Miranda et de son compère Lopez c’est la passion qu’ils mettent à faire les choses, cette abnégation dont ils font preuve quand ils mettent en scène, avec très peu de moyens, presque rien, un texte d’auteur.

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Un coup de gueule qui coûte cher!

 

Par Roland Sabra

Edito du 17/12/2009

La situation n’était pas brillante mais d’un étiage de 19% d’intention de votes en septembre 2009 on arrivait fin novembre à 32% d’intention de votes en faveur du oui. Dans le même temps le Non s’étiolait doucement en passant de 53% à 49%. La progression du oui était lente mais continue. C’est cet élan qui semble aujourd’hui brisé. Le dernier sondage LH2 dom enregistre un score de 28 % pour le Oui soit une  baisse  en valeur absolue de 4 points de % ou de 12.5% en valeur relative.  Cette baisse ne profite pas au camp du non qui stagne à 49%, incapable qu’il est lui aussi de faire campagne sur un projet, mais profite intégralement, si l’on peut dire aux indécis.. comme le suggère Rudy Rabathaly dans France-Antilles du 15-12-09 c’est très certainement le coup de gueule de M. Alfred Marie-Jeanne contre un professeur qui lui posait sereinement la question : « Pourquoi ne pouvez-vous pas rencontrer M; Letchimy pour trouver une solution à la reconstruction du lycée Schoelcher » qui a brisé ( momentanément?)

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« Bintou » de Koffi Kwahulé dans une mise en scène de Laetitia Guédon

— Par Roland Sabra, 

Un talent prometteur !

 Virilisme « Réaction virile exacerbée face à l’évolution des rapports hommes-femmes, le virilisme, surtout dans les banlieues, est aussi l’indicateur d’un malaise social plus large. » Telle est la définition du sociologue  Daniel Welzer-Lang qui semble s’appliquer à la lettre à la thématique déclinée par Koffi Kwahulé dans « Bintou » mis en scène par Laetitia Guédon et jouée le 09 octobre2009 à Fort-de-France. Une jeune fille de treize ans, qui n’est plus une enfant, exceptée pour les contempteurs de Polansky, issue de l’immigration africaine refuse les codes machistes d’une acculturation batârde. Ou plutôt, Bintou, puisque c’est d’elle dont il s’agit, va se jouer des acquis d’une socialisation apparemment conflictuelle, entre Europe et Afrique mais fondamentalement convergente quand à perpétuation de la domination masculine.   Noyée dans le sang sous le couteau de l’exciseuse,  avec la complicité des femmes plus âgées, elle paiera de sa vie de n’avoir pas voulu rester à la place que l’ordre des hommes lui avait assignée. Le thème développé n’est  pas tant l’excision que celui des ravages de socialisations différentielles et conflictuelles dans un contexte d’acculturation postcoloniale et de virilisme mortifère.

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Lycée Schoelcher : une solution existe!

— Interview de Roland Sabra par Camille Chauvet —

Camille Chauvet : Roland Sabra tu as beaucoup écrit sur la reconstruction du Lycée Schoelcher pourquoi?

Roland Sabra : Comme tu le sais je m’intéresse un peu aux arts de la scène et plus particulièrement au théâtre et comme tu le sais encore mieux le Lycée Schoelcher est le seul Lycée de Martinique qui offre aux élèves une option théâtre dite « lourde » la L3 dans le jargon educnat. Par ailleurs je crois que la culture est le premier vecteur d’une possible indépendance. Pouvoir affirmer des valeurs, des normes qui échappent au cycle infernal de la dépendance et de la contre-dépendance est le socle sur lequel se bâtit le reste. Les caciques marxiens ne seront pas d’accord mais c’est leur affaire. Réciter Marx comme un bréviaire en un temps où l’économie immatérielle devient dominante n’est sans doute pas la meilleure façon d’avancer dans ce siècle.

Camille Chauvet : Dans la phase finale du concours il restait 3 projets. Celui retenu par la Région avait-il ton assentiment?

Roland Sabra : Non mais le pire avait été évité.

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La question du Lycéee Schoelcher : un révélateur du comportement de monsieur Alfred Marie-Jeanne

—Par Karl Paolo —

Les vociférations qui ont émaillées la venue des jeunes du lycée Schœlcher à la simple évocation du nom de Serge LETCHIMY ont mis au devant de la scène, un des aspects majeurs du comportement comme des pratiques d’Alfred MARIE-JEANNE que certains avaient sans doute oublié.
Pourtant et contrairement à ce que certains journalistes ont prétendu, il ne s’agit pas d’une perte de contrôle qui aurait été provoquée lors d’un échange un peu vif avec d’autres interlocuteurs. Même dans ce cas, un élu, un « décideur », un responsable politique, l’exécutif d’une des deux principales assemblées locale, se doit de garder son self contrôle et de tenir, en toute circonstance, un langage et des propos exempts d’agressivité.
Il ne s’agit pas davantage d’un brusque coup de fièvre qui aurait été provoqué par la question d’un professeur, dont le seul objet était de débloquer la situation : « Ne pourriez pas rencontrer Monsieur LETCHIMY pour débloquer la situation ? »

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Lycée Schoelcher : sous quel régime vivons-nous ?

par Charles Savannah —

L’article 74 n’a pas encore voté que nous sommes déjà contraints de nous demander quel régime nous régit. Il semble pourtant que nous sommes toujours régit par les lois de la République, et que les élus ont été désignés pour répondre aux besoins et aux vœux d’une population….

Le Lycée Schœlcher doit disparaître

Il doit disparaître pour des raisons idéologiques et parce qu’il est l’enjeu d’une lutte politique dans laquelle ses utilisateurs – professeurs, personnels techniques et élèves – n’ont pas accepté de prendre parti !

Des Arguments contradictoires

La première réponse de la Région a consisté à demander au recteur de fermer le lycée et d’éparpiller élèves et professeurs sur les autres lycées de la Martinique.

L’argument utilisé est la dangerosité: il y a urgence, car le lycée est dangereux. Et, à l’appui de cet argument:

· le bâtiment G qu’on a détruit parce qu’il était dangereux.

· le bâtiment G, lorsqu’on l’a détruit se serait écroulé sur lui-même dès la première poussée….

· d’ailleurs, c’est pour mettre les petits Martiniquais à l’abri qu’on a décidé de reconstruire le lycée !

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