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Rapport mondial sur les salaires 2012/13. Salaires et croissance équitable

 

Poster-Tabou

Résumé analytique
Bureau international du Travail · Genève
Grandes tendances des salaires
La crise continue de peser sur les salaires
La croissance des salaires moyens réels est demeurée bien inférieure aux niveaux d’avant la crise; elle s’est enfoncée dans le rouge dans les économies développées,cependant, elle est restée importante dans les économies émergentes. Les salaires moyens mensuels ajustés pour tenir compte de l’inflation – ce qu’on appelle les salaires moyens réels – ont augmenté globalement de 1,2 pour cent en 2011, alors qu’ils avaient cru de 2,1 pour cent en 2010 et de 3 pour cent en 2007. En raison de sa taille et de sa forte performance économique, la Chine a un poids considérable dans ce calcul du chiffre mondial. Si l’on omet la Chine, les salaires moyens réels n’ont augmenté que de 0,2 pour cent au niveau mondial en 2011, en baisse par rapport à 2010 (1,3 pour cent) et 2007 (2,3 pour cent).
Différences régionales dans la croissance des salaires
Il existe d’importantes variations géographiques dans les tendances de la croissance des salaires moyens réels. Les salaires ont enregistré un double creux dans les économies développées mais leur croissance est demeurée positive tout au long de la crise en Amérique latine et dans les Caraïbes, et encore plus en Asie.

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En 2013, il faudra plus encore se méfier de la docte ignorance des experts

 

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Par Edgar Morin, sociologue et philosophe

 Dans une tribune publiée dans « Le Monde », le philosophe estime que le président Hollande est désormais « condamné à un ‘en avant' » pour dépasser le vide de la pensée politique qui touche les États.

Hélas, nos dirigeants semblent totalement dépassés : ils sont incapables aujourd’hui de proposer un diagnostic juste de la situation et incapables, du coup, d’apporter des solutions concrètes, à la hauteur des enjeux. Tout se passe comme si une petite oligarchie intéressée seulement par son avenir à court terme avait pris les commandes. » (Manifeste Roosevelt, 2012.)

« Un diagnostic juste » suppose une pensée capable de réunir et d’organiser les informations et connaissances dont nous disposons, mais qui sont compartimentées et dispersées.

Une telle pensée doit être consciente de l’erreur de sous-estimer l’erreur dont le propre, comme a dit Descartes, est d’ignorer qu’elle est erreur. Elle doit être consciente de l’illusion de sous-estimer l’illusion. Erreur et illusion ont conduit les responsables politiques et militaires du destin de la France au désastre de 1940 ; elles ont conduit Staline à faire confiance à Hitler, qui faillit anéantir l’Union soviétique.

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Sur la repentance

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par Patrick Chamoiseau

En matière de crime d’État,
la repentance est une élégance de l’âme,
une force de l’esprit qui englobe dans un même élan tous les états de la conscience.
Si la repentance affaiblit ceux qui la réclament (on doit se tenir très au-dessus des bourreaux),
elle grandit sans partage ceux qui peuvent la prononcer sans se sentir rabaissés ou honteux.
La repentance peut s’entendre car elle résonne toujours en pleine humanité,
et active ainsi pour tous une éthique renouvelée.
Ceux qui associent l’expression d’une repentance à de tels sentiments (honte, faiblesse ou tremblements) 
sont encore victimes  de l’orgueil colonial,
ou pataugent bien en-dessous des puissances et des sérénités de la haute conscience.
Face aux crimes commis en Algérie,
M. François Hollande a tort de croire qu’il y a dans la proclamation de la non-repentance une quelconque vertu.
Juste l’ombre portée (sinistre) de M. Sarkozy.

 

Patrick CHAMOISEAU

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Spinoza sé ta nou tou

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Par Georges-Henri Leotin, président de Krèy Matjè Kréyol Matnik

A propos du livre de Roland Davidas, « Que peut le corps des Antillais ? » , éd. Gawoulé

Le livre de Roland Davidas « Que peut le corps des Antillais ? » est un ouvrage proprement extra-ordinaire. Il existe bien-sûr un très grand nombre d’introductions à la lecture de Spinoza, et un nombre encore plus considérable d’études sur cet immense auteur. Ici, avec Davidas, c’est Spinoza qui parle, et qui s’adresse… aux Antillais! Pour leur dire quoi ? Le mieux est sans doute encore de laisser parler Spinoza, ou plutôt de laisser Roland Davidas faire parler Spinoza : « Les Antillais ont tendance à contempler autre chose qu’eux-mêmes ainsi que leur puissance d’agir. Ils ont tendance à contempler leur Impuissance, leur Bassesse, leur complexe d’infériorité, leurs Superstitions ainsi que leurs pouvoirs imaginaires.(…) Ils ne se conçoivent pas comme des Sujets autonomes, actifs et responsables.(…) Doutant d’eux-mêmes et de leur puissance, les Antillais ont tendance à imiter les affects des Autres. Ils sont prompts à s’identifier à l’Autre. Or, cette imitation et cette identification affectives génèrent des passions tristes, telles que l’Envie, la Jalousie ou la Haine imaginaire » (pp.5 à 7).

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Ecrire à l’hôpital, l’échappée belle

Par VÉRONIQUE PITTOLO Ecrivaine

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Je travaille à l’Institut Gustave-Roussy (IGR) depuis 2007, afin de favoriser la créativité des patients atteints de cancer par une pratique soutenue d’écriture. Il s’agit de restaurer l’estime de soi, d’inverser la spirale de l’échec.

Aujourd’hui, l’hôpital s’ouvre à des dimensions qui dépassent le soin, l’enseignement, la recherche. Sous des formes multiples – arts plastiques (1), musique, littérature, théâtre -, une pratique créative dans un espace qui n’est pas dévolu à l’art permet d’améliorer le bien être des patients. C’est aussi une manière subtile de combattre la maladie, de s’engager dans une aventure modeste qui crée du lien. Ma participation, d’abord en pédiatrie, s’est développée ensuite avec les adultes du service d’innovation thérapeutique.

Maladie longue et éprouvante, le cancer fait alterner des périodes de rémission et d’espoir. Dans une vie médicalisée, la pratique artistique permet d’ouvrir une brèche. Si la maladie parasite l’existence, la création propose des pistes de liberté. Le rôle de l’écrivain et la mission de l’hôpital peuvent se rejoindre lors de moments privilégiés, à l’atelier d’écriture fonctionnant comme un laboratoire de création au jour le jour.

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« Tabou » de Miguel Gomes (2012)

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Il y a des films qui s’imposent comme une évidence à la première image. Tabou dicte son originalité et sa singularité dès son prologue où un explorateur envoyé en mission par le Roi en terre d’Afrique ne poursuit plus qu’une obsession, la quête de son amour perdu. Miguel Gomes nous ouvre la voie vers un univers désuet, féérique et immédiatement séduisant. Ainsi, l’homonymie du titre avec le Tabou de Murnau en 1931 – que l’on pourrait résumer au plus simple à une passion amoureuse en terre sauvage – n’est pas un hasard.

Le lien saute d’autant plus aux yeux que Miguel Gomes construit son récit en deux parties, à l’instar du film de Murnau, dont il reprend en plus les intitulés (en les inversant), Paradis/Paradis perdu. Gomes se place sous le patronage de Murnau mais sans chercher à rendre hommage. Le cinéaste multiplie les références au cinéma classique américain (notamment Les Neiges du Kilimandjaro de Henry King (1952)) mais pour mieux s’en écarter. Il puise dans le passé – celui des colonies africaines et de ce cinéma classique – la matière pour offrir un film moderne, novateur et inventif.

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Homoparentalité : « psys, taisons-nous ! »

 

Par Sylvie Faure-Pragier, auteur des « Bébés de l’inconscient : le psychanalyste face aux stérilités féminines aujourd’hui » (PUF, 2003)

Depuis que se profile le vote de la loi sur le mariage pour tous, une efflorescence d’articles psychanalytiques envahit les médias. Au coeur du débat : l’homoparentalité. Ces articles font-ils état d’une expérience clinique des problèmes rencontrés par les enfants des couples homosexuels ?
Aucunement. Les données publiées dans les pays où cette possibilité existe depuis suffisamment de temps pour que ces enfants soient devenus adultes sont superbement ignorées. Les informations et les études pourtant précieuses des auteurs américains, australiens, israéliens, belges et autres sont disqualifiées.
BIEN DES A PRIORI
En France, ces articles s’appuient essentiellement sur les théories issues de l’analyse de sujets dont les parents sont hétérosexuels. Avoir deux parents de sexes différents serait indispensable à la reconnaissance des sexes.
L’identification d’un garçon à un homme serait empêchée s’il n’avait pas de père. Du coup, certains psychanalystes en ont déduit bien des a priori sur l’homoparentalité. Selon eux, la conception hors différence des sexes abolirait le fantasme d’engendrement en réalisant le rêve d’autoreproduction qui serait au coeur de la psychose…
Pour ces psychanalystes, le symbolique est tributaire de la réalité.

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« Payons les acteurs en fonction du budget »

 

Par Marc Missonnier, Producteur indépendant du dernier « Astérix » et président de l’Association des producteurs de cinéma (APC)

L’affaire « Depardieu » n’en finit pas de faire des vagues… Voilà que sont dénoncés les salaires des acteurs français. En fait, je ne suis pas loin de partager le constat que fait Vincent Maraval (Le Monde du 29 décembre 2012), à quelques détails près. Quelques précisions à propos du dernier Astérix que j’ai produit (avec mon associé Olivier Delbosc) et que Vincent Maraval a financé par le biais de sa société, Wild Bunch. Sur un budget de 61 millions d’euros, le montant du financement dit « encadré » (provenant du « système d’aide du cinéma français ») représente moins de 13 millions d’euros. Par ailleurs, sur ce total, plus du tiers provient de l’étranger… Je précise enfin que la somme des cachets des stars engagées équivaut à 8 % du coût du film.

Deux problèmes sont évoqués : le coût trop élevé des films français, lié selon M. Maraval à celui, encore plus insupportable, de ses stars trop payées, et la participation du « système d’aide français » à cette inflation.

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Procréation médicale assistée et savoir psychanalytique

Par Hervé Glevarec, directeur de recherche CNRS

 

Lecteur de l’œuvre de Lacan, je me pose depuis quelque temps cette question : le savoir psychanalytique, de type lacanien, n’est-il pas théoriquement bousculé par les nouvelles formes de filiation et de famille issues de la procréation médicalement assistée (PMA) ? Métaphore paternelle, Désir de la mère et Nom-du-père conviennent-ils encore quand il y a trois mères, deux pères, absence de père ou absence de mère ? Ces trois termes centraux dans la conception lacanienne du sujet humain sont-il indifférents à ces nouvelles configurations ? Ou, dit autrement, quel est le savoir que la psychanalyse possède qui l’autoriserait à caractériser un changement ou une permanence ? Disons ici que pour ce qui concerne la réalité du dispositif analytique ça ne change rien pour qui croit à l’inconscient, c’est-à-dire au désir inconscient.

Sans entrer dans des définitions de l’inconscient qui feraient sans doute désaccord, on peut s’en tenir à ceci que les psychanalystes tiennent le sujet humain pour divisé. Est-ce tout ? La psychanalyse a, bien entendu, quelque chose de plus que le sujet divisé (l’inconscient qui le divise), elle a un savoir qui concerne la filiation, qui n’est par exemple pas celui de la socialisation (les parents transmettent leur culture aux enfants).

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Les acteurs français sont trop payés !

 

Une charge au canon, par Vincent Maraval, producteur

L’année du cinéma français est un désastre. Pendant que Gérard Depardieu fait l’actualité et que les ministres rivalisent d’esprit pour en faire le scandale du moment et dénoncer son exil fiscal à 2 kilomètres de la frontière d’un pays dont il ne se sent  » plus faire partie « , personne ne parle du cinéma français. Or tous les films français de 2012 dits importants se sont  » plantés « , perdant des millions d’euros : Les Seigneurs, Astérix, Pamela Rose, Le Marsupilami, Stars 80, Bowling, Populaire, La vérité si je mens 3, etc.

Pas un film, sauf peut-être Le Prénom, pour gommer ce que toute la profession sait pertinemment, mais tente de garder secret : le cinéma français repose sur une économie de plus en plus subventionnée. Même ses plus gros succès commerciaux perdent de l’argent.

Constat unanime : les films sont trop chers. Après les films des studios américains, la France détient le record du monde du coût moyen de production : 5,4 millions d’euros, alors que le coût moyen d’un film indépendant américain tourne autour de 3 millions d’euros.

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Alors Gérard, t’as les boules ?

Par PHILIPPE TORRETON Comédien

Tu ne veux plus être français…? Tu quittes le navire France en pleine tempête ? Tu vends tes biens et tu pars avec ton magot dans un pays voisin aux cieux plus cléments pour les riches comme toi ? Evidemment, on cogne sur toi plus aisément que sur Bernard Arnault ou les héritiers Peugeot… C’est normal, tu es un comédien, et un comédien même riche comme toi pèse moins lourd ! Avec toi, on peut rattraper le silence gêné dont on a fait preuve pour les autres… C’est la nature de cette gauche un peu emmerdée d’être de gauche.

Mais Gérard, tu pensais qu’on allait approuver ? Tu t’attendais à quoi ? Une médaille ? Un césar d’honneur remis par Bercy ? Tu pensais que des pétitions de soutien de Français au RSA allaient fleurir un peu partout sur la Toile ? Que des associations caritatives allaient décrocher leur abbé Pierre, leur Coluche encadrés pour mettre ta tronche sous le plexi ? Le Premier ministre juge ton comportement minable, mais toi, tu le juges comment ? Héroïque ?

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Quand Picasso refaisait le portrait de Staline

Portrait der Staline par Pablo Picasso. Fusain, 8 mars 1953

Par Philippe Dagen

Aleksandr Arossev, directeur de la VOKS (l’Union des sociétés soviétiques pour l’amitié et les relations culturelles avec les pays étrangers), Joseph Staline, Romain Rolland et Maria Koudacheva au Kremlin, en 1935 à l’occasion de l’entretien entre le dictateur et « le plus grand écrivain du monde »

Staline meurt le 5 mars 1953. Louis Aragon demande à Pablo Picasso un portrait du grand homme, qui est publié le 12 mars à la « une » des Lettres françaises, hebdomadaire intellectuel du Parti communiste français.

Désastre. Picasso a dessiné une sorte de Staline jeune, la chevelure en forme de couronne, le regard un peu vague. Ce n’est pas le Staline des photographies officielles et des affiches, plus âgé, plus carré, plus souriant aussi.

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Les coopératives de cannabis sans but lucratif aspirent à la légalité

Portrait der Staline par Pablo Picasso. Fusain, 8 mars 1953

 Par Camille Legrand

L’autoculture de cannabis croît et se multiplie. C’est la tendance observée par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) qui dénombre 200 000 cultivateurs particuliers de marijuana en France. Une culture domestique généralement pratiquée à l’abri des regards et sous les néons d’un appartement. Mais pas seulement. Depuis 2009, certains se réunissent dans des « cannabis social clubs ». Des coopératives, calquées sur le modèle espagnol, au sein desquelles les adhérents font pousser et partagent leurs plants.

L’initiative est illégale, et pourtant beaucoup de ces cultivateurs d’un genre nouveau entendent se déclarer à la préfecture comme producteurs de cannabis, en février 2013 (la date n’a pas encore été arrêtée car tous les clubs doivent se mettre d’accord). Un pari audacieux quand on sait que la France compte parmi les législations les plus sévères d’Europe. « C’est bel et bien un acte de désobéissance civile. On n’attend pas que l’on nous donne une autorisation. On veut imposer notre activité », répète effrontément Dominique Broc, jardinier et fer de lance du projet.

UN MODE OPÉRATOIRE PRÉCIS

Installé à Tours, l’homme cultive ses plants avec quinze autres membres.

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« La Chasse » de Thomas Vinterberg : une traque à l’homme poignante avec Mads Mikkelsen

Par Romain Faisant
Blogueur cinéma

LE PLUS. Comment réaliser un grand film sur un sujet grave et pesant ? C’est tout le défi de « La Chasse » (avec l’acteur Mads Mikkelsen) dont le personnage principal est accusé à tort d’attouchements sur une jeune fille. Une chasse à l’homme poignante à laquelle a assisté notre contributeur Romain Faisant.

Édité par Maxime Bellec  

 Quand le chasseur devient le chassé, c’est toute une vie à repenser, tout un mode d’existence à réadapter, tout un futur à inventer.

 La métaphore animale du film s’applique au personnage principal, Lucas, accusé un jour d’attouchement envers une enfant. La ville est petite, mais la fureur sera grande. Là où tout le monde se connait et se fréquente, la nouvelle choque et se répand comme le sang d’un animal blessé que l’on a déjà mis à mort. Sauf que l’accusé est innocent.

 Le réalisateur danois Thomas Vinterberg traite ce sujet grave avec sobriété, en choisissant la froideur de l’Hiver qui répond à la dureté des cœurs qui se ferment. Remarquable homme pris dans la tourmente, Mads Mikkelsen a obtenu le Prix d’interprétation à Cannes.

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« Au Kivu, on viole et massacre dans le silence »

— Par Muhammad Ali, Yamina Benguigui, Jacques Chirac, Abdou Diouf, Valérie Trierweiler —

Portrait der Staline par Pablo Picasso. Fusain, 8 mars 1953A l’est de la République démocratique du Congo (RDC), soit au coeur de l’Afrique, cette région est l’une des plus belles du monde. Autour d’un lac, des cultures montent en terrasses jusqu’au sommet des collines. Eau, soleil, terres fertiles, le Kivu aurait tout pour vivre heureux.

Hélas pour lui, son sous-sol regorge de matières premières. Principalement la cassitérite, un minerai dont on tire l’étain. Mais aussi le coltan, autre minerai recherché. Et bientôt le pétrole, qui vient d’être découvert. Attirées par ces richesses faciles, des bandes de mercenaires et de pillards de toutes sortes écument le territoire depuis des décennies et martyrisent les populations.

De temps en temps, des voix s’élèvent. De temps en temps, le calme revient. Et puis recommence le silence. Et reprennent les viols et les massacres. Pour tenter de limiter ces atrocités, l’ONU a envoyé sur place, en 1999, une force de paix qui compte aujourd’hui dix-sept mille soldats. Rappelons que ces dix-sept mille casques bleus y sont au nom de la communauté internationale, c’est-à-dire en notre nom.

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Natixis condamné pour discrimination

 

Portrait der Staline par Pablo Picasso. Fusain, 8 mars 1953

La banque Natixis, poursuivie pour discrimination raciale par un salarié métis, a été condamnée jeudi par les Prud’hommes de Paris à lui verser plus de 47.000 euros de dommages et intérêts, a-t-on appris auprès de plusieurs avocats.

« C’est une décision assez exceptionnelle qui vient rappeler que l’employeur a une responsabilité de faire respecter la loi, y compris celle sur la discrimination », a déclaré à l’AFP Me Annie Moreau, avocate de ce salarié de 41 ans.

Le contentieux remonte à 2005, quand ce cadre embauché en 2001 s’était vu refuser un poste qu’il convoitait au sein de Natixis. Il avait appris par des collègues que son supérieur lui avait refusé cette promotion du fait de sa couleur de peau.

Bien qu’ayant obtenu une promotion en 2008, face à l’immobilisme des dirigeants de la banque, il avait saisi la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde) qui, après enquête, avait conclu à l’existence d’une discrimination.

Une analyse confirmée jeudi par le Conseil des prud’hommes de Paris qui a jugé que la décision de la banque en 2005 reposait sur « un motif discriminatoire », selon Me Moreau.

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Mariage pour tous : la Gestation pour autrui ne doit pas être le bouc émissaire

  

Par Elisabeth Badinter, philosophe Irène Théry, sociologue, EHESS

Dans une tribune (Le Monde du 12 décembre), un groupe de personnes se réclamant du féminisme a pris le parti de diviser les couples homosexuels et de désigner des boucs émissaires en opposant gestation pour autrui (GPA) et procréation médicalement assistée (PMA). Selon elles, la GPA n’aurait rien à voir avec l’infertilité et serait au centre de la domination des hommes sur les femmes, des riches sur les pauvres, et son évocation serait responsable de la frilosité supposée du gouvernement à légaliser l’accès des couples de femmes à la PMA.

Pourquoi tant d’amalgames alors que nul ne demande que la légalisation de la GPA en France soit inscrite dans le projet de loi ? La GPA est une pratique reconnue comme partie intégrante de la PMA par l’Organisation mondiale de la santé. Elle mérite à l’avenir un débat informé et serein. Ce débat devra dénoncer avec force tous les cas où des femmes sans droits, poussées par le besoin dans les griffes d’intermédiaires sans scrupules, sont privées de leur pouvoir de décision et interdites de toute relation avec les couples pour lesquels elles portent un enfant.

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« Mieux vaut une paire de mères qu’un père de merde »

 

Par Baptiste Legrand

 

Gays, lesbiennes, hétéros, militants ou simples curieux… Les partisans du mariage homosexuel sont une grande famille colorée. Promenade de pancarte en pancarte.

Il y avait Harlem Désir, Bertrand Delanoë, Jean-Luc Mélenchon, Roselyne Bachelot, Cécile Duflot, Noël Mamère, Pierre Bergé… Les partisans du projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples homosexuels ont défilé dimanche 16 octobre à Paris. 60.000 manifestants, selon la préfecture de police, 150.000, selon les organisateurs : une joyeuse cohue colorée et pleine d’humour, aux slogans inventifs.

« Touche pas à mon pote gay » Le fameux slogan de SOS Racisme est recyclé pour l’occasion, la main est repeinte aux couleurs de l’arc-en-ciel LGBT. « Ce slogan, c’est une manière de dire que tout le monde peut manifester. Moi, je suis lesbienne, mais ici il y a des gays, des hétéros, toutes les sexualités », explique la jeune Colombe, emmitouflée dans sa chapka. Ce n’est pas sa maman Elisabeth qui la contredira : elle défile elle aussi, en militante expérimentée. « Ma première manifestation pour les droits des homos, c’était en 1972 ! 

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Non aux jouets mutilants !

  

 

 

par Huguette Emmanuel Bellemare pour l’UFM,

 

–En choisissant des jouets pour nos chers petits, nous parents, et particulièrement nous les mères qui sommes le plus souvent chargées de l’acte d’achat, risquons fort, si nous n’y prenons garde, de contribuer, avec les meilleures intentions du monde, à la reproduction des inégalités sociales. Et plus précisément à la pérennisation de l’oppression de la femme.

 

En effet, on n’offre pas aux garçons et aux filles les mêmes cadeaux, car ceux-ci ont pour but de préparer chaque sexe au rôle que notre société capitaliste et patriarcale veut les voir assumer plus tard. Et les fabricants y aident, qui signalent les jouets des filles par la couleur rose et ceux des garçons par le bleu. Et aussi les marchands qui distinguent soigneusement, dans leur magasin, les rayons garçons et les rayons filles.

 

Aux filles, traditionnellement, les poupées et autres poupons, les dînettes (nous appelions cela quand j’étais petite d’un nom encore plus significatif : « les ménages » !), ou/et de façon plus modernes, les machines à laver, aspirateurs, fours, fers à repasser…. que sais-je ?

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Ravi Shankar, sitar dans la nuit

Par FRANÇOIS-XAVIER GOMEZ

Disparition. Emblème de la musique indienne, l’instrumentiste, qui avait notamment collaboré avec Satyajit Ray et influencé les Beatles et les Rolling Stones, est mort à 92 ans.

Etrange instrument que le sitar, ce luth pansu au manche démesuré qui, à partir de son ancêtre médiéval, le setâr iranien, s’est développé en ajoutant des cordes aux trois originelles : cordes de bourdon (qui jouent une seule note en continu), et cordes sympathiques, qui entrent en vibration quand on pince les cordes principales. Un peu comme le travail de Ravi Shankar est entré en résonance avec la génération hippie, faisant de lui la première star non occidentale de l’ère rock.

Lors de ses séjours en France, Ravi Shankar aimait évoquer ses souvenirs de Paris, où il avait débarqué en 1930 dans les bagages de son frère Uday Shankar et de sa compagnie de danse. Ravi n’avait que 10 ans, il chantait et dansait sans être vedette. Dans sa passionnante autobiographie (1), le musicien, né à Bénarès en 1920, mentionne son école du XVIe arrondissement, l’appartement où les amis de passage s’appelaient Paderewski, Chaliapine, Casals, Segovia… Il liait aussi Paris, où il vécut trois ans, avec sa passion pour le cinéma.

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Qosmos, l’entreprise française qui aide la Syrie à surveiller ses internautes

par Olivier Tesquet

Enquête | Un an après l’affaire Amesys en Libye, une deuxième société française, Qosmos, est épinglée par des ONG pour avoir fourni un système de surveillance des télécommunications à un régime criminel, en l’occurence la Syrie. Deux entreprises qui ont pourtant reçu l’aide du Fonds stratégique d’investissement.

Quel est le point commun entre feu Mouammar Kadhafi et Bachar el-Assad ? La dictature sanguinaire, oui. Mais pas que. Tous deux ont pu compter – directement ou non – sur le savoir-faire de sociétés françaises pour surveiller les télécommunications de leur population. A l’été 2011, Amesys, une filiale du groupe Bull, s’est retrouvée en pleine lumière quand la presse a découvert l’existence de contrats signés avec la Libye. Nom de code du projet : Candy. Objectif : vendre à la Jamahirya un système baptisé Eagle, capable d’espionner le moindre courriel du moindre opposant au régime. Depuis, Bull s’est débarrassé d’Amesys, l’association Sherpa a déposé une plainte contre X devant le parquet de Paris, et l’enquête a été confiée à Céline Hildenbrandt, une juge du pôle spécialisé dans les crimes de guerre et crimes contre l’humanité au tribunal de grande instance de Paris.

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Le cinéma syrien : des images pour la révolution

 

Ils sont cinéastes, syriens et filment leur pays au péril de leur vie

Entretien | Avec les moyens du bord, ces opposants au régime d’El Assad bravent la mort pour témoigner de leur lutte. Le Forum des images à Paris invite Hala Alabdallah, réalisatrice syrienne en exil.

Mathilde Blottière

Depuis l’arrivée au pouvoir du parti Baas, le cinéma syrien est muselé. Condamné à la propagande ou à l’inexistence. Diffusé au Forum des Images, dans le cadre du festival Un Etat du monde, Un cinéma muet, de Meyar Al-Roumi montre comment l’ONC (organisation nationale du cinéma, organe d’Etat fondé en 1963) a réduit les plus grands réalisateurs au silence ou à l’exil. La révolution a changé la donne. Grâce à Internet et aux technologies numériques, toute une génération témoigne, avec courage et dans l’urgence, de la réalité de leur pays en guerre. Quand aux documentaristes professionnels, ils sont à pied d’œuvre, prêts à incarner la renaissance du cinéma syrien. Exilée en France depuis les années 80, la réalisatrice et productrice syrienne Hala Alabdallah nous parle de ces réalisateurs, amateurs ou professionnels, qui filment la Syrie d’aujourd’hui au péril de leur vie.

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Épandage aérien : le jugement du Tribunal administratif

 

par Jacky Dahomay

. Je vous communique en pièce jointe le jugement du Tribunal administratif  du 10 décembre dernier.
J’en profite pour vous rappeler la date de la réunion du collectif prévue le jeudi 13 décembre à 19h à la Casa del tango. La présence de tous est indispensable.  Il s’agira, ensemble, de faire le bilan de longs mois de lutte et d’en tirer les conclusions. Chacun d’entre nous, bien sûr, a son idée mais il s’agira de produire un texte collectif.
Rappelons que notre combat n’était dirigé ni contre la banane ni contre des planteurs mais contre des pratiques culturales, dont l’épandage aérien de pesticides, nuisibles à l’environnement et à la santé des Guadeloupéens. Ce qui est scandaleux, c’est qu’après la catastrophe écologique de la chlordécone, ni l’Etat ni la majorité des politiques n’avaient pensé à une réorientation de la culture de la  banane. De longues pratiques administratives, politiques, économiques, sans doute issues de l’univers « plantationnaire » du passé, ont toujours fait  fi des préoccupations telles que les nôtres. C’est donc une première en Guadeloupe que des associations de la société civile, par  leurs revendications et par leurs luttes, dans le respect des formes  démocratiques, arrivent à faire admettre qu’il y a des limites à de telles pratiques, fussent-elles issues d’une longue tradition.

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Pour un choc de solidarité !

Par Virginie Gorson-Tanguy, porte-parole du Mouvement national des chômeurs et précaires
 

Alors que le chômage et la précarité se sont installés durablement, la «conférence nationale de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale» se doit de présenter des mesures fortes, justes et efficaces. Mais la précision des objectifs dépend de la fiabilité des constats.

Il aurait fallu d’abord ne pas déconnecter emploi et pauvreté, comme le souhaitaient les organisations de chômeurs, qui n’ont pas été écoutées. En juillet, le gouvernement a parlé emploi, avec les syndicats. En décembre, il parlera pauvreté, majoritairement avec les associations. Ainsi va le dialogue social en France. Ce cloisonnement pourrait n’être qu’un détail si finalement les questions fondamentales étaient posées : comment créer de l’emploi ? Et s’il n’y a pas d’emploi pour tout le monde, comment faire pour qu’une partie de la société ne sombre pas dans la précarité durable ?

A la création du RMI, conçu comme un dispositif de secours aux personnes les plus exclues, le chômage n’était pas aussi important qu’aujourd’hui et les chômeurs de longue durée n’étaient pas aussi nombreux.

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Remettre la redistribution au cœur du débat sur la pauvreté

 

Par Bernard Gomel Economiste au Centre d’études de l’emploi Dominique Méda Professeure de sociologie à l’université Paris-Dauphine Evelyne Serverin Juriste, directrice de recherches au CNRS

La Conférence nationale contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, qui s’ouvre aujourd’hui, place le gouvernement en demeure de devoir choisir vite (en vue de la prochaine loi de finances) le sort à réserver au volet activité du Revenu de solidarité active (RSA) : faut-il conserver ce dispositif, alors qu’il ne parvient pas à assurer la redistribution envers les travailleurs à bas salaire (le taux de non-recours est de presque 70 %) et supprimer la Prime pour l’emploi (PPE), qui lui fait concurrence ? Ou faut-il revenir à la situation qui prévalait avant l’instauration du RSA, tout en recalibrant la PPE afin qu’elle touche plus efficacement les plus bas revenus, la «dégeler» et supprimer le RSA activité ?

Revenons en arrière pour comprendre les termes du choix. Le RSA devait constituer une innovation radicale : succédant à un RMI chargé de toutes les tares (faible nombre de contrats d’insertion, trappes à pauvreté…), il devait permettre de remporter la victoire contre la pauvreté, récompenser ceux qui revenaient à l’emploi et supprimer les effets de seuil.

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