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La reconstruction du Lycée Schoelcher

 

  I – BREF RAPPEL HISTORIQUE

 Création du lycée à Saint-Pierre

 Transfert à Fort de France après 1902 (Caserne Bouillé)

 Construction sur le site actuel (1920-1937)

 Transformation en lycée (fin du collège)

 Fermeture de l’internat

 Ouverture des Post-bac (BTS)

 

Du Collège national de Saint- Pierre au Lycée Schoelcher

 L’histoire du lycée Schoelcher nous enseigne qu’il a occupé 3 sites:

 – d’abord la ville de Saint- Pierre jusqu’à la catastrophe de 1902

 – puis la ville de Fort-de-France à l’emplacement de la caserne Bouillé, de 1902 à 1936

 et enfin son site actuel ( initialement appelé Bellevue) à partir de 1937.

 

Quelques dates clés

 1871 Le Conseil Général décide de doter la Martinique d’un établissement secondaire de plein exercice

 Le 6 déc 1880 Un arrêté du gouvernement de la Martinique crée

 le Collège National de Saint- Pierre au lieu dit Mouillage

 Le 2 mai 1881 Un arrêté transforme le Collège National en Lycée.

 Ce lycée comporte à l’époque 80 élèves

 Le 6 avril 1902 Un décret promulgué à la Martinique stipule que le

 Lycée de Saint-Pierre portera désormais le nom du Lycée Schoelcher

  ☛ Le projet réalisé en 1917, il ne sera pas retenu

 

 Dès son transfert à Fort de France il est recherché pour le lycée Schoelcher un terrain en vue de le reconstruire.

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Un programme pour la gauche rénovée

 

— Par Michel Herland —

L’élection de Nicolas Sarkozy, venant après deux mandats Chirac qui ne furent pas marqués par des succès éclatants sur les plans économique et social, est le signe d’une faiblesse profonde de la gauche. Comme en 2002, l’usure de la droite au pouvoir n’a pas suffi à réaliser l’alternance. La sociologie de la France étant ce qu’elle est, la victoire n’apparaît possible en effet, à gauche, que si trois conditions sont réunies: un candidat (ou une candidate) suffisamment charismatique, un programme mobilisateur, une stratégie en phase avec le rapport des forces en présence. Ce fut le cas en 1981 avec François Mitterrand, le programme commun et l’union de la gauche. Mais aujourd’hui aucune personnalité ne semble en mesure d’entraîner derrière elle les socialistes et, au-delà, de rassembler tous les Français qui ne se situent pas irréductiblement à droite; le Parti socialiste peine à produire un programme à la mesure des enjeux du moment; quant à la stratégie à même d’élargir la base électorale, elle est apparue aussi hésitante que fluctuante.

En attendant l’émergence du leader capable de conduire la gauche à la victoire, il est permis de réfléchir sur le programme et la stratégie.

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Le gâchis de l’eau dans les DOM

 

eauxLe Guadeloupéen dépense 1,71 € le m3 d’eau potable et 2,23 € s’il bénéficie d’un service public d’assainissement. Les 63 millions de m3 d’eau distribuée se perdent quasiment à moitié dans les canalisations, avant d’arriver au robinet de l’abonné. La consommation journalière domestique par habitant est de 206 litres. La gestion des services d’eau potable et d’assainissement est assurée en majorité en intercommunalité.
Les pertes sont très importantes
Plus de 262 millions de m3 sont distribués mais seulement 149 millions de m3 facturés en raison des volumes cédés gratuitement (1,5 % des volumes)1 et des pertes. Celles-ci sont très importantes et représentent entre le quart et près de la moitié de l’eau distribuée selon les départements.
La porosité du réseau, mesurée par l’indice linéaire de pertes2 est très importante. Ce sont ainsi 24 m3 par jour et kilomètre de réseau qui en moyenne n’arrivent pas aux robinets des usagers dans les départements d’outre-mer. Ces pertes s’expliquent en partie par la topographie, l’importance de l’activité sismique et l’étendue des communes. Pour y remédier les distributeurs doivent d’abord disposer de plans du réseau mis à jour.

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« Tâche d’encre aux poumons » , de Jean-Durosier Desrivières

stylo

Je ne sais plus parler

Je ne sais plus parler mesdames

Mesdemoiselles et messieurs

Parce que ma tête pense et croit nécessaire

D’ordonner à ma main

De foutre à mes doigts une expansion de doigts

Qui s’arroge le droit de foutre à ma bouche

Une expansion de gueule

Qui elle se prend pour je ne sais quelle

Cheminée

Persuadée qu’elle pourra réchauffer

A la fois de l’hiver-du-gwo-pwèl-

De-la-solitude-et-de-la-mélancolie

Ainsi comprenez bien mesdames

Mesdemoiselles et messieurs

Je ne sais plus parler…

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Poèmes de Mady

Les Agoodjiés

Un lourd silence règne sur kotopka.
Un silence comme un frêle fil trop tendu
quand il casse c’est l’assaut
des cris de guerres mais des cris de femmes
Même combattant comme des lionnes
plongeant sous les pluies de balles
les vieux chasse-pots ne valent pas
les étincelants fusils neufs
Nan Ahouannaton ta bravoure n’empêchera pas votre sang de couler
Puis Abomey tomba

Panama



Porte de l’Amérique du sud
Autrefois tu étais Colombien
de nos jours tu te dis Panaméen
Tu as déjà deux bandes rouge et blanche
serais tu le cinquante-cinquième ?
Te souviens tu de 1989
ce jour où on a spolié ta souveraineté
sous un faux prétexte.

Les embarcations passant en ton sein
ne sont point régis par tes frêles mains
mais par des tentacules dégoulinantes de ketchup.

Ce qu’il est beau de voir sur tes terres
n’est point des vieux élégants arborant des panamas
chapeau que l’on ne voit qu’en étalage
il est beau de rencontrer les indigènes Kuna.

N’y allez pas pour voir de beaux bateaux de beaux chapeaux
mais pour une rencontre humaine.

Gâchis



je distille l’égoïsme
décante l’espérance
j’attends le déluge
ou j’expie mes péchés
dans l’enfer inexpugnable
des suppôts du système

J’exècre, j’excrète
je crache, sur l’épouvantable Babylone
mais je veux y placer un rouage
pour en exprimer
un dividende

j’attends une réponse
je suis prisonnier
derrière ses faux murs
prisonnier qui a une clé

je sors, et j’observe
ce qu’est la côte riche
ils marchent en ligne
avenue Coca-Colone
entre deux Mac dollar

les seuls qui m’ont parlé
m’ont demandé de l’argent
pour le mac feliz

Cela me gêne



La base de leur pensée est l’écu
leurs motivations pécuniaires
Nous avons huit soucis principaux
Nous avons huit douleurs
Au dos, à l’estomac,
aux entrailles, a l’occiput,
au porte monnaie, une à venir ,
à la fierté, au cœur.

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« Noire Ode » de Patrice Le Namouric, Prix du Court 2011

— Par Roland Sabra —

Le Trophée dessiné par l’artiste Julie Bessard

 Le réalisateur, et par ailleurs comédien Patrice Le Namouric a remporté la compétition de la deuxième édition du Festival « Prix de court » avec un film de huit minutes vingt-six secondes « Noire Ode ». L’action se déroule dans un futur éloigné, en 2171.  Madinina devenue capitale de l’Empire Karaib concentre le pouvoir médical, notamment  en ce qui concerne la reproduction. Une jeune femme, Madame Cordy, interprétée par Daniely Francisque, s’adresse a un médecin ( Patrice Le Namouric pour guérir d’une « maladie » de peau sexuellement transmissible : elle a la peau noire! On ne se sépare pas d’une obsession encore vivace. Entre négritude et « black is beautiful » perdure en 2171, du moins c’est l’hypothèse du film la folie du blanchiment de la peau. Madame Cordy veut un enfant blanc. L’intérêt de la projection dans le futur est de montrer que les effets de la  domination ne prennent pas fin avec la domination. Vérité dont nous vivons les manifestations plus de cent soixante ans après la fin officielle de l’esclavage ici dans les Antilles.

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Steeve Zebina renouvelle la programmation cinématographique du CMAC

— Par Roland Sabra —

 

Steeve_Zebina

 Un souffle d’air frais dans la programmation martiniquaise tel est le résultat du travail du Monsieur Cinéma du CMAC, Steeve Zébina. Depuis sa prise de fonction l’an dernier Steeve Zébina nous propose des films qui ressemblent à des coups de cœur.  Après « Regards sur le Mexique » (lire le compte rendu de Selim Lander) voici « Regards sur… » La question reste entière car de « Dans ses yeux » à « Another Year » en passant par « Notre étrangère » et « Women are heroes » on cherche en vain la ligne directrice, mais peut-être n’avons nous pas tout compris, ni tout vu. Le seul reproche que l’on puisse faire à Steeve Zébina, c’est peut-être ne nous offrir des films qui relèvent d’une logique amoureuse car comme chacun sait le cœur a des raisons que la raison n’a pas. Tant pis ou tant mieux, tant que ses goûts font échos aux nôtres, nous voulons dire à ceux du public ce qui semble le cas, car il y a bien longtemps que la salle Frantz Fanon n’a été aussi remplie pour des séances de cinéma.

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Liberté, Egalité, Fraternité, Francité ! … et immigration zéro.

Par Patrick Singaïny

Propos sur le discours présidentiel au Panthéon

 

 

Par Patrick Singaïny1

 

 

 

 

 

Ayant préféré être posté sur le plateau de Michel Field à LCI pour mieux vivre l’événement national, plutôt que me trouver parmi les officiels, je commentais en direct la panthéonisation du « poète » Aimé Césaire par le président Nicolas Sarkozy. Pendant le temps où nous devions rester silencieux pour écouter le discours du chef de l’Etat, je prends connaissance de l’embargo au prononcé2 que nous tend l’animateur.

 

Je découvre alors, par la dimension que l’on a voulu donner à son contenu, un texte aux accents historiques, dont la prétention voudrait tendre à la similarité avec le fameux discours de Philadelphie de Barack Obama.

 

Celui-là même qui a su insuffler un élan d’espoir sans précédent au pays de Bush-fils, alors conspué dans le monde entier.

 

Le discours de Philadelphie, tout aussi important que le « I have a dream » de Martin Luther King, avait permis au métis de remporter la victoire présidentielle. C’était un de ses grands et rares discours qui appelait à parfaire une union nationale.

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« Puis le choix de l’atome » : Pour une Poétique des Possibles.

 —  par Scarlett JESUS —


Le Gaïac est un bois brun verdâtre très dur. Il est aussi appelé “bois saint” ou “bois de vie” (anglais lignum vitae). On trouve cette essence dans les Amériques tropicales, par exemple dans les Antilles et au Venezuela. Guaiacum officinale et Guaiacum sanctum sont des petit arbres du genre Guaiacum de la famille des Zygophyllacées

 

 

Voici un ouvrage qui mériterait d’être lu par d’autres que les quelques rares privilégiés qui ont eu la faveur d’acquérir ce recueil sorti fin 2010. Un ouvrage qui révèle, à travers une écriture poétique contemporaine originale, un poète guadeloupéen s’inscrivant dans la lignée de MALLARMÉ, le père de la modernité poétique, et de SAINT-JOHN PERSE. Comme lui, ce poète écrit sous un pseudonyme. Il emprunte à MALLARMÉ son prénom, Stéphane, et se dote d’un patronyme quelque peu sibyllin « Od-Ray Gaïac ». Aux prénoms de ses deux parents et au nom d’un arbre des forêts guyanaises, au bois très dur, le gaïac, le poète associe d’autres éléments : un prénom féminin, Audrey, en référence possible avec une muse du 7ème art, Audrey Hepburn ; le nom d’un jazzman, Ray Charles,  précédé d’un curieux Od, peut-être l’abréviation médicale du latin oculus dexter (œil droit).

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Le bonheur des peuples requiert d’urgence l’après capitalisme.

par Pierre SUEDILE


La question se pose car il semble évident que la fin de la période idéologique appelle une réflexion sur la nature de la société de demain. Nombre d’observateurs ont cru qu’avec la fin du communisme, le capitalisme s’imposerait de façon durable et structurelle et d’aucuns ont alors accéléré le passage amorcé à une forme évoluée du libéralisme, le néo-libéralisme, porté par le triomphe de la valeur suprême, les libertés individuelles. Enterrées les théories qui prétendaient que la société devrait s’analyser à travers le prisme de la classe sociale, abandonnés les intérêts dudit prolétariat et oubliée cette lutte prétendument moteur de l’histoire des hommes. Au grand dam des seigneurs de l’Olympe, du marché, ce début du XXIe siècle a montré qu’il en était autrement et que les dynamiques sociétales historiques ne sauraient souffrir des injonctions de groupes économiques ou politiques, voire de celles d’individus isolés. La notion d’hyper-puissance a vite été écartée suite aux crises nourries par une économie virtuelle stérile au plan des activités et des richesses réelles. L’unilatéralisme s’est effacé devant les difficultés à être le gendarme du monde, quand bien même les décisions internationales contournent à l’excès ces Etats placés au bon endroit pour faire entendre leur voix, quoiqu’ils aiment à courber l’échine pour ramasser les prébendes offertes en paiement de bons et loyaux services.

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« Agôn » de l’irritante Jandira Bauer

–par Roland Sabra —

Jandira Bauer est une metteure en scène irritante. Elle est capable de mise en scène de très grande qualité comme « Psychose 4.48 » de Sarah Kane dont on ne dira jamais assez qu’elle supportait le regard avec ce que les plus grands du théâtre européen en ont fait, notamment Claude Régy et Isabelle Huppert. Excusez du peu. Dommage que si peu de monde en Martinique ait pu s’en rendre compte. Peut-être un manque de repères pour faire le rapprochement ou la comparaison ? Alors pourquoi est-elle si irritante ? Parce que comme tous les artistes qui ont une vision précise de leur travail elle peut verser si ce n’est dans le maniérisme, tout au moins dans une répétition forcenée de tics, d’automatismes de mise en scène qui une fois qu’ils ont été repérés deviennent précisément irritants.

La sensualité, l’érotisme, la sexualité occupent une place importante dans son travail. Elle nous dit par là que nous sommes des êtres de désirs, de passion, de violence, que la jouissance à partie liée à la mort, en d’autre termes qu’Éros fait parfois bon ménage avec Thanatos.

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Le printemps des poètes 2011 à la bibliothèque Schoelcher

— Par Christian Antourel —

 


 Par Christian Antourel

Chaque année au mois de mars, nous revient cette manifestation attendue dans tout l’hexagone. Intitulé cette année »Année de l’Outre-mer français » chez nous, c’est l’occasion de présenter cinq rencontres littéraires et poétiques, afin de célébrer et faire découvrir la poésie à travers cinq univers  d’auteurs.
Travelling annuel dans  l’histoire de la poésie. Le Printemps des Poètes 13 ème édition, est cette expression sans laquelle des œuvres du plus grand intérêt, resteraient cantonnées au  rôle accessoire et ornemental dans le paysage  littéraire. Au lieu de ce destin auquel  les condamnait le désengagement  d’une certaine presse spécialisée et des lecteurs non informés : Le Printemps des Poètes,  véritable ballet des mots et du geste poétique, s’impose comme le rendez-vous incontournable et promotionnel de la poésie.

 

Les intervenants ;

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WIDAD AMRA

Elle  parvient dans son écriture à recréer une époque, une histoire sociale derrière un  voile d’apparences  et de sonorités pures  jusque dans les entrelacs et les émanations   d’une humanité  à  l’infinie générosité.

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Sens Mêlés



Sens Mêlés
Nathalie HAINAUT / Commissaire d’exposition, critique d’art / Mars 2011

« Chaque artiste comme chaque créateur, doit exprimer ce qui est propre à sa personne. Chaque artiste, comme enfant de son époque, doit exprimer ce qui est propre à cette époque. Chaque artiste, comme serviteur de l’art, doit exprimer ce qui, en général, est propre à l’art « .

Vassily Kandinsky, Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier.

Sens mêlés, c’est avant tout les effets d’une rencontre. Celle de deux artistes peintres, l’un, autodidacte cultivé et investi dans la peinture, Olivier D, l’autre plasticien acharné et reconnu sur la scène internationale des arts visuels, Richard-Viktor SAINSILY CAYOL. Une rencontre et surtout la fusion des arts plastiques autour de la toile vierge pour deux hommes, deux enfants des îles de la Guadeloupe et de la Martinique qui revendiquent leur identité de « sang-mêlé » et font le libre choix d’unir leurs forces créatrices, en croisant les pinceaux pour en démontrer l’extrême fulgurance.

Sens mêlés, c’est ensuite une première, une exposition-événement pour laquelle ces deux plasticiens ont partagé un atelier dans le quartier de Paintini à Saint-Domingue, produit une série d’œuvres à quatre mains avant de poursuivre dans le même esprit, chacun de leur côté, avec une série de toiles de leur propre «cru».

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« Borlette, géoposie » de Max Jeanne

— Par Scarlett Jesus —

Max JEANNE : Honneur et respect pour HAÏTI.

par Scarlett JESUS

Haïti est l’objet d’un intérêt tout particulier en Guadeloupe. En décembre, Evelyne TROUILLOT recevait le Prix CARBET pour son roman La Mémoire aux abois. Le mois suivant, le public était invité à applaudir Ayiti, écrit et interprété par Daniel MARCELIN. Enfin, la semaine dernière, Max JEANNE publiait aux éditions NESTOR son quatrième recueil de poésies : Borlette. Ce titre, qui désigne un jeu de hasard à deux chiffres très prisé par les Haïtiens, est une métaphore pour désigner le destin d’un pays sur lequel s’abattent tous les malheurs : misère, cyclones et tremblement de terre meurtrier du 12 janvier 2010.
Le genre poétique auquel se rattache ce recueil est ouvertement affiché : il s’agit de « géopoésie ». Ce terme n’est pas tout à fait nouveau. Utilisé par Italo CARVINO en 1984, il a été repris par un autre écrivain Guadeloupéen, Daniel MAXIMIN, dans un essai, publié au Seuil en 2006, Les Fruits du cyclone, une géopoétique de la Caraïbe. Il désigne une volonté d’exprimer la culture d’une région en rendant compte du rapport particulier des habitants de celle-ci avec leur terre, le « paysage » sur lequel ils vivent.

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« Plantation Massa-Lanmaux », de Yann Garvoz

par MAURICE MOURIER —

 3 mars  2011

 YANN GARVOZ, PLANTATION MASSA-LANMAUX Maurice Nadeau, 312 p., 24 €

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Au XVIIIe siècle, le jeune fils d’un planteur des « colonies », après des études en France qui l’ont mis au contact des idées philanthropiques des Lumières, rentre au pays. La plantation de canne à sucre de son père fonctionne, selon l’ancien système éprouvé, sur la soumission absolue des esclaves au maître. Imprégné d’utopie rousseauiste, Donatien, qui porte le prénom du Divin Marquis, va essayer de moderniser et d’humaniser le domaine. Ce livre étrange, aux deux tiers réussi, raconte son échec.

Voyons d’abord les éléments de la réussite littéraire, qui est souvent très notable. S’agissant d’un texte et non d’une étude historico- sociologique, cette réussite repose, comme il fallait s’y attendre, sur le style. Yann Garvoz, qui est clairement perfectionniste, s’est proposé une gageure : travailler la pâte verbale, abondante et riche, de son livre, en imitant, transposant, pastichant à la fois l’oeuvre sadienne et la prose précise de l’Encyclopédie, de La Nouvelle Héloïse ou (parfois) de Bernardin de Saint- Pierre. Mais cela n’est rien.

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Sortir de la souffrance au travail

— Par Christophe Dejours —

La discordance s’accroît, en France, entre la souffrance qui continuede s’aggraver dans le monde du travail et le débat qui s’intensifie dans l’espace public cependant que des mouvements de protestation se manifestent de plus en plus bruyamment dans la cité. Cette discordance pose des problèmes sérieux à ceux qui sont préoccupés par l’action en vue d’expérimenter de nouvelles méthodes d’organisation du travail.

Des solutions existent en effet, mais elles se heurtent à des obstacles dont l’analyse est indispensable avant d’appeler à quelque action que ce soit. A supposer qu’on parvienne à lever ces obstacles, sur quels principes pourrait-on fonder une action visant la reconstruction des rapports entre le travail et la vie ?

Le débat dans l’espace public est devenu important depuis l’automne 2009, à la suite des suicides à France Télécom, grâce aux journalistes principalement, sur le fond d’une sensibilisation des esprits plus lente et plus discrète, mais peut-être aussi plus durable portée par le cinéma documentaire, les films de fiction, les pièces de théâtre et les œuvres littéraires qui prennent le monde du travail pour sujet.

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Contre la nuit sécuritaire

 

Réforme de la Psychiatrie : Une déraison d’Etat (Pétition)

 

21 février 2011

Par Collectif des 39

 

Nouvel appel des 39 Contre la Nuit Sécuritaire

EXIGEONS le retrait de ce projet loi qui va organiser  le retour au « grand renfermement ».

Masqué par une appellation toute séduisante : « Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge», il a été adopté au Conseil des Ministres du 26 janvier 2011, et va être débattu au Parlement au printemps.

Trente mille personnes ont signé avec nous l’Appel contre La Nuit Sécuritaire, lancé en réaction au discours du président de la République le 2 décembre 2008 qui assimilait la maladie mentale à une supposée dangerosité. À nouveau, le Collectif des 39* en appelle à l’ensemble des citoyens.

Ce discours promettait un traitement sécuritaire des malades mentaux.

Il a depuis largement pris corps dans la pratique quotidienne : les lieux de soins psychiatriques sont désormais truffés de caméras de surveillance et de chambres d’isolement, des grillages ont été disposés, des protocoles de neutralisation physique des patients ont vu le jour, les préfets empêchent les levées d’internements caducs.

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« Tu peux parler par ma bouche n’aie crainte, je te la prêterai »

Serge Goudin-Thébia aimait répéter cet extrait d’un de ses poèmes. Et, oui, sa bouche, sa voix, ses mains, son corps, sa vie, Serge Goudin-Thébia les a donnés sans compter pour exprimer, dire, crier, chanter, tonner cet éternel enchantement de vivre, cette éternelle boulimie de lecture, cette passion du bleu, des pierres, des bois flottés, cette urgence de la création perpétuelle, cette indispensable « intranquilité ».
La vie et l’œuvre plastique et poétique de Serge Goudin-Thébia ne font qu’un, un élan vital. La voix forte qui résonne, la main qui trace les mots, vite, la main qui griffe, sculpte, déchire, relie, mais sait se faire patiente et douce quand les lézards, par dizaines, viennent y dévorer les miettes déposées à leur intention au creux de la paume.
Et même si la maladie, actuellement, ne lui permet plus de donner sa pleine mesure, la presqu’île de la Caravelle résonne encore des échos de la voix et des pas du poète, arpentant les rivages lors de ses inlassables errances géopoétiques.

 

Là où nous allons tous (extrait)


(à Léon-Gontran DAMAS)

(…)

Ils disent
que j’ai de la chance
de pouvoir acheter ou vendre
tout un tas de mensonges,
qu’en mettant dans le réservoir de ma voiture
des miles et des miles de litres d’essence
je pourrai oublier ce que je suis.

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Hommage à Gérald Bloncourt, par Widad Amra, poétesse.

Autour de Gérald Bloncourt.
Intervention à la bibliothèque Schoelcher le Jeudi 17 Février 2011.


 

Monsieur Bloncourt

Je connais votre pays. J’aime votre pays dans ce qu’ il offre de créativité dans une grande diversité, dans ce qu’il offre de résistance dans le temps, dans ce qu’il offre de dignité, et dans ce qu’il dit de l’humanité. Et cela, au delà, de tous les Malgré. Passés et présents.

Mais vous, Monsieur Bloncourt, avec tout le respect que je vous dois, je ne vous connaissais pas.
Jusqu’à ce livre…Jusqu’au hasard amical qui a mis ce livre entre mes mains.
Et je dirais comme Jean Claude Charles, qui a écrit votre préface, mon étonnement.
«  A la fin des années 60, en Haïti, je ne connaissais pas l’existence de Gérald Bloncourt.

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Glissant, poète du partage créole

— Par René de Céccatty —

Depuis des décennies, l’œuvre romanesque et poétique de ce « passeur d’écumes » s’accompagne d’une réflexion complexe, sur l’identité créole, miroir de compréhension de notre monde

 

Édouard Glissant est né en 1928 à Sainte-Marie, en Martinique. Il entreprend des études de philosophie à la Sorbonne en 1946 et vivra à Paris jusqu’en 1965. Docteur ès lettres, il fonde l’Institut martiniquais d’études et une école selon un système alternatif d’éducation. Son premier recueil de poèmes, Un champ d’îles, paraît en 1953. Il publie dès lors régulièrement des pièces de théâtre, des poésies, des essais et des romans. La Lézarde (1958) lui vaut le Prix Renaudot. Il collabore à de nombreuses revues, Présence africaine, Critique, Les Lettres nouvelles. En 1971, il fonde la revue Acoma. De 1982 à 1988, il dirige le Courrier de l’Unesco. Il vit à New York où il tient une chaire de littérature. 

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E. Glissant : continuer nos combat et le débat!

 — par Philippe Pierre-Charles —

 

La foule présente aux cérémonies pour celui qui s’en va, les présences officielles du pouvoir sont une nouvelle preuve des changements de la situation politique aux Antilles. Derrière l’écume des événements en surface, le pays continue de bouger. Le combat passionné d’Edouard Glissant et de tant d’autres, celui du peuple, tout simplement n’est pas vain. Devant sa dépouille prenons l’engagement de poursuivre les combats et de continuer à interroger œœuvre !
 
Notre attachement à Edouard Glissant (E.G. dans la suite) ne résulte pas d’un accord avec tous ses actes, tous ses écrits dont aucun parmi nous n’a lu ni discuté l’intégralité. Penseur infatigable, écrivain puissant, il laisse une œœuvre multiple dont l’exploration doit continuer. D’autant que même devant des désaccords évidents, une complexité fascinante et une opacité irritante, il nous oblige à penser, avec notre propre tète. A penser et à rêver aux cotés des personnages de ses romans qui sont souvent l’illustration étonnante d’une théorie, d’une vision historique. Ainsi pour son idée du peuple martiniquais, synthèse de « l’humus sauvage » des Longoué et du « terreau domestique » des Beluse, synthèse dont l’épaisseur et la richesse comptent autant que les événements emblématiques de notre histoire.

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Monsieur Glissant

— Par Manuel Norvat —

Auteur d’une thèse en cours d’écriture sur l’œuvre d’Édouard Glissant, Manuel Norvat, met l’accent sur la tonalité phénoménologique de cette pensée polyphonique du Divers : une «philopoétique».

Ouvert à la diversité du monde, Édouard Glissant aura relayé à travers son œuvre une parole irriguée par la poésie : c’est-à-dire la création d’un langage, d’une musique. Sa maison, située au Sud de la Martinique, dans la commune du Diamant, concentre et diffracte, du bord de mer où elle se trouve, tous les lieux et tous les êtres qui lui sont chers. La joaillerie et le tragique des rouleaux d’écumes qui la lèchent, mais aussi les mousses des forêts subtropicales et subversives de la route de la Trace et tant d’autres paysages archipélagiques et continentaux, de villes et de campagnes, de fonds marins ou d’étoiles lointaines tourbillonnent grâce à lui jusqu’au vertige dans notre imaginaire, désormais relié à partir d’un lieu réel ou symbolique que nous pouvons choisir. Oui, les éléments qu’il a glorifiés semblent dire comme lui : «Vis dans ton lieu et pense avec le monde».

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Hommage à Edouard Glissant

— Par Manthia Diawara—

 

Manthia Diawara  est cinéaste et enseignant à l’université de New York, auteur du documentaire «Edouard Glissant: un monde en relation»

 

Je me souviendrai toujours de ce voyage entrepris avec Edouard à Sainte Marie en Martinique, pour visiter la case de sa naissance dans un petit village du nom de Bezaudin. Du Diamant, en contournant Fort de France, pour aller vers le Lamantin, nous traversions un petit pont sur une rivière où jouait Edouard avec ses amis, quand il était enfant.

Edouard me montra du doigt les cases-nègres en bordure du fleuve, qui ont inspiré Joseph Zobel pour son livre La Rue Cases-Nègres. Nous descendions d’abord vallées après vallées, pour remonter ensuite par des chemins escarpés sans fin, vers la Montagne Pelée.

Tout le long du chemin, nous traversions des plantations de bananes. Edouard me parla du vert foncé des arbres géants qu’on ne trouve plus; des rivières dont on entend plus le bruit de l’eau qui coulait sur les petits cailloux et contre les rochers.

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L’impensé d’une écriture belle de monde.

— Par Alaric —

 

 

Ecrire, jusqu’à ses dernières ressources physiques, écrire jusqu’à son dernier souffle, telle fut la vie d’Edouard Glissant, chercher à s’installer au Lieu de l’écriture vivante, au Lieu que son œuvre ne cessera maintenant à chaque lecture de configurer, d’occuper, d’interpeller, il dirait certainement de «héler». L’œuvre a brusquement surgi vivante contre la mort, le départ d’Edouard Glissant, lui restitue ses frontières, ses limites, ses traces, ses poétiques, ses esthétiques, sa philosophie : tout ce qu’il a essayé de penser, et d’amasser inlassablement. Elle est devenue autonome et réflexive, point besoin de médiateurs, elle renvoie à elle-même, elle nous renvoie à nous-mêmes, elle pratique la relation, elle relaye, relie, relate, tous ses propres dits. Elle est devenue elle-même un Lieu, comme l’œuvre de W. Faulkner, dont il dévoile les « ouvertures infinies » et les impossibles, «Faulkner, Mississippi» et comme celle de Saint John Perse, ces deux maîtres. Comment écrire la modernité créole dans les propres formes et langues de la parole de sa Culture, issue de la Traite négrière, de la société d’habitation et dans la société coloniale, sinon dans « un suspens de l’être, dans une conception éclatée (dérivée, démultipliée) de la nature et de la nature humaine ».

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L’Acomat. Le Féal. Edouard Glissant.

— Par  Hanétha Vété-Congolo—

 

En grand voyage, sur le chemin de Guiné, travay fait, Glissant pran alé.

Mais chez nous, les morts ne meurent pas.

Chez nous, en dépit de tout, l’Homme demeure.

Un pran alé qui n’est pas le tiré dé pyé.

Ainsi, au soleil couchant, Godbi pran rasin.

Une autre géniture de cette Terre noire grosse Roche-mère, pleine d’humus.

Martinique.

Partant, il nous la révèle.

Car, il est constant que Glissant, du long de sa vie, du monde qu’il porte à fruition dans et par le Monde, a infailliblement honoré l’esprit et la beauté de la féalité.

Comme Césaire, comme Damas, comme Fanon. Féal.

Animé de la foi des croyants. Immensurablement féal. Fidèle au Lieu.

« Le lieu. [qui] est incontournable, pour ce qu’on ne peut le remplacer, ni d’ailleurs en faire le tour. » (Traité du Tout-Monde, 59)

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