Lettre ouverte au Nouvel observateur et aux journalistes
Une fois de plus, alors que l’on croyait Jean Raspail, autre journaliste “spécialiste des Antilles” mort et ses émules antédiluviens noyés par les nouvelles intelligences du Tout-Monde voici qu’une journaliste française vient faire un reportage et veut vendre son tiers monde Pulitzer et son mépris pour celui-ci. Mais elle a oublié que Volga-Plage est tout simplement “la France”, ne lui en déplaise. Et que le quartier Texaco, créé autour d’un site d’entrepôts de barils, est aussi “la France”, couronné par un prix Goncourt attribué à Patrick Chamoiseau, qui plus tard n’hésite pas à faire avec Guy Deslauriers un documentaire sur Vieux-Pont, autre quartier d’habitat spontané, qui n’adopte pas le misérabilisme sensationnel et le mépris comme conducteur.
Cette journaliste connaît-t-elle tout cela ? C’est une honte que toujours et encore ce regard, cette absence de déontologie nous expose comme bibelots, comme “sujets” (au sens créole) et nous souhaitons que les journalistes de la Martinique s’en inquiètent.
Si de ma pratique de l’anthropologie j’ai une fierté et une reconnaissance, c’est d’avoir par Volga acquis un vrai regard d’anthropologue bien des années après la fin de mes études,lors d’une enquête avec Serge Domi et Gustavo Torres, de pouvoir comprendre une identité collective d’un quartier qui laisse la place aux individus.