M' A

A propos du peintre qui peint des toiles de la couleur des murs où elles sont accrochées

La chronique n° 25 de Nicole Esterolle

 

 
 

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On connaissait déjà ce fameux peintre du dimanche qui ne peignait que le mardi et qui devint pour cela le précurseur de l’art dit de résistance, conceptuel, d’attitude ,de posture, bref : typiquement schtroumfesque. On connaît cet autre plasticien qui, par souci de résistance aussi au modèle bourgeois, pendant quarante ans, n’a peint que des bandes verticales régulièrement espacées et qui se voit aujourd’hui offrir par l’Etat et le contribuable français, une exposition au Grand Palais aussi triomphale que monumentale… Et puis voici ce Claude Rutault, né à Trois-Moutiers, dans le Poitou en 1941, qui peint ses toiles de la couleur des murs où elles sont accrochées, qui expose actuellement au Château d’Oiron proche de son village natal, et qui vient d’avoir une exposition chez Emmanuel Perrotin le galeriste parisien international, découvreur de Murakami et de bien d’autres produit du « Financial art »….

Ce préambule pour vous vous dire que cette chronique se situe  toujours bien dans le domaine de  cette crétinerie artistique en bande organisée sévissant au  sein de l’appareil d’Etat

Quoi de plus crétin en effet que cette photo jointe où l’on voit l’artiste Rutault qui tient la toile qu’il a toute peinte en rouge avec son gros pinceau encore baveux, avant de la placer sur un mur peint du même rouge imbécile ?

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Gustave Francisque… en concert autour de la musique traditionnelle

 — Par Christian Antourel —

   C’est comme revenir à l’époque où la musique ne s’écoutait qu’en temps réel. Le lien entre le silence, la musique et la mémoire, c’est le son.

 Il va falloir se faire à cette idée, Gustave Francisque est une des mémoires de notre patrimoine musical. Musicien rigoureux et opiniâtre, l’homme joue avec un égal talent du saxophone, de la clarinette et de la flûte. Auteur, compositeur interprète il est désormais professeur de l’école de musique « Cuivres et Bois d’ébène » et reste néanmoins le charismatique leader du groupe « Sapotie Kréol », ardent défenseur de la musique traditionnelle. Outre ses propres compositions telles que l’éternel « Kantik des mornes » ou la superbe « Bernadette » prix SACEM 2004 qu’il interprète lors d’interventions aussi nombreuses que populaires, le musicien rend régulièrement de vibrants et mélodieux hommages à des artistes réputés tels Barel Coppet, Eugene Mona, Max Ransay et d’autres encore, Il met son irrésistible brio au service du grand ballet de Martinique, comme autant de poésies, de sons, d’ambiance nostalgique présente et songeuse ; libres interprétations quasi métaphysiques jouées ensemble avec les ténors instrumentistes de son groupe : De belles fictions musicales qui réussissent à créer un ailleurs.

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KARIM BLEUS : un artiste haïtien en Guadeloupe.

par Scarlett JESUS, critique d’art—

 

Ou pa konèt Karim BLEUS ?

Karim BLEUS est un jeune artiste haïtien qui vient de passer plus de deux mois en résidence d’artiste à l’ARTOCARPE, centre d’art contemporain du Moule (Guadeloupe), du 18/11/ 2011 au 29/01/ 2012.

Karim porte un patronyme, celui d’une couleur, qui le prédestinait à devenir peintre. Couleur du ciel et de l’eau, le bleu symbolise l’infini, le divin, le spirituel. Il invite au rêve et à l’évasion spirituelle. Voilà bien un déterminisme puissant pour un artiste vivant au pays du vaudou.

Si Karim BLEUS est jeune, il est loin d’être « un bleu » dans le domaine artistique. Le très sérieux quotidien Le Nouvelliste, dont le premier numéro remonte à 1898 et qui est depuis peu dirigé par le ministre de la culture Pierre-Raymond DUMAS, allait même jusqu’à affirmer dans son numéro du 7 septembre 2009 qu’il représente « l’un des sculpteurs les plus importants de la scène artistique contemporaine haïtienne ».

Actuellement âgé de 37 ans, il est né le 25 novembre 1975 à Rivière Froide, section communale de Carrefour, bidonville situé dans les faubourgs du sud de Port-au-Prince.

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Le « Nous » haïtien / Le « Nous » martiniquais ?

— Par Jean-Durosier Desrivières —

Note : Cet article a été publié initialement dans les colonnes du quotidien haïtien Le Nouvelliste au cours de l’année 2001 sous le titre originel : « Une mémoire en colère ». Il est diffusé ici, pour mémoire, après de légères corrections et amputations.

 

Le Comité Devoir de Mémoire Martinique, sous l’égide de Médecins du Monde, a fait de l’Atrium de Fort-de-France, le 2 mai 2001, le siège d’un colloque intitulé : « Histoire et mémoire des sociétés post-esclavagistes… ou … La révolte contre l’oubli ». C’est dans ce cadre que s’inscrit « Une mémoire en colère », la communication de l’historien haïtien Pierre Buteau, laquelle a interpellé ses pairs historiens, politiciens, professeurs d’histoire et amateurs curieux des problématiques de la région caribéenne, constituant l’humble assistance. Comment saisir les rapports que les haïtiens entretiennent avec les lieux de mémoire, avec le passé et le présent ? Telle est la question fondamentale qui, selon nous, se dégage de l’exposé du « mémorialiste ».

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Le trouble à la fête

par Manuel Norvat

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François Piquet, Nou,papier, résine, cordon lumineux, métal, ficelle. Environ 6 kg, 320 x 100 x 50 cm, janvier 2011. Photo : F. Piquet.

   Comment avoir les idées claires lorsqu’on parle du trouble ? C’est à mon sens l’un des défis que nous lance le dernier numéro de Recherches en Esthétique consacré à ce thème. Son chef d’orchestre, Dominique Berthet, lève rapidement l’ambiguïté à ce sujet : « si le plaisir esthétique est certes un moment essentiel du rapport aux œuvres [écrit-il], il ne saurait exclure les autres moments de l’expérience esthétique, comme par exemple l’analyse et le jugement ». De même, pour Sentier : « être troublé ne signifie pas uniquement perdre ses repères ». La revue avait donc tout lieu de raison garder (snobant ainsi quelques mauvais effets de trouble) en rassemblant les contributions en quatre parties : La première met l’accent sur des réflexions à propos l’esthétique du trouble. La deuxième sur les affinités du trouble aux dits « nouveaux médias ». La troisième tente de cerner quelques « figures » du trouble. Enfin, la quatrième porte sur le trouble « ultra marin », formule politiquement trouble dans un monde hors Métropole coloniale où l’on ne saurait demeurer l’outre mer de l’Autre.

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« Congre et homard » de Gaël Octavia dans une mise en scène de Dominik Bernard : une vraie réussite

— Par Roland Sabra —

Comment tisser du neuf avec une trame usée jusqu’à la corde ? Voilà la gageure que relève avec brio la mise en scène de Dominik Bernard du texte de théâtre « Congre et Homard » de Gael Octavia, la jeune auteure dramatique née en Martinique. La sempiternelle trilogie mari-épouse-amant est déclinée sous les habits d’une fable animalière aquatique, celle du Congre du poulpe et du homard d ‘après une légende catalane racontée à l’auteure. Il paraitrait que le congre accompagnerait le homard qui lui servirait d’appât dans sa recherche de poulpe dont il se nourrit. Le homard sort du rocher, le poulpe s’avance pour le dévorer, mais le congre plus rapide surgit et se fait un festin du poulpe.

C.(ongre). convoque dans un restaurant désert H.(omard) pour une confrontation directe sans la présence de l’intermédiaire P.(oulpe) qui les réunit. H. interprété en finesse et en retenue par Joël Jerdinier ne sait d’abord rien du motif de la convocation. C. avec Dominik Bernard en puissance et en force dans le rôle, apparaît comme un manipulateur dont la perversité tient à la position de savoir qu’il détient face à H.(omard).

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Eïa pour notre « Frère Volcan » : Vincent Placoly 21 janvier 1946 – 6 janvier 1992

  — Par Rodolf Étienne —

Un mémoire simple de Vincent Placoly consisterait à le présenter comme suit : enseignant, écrivain, dramaturge, militant politique, membre fondateur du Groupe Révolutionnaire Socialiste (GRS).

Une telle présentation expliquerait à elle seule, à bien des égards, le silence qui règne autour de l’œuvre de Vincent Placoly. Pourquoi une telle affirmation ? Il suffit pour s’en convaincre de se remémorer la Martinique du temps de Placoly et notamment la Martinique politique. On l’a dit Vincent Placoly était militant au sein du GRS, une organisation politique d’obédience trotskiste, qui donc d’extrême gauche. Mais encore ?

Gilbert Pago, membre co-fondateur du GRS, dans une présentation posthume de son ami nous dit : « En 1969, de retour en Martinique,Vincent Placoly partage avec ses camarades de Génération 46, les déconvenues du Parti Communiste Martiniquais« .

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« Le complexe de Thénardier » de José Pliya : comment tuer sa mère ?

— Par Roland Sabra —

 Une variation moderne de la dialectique du maître et de l’esclave

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Laure Guiré et Nafissa Songhaye

 La fin est au début. De façon plus claire le dénouement de l’histoire qui va nous être contée est posée sur scène dés les premières phrases : « Vido s’en va. Voilà je m’en vais. Vous dormez. Je n’aurai pas votre bénédiction. Ce n’est pas grave. Je reviendrai. » Une manière de débarrasser l’esprit du spectateur d’une question inutile, quelle issue pour ce drame ? pour qu’il puisse se concentrer sur l’essentiel : la langue et sa structure poétique, sa découpe au scalpel, le tranchant des mots et la finesse de leur lame, dans une joute verbale qui décline une variation moderne de l’antique et toujours actuelle thématique du maitre et de l’esclave. « Dans un lieu hors du temps et de l’espace, la mère a recueilli Vido qui fuyait le génocide. Pour se rendre utile Vidomégon, c’est son vrai nom, devient servante, femme à tout faire. Un jour, une nuit, peu importe, Vido décide de s’en aller. Mais voilà comment faire ?

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Pierre Williet en concert au Jedi Mizik

«  Obstination », titre une des qualités d’un musicien aujourd’hui…il doit être obstiné afin de poursuivre son chemin, pas toujours facile… »

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«  OBSTINATION  »

L’album  « Obstination »constitue le 3ème volet de la trilogie «  Bleue Biguine » toujours dans le même axe de recherche et de mélange de musique antillaise et de jazz. Une musique résolument signée biguine –jazz, entre jazz fusion et esthétique caribéenne. Avec un swing impétueux à géométrie variable. Pierre Williet nous confie que « ce sont des compositions originales, dont deux dédiées a ses filles qui font parties de sa source d’inspiration ; les autres titres sont aussi dédiés à des proches ou à des artistes qui ont marqués le monde musical… Un hommage particulier à Eugène Mona « Mona Lizo, Ti mouton »   composition qui souhaite exprimer toute la force et la magie de l’œuvre musicale du maître. Une incursion dans les rythmes caribéens, le bélé et la relecture de standards ». Et un clin d’œil a la sonorité Be- Bop de Charlie Parker. Nous avons apprécié un exemple de son évolution stylistique et de sa créativité.

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« L’ État et les clivages ethniques en Afrique » dialogue entre Thierry Michalon et un universitaire camerounais (1)

— Par Michel Herland—

 

Thierry Michalon est bien connu des Martiniquais, au-delà même des limites du campus de Schoelcher où il a longtemps enseigné. Outre ses nombreuses interventions publiques dans les médias, il est l’auteur de plusieurs ouvrages « décapants » qui portent un regard sans complaisance sur la situation de l’outre-mer français (2). Ayant par ailleurs passé une partie de sa carrière sur le continent africain, il s’est également intéressé à la question de l’État en Afrique, à laquelle il a consacré quelques articles séminaux. L’ouvrage dont il est question aujourd’hui se nourrit de ces deux expériences. Il a en outre la particularité de se présenter sous la forme d’un dialogue avec un intellectuel africain engagé, Ebénézer Njoh Mouelle, auteur lui-même de nombreux ouvrages sur les problématiques du continent.

Deux auteurs, donc, deux honnêtes hommes, « pessimistes actifs » qui, sans se cacher l’ampleur des difficultés, conservent l’espoir du monde meilleur dont ils cherchent à définir les contours. Ils sont amis, ce qui ne les empêche pas d’aboutir souvent à des constats de désaccord, par exemple lorsqu’il s’agit de peser la responsabilité de l’Occident dans les malheurs du continent africain.

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Opération de déstabilisation au CMAC : après Manuel Césaire, Josiane Cueff ?

— par Roland Sabra —

Le débrayage du 06-12-2011

Le 30 avril 2010 Claude Lise, alors Président du Conseil Général mettait fin aux fonctions de Manuel Césaire, administrateur de l’éphémère regroupement CMAC-Atrium et qui de toute façon ne souhaitait pas s’aventurer davantage sur une planche savonnée.  Ce n’était là que l’épilogue, provisoire et non définitif, on va le voir, d’un énième épisode de la guerre picrocholine qui agite le vaisseau amarré rue Cazotte à Fort-de-France. Manuel Césaire avait estimé que les entraves du Conseil Général de l’époque à l’accomplissement de ce pourquoi il avait été nommé, « filialement » relayées à l’intérieur de la structure par des enjeux de pouvoir lui rendaient impossible l’accomplissement de sa mission, en conséquence de quoi il préférait jeter l’éponge. Parmi les chausse-trappes, on assista à une grève minoritaire, sept grévistes en tout et pour tout, se conclure en quelques heures par une augmentation de salaire de 150 Euros. Officiellement le conflit avait la forme d’une opposition entre deux projets de fusion des structures du CMAC et de l’Atrium. Claude Lise soutenait la création d’un Établissement Public Administratif ( EPA) qui confortait et renforçait la tutelle politique du Conseil Général sur le nouvel ensemble.

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Brève exploration de la littérature en langue créole en Haïti, de ses balbutiements à son affirmation

— Par Jean Durosier DESRIVIERES —

  

Préambule

Compte tenu de l’ensemble des œuvres publiées depuis deux décennies par des auteurs haïtiens, tant en Haïti qu’à l’étranger, on peut aisément soutenir l’idée que la littérature haïtienne s’écrit dans plusieurs langues aujourd’hui: français, créole, anglais, espagnole… Bien entendu, même s’il est nécessaire de le signaler, on n’est pas obligé de s’attarder sur cette idée pour aborder convenablement l’histoire littéraire haïtienne. En revanche, on est forcé désormais de parler, sans l’ombre d’aucun doute, d’une littérature qui s’écrit dans les deux langues officielles du pays, à savoir: le français et le créole. Donc, explorer la littérature en langue créole en Haïti, c’est considérer un versant de la littérature haïtienne longtemps négligé et qui s’affirme de plus en plus comme l’une de ses composantes effectives, réelles, mesurables et incontournables. Avant de retracer pour vous le parcours de la littérature en langue créole en Haïti, j’aimerais d’abord exposer quelques grandes lignes de l’histoire littéraire haïtienne elle-même. Cet exposé vous permettra de mieux comprendre la situation de la littérature en langue créole qui est toujours en construction en Haïti, dans un contexte

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Martinique Jazz Festival 2011 Le renouveau d’un festival plus ouvert sur le monde

 — par Roland Sabra —

 

L’audace ne paie pas toujours. Samedi 26 novembre dans la salle Aimé Césaire du CMAC s’ouvrait le Martinique Jazz Festival ( notez l’ordre des mots!) avec en première partie en formation Quartet Grégory Privat, pianiste fils de son père José lui même pianiste du groupe Malavoi. Le public a apprécié et s’est laissé séduire par le manque de naturel du jeu quelque peu affecté de l’artiste qui en fait des tonnes, dans une gesticulation imitative qui emprunte vaguement à Glenn Gould et plus surement au grand guignol pour montrer à quel point il est traversé, travaillé, envahi par les morceaux qu’il interprète. Il faut dire que son toucher de clavier n’est pas aussi expressif et fait preuve d’une assez grande pauvreté, comme s’il lui fallait souligner par le geste ce que son interprétation ne sait dire. Taper n’est pas jouer. La complicité qu’il entretient avec Sonny Troupé à la batterie et au ka lors d’un duo est néanmoins l’occasion d’un rare moment de plaisir. Manu Godja à la guitare tire son épingle du jeu, tandis que Damian Nueva à la basse est totalement sous-employé.

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Clôture du Martinique Jazz Festival 2011 Le renouveau d’un festival

 

par Roland Sabra

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   Brillantissime, c’est à dire extrêmement brillant, très séduisant et intelligent, voilà le mot qui vient à l’esprit en sortant du concert de clôture du Martinique Jazz Festival donné comme une offrande par Omar Sosa le 08 décembre 2011 au CMAC de Fort-de-France. Ce cubain, il est né à Camagüey et partage sa vie aujourd’hui entre Quito et San Francisco, est un fin explorateur des cultures musicales africaines, sud-américaines et caribéennes dont il cultive le syncrétisme, à l’image de la religion dont il est imprégné, la Santeria. Nombre de ses morceaux évoquent les Orishas, ces divinités afro-américaines originaires des traditions religieuses Yoruba. Loin d’être un assemblage de styles sa musique est une construction cohérente qui s’enroule autour d’une recherche de spiritualité en invitant à la méditation. « Chaque chanson est une inspiration pour la suivante, et l’improvisation est la base de l’expression musicale. Je voulais jouer du début à la fin sans réfléchir, seulement ressentir où chaque note m’emmènerait, en suivant la voix de mon âme. Il est possible que le silence, la nostalgie, l’espoir, l’optimisme, et la tristesse voyagent tous main dans la main dans la plupart de ces morceaux » déclarait-il à propos de son cinquième album de piano solo.

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Martinique Jazz Festival 2011 De l’art de cultiver les contrastes

— Par Roland Sabra —

 

Improbable ! Voilà le mot qui vient à l’esprit lors de la découverte, le 02 décembre 2011 au CMAC de Fort-de-France dans le cadre du Martinique Jazz Festival, du groupe NoJazz, qui s’impose d’emblée comme une non-évidence. Difficile de définir les contours de NoJazz. D’abord combien sont-ils ?sont-ils quatre ? Sont-ils cinq ? Question vertigineuse quand on découvre que chacune d’eux est plusieurs à la fois. Commençons par le plus simple, enfin ce qui peut paraître le plus simple, tellement NoJazz échappe à toute catégorisation. Le groupe est né il y a une dizaine d’années, on n’en saura pas plus, de la rencontre de copains musiciens engagés dans des champs musicaux hétérogènes, le rock, le jazz, l’électro, le hip-hop, le R&B, le funk etc . Et voilà qu’ils décident de jouer ensemble, d’abord des impros, se trouvent immédiatement un nom, puis vient le premier concert deux mois plus tard au Sunset. Un autre mois passe et Teo Macero, le producteur de Miles Davis, fait une entorse aux règles de vie que lui impose ses 75 ans, à savoir se mettre au lit à 23 heurs au plus tard, et reste à danser, oui, oui, à danser devant eux jusqu’à plus d’heure.

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Aménagement du créole et du français en Haïti


creole
L’ÉCOLE EN CRÉOLE, EN FRANÇAIS, DANS LES DEUX LANGUES ?
ÉTAT DE LA QUESTION ET PERSPECTIVES

Table-ronde, Association des enseignants haïtiens du Québec (AEHQ)
Montréal, le 16 octobre 2011 (version écourtée et remaniée : 30 novembre 2011)

Robert Berrouët-Oriol
Linguiste-terminologue

Pour contribuer de manière constructive à la réflexion de la table-ronde d’aujourd’hui dont le thème est « L’école en créole, en français, dans les deux langues ? État de la question et perspectives », je caractériserai la situation linguistique haïtienne sur quatre axes principaux. Ces quatre axes analytiques constituent la charpente à partir de laquelle notre vision est construite, et cette vision légitime et donne lieu à une perspective centrale –l’aménagement des deux langues officielles d’Haïti à l’échelle du pays tout entier. Et c’est à partir de cette vision centrale que j’interrogerai le sous-ensemble « aménagement des langues officielles dans le système éducatif national ». Le fil conducteur de ma pensée sera donc le suivant : l’État haïtien doit-il adopter sa première législation contraignante en matière d’aménagement linguistique afin de légitimer et d’encadrer l’aménagement et du créole et du français dans le système éducatif national, de la maternelle à l’enseignement secondaire, universitaire et technique ?

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Jean-Marc HUNT / Kelly SINNAPAH : dans les jungles contemporaines.

Par Scarlett Jésus

 

 

« La peinture de LAM n’est ni nègre (…) ni chinoise, ni amérindienne, ni hindoue (…), ni «universelle (…). La peinture de LAM lève en nous le lieu commun des imaginaires des peuples, où nous nous renouvelons sans nous altérer ».

 

Edouard GLISSANT

 


Tout le monde a en mémoire le tableau intitulé « la jungle », que Wifredo LAM a peint à son retour à Cuba, en 1943, après son passage, en compagnie d’André BRETON, par la Martinique où il rencontra CESAIRE. Peinture qui fut, à juste titre, considérée comme le « premier manifeste plastique du Tiers-Monde ».

Quel rapport les « Œuvres récentes » que Jean-Marc HUNT et Kelly SINNAPAH viennent conjointement d’exposer, les 19-20 novembre derniers à l’Atelier CILAOS de Baie-Mahault, entretiennent-elles avec cette œuvre à la fois surréaliste et emblématique de l’émergence d’un art caribéen ?

Le choix des deux artistes s’est manifestement porté sur des paysages. Si, pour l’un, il s’agit de paysages urbains renvoyant à toute une culture underground contemporaine, les paysages de l’autre nous plongent dans l’univers bien particulier d’une Forêt magique, pleine de maléfices.

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Durant 2 mois, 3 expositions majeures en Martinique

 

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Carte de Martinique, œuvre de l’artiste  Hervé Beuze

 

Par Sophie Ravion d’Ingianni

3 expositions majeures marquent la scène artistique contemporaine de la Martinique durant les mois de novembre et décembre 2011. Art contemporain de la Caraïbe à L’Hôtel de Région à Fort de France (Cette exposition a été décrochée au bout de 4 jours ???); Horizons insulaires à la Fondation Clément au François, visible du 28 octobre au 4 Décembre 2011 et, Caraïbe expansion au Centre Culturel de Rencontre Fonds Saint-Jacques à Sainte-Marie, du 20 novembre au 13 décembre 2011.

Ces 3 expositions offrent un tableau de l’art actuel sous la forme d’une mosaïque de cultures et de situations. Sont présentés au total 38 artistes qui – dans une vaste géographie de pratiques artistiques, de propos « contextualisés » et de démarches engagées – embrassent et effectuent des rappels essentiels sur l’histoire, les religions, les économies, les politiques, les paysages et les esthétiques singulières de leur île.

La première manifestation : Art contemporain de la Caraïbe a eu lieu à L’Hôtel de Région à Fort de France.

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Kanel Brosi : Transformer le moins en plus, le mortifère en vie : voilà son rêve…

  –__-« Chrysalide »

Tous ces bois et autres matériaux que vous récoltez dans la nature ou aux abords de la mer sont chargés d’ une histoire, d’un passé. En tant que sculpteur, peut-on dire alors que l’on crée à partir de rien, selon l’expression « Ex Nihilo» ?

Ex Nihilo, c’est le titre que j’avais choisi pour ma première expo, en 2006; titre renforcé par son sous-titre: Le hasard apprivoisé. J’ai voulu, ce disant, mettre l’accent sur ma démarche. En effet, les « trophées » que je rapporte des forêts et des plages {lors de ce que j’appelle ma « chasse aux bâtons » !l sont pour moi des trésors potentiels, alors qu’ ils ne sont, pour le plus grand nombre, que résidus, déchets. (Et plus ils sont « ruinés, plus ils m’attirent !l

Ces bois foulés aux pieds, dédaignés, ils n’existent pas: c’est donc du rien (nihil, en latin). lorsque je les collecte, mon regard leur redonne vie ; mon imaginaire y projette, à partir de leur forme et de leur texture, la possibilité d’une identité, d’un souffle vital.

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Martinique Jazz Festival 2011 Une ouverture controversée !

 

Deux styles, deux poses…

par Roland Sabra

L’audace ne paie pas toujours. Samedi 26 novembre dans la salle Aimé Césaire du CMAC s’ouvrait le Martinique Jazz Festival ( notez l’ordre des mots!) avec en première partie en formation Quartet Grégory Privat, pianiste fils de son père José lui même pianiste du groupe Malavoi. Le public a apprécié et s’est laissé séduire par le manque de naturel du jeu quelque peu affecté de l’artiste qui en fait des tonnes, dans une gesticulation imitative qui emprunte vaguement à Glenn Gould et plus surement au grand guignol pour montrer à quel point il est traversé, travaillé, envahi par les morceaux qu’il interprète. Il faut dire que son toucher de clavier n’est pas aussi expressif et fait preuve d’une assez grande pauvreté, comme s’il lui fallait souligner par le geste ce que son interprétation ne sait dire. Taper n’est pas jouer. La complicité qu’il entretient avec Sonny Troupé à la batterie et au ka lors d’un duo est néanmoins l’occasion d’un rare moment de plaisir. Manu Godja à la guitare tire son épingle du jeu, tandis que Damian Nueva à la basse est totalement sous-employé.

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Pouvoir, art et tais-toi : une trilogie martiniquaise


 — Par Julie Bessard —

 

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La semaine de la censure bat son plein sur notre île, entre les suspicions sur le fait que l’exposition “Spiritualité, rituels et imaginaires de la Caraïbe”, présentée au conseil régional, ait été jugée blasphématoire et décrochée avant son terme officiel du 20 novembre(*), et la déformation de l’installation de Philippe Alexandre dans le cadre de l’exposition “Catastrophes ?”, présentée à la bibliothèque Schœlcher jusqu’au 18 novembre. Le milieu artistique reste en émoi en attendant la véritable information sur le pourquoi du qui et du comment de ces faits inquiétants pour la liberté d’expression.

Certainement que de courageux organisateurs, journalistes, commissaires ou artistes, sans crainte de la mise au placard médiatique et financière, parviendront à faire taire les rumeurs et à nous donner une version claire et précise.

 

A propos de mise au placard, j’aimerais narrer l’expérience inquiétante que j’ai vécue au Marin, lors de mon passage vendredi 25 novembre 2011 au Marché d’art contemporain (MAC) qui fut, à mon encontre, la mise en pratique de ce vent de censure.

 

Commençons par  le pourquoi :

Il y a deux mois, Habdaphai – artiste locomotive du MAC depuis 8 ans – réunissait à l’Atrium des artistes plasticiens et leur faisait part de ses inquiétudes quant à sa participation et à la mise en place de la manifestation en 2011.

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Les humoristes contre la dépression sociale

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 par José Alpha

  La chaleur humaine qui se dégageait de la salle Aimé Césaire de l’Atrium provoquée par le talent des humoristes martiniquais et guadeloupéens conduits par le comédien Alex Thobor, était palpable jusque sous l’immense ciel du théâtre. Plus de 800 personnes se sont déplacées, et c’est un fait social, un dimanche soir à 19h vers le Centre culturel départemental de Fort de France pour rire d’eux-mêmes, de leurs frustrations et de leur impuissance face aux dérèglements sociaux et civilisationnels qui écrasent la société martiniquaise.

Les martiniquais sont venus nombreux se détendre comme l’a développé « le philosophe corrosif » de la scène comique locale, et aujourd’hui nationale, Jean Yves Rupert revenu d’une grande tournée des communes de la Martinique après son succès au Zénith de Paris.
Se détendre, oui ! « Se détendre avant tout » comme l’ont martelé les humoristes Thierry Adèle qui atteste d’un parcours professionnel très prometteur, et comme l’ont souligné aussi Prospère et les étonnants frères Bostik de la Guadeloupe.

Détendre, apaiser, calmer, pacifier par le rire, par les larmes et les sentiments qui jaillissent de la scène-miroir « de nos existences morbides » ; n’est ce pas la vocation du Théâtre et de la comédie par ces temps de dépression sociale qui délie les familles, désintègre les relations intergénérationnelles, brise les espoirs de la jeunesse et emprisonne «l’intelligence humaine» devenue très suspecte selon l’humoriste martiniquais Thierry Adèle qui confirme avec la lucidité de Stephen King que « l’humour est presque toujours la colère maquillée ».

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La destructivité adolescente à l’épreuve de la psychanalyse

Par Yves Morhain et Bernard Chouvier Université Lumière FranceStephane Proia Université de Nimes

 

Resumé: Le présent travail s’attache à montrer en quoi les nouvelles formes de psychopathologie adolescente, ne se déclinent plus dans le registre de la rivalité jalouse entre semblables, de luttes pour la possession de biens, mais se manifestent par l’agression contre l’autre, le semblable, souvent de manière soudaine et brutale, Sous l’emprise de l’envie primaire et dans l’impossibilité d’élaborer leurs angoisses archaïques, les adolescents destructeurs sont en permanence à la limite de la menace d’effondrement identitaire et d’une projection évacuative. Deux cas cliniques viennent étayer la thèse d’un effondrement narcissique conjoint à la pression d’une jouissance archaïque comme déclencheurs de la pulsion de destruction. Nous considérons les agirs destructeurs de ces adolescents, qui ont pour finalité la désubjectivation d’autrui et son anéantissement en tant qu’être différent, porteur d’un désir propre, comme une parade contre la disparition subjective et partant une lutte désespérée pour la survie psychique.

 

Mots-Clés: Adolescence, haine, envie, destructivité.

 

Resumo: O presente trabalho relaciona-se com a demonstração de que as novas formas de psicopatologia do adolescente não mais se propõem ao registro da rivalidade ciumenta entre semelhantes e a luta pela posse de bens, mas se manifestam pela agressão ao outro, frequentemente de maneira súbita e brutal.

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« La loi de Tibi » d’après « Mieux que nos pères »

DON QUICHOTTE…. ET SANCHO PANZA

 Imaginons un ailleurs au milieu de nulle part,  mais marqué par la misère, par un déterminisme prénatal, cette prédisposition au manque de chance, à une victimisation chronique, où le malheur s’écrit en lettres capitales. Ravages de tous les fléaux qui touchent la société. L’avidité et tous les vices de la condition humaine, qui font de ce monde ce qu’il est, dans son masque le plus ténébreux. A ce moment là entre en scène Tibi en «  habit de lumière. » L’Auguste triste mais encore plus joyeux. La mise en scène nous l’impose déplorable et au bout du compte, relativement attachant. Forgé d’humour noir ou d’ironie féroce. Avec un cœur qui respire la communication. Si Don quichotte transparaît dans sa fibre combative, il y a certainement dans un recoin un Sancho Panza dans sa force d’aimer. Comme dans un traveling de cinéma, revenant sans cesse sur «  le séducteur »pour faire jaillir en gros plan son rôle principal , ce voyage , ce formidable questionnement montre un personnage en constantes métamorphoses mentales autour d’un seul axe ; ce monde qui est le notre et dont on ne peut renoncer au nom de l’humain.

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Desrivières, poète créole.

— Par Michel Herland.—

 Jean-Durosier Desrivières dont les lecteurs connaissent peut-être déjà le recueil précédent, « Bouts de ville à vendre » (1), qui racontait la ville de Port-au-Prince (d’avant la catastrophe du 12 janvier 2010) en des vers jubilatoires, nous offre maintenant un choix de poèmes redoublés, la version créole (que l’on doit croire originale) sur la page de gauche faisant face à la version française à droite (2). L’exercice qui consiste à produire deux poèmes qui disent la même chose (ou à peu près) en des langues différentes est évidemment risqué.

Quoi qu’il en soit, cet exercice dont Robert Berrouët-Oriol, dans sa préface, rappelle qu’il a déjà été tenté par Georges Castera dans « Tanbou kreyol – Tambour créole », nous pousse inévitablement à comparer les vertus des deux propositions poétiques, celle en créole haïtien et celle en français standard. Qu’on en juge :

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