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« Wadjda » de Haiffa Al Mansour : la belle surprise de ce début d’année 2013

Par Thibaut Fleuret
Critique cinéma LE PLUS. C’est le premier long-métrage réalisé en Arabie saoudite. « Wadjda », en salle depuis le 6 février, parle du combat d’une petite fille contre le fondamentalisme religieux qui règne dans son pays. Le film, qui a bénéficié d’un très bon accueil dans les festivals où il est passé, est l’une des premières surprises de l’année. Critique de notre contributeur Thibaut Fleuret.

Édité par Sébastien Billard

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La voici la véritable surprise de ce début d’année 2013. Malgré une réputation flatteuse acquise au cours des festivals qu’il a traversé, jamais on n’aurait pensé ce premier film pétri d’autant de qualités. Surtout, il dépasse sa condition. Un véritable boulot de cinéaste.

Des moments de poésie simple

Wadjda, c’est le prénom d’une petite fille qui va à l’école et qui veut un vélo. Le pitch est d’une simplicité désarmante. Il va, pourtant, permettre à la réalisatrice d’embrasser une multitude de thématiques. La première d’entre elles concerne, bien évidemment, la trajectoire de cet enfant. Cela est la première chose qui vient à l’esprit. On ne sera pas déçu.

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La tentative de réhabilitation de J-C Duvallier est un flagrant déni de justice

Lettre ouverte d’un poète au quotidien Le Nouvelliste d’Haïti

 

Robert Berrouët-Oriol

Linguiste-terminologue

Montréal, le 13 février 2013

Courriel : tradutexte.in ter@hotmail.com

En Haïti, la période durant laquelle se tient le carnaval est un moment privilégié d’expression de toutes les outrances du langage et des frustrations de la vie quotidienne. Elle peut être également propice à la diffusion d’idées négationnistes1et fallacieuses dans les champs historique et politique. Formulées en pareil contexte, les idées négationnistes passent souvent presqu’inaperçues : l’éructation carnavalesque, seule, mugit dans la Cité, couvrant de sa bave burlesque toute autre parole.

Arthur V. CALIXTE, duvaliériste et tonton-macoute notoire, homme de main des Duvalier père et fils, vient de mettre à profit pareil contexte en publiant dans Le Nouvelliste du 8 février 2013, comme à la dérobée, anba pay, un article mystificateur et négationniste : « Jean-Claude Duvalier, la grande victime de l’histoire » (http://www.lenouvelliste.com/article4.php?newsid=113360). Fier ilote d’une sourde tentative de réhabilitation du nazillon haïtien, Arthur V. CALIXTE réécrit l’Histoire, s’inscrit dans le déni des faits connus et fabrique, pince-sans-rire, un Jean-Claude Duvalier « victime » et « dictateur progressiste ».

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Discussions autour de Pratiques artistiques contemporaines en Martinique de Dominique BERTHET.

Mercredi 27 février 2013 à 18h30 – Bibliothèque Schœlcher

 

Cette conférence concernera le dernier ouvrage de Dominique BERTHET : « Pratiques artistiques contemporaines en Martinique ».

 

La Martinique est le lieu d’un important bouillonnement artistique et d’un réel foisonnement de création. Ainsi que le montre cet ouvrage, s’y développe une grande diversité des pratiques : peinture, sculpture, assemblage, installation, vidéo, performance, hybridation des techniques, etc.

L’auteur, qui fréquente depuis plus de vingt ans de nombreux artistes de cette île, nous invite à la faveur de cette relation privilégiée, à rencontrer certains d’entre eux et nous entraîne dans une découverte de leurs démarches ainsi que dans l’univers mystérieux de leurs œuvres. 

Cet essai fait également apparaître que les notions, de lieu, de mémoire, d’héritage, de trace, d’identité, de fragmentation, sont souvent communes à ces artistes ; notions auxquelles ils donnent des formes et des traitements à chaque fois singuliers. Cet ouvrage met ainsi en relation les œuvres avec ce qui les détermine, avec l’histoire et le contexte qui leur donne sens. 

 

Intervenants :

Justin DANIEL, politiste

Thierry JARRIN, artiste

Manuel NORVAT, auteur

Yolande-Salomé TOUMSON, enseignante, doctorante

 

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Christine Sourgins : «Tous ses héritiers ont trahi Duchamp»

Par Valérie Duponchell

INTERVIEW – Pour la polémiste Christine Sourgins, historienne et médiéviste, l’anticonformisme de l’artiste est devenu conformisme.

L’auteur du pamphlet de Les Mirages de l’art contemporain(La Table ronde) rappelle que dès 1962, l’artiste s’indignait lui-même de la récupération dont il était l’objet.

LE FIGARO. – Pourquoi parlez-vous de la trahison de Marcel Duchamp?

Christine SOURGINS. -Duchamp est incontestablement devenu «le pape de l’art contemporain», celui dont se réclament peu ou prou les artistes qui dominent le marché. Cependant tous ces héritiers, fers de lance d’un art contemporain officiel et financier, ont trahi Duchamp, qui, lui, n’avait pas le pouvoir et cultivait sa marginalité. Dès 1962, Duchamp s’indignait de la récupération dont il était l’objet: «Je leur ai jeté le porte-bouteilles et l’urinoir à la tête comme une provocation et voilà qu’ils en admirent la beauté», lit-on dans sa Lettre à Hans Richter en novembre 1962.

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50 ans après, l’O.J.A.M en débat : histoire, enjeux … et quelles continuations ?

—  Par Gilbert Pago —

–L’auteur de l’article est un de ces militants qui a vécu l’affaire de l’O.J.A.M comme ces milliers de jeunes radicalisés au moment de décembre 59 et de ses suites avec l’affaire Plénel en 1960. Agé alors de 14 ans, il assiste au  meeting du PCM, en février 60 à la Mutualité, se prononçant pour l’autonomie. Il fulmine, sympathisant actif de la Jeunesse Démocratique Martiniquaise, d’indignation après la tuerie du 24 mars 1961 au Lamentin. Il trépigne de  déception  lors de l’interdiction de la conférence de la jeunesse en juillet 61. Agé de 17 ans et admis en terminales au lycée Schoelcher, il est présent à plusieurs  réunions publiques de l’O.J.A.M en septembre-octobre 62 à la maison des syndicats. Il vécut l’atmosphère de l’arrestation des premiers militants dont Manfred Lamotte (ses frères et sa sœur étaient des fréquentations proches). Attiré par la Jeunesse Démocratique Martiniquaise, proche du Cercle Victor Schoelcher pour la défense des emprisonnés, puis membre et dirigeant de l’UJCM, il a été un actif acteur du mouvement de solidarité. 50 ans après, ce n’est pas l’historien qui parle mais le témoin partisan, resté fidèle à ce grand moment d’enthousiasme militant.  

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L’autorité parentale : de la notion juridique à la fonction éducative

 

Par Gracienne LAURENCE

–La loi a pour vocation de protéger le citoyen et de garantir les droits de chacun (du plus petit au plus grand) dans une société qui a comme fondement le vivre ensemble. Pour ce faire elle doit s’adapter aux évolutions des mœurs. Et la famille considérée comme la cellule de base de la société connaît dès la deuxième moitié du XXe siècle toute une série de mutations. Le modèle nucléaire jusque là, considéré comme la norme cesse de l’être pour laisser la place à de nouvelles structures comme les familles monoparentales, les familles recomposées, les familles homoparentales… Parallèlement à ces transformations familiales, l’enfant acquiert un statut particulier.  Il n’est plus considéré comme cette « petite chose » à modeler selon le bon vouloir de ses géniteurs.  Il devient une personne avec des droits et qui mérite tout le respect dû à tout être humain. C’est dans ce contexte de bouleversement sociétal ou des repères séculaires sont fortement ébranlés  que le législateur juge utile de redéfinir l’autorité parentale comme étant «  un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant ; Elle appartient au père et à la mère jusqu’à la majorité où à l’émancipation de l’enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé, et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement dans le respect dû à sa personne.

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Programme du Festival 2013 des Nuits Caraïbes

Musiques Festival des Nuits Caraïbes en Guadeloupe et Martinique – 11ème édition

Pour cette nouvelle édition du festival musical les Nuits Caraïbes, le directeur artistique Yves Henry a réuni un plateau d’une qualité exceptionnelle

 -Les comédiens Alain Carré (auteur d’une trentaine de spectacles épistolaires) et Stéphanie Leclef (comédienne et conteuse)

-le danseur et chanteur originaire de Guadeloupe Yannis François (Opéra de Lausanne)

-les pianistes Boris Berman (Professeur à Yale University) et François Chaplin (acclamé pour ses enregistrements de Debussy et Poulenc)

-le ténor Xavier le Maréchal (directeur artistique du concours international d’Opéra de Paris)

-le flûtiste Vincent Lucas (flûtiste solo à l’Orchestre de Paris)

-le violoniste Gilles Henry (membre également de l’Orchestre de Paris)

Ces artistes se partageront la scène dans trois programmes différents, tissant les styles musicaux et les modes d’expression

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Festival du cinéma de Berlin: le film roumain « Child’s Pose » remporte l’Ours d’or

Ce drame de Calin Peter Netzer a remporté, samedi soir, l’Ours d’or à la 63e Berlinale. Il raconte l’histoire d’une mère de famille qui cherche à protéger son fils responsable d’un accident de la route mortel.
L’Ours d’or pour Child’s Pose. La plus haute des récompenses de la 63e édition du festival du film de Berlin a été décernée, ce samedi soir, à ce drame roumain de Calin Peter Netzer.

Le film, dont le titre original est Pozitia Copilului, raconte l’histoire d’une mère de famille aisée qui cherche à protéger son fils, responsable d’un accident de la route mortel.

Dans ce film minimaliste, tourné en majeure partie dans des appartements privés, l’actrice Luminita Gheorghiu incarne cette mère ultra-possessive, Cornelia, qui use de ses relations et de son argent pour éviter la prison à son fils coupable d’avoir écrasé un adolescent d’une famille modeste.
David Gordon Green meilleur réalisateur

L’Ours d’argent du meilleur réalisateur a été décerné au cours de la même soirée à l’Américain David Gordon Green pour son film Prince Avalanche, avec Paul Rudd et Emile Hirsch.

Ce film était d’ailleurs la seule comédie parmi les 19 longs-métrages en compétition officielle.

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Volga-Plage : un article révoltant tant sur le fond que sur la forme. Lettre ouverte au NouvelObs.

Lettre ouverte au Nouvel observateur et aux journalistes

 

Une fois de plus, alors que l’on croyait Jean Raspail, autre journaliste “spécialiste des Antilles” mort et ses émules antédiluviens noyés par les nouvelles intelligences du Tout-Monde voici qu’une journaliste française vient faire un reportage et veut vendre son tiers monde Pulitzer et son mépris pour celui-ci. Mais elle a oublié que Volga-Plage est tout simplement “la France”, ne lui en déplaise. Et que le quartier Texaco, créé autour d’un site d’entrepôts de barils, est aussi “la France”, couronné par un prix Goncourt attribué à Patrick Chamoiseau, qui plus tard n’hésite pas à faire avec Guy Deslauriers un documentaire sur Vieux-Pont, autre quartier d’habitat spontané, qui n’adopte pas le misérabilisme sensationnel et le mépris comme conducteur.

Cette journaliste connaît-t-elle tout cela ? C’est une honte que toujours et encore ce regard, cette absence de déontologie nous expose comme bibelots, comme “sujets” (au sens créole) et nous souhaitons  que les journalistes de la Martinique s’en inquiètent.

Si de ma pratique de l’anthropologie j’ai une fierté et une reconnaissance, c’est d’avoir par Volga acquis un vrai regard d’anthropologue bien des années après la fin de mes études,lors d’une enquête avec Serge Domi et Gustavo Torres, de pouvoir comprendre une identité collective d’un quartier qui laisse la place aux individus.

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Volga-Plage : La « putain » de Fort-de-France

 

par Marie Vaton, du Nouvel Obs

–Avoir vingt ans dans ce quartier du sud-est de la ville, c’est tourner en rond dans un coin oublié de tous et rêver de partir sans en avoir les moyens

Avec son nom qui fleure bon les cocotiers, sa rivière bordée de mangroves et sa petite zone de pêche Volga-Plage passerait presque pour un sympathique village de vacances, Les bicoques en tôle peinte ont des jardinets, et les placettes sont ensoleillées Pourtant, contrairement h ce que son nom indique, il n’y a ni plage ni touristes !cl.  » Volga-Plage, c’est le cul-de-sac de la Martinique, la verrue de Fort-de-France, sa putain « énonce Anicet Soquet, médiateur social au sein de l’association Mediadom. L’ancien enfant du quartier a grandi ici, au cœur du <(ghetto de la rivière  » le long des berges souillées par les bouteilles de rhum, les canettes et les m6gots, l’horizon barré par les cheminées de la centrale électrique. C’était il y a plus de trente ans et, pourtant, rien na changé. Les bandes de mauvais garçons font toujours le guet A l’entrée du quartier et les règlements de comptes sanglants n’ont jamais cessé II y a.

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Un homme poursuivi pour avoir acheté 4500 euros une adolescente ivoirienne

Une Ivoirienne d’une quinzaine d’années aurait été achetée pour faire le ménage à Cavaillon (Vaucluse) par un homme poursuivi pour traite d’être humain et violences.
Selon le procureur d’Avignon, un homme est poursuivi pour traite d’être humain et violences sur une jeune Ivoirieinne qu’il aurait achetée 4500 euros dans son pays pour en faire sa domestique.

Un homme d’une vingtaine d’années comparaîtra le 15 mars à Avignon pour traite d’être humain, violences à la suite de la plainte d’une adolescente qu’il aurait achetée en Côte d’Ivoire et employée comme domestique, a-t-on appris jeudi auprès du parquet.

La jeune fille, une Ivoirienne de 14 ou 15 ans qui se fait appeler Charlotte, s’est rendue mardi au commissariat de Cavaillon (Vaucluse) pour se plaindre de violences, a indiqué le procureur de la République à Avignon, Bernard Marchal.

L’adolescente a expliqué qu’on l’avait fait venir en France pour servir de domestique à un couple composé d’un Ivoirien et d’une Française, parents de jeunes enfants et résidant à Cavaillon.
Des faits de violence sont reprochés au jeune homme

L’homme reconnaît être allé en Côte d’Ivoire et avoir payé 4500 euros en plusieurs fois pour pouvoir faire venir la jeune fille en France, somme à laquelle s’ajoutent les frais engagés auprès d’un passeur rencontré à Abidjan, selon la même source.

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Les combats des femmes ont engendré les droits des femmes !

« Résister à l’oppression est un droit naturel » Louis Delgrès

1944, vous dites ? Eh oui les femmes obtiennent le droit de vote et à cette date se crée en Martinique, comme en Guadeloupe, en Tunisie, au Vietnam, c’est-à-dire dans toutes les colonies françaises de l’époque, une section de l’Union des femmes Françaises.

 La section Martinique a ses racines au parti communiste  avec des femmes comme Jane Léro, Fernande Ursulet. Elle recrute dans les masses laborieuses et surtout là où se trouvent des municipalités communistes. En même temps se crée « La femme dans la cité » avec Paulette Nardal, qui, elle, recrute dans les classes moyennes et dont l’un des objectifs est de former de bonnes femmes d’intérieur.

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Pourquoi les romanciers français devraient lire Bourdieu

 

Par Olivier Adam.

 

–Pierre Bourdieu est mort il y a dix ans. Et à la manière qu’on a eue en France d’enfouir sa pensée, d’en relativiser la portée (ce qui dit assez bien son caractère encombrant, sa lucidité si brûlante qu’on préfère la soustraire à la vue) ou de ne pas véritablement s’en saisir (et à ce jeu, politiques et écrivains ont été aussi experts les uns que les autres), je me dis parfois qu’il est mort de nombreuses fois depuis.

Je me souviens encore du jour de sa disparition, et de l’émotion qu’elle a provoquée en moi, comparable à celle qui m’a étreint à la mort de Barbara, Pialat ou Bashung – et ces quatre, auxquels il faudrait ajouter Carver, donnent une idée assez précise de mon Panthéon personnel. Pourtant, en ce qui me concerne, Pierre Bourdieu est toujours vivant. Son influence a été si déterminante qu’elle fonde aujourd’hui encore une bonne partie de ma manière de voir, de penser le monde, et in fine de l’écrire.

Découverte

Je l’ai découvert à l’âge de dix-neuf ans, sur la recommandation d’un professeur de sociologie qui s’amusait de me voir trimbaler mes livres de Modiano et mes disques de Léonard Cohen dans un établissement où la plupart de mes semblables se baladaient Les Échos sous le bras, rêvaient de diriger des ressources humaines, de contrôler la gestion ou de manipuler des produits financiers les plus toxiques possible.

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Au fil des voix du monde

Fort de son affiche exigeante et bariolée (Antonio Zambujo, Cheick Tidiane Seck, Vinicio Capossela), le festival Au Fil des Voix réunit le meilleur des musiques du monde à Paris au cœur de l’hiver.

Depuis cinq ans, Saïd Assadi, directeur du label indépendant Accords Croisés, programme chaque hiver LE rendez-vous parisien des musiques du monde. Incontournable, et pour cause. Avec des artistes de la trempe d’Antonio Zambujo, ce portugais qui réinvente le fado avec sa voix d’ange, ou encore Vinicio Capossela, cet italien déjanté qui tient plutôt de Tom Waits, on aurait tort de s’en priver!

C’est à guichet fermé que Zambujo a présenté vendredi dernier Quinto, son cinquième album. Sa démarche, à la fois respectueuse des traditions et innovante, reflète bien l’esprit des artistes sélectionnés par Saïd Assadi. Samedi, dans un tout autre style, tonitruant et décomplexé avec son jazz Mandingue, c’est Cheick Tidiane Seck qui levait le voile sur Guerrier, son dernier opus solo. Connu pour ses collaborations avec Salif Keïta ou Amadou et Mariam, ce claviériste et arrangeur hors pair est l’un des piliers de la scène malienne parisienne, où on le surnomme Black Buddha à cause de sa bouille ronde et toujours joviale.

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Mahomet, le prophète posthume

Qui est le fondateur de l’islam ? Comment vivait-il dans l’Arabie occidentale du VIIe siècle ? L’historienne Jacqueline Chabbi rassemble les rares pièces du puzzle de l’édification de sa légende.

Au Mali, les guerriers jihadistes d’Al-Qaeda ont détruit mosquées et mausolées, symboles du soufisme. Pour imposer par la terreur leur vision de l’islam et de son fondateur. Cette lecture fondamentaliste s’impose de plus en plus. La figure de Mahomet, elle, alimente la controverse en faisant monter la tension entre l’Occident et le monde musulman. Depuis l’affaire des caricatures de Mahomet, publiées en septembre 2005 dans un journal danois, jusqu’au film l’Innocence des musulmans, diffusé cet automne sur Internet, les polémiques se succèdent. Pourtant, comme l’explique Jacqueline Chabbi, l’une des meilleures spécialistes françaises des origines de l’islam, cette «sacralisation» du prophète a une histoire, malheureusement trop méconnue.

Que sait-on historiquement de Mahomet ?

La figure de Mahomet n’est pas historique, comme les musulmans se l’imaginent. La réalité historique de cette figure s’est effacée depuis très longtemps, depuis le Moyen Age. En fait, la tradition musulmane va raconter Mahomet et créer, au début du IXe siècle, cette figure de prophète, soit deux siècles après sa mort.

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« Il faut enseigner les langues régionales le plus tôt possible à l’école »

Par Michel Feltin-Palas,

–Une manifestation est organisée par le mouvement occitaniste ce samedi à Montpellier. L’occasion de se pencher sur le sort des langues régionales avec l’une des meilleures spécialistes du sujet, la linguiste Henriette Walter.

Le français s’est-il imposé comme langue nationale au détriment des langues régionales en raison de ses vertus linguistiques?

Pas du tout. Au départ, il s’agissait simplement d’un idiome parmi d’autres, à ceci près qu’il s’était développé dans une région qui allait devenir le berceau du royaume de France. C’est donc une langue qui a « réussi » en s’imposant sur les territoires voisins.

Ce n’est donc pas une langue supérieure aux « patois », comme on le croit souvent?

Nullement. Les patois ne sont pas des parlers « inférieurs »: ce sont des variations locales d’une même langue. Aucune langue n’est supérieure à une autre: cela, c’est de la propagande.

Pour quelles raisons les langues régionales sont-elles en déclin?

Plusieurs facteurs se sont conjugués. L’école, qui a imposé l’usage exclusif du français. Le service militaire et la guerre de 1914-1918, qui ont obligé les masses paysannes à recourir à une langue commune.

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Pour une véritable régulation bancaire au niveau européen

Par MICHEL DESTOT Député, maire de Grenoble et président d’Inventer à gauche, DOMINIQUE LEFEBVRE Député, membre de la Commission des finances, JEAN PEYRELEVADE Ancien président du Crédit lyonnais, MICHEL ROCARD ancien Premier ministre et président d’honneur d’Inventer à gauche, BERNARD SOULAGE Professeur d’économie et vice-président de la région Rhône-Alpes délégué à l’Europe

–La crise financière et bancaire n’est peut-être pas derrière nous, il y a fort à parier que les banques, hedge funds et autres véhicules financiers n’ont pas dit leur dernier mot. En juin 2011, la Banque des règlements internationaux (BRI) mettait en avant les dangers systémiques qui nous guettent : l’encours total des produits dérivés (vendu de gré à gré) s’élevait à un niveau vertigineux : 708 000 milliards de dollars (contre un PIB mondial à peine supérieur à 62 000 milliards de dollars).La crise menace toujours, nous devons donc protéger les épargnants des écueils de la finance de marché.

Après la crise de 1929, le Glass-Steagall Act avait, en 1933, instauré l’incompatibilité entre les banques de dépôt et celles d’investissement. Ce choix de régulation, adapté aux circonstances de l’époque, a participé de l’absence de crise financière systémique durant plusieurs décennies.

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Illogique  » Homo economicus « 

Daniel Kahneman, psychologue, et Prix Nobel, explore le fossé entre la rationalité de l’économie et les comportements irrationnels de l’homme. Ce qui expliquerait la folie de la finance

 

 

Le 23 octobre 2008 est pour Daniel Kahneman  » un des moments les plus émouvants de la crise économique  » de 2007-2008. Ce jour-là, Alan Greenspan, l’ex-président de la Réserve fédérale américaine, surnommé le  » maestro  » de la finance, reconnaît devant le Congrès s’être trompé sur la capacité des marchés à s’autoréguler et sur celle des acteurs de l’économie à agir rationnellement.

Daniel Kahneman, né en Israël en 1934, obligé de porter l’étoile jaune à Paris durant l’Occupation, est professeur à l’université de Princeton. Il est le seul psychologue à avoir obtenu le prix Nobel d’économie (en 2002). Pour lui, Alan Greenspan a sous-estimé  » les facteurs psychologiques «  et  » les erreurs cognitives «  qui faussent les raisonnements des acteurs économiques et financiers, ce qui les pousse parfois à prendre des décisions catastrophiques, comme on a l’a vu pendant la crise des subprimes et comme on le constate encore.

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Les Femen seins nus à Notre-Dame : le déchaînement médiatique est écœurant

Par Nathalie Blu-Perou
Chroniqueuse société
— Entrer dans Notre-Dame de Paris seins nus, était-ce le happening de trop pour les Femen ? C’est ce que semble dire les nombreuses réactions offusquées qui ont suivi l’événement. Autrefois symbole de liberté, le groupe d’action d’origine ukrainienne n’est plus en odeur de sainteté. Une mise au pilori qui choque notre contributrice.

Vade retro, Satanas. Les Femen ne sont décidément plus en odeur de sainteté. Ce groupuscule féministe d’origine ukrainienne, connu pour ses actions basées sur la provocation et le plus souvent illégales aurait, semble-t-il, inventé à lui seul, le 8e péché capital.

Quel fait est à l’origine de ce drame ? Un happening « topless », organisé en la cathédrale Notre-Dame de Paris, et qui a provoqué cette avalanche de réactions outrées, au sein de la bien-pensance de droite comme de gauche.

Des causes trop diverses

De façon générale, j’éprouve une certaine méfiance vis à vis des groupes de féministes radicales et agressives qui, tirant trop la couverture médiatique à elles, prennent la parole des autres femmes en otage, et imposent ipso facto (et parfois manu militari) leur propre conception du féminisme.

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J’aime le rap : je vais redoubler et devenir délinquant

Par Pierre Mercklé
La musique adoucit les mœurs, dit-on. Mais est-ce vraiment le cas de toutes les musiques ? C’est ce qu’ont sans doute voulu déterminer des hercheurs de l’université d’Utrecht (Pays-Bas), dont les conclusions viennent d’être publiées dans la prestigieuse revue de médecine américaine Pediatrics. A partir d’une étude longitudinale sur un panel de 309 adolescents, ils « démontrent » que ceux qui, au début de l’adolescence, appréciaient les genres musicaux « bruyants » ou « rebelles » (rap, rock, punk, metal, électro…) auront une plus forte tendance à développer des comportements déviants au cours de l’adolescence, tandis que ce n’est pas le cas de ceux qui préféraient des genres musicaux conventionnels (R & B, variétés commerciales) ou « intellectuels » (classique, jazz).

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« Goodbye Morocco » : du rififi à Tanger

Nadir Moknèche signe un polar inattendu, peinture saisissante du Maroc avec ses trafics, ses immigrés, ses homosexuels.

En Algérie, comme en France, ses films ne sont ni convenus ni tout à fait convenables. Nadir Moknèche, cinéaste jaloux de sa liberté âprement acquise et plaidée au fil de ses trois premiers longs métrages – Le Harem de Mme Osmane, Viva Laldgérie, Délice Paloma –, c’est une évidence et cela ne se négocie pas. Depuis que l’Algérie a refusé son visa d’exploitation à Délice Paloma, pourtant réalisé à Alger en 2006 avec le soutien des autorités locales, il n’est toujours pas retourné dans le pays de son enfance. Il vit en France, va souvent au Maroc ainsi qu’en Italie, où le scénario de Goobye Morocco a pris forme alors qu’il était pensionnaire à la villa Médicis en 2010.

« Ce refus de visa a été dur, témoigne le cinéaste. J’ai eu le sentiment d’être amputé de ma source d’inspiration. Il a fallu que je coupe émotionnellement avec Alger. » Goodbye Morocco, tourné à Tanger et hanté de l’intérieur par le désir d’exil de ses personnages, s’en ressent.

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L’illettrisme des cadres, un phénomène méconnu et tabou

Grâce à des  » stratégies de contournement « , ces salariés parviennent à cacher leurs difficultés

Comme 2,5 millions de Français, des cadres sont en situation d’illettrisme dans l’entreprise. Le phénomène, impossible à quantifier, échappe à tous les dispositifs prévus en matière de lutte et de détection. Les responsabilités qu’ils occupent en font des illettrés à la marge de la marge.

Lorsqu’il pénètre dans la salle des marchés de sa banque, située sur l’esplanade de la Défense (Hauts-de-Seine), il entre dans son monde,  » celui des chiffres « . Costume et cravate noirs ajustés, Mickaël, 32 ans, cultive un look à la Jérôme Kerviel, son confrère trader. Bien qu’il occupe ce poste prestigieux, aussi rentable qu’impopulaire, ce grand brun est illettré. Et ce malgré des études à l’Inseec, une école de commerce parisienne, durant lesquelles il n’a  » quasiment jamais écrit « .

Le cas de cet as des équations mathématiques est bien connu des chercheurs spécialisés : il s’agit d’un  » illettrisme de retour « . A force de ne pas utiliser l’écriture, Mickaël en a perdu l’usage.  » Dans mon quotidien, ça me sert rarement, reconnaît-il.

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« Ladivine » de Marie NDiaye : la famille décomposée

–Le Prix Goncourt 2009 pour Trois Femmes puissantes revient avec un roman sur les relations mères-filles–

 

Elles sont trois femmes. Leurs vies opaques possèdent peu de points de contact. On ne sait pas si elles sont victimes ou bourreaux. Elles sont sans doute les deux puisqu’elles courent en avant sans avoir la force de ne pas regarder en arrière. La culpabilité et la ténacité forment leur terreau commun. Y poussent toujours des êtres de froideur et de pleurs. On les observe ainsi de l’extérieur. Ladivine Sylla s’ennuie dans un sombre rez-de-chaussée du quartier Sainte-Croix de Bordeaux après une existence de dur labeur. Clarisse Rivière coule des jours paisibles auprès d’un mari vendeur de voitures à Langon, en Gironde. Ladivine Berger habite Berlin, où elle enseigne la langue française et s’occupe de ses deux enfants. On les observe ainsi mais elles ne sont pas ainsi. Elles sont unies par les liens du sang sur trois générations.

Mère, fille, petite-fille. La romancière Marie NDiaye raconte leurs liens effilés comme des couteaux de cuisine. Les trois femmes s’y blessent en voulant s’y soustraire.

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«En France, les Africains du Nord et du Sahel se sont retrouvés entre eux»

 Hugues Lagrange, l’auteur du «Déni des cultures», publie un essai passionnant sur la vie des immigrés du Sahel en Ile-de-France, qui fait un singulier écho à la guerre du Mali. Entretien.

Au moment où sort votre nouveau livre – «En terre étrangère» consacré aux immigrés du Sahel qui vivent en Ile-de-France, la France est en guerre au Mali…

Hugues Lagrange : Cette guerre jette une lumière vive sur les divisions morales des sociétés du Sahel. Bien avant les indépendances, à la fin du XIXe siècle, des réformateurs musulmans avaient affirmé la nécessité d’adapter la loi familiale musulmane à la modernisation des sociétés. En 2009, au Mali, l’adoption d’un Code de la Famille égalitaire entre les sexes a suscité des affrontements. Aujourd’hui, les djihadistes prétendent instaurer la charia. Les enjeux moraux, notamment la place de la femme, escamotés au moment des indépendances, surgissent ainsi, et ces débats qui s’énoncent dans la violence de la guerre ne sont pas sans résonance dans l’immigration.

Cette immigration, vous la racontez dans un texte singulier. Parfois même poétique. Pourquoi avoir choisi ce ton si personnel?

Cela vient peut-être du sentiment d’un échec (auquel j’ai participé) des sciences sociales qui peinent à rendre compte du rapport à des êtres qui vous impliquent.

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Mauvaises filles. « Autour de ton cou », de Chimamanda Ngozi Adichie,

Méfiez-vous de l’eau qui dort – et des femmes dociles. Celles qu’on croise dans Autour de ton cou, recueil de nouvelles de Chimamanda Ngozi Adichie, sont aussi radicales qu’imprévisibles. Non pas que, tout à trac, provoquant chalands et caméras, elles se mettent torse nu dans la rue, à la façon des féministes du réseau Femen ; ou qu’elles se lancent, en pleine église, dans un rock endiablé à la Pussy Riot. Non : quand elles tournent le dos à la norme, les femmes de Ngozi Adichie le font sans cri, sans bruit. Elles quittent la scène en solitaire. Leur départ inattendu rompt net avec le passé, comme le fil d’un rasoir.

Elles sont les cousines, version classe moyenne, du petit peuple batailleur et désenchanté de Sefi Atta, dépeint dans Nouvelles du pays (Actes Sud, « Le Monde des livres » du 9 novembre 2012), et de l’adolescence meurtrie racontée par Chris Abani dans Le Corps rebelle d’Abigail Tansi (Albin Michel, 2010). Nouvelle génération, nouvelles manières de voir : du chaudron anglophone du Nigeria, une constellation d’écrivains de haut vol, la plupart installés aux Etats-Unis, est en train de naître.

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