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Julie Mauduech livre « Batailles » pour le théâtre

— par Roland Sabra—

 

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La compagnie « Les comédiens » avec Julie Mauduech, au centre de la photo de France-Antilles

— Dans la famille Mauduech, il y a Camille, la cinéaste et il y a Julie, comédienne et metteure en scène. C’est de Julie et de son travail dont il est question ici. De retour d’un long exil d’une vingtaine d’années à Paris au cours duquel elle exercé ses talents sur différents registres et notamment dans le rôle principal que lui a confié Mathieu Kassovtz dans son film « Métisse, Julie a décidé de faire profiter son pays, la Martinique, de toutes son expérience. Elle crée donc en janvier 2010 une compagnie de théâtre, « Les comédiens », qui répète dans une salle louée route de Didier à Fort-de-France au 80 de la rue du Professeur Raymond Garcin. Le cours de théâtre qu’elle anime repose sur quelques principes extrêmement solides qu’elle énonce ainsi dans un entretien non daté à F-A. : « J’ai expérimenté pas mal de méthodes, selon moi, l’unique qui marche de façon générale c’est l’analyse de soi-même.

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Quelles réponses aux appels à projets de Gérard Lockel, David Murray et Kenny Garrett ?

 — Par Alain Maurin —

 Début 2012, publication du dernier ouvrage de Gérard Lockel, véritable livre testament et guide de lecture pour comprendre l’univers du gwoka et déchiffrer les clés et les paradoxes du gwoka moderne. Génie autodidacte non reconnu au plan local mais dont l’œuvre autorise à le classer dans le gotha mondial des musiciens qui ont apporté quelque chose de nouveau à la musique, Gérard Lockel est un trésor humain vivant, poursuivant encore aujourd’hui ses offrandes de contribution à la constitution de la musique guadeloupéenne.

Mars 2012, sortie mondiale de l’album Seeds from the underground, nouvel opus du saxophoniste américain Kenny Garrett, salué et applaudi par la critique internationale. L’ex sideman de Miles Davis n’est pas le premier venu de la planète jazz. Relatant les propos recueillis lors d’un entretien récent, Bruno Pfeiffer journaliste passionné de jazz depuis plus de trente ans, rappelle s’il en est besoin que « Miles Davis déclarait qu’aucun saxophoniste ne l’avait autant estomaqué, cela depuis John Coltrane ». Vincent Bessières, membre de l’Académie du jazz, témoin reconnu de l’histoire du jazz livre des propos allant dans le même sens pour mettre en lumière que « Kenny Garrett a démontré le premier que le saxophone alto pouvait à nouveau rivaliser avec le ténor, instrument par excellence de la quête musicale depuis John Coltrane

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Flagrant malaise dans la littérature…


— Par Robert Berrouët-Oriol —

Linguiste-terminologue

Montréal, le 28 mai 2012

Défaillance,   dérangement, désagrément, désarroi, éblouissement, embarras… On dispose d’une ample récolte de synonymes pour exprimer la notion de ‘’malaise’’. À la suite des textes publiés ces trois derniers mois, sur différents sites et journaux, par de jeunes poètes haïtiens et qui illustrent l’actuel malaise dans la littérature, voici que paraît aujourd’hui, sur le site Potomitan, la  »Lettre ouverte à un poète que j’apprécie : Georges Castera »1. Cette nouvelle lettre ouverte porte la signature du poète Anivince Jean-Baptiste et elle est d’abord parue sur le site Haïti News 2000. Le document que publie aujourd’hui Potomitan m’a été aimablement acheminé, hier, par le jeune poète Claude Sainnécharles.

Dans le champ littéraire haïtien, cette nouvelle interpellation publique des écrivains ‘’aînés’’ par les jeunes poètes mérite une attention critique et elle intervient en écho à la nécessaire et rigoureuse appréciation de la gestion autocratique et préjudiciable de l’extraordinaire activité dénommée ‘’Étonnants voyageurs – Haïti’’ déjà mise en cause publiquement. Au jour d’aujourd’hui, les responsables de ‘’Étonnants voyageurs – Haïti’’ n’ont pas consenti à répondre avec hauteur de vues et de manière responsable aux jeunes poètes haïtiens sur certaines questions de fond qu’ils ont courageusement soulevées.

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« Sur la planche » : Attention Tanger!

— Par Roland Sabra —

 «Mieux vaut être debout, tenu par son mensonge, qu’allongé, écrasé par la vérité des autres. Je ne vole pas, je me rembourse. Je ne cambriole pas, je récupère. Je ne trafique pas, je commerce. Je ne me prostitue pas, je m’invite. Je ne mens pas. Je suis déjà ce que je serai. Je suis juste en avance sur la vérité : la mienne !»   Comme une claque dans la gueule Badia ( Soufia Issami) balance au spectateur dés les premières images le demi décalogue qui lui sert de viatique dans la Tanger livrée tripes à l’air à la mondialisation. On y décortique des milliers de tonnes de crevettes péchées dans la mer du Nord, conditionnées dans d’autres pays et distribuées dans le monde entier.  Tanger filmée comme jamais un touriste ne la verra. Tanger, ville passion de la réalisatrice Leila Kilani. Tanger qui par le caprice du monarque bascule en dix ans de l’immobilisme figé d’une ville frontière à l’étourdissement affolé d’une  ville passoire. Tanger ville coupée d’elle-même par des barbelés pour protéger la Zone Franche, empire du libéralisme absolu.

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« Petits crimes conjugaux » : de l’usure du couple au théâtre

— Par Roland Sabra —

« Petits crimes conjugaux »
à l’Atrium, à Fort-de-France, les 18 et 19 mai 2012

 

–__-  Léa Galva et Ruddy Sylaire dans « Petits Crimes conjugaux », une pièce de  Eric-Emmanuel Schmitt( photo F-A)

    Ecrite en 2003 par Eric-Emmanuel Smit, « Petits crimes conjugaux » a déjà fait l’objet de nombreuses mises en scène, de la plus célèbre, la toute première,  Charlotte Rampling, et Bernard Giraudeau, mis en scène par Bernard Murat,  à la plus récente celle d’Aurélie Dalmat, aidée d’Hervé Deluge et José Exélis, avec Ruddy Sylaire et Léa Galva à l’Atrium les 18 et 19 mai 2012. Plus que jamais comparaison n’est pas raison. Les moyens des uns ne sont pas les moyens des autres. Alors qu’a-t-on vu à Fort-de-France?

  Au départ il y a une thématique qui pouvait être intéressante, celle des rapports conjugaux après quinze ans de mariage. Gilles, écrivain, est  frappé d’amnésie, à la suite d’un mauvais coup. Il se souvient de ses tables de multiplication, de ses déclinaisons latines mais il ne sait plus quel genre d’homme il est ou était.

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Alain JOSÉPHINE en quête de beautés hautières.

(Exposition à la Galerie T§T Jarry, du 2 avril au 16 mai 2012).

— par Scarlett JESUS. —

« C’étaient de très grands vents

sur toutes faces de ce monde

De très grands vents en liesse par le monde

qui n’avaient d’aire ni de gîte […]

C’étaient de très grandes forces de travail ».

SAINT-JOHN PERSE, Vents.

Alain JOSEPHINE est à la fois peintre, musicien et poète. Ses toiles sont bruissantes de luminescences comme celles de TUNER, vibrantes et fluides comme la musique de DEBUSSY, animées d’un souffle épique d’une ampleur qui n’a d’égale que celle de la poésie de SAINT JOHN PERSE. Nous nous trouvons donc en présence d’un artiste qui, refusant la séparation des genres, souscrit aux principes d’Errance et de Relation chères à Edouard GLISSANT. De fait, ses toiles de très grandes dimensions et organisées souvent en diptyques, nous invitent à pénétrer dans un espace en extension, un espace ouvert sur l’Infini ; celui dans lequel l’étincelle créatrice en décrétant « Que la lumière soit ! » donna vie à la matière ; mais celui également d’un univers en construction, en devenir.

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« Les rites de naissance en Haïti », Obrillant DAMUS

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L

Préface 1

 

Compte tenu de la situation économique et politique en Haïti et en regard des événements qui viennent récemment de se dérouler à Port-au-Prince en janvier 2010, les sujets d’écriture et de réflexion que nous livrent les auteurs traitent bien souvent de la maladie, de la mort, de la misère, de la souffrance et des problèmes de développement qui hantent cette moitié d’île. Il y a tant à dire sur ces thèmes et sur d’éventuelles solutions et sorties de crise, qu’on oublie bien souvent qu’il y a aussi de la vie en Haïti, et que plusieurs Haïtiens et Haïtiennes se chargent de l’entretenir. Cet entretien passe notamment par l’arrivée de nouveaux-nés qu’il faut savoir accueillir et protéger, tout comme ces femmes enceintes qu’il faut savoir accompagner durant leur grossesse et au moment de l’accouchement. C’est là un sujet qui ne vient pas forcément à l’esprit tellement nous sommes envahis de mauvaises nouvelles et d’images douloureuses à propos d’Haïti. Le livre que nous avons là consiste alors en une bouffée d’air. Il nous écarte des chemins les plus empruntés de nos jours en livrant un essai sur la naissance en Haïti et certains rites qui l’accompagnent.

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Les Chimères de Sébastien JEAN

—par Scarlett JESUS —


« Au clair de la lune, près de la mer, dans les endroits isolés de la campagne,
l’on voit, plongé dans d’amères réflexions, toutes les choses revêtir des formes jaunes, indécises, fantastiques ».
LAUTREAMONT, Les Chants de Maldoror,

Peintre et sculpteur, Sébastien JEAN est un jeune artiste haïtien audacieux qui cultive ses chimères. Sans se soucier véritablement de plaire. Adepte d’un art contemporain dérangeant, il a fait le choix de rendre compte de la réalité telle qu’il la perçoit, en visionnaire. D’ailleurs, lui-même ne se qualifie-t-il pas, malicieusement, de « fou » pour définir une pratique qu’il veut entièrement libre ?

Le travail que cet artiste a réalisé durant sa résidence de trois mois en Guadeloupe, à LARTOCARPE au Moule, confirme-t-il un tel propos, propos qui est loin d`être celui d’un naïf? Bien qu’autodidacte Sébastien JEAN s’est adonné à la peinture dès son plus jeune âge et a pu, à maintes reprises, confronter sa pratique à celle d’artistes de renommée internationale, à travers des expositions qui l’ont conduit de Miami à Marmande puis Paris et, tout dernièrement, à la Biennale de Venise.

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Tourisme : Tu veux ou tu veux pas ?

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 Par Michel Herland.

La Martinique n’a pas tellement d’atouts à gaspiller pour son développement : petite île surpeuplée, plombée par une fonction publique pléthorique et sur-rémunérée, avec une population – fonctionnaires ou salariés du privé – toute entière accrochée à un modèle de consommation seulement rendu possible par l’appartenance à l’ensemble français et, au-delà, européen, notre île ne saurait sérieusement viser à devenir le moteur économique de la Caraïbe, son bassin naturel. Quant à l’idée de développer des activités compétitives au plan mondial, comme l’informatique à distance ou la finance off shore, elle n’est guère plus prometteuse. L’informatique se heurte à l’obstacle des rémunérations (qu’on songe au salaire d’un ingénieur indien) : le succès n’est donc envisageable que pour quelques niches pourvoyeuses d’un nombre fort limité d’emplois. Et le projet de transformer la Martinique en paradis fiscal, s’il était sérieusement envisagé, serait a priori incompatible avec l’appartenance à l’Union européenne, déjà plus que suffisamment pourvue à cet égard (Londres, Luxembourg…) !

Par contre, s’il y a un domaine où la Martinique peut trouver une abondante clientèle étrangère, c’est bien le tourisme.

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Controverse cubaine entre le tabac et le sucre

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Fernando Ortiz le père du concept de « transculturation »

 


« Eblouissant ». Quel est ce livre « éblouissant » dont parle Charles Dinje, chargé de la Page Livres de l’Amateur de Cigare (mars-avril 2012, 6,50 euros), la bible du cigare ? Un roman inédit, un livre pratique sur le havane, un beau livre sur Cuba ? Non. D’une œuvre majeure du grand anthropologue cubain Fernando Ortiz, parue en 1940 et traduite pour la première fois en français !

Ce livre « éblouissant », s’il n’est pas un livre de plus sur le cigare ou le tabac, étudie de manière magistrale, comme personne ne l’a fait, le tabac (tabaco) à Cuba, en le considérant avec le sucre comme composantes de l’identité cubaine. Il est un livre fondamental pour comprendre le cigare cubain, dit-on chez les aficionados a los habanos. D’où la chronique de Charles Dinje.

Controverse cubaine entre le tabac et le sucre de Fernando Ortiz (La Havane, 1881-1969) est la traduction de Contrapunteo cubano del tabaco y el azucar, paru pour la première fois à Cuba en 1940 et réédité (augmenté) par le Consejo nacional de Cultura en 1963 (La Habana, 540 p, avec une introduction de Bronislaw Malinowski, datée Yale University, julio 1940).

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Tourisme : Tu veux ou tu veux pas ?

Par Michel Herland —

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 La Martinique n’a pas tellement d’atouts à gaspiller pour son développement : petite île surpeuplée, plombée par une fonction publique pléthorique et sur-rémunérée, avec une population – fonctionnaires ou salariés du privé – toute entière accrochée à un modèle de consommation seulement rendu possible par l’appartenance à l’ensemble français et, au-delà, européen, notre île ne saurait sérieusement viser à devenir le moteur économique de la Caraïbe, son bassin naturel. Quant à l’idée de développer des activités compétitives au plan mondial, comme l’informatique à distance ou la finance off shore, elle n’est guère plus prometteuse. L’informatique se heurte à l’obstacle des rémunérations (qu’on songe au salaire d’un ingénieur indien) : le succès n’est donc envisageable que pour quelques niches pourvoyeuses d’un nombre fort limité d’emplois. Et le projet de transformer la Martinique en paradis fiscal, s’il était sérieusement envisagé, serait a priori incompatible avec l’appartenance à l’Union européenne, déjà plus que suffisamment pourvue à cet égard (Londres, Luxembourg…) !

 

Par contre, s’il y a un domaine où la Martinique peut trouver une abondante clientèle étrangère, c’est bien le tourisme.

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« Lazare et sa bien-aimée » dans une mise en scène José Alpha

— Roland Sabra —

 

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Ressuscité  pour les besoins de la cause!

    Marthe et Marie attendent le retour de Lazare. La veille, le Christ est mort sur la croix. La mère de Lazare, ses sœurs Marthe «et Marie pleurent, non pas la mort du Maitre, de celui qui a ressuscité leur fils et frère, non elles pleurent l’absence de Lazare qui passe désormais ses journées dans les collines et qui ne rentre que fort tard à la nuit tombée. Dés les premiers mots de la pièce de Khalil Gibran «  Lazare et sa bien-aimée » tout est dit de l’égoïsme forcené qui nous fait verser des larmes sur la disparition d’un des nôtres et de l’indifférence murée face aux malheurs des « autres ».

Si Lazare préfère la solitude des mornes à la présence des siens, c’est qu’il a rencontré dans la mort l’illumination, l’accomplissement sous la forme d’un amour infini, immortel et céleste, sa houriya, sa muse,« son cœur jumeau ». On retrouve là le thème du double lié à la mort, vécue non comme une perte mais comme une retrouvaille, comme une plénitude.

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La spéculation attendra la fin des élections françaises

 

par Roland Sabra

Edito du 07/04/2012

  Depuis décembre 2011, la BCE a mis à disposition des banques environ 1000 milliards d’euros à un taux d’intérêt de 1%, conformément aux exigences de la T Geithner, Secrétaire au Trésor des Etats-Unis qui estime nécessaire de faire fonctionner la planche à billet, pudiquement appelée Quantitative easing (QE). On désigne sous ce terme une politique monétaire  » non-conventionnelle » qui consiste à acheter des obligations ou des billets de trésorerie émis par des entreprises, à reprendre des actifs « douteux » de banque ou bien à les garantir. La BCE, à la tête de laquelle se trouve Mario Draghi, l’employé modèle de Goldman Sachs, prête donc de l’argent aux banques qui recapitalisent ces sommes soit sous forme de contrats dérivés, soit sous forme de dépôts auprès de la BCE à un taux de 0.25% ( dépôts overnight). Elles préfèrent donc un portage négatif de 0.75% ( 1% moins 0.25%), c’est à dire perdre de l’argent plutôt que de financer des investissements!.   1000 milliards c’est d’ailleurs à peu près le montant des contrats dérivés qu’une banque internationale détient en moyenne.

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Les lettre haïtiennes, vivement, de la France à l’Italie

Reportage

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De gauche à droite: James noël, Robert Berrouët-Oriol, Yves Chemla, Jean-Durosier Desrivières, Anthony Phelps et Joël Des Rosiers, Salon du livre de Paris, stand de la Librairie du sud

 Par Robert Berrouët-Oriol

Linguiste-terminologue

 Montréal, le 4 avril 2012

Il est des temps de haute-lisse qui se tissent et s’engravent rive gauche de la mémoire… Mon dernier séjour en Europe, à l’aune d’une hospitalité de tous les instants, a été de cette cuvée –et je me réjouis que les Lettres haïtiennes en fussent le faîtage. Avec bonheur, j’ai encore une fois arpenté les venelles du Salon du livre de Paris, Porte de Versailles, du 16 au 19 mars 2012. Auteur invité par la Région Bretagne à la version 2012 de ce Salon, j’y étais, au stand de cette Région, en dédicace pour le livre « Poème du décours » (Éditions Triptyque et Prix du livre insulaire 2010 à Ouessant, France), ainsi que pour la réédition de « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (Éditions du CIDIHCA et Éditions de l’Université d’État d’Haïti).

 

D’aucuns posent que le Salon du livre de Paris est l’un des deux plus importants événements mondiaux de ce champ… Alors faut-il parler chiffres ?

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Jandira Bauer lit « Le vieux qui lisait…

— Par Roland Sabra —

  le_vieux_qui_lisaitA El Idilio, dans le trou du cul du diable, en forêt amazonienne, au bord d’un fleuve, Antonio José Bolivar surnommé « Vieux »après avoir connu déboires et malheurs vit comme un reclus. La femme de sa vie est morte des fièvres peu de temps après leur mariage. Initié aux secrets de la forêt par les Shuars , il a du quitter la tribu dans laquelle il a longtemps vécu, faute d’avoir su payer la dette d’honneur à l’indien qui lui avait sauvé la vie Il n’a pour seule distraction que l’arrivée régulière, peu avant la saison des pluies, du bateau d’un dentiste itinérant, plutôt arracheur de dents, qui lui apporte des romans d’amour. Antonio José Bolivar déchiffre plus qu’il ne lit les bouquins, s’arrêtant après chaque phrase pour mieux en mesurer la portée narrative, pour mieux en déployer la scène imaginaire. Ainsi allait la vie avant qu’une pirogue ne rapporte le corps mort d’un gringo braconnier tueur de jeunes jaguars. Les habitants d’El Idilio ; le maire, prévaricateur en chef, accusent les indiens. Antonio José Bolivar reconnaît dans la blessure la trace d’un coup de griffe mortel porté par une femelle jaguar dont on retrouve la peau des petits dans la sacoche du braconnier.

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La danse côté pile et côté face

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par Roland Sabra

    Lorsque le rideau se lève ils sont là, groupés sur le plateau, côté cour, au fond, indifférenciés, en paquet, six corps mêlés dessinant une vague rosace. Puis infiniment lentement les corps se soulèvent, se mettent en mouvement ralenti, à la limite du déséquilibre, se différencient et tendent vers un portique situé coté jardin  et qui se révèlera être la façade d’une scène de théâtre avec son double rideau. Ce cadre mobile, sensé séparer le proscenium de la scène, sera montré tantôt côté coulisses, tantôt côté salle et tantôt de profil. Le parcours  depuis la naissance n’aura d’autre but que ce portail vers la scène. ces six là, quatre femmes et deux hommes ne sont nés que pour la danse. Ils n’émergent de l’informe que pour prendre la figure de danseur.  En cette année du 140ème anniversaire de la mort de Darwin  on pourrait voir là une résurgence drolatique de l’idéologie du dessein intelligent.des créationnistes! Voilà l’originalité du travail de la chorégraphe d’origine espagnole Suzanna Pous avec la troupe cubaine Danzabierta : nous montrer la vie d’une troupe de danse dans la coulisse et sur la scène.

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Une comédie introuvable

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— Par José Alpha —

L’inspiration comique des évènements, des situations et des personnages portée à la scène théâtrale répond généralement au besoin de détente et de distanciation que nous procurent par exemple les humoristes en général, ou les talentueux comiques antillais de plus en plus présents sur les scènes locales et nationales.
Nous avons plaisir à les voir se débattre à notre place, dans des situations de conflits, de frustration, de mensonges, de mauvaises fois et d’impuissance.

Alors quand on annonce « le Tartuffe » de Molière, même si on ne connait pas l’histoire, on s’attend à découvrir comme tout le monde, des développements suffisamment comiques servis par la réputation de l’auteur et surtout par la jeunesse du metteur en scène, de surcroit martiniquais donc bien au fait des relations humaines volcaniques et passionnelles qui nous constituent malgré tout.

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Un beau spectacle à l’Atrium : le Tartuffe de Deluge

— par F. Cuvillier —

  Pas facile, d’apporter quelque chose d’innovant à l’une des pièces les plus jouées du répertoire français ; ni de remettre au goût du public néophyte moderne un texte de trois siècles et demi, ni de faire monter sur les planches des amis dont ce n’est pas le métier premier, même s’ils connaissent la scène : les stars modernes qui se piquent du grand écran ont pour elles des micros, des prises à refaire, et non un direct devant des ados prompts à la dérision…
Hervé Deluge relève pourtant ce défi avec succès, audace et cohérence. Des choix courageux mais pertinents offrent au jeune public des émotions restaurées et un texte dépouillé des longueurs scabreuses auxquelles Molière, en son temps, avait été contraint pour se dépatouiller des dangers de la censure et satisfaire in extremis les nécessités du genre par un coup de théâtre ultime qui rétablissait une affaire pourtant bien sombre…
S’il fallait plaire à la cour en 1665, et ne pas dévoyer au code, Hervé Deluge préfère s’attacher à la signification humaine du texte, métaphoriser le train hypocrite et sans fin du monde, ne pas laisser les pudeurs du verbe classique cacher aux mœurs modernes l’arrogance provocante de Molière, qui lui coûta bien des soucis… (et le metteur en scène moderne de subir à son tour, comme si cette pièce était frappée de malédiction, les turpitudes de la critique, puisque toute action profonde entraîne une réaction équivalente, et que l’adaptation de la mise en scène est stupéfiante du début à la fin.)

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Un « Quichotte » à la belle figure

— par Roland Sabra —

 

     Comédienne et marionnettiste ventriloque (?) ou l’inverse Eva Castro du « Quichotte » mis en scène par Isabelle Starkier réalise une belle performance dans un spectacle qui mêle le rêve et l’illusion au désir de ne pas céder sur les désirs de l’enfance et de l’adolescence. On aurait tort de croire qu’il s’agit là d’un spectacle réservé aux enfants à moins qu’il ne s’agisse de cet enfant-roi qui sommeille en chacun de nous et qu’il nous faut destituer pour devenir enfin adulte. Quichotte refuse de sortir du monde des livres dans lequel il s’est enfermé à son adolescence. Le présent est exécrable, sans qualité, mieux vaut donc se réfugier dans le passé , non pas le passé tel qu’il s’est déroulé mais le passé mythique d’une enfance rêvée, idéalisée parce que relevant du royaume des désirs. Eva Castro est donc tout à la fois Don Quichotte, Sancho, Cardinal et Duchesse parmi tant d’autres. Elle joue de son corps, de sa voix, de ses mimiques à la limite de l’entendement en explorant de façon exhaustive l’étendue de’ la maxime rimbaldienne « Je est un autre ».

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La couleur dans la peau. Ce que voit l’inconscient

— Par  Sabine Belliard —

 

–__-   Albin Michel, 2012, 272 p., 22 E Article modifié le 23/03/2012

Elle pousse la porte d’une boulangerie. Dès qu’il la voit, le vendeur détourne la tête et la sert sans même la regarder, sauf au moment du paiement, où il consent à lui jeter un coup d’œil de biais, « comme en marchant on sauterait par-dessus une flaque d’eau sale inévitable », racontera-t-elle plus tard, en tentant de décrire tant bien que mal cette expérience violente, sensorielle et solitaire qui s’est déroulée en deçà des mots. « Je savais ce qu’il pensait :  »Une Noire ». Pas une Africaine, là encore ce serait différent, mais  »une Noire », point. Ça immobilisait tout et je ne pouvais rien en dire. Je me sentais coincée par ce que je savais bien qu’il pensait, et qu’il n’aurait jamais admis si je l’avais dit tout haut. »
Nous ne nous voyons pas. Certes, nous avons une représentation interne de notre visage mais à quoi ressemblons-nous précisément ? s’interroge Sabine Belliard, psychologue clinicienne, psychothérapeute et chargée de cours à l’université Paris-Diderot, qui nous donne à découvrir un fort beau livre sur les trajectoires de ces hommes et de ces femmes pour lesquels la couleur de peau fait une identité.

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Pool Art Fair New York

par Martine Baker —


 


Abishag, Aiva Jabbour, Marie Adeline, Martine Baker, Nicolas Derné, Géraldine Entiope, Habdaphaï, Nadine Le Jeune, Frédérique Melon, Cat Mira, Jean-Denis Retour; Yveline Sérénus Lassus et Joël Zobel, un groupe de treize artistes exposent à Pool Art Fair New York.
L’aventure United Pool Art Fair New York débute en janvier, Thierry Alet nous propose que la Martinique et la Guadeloupe soient les îles invitées à New York.
L’idée de ce défi, a germé dans la tête d’une quinzaine d’artistes qui se sont mobilisés dans ce sens.
La première graine a donné une belle exposition organisée par Habdaphaï et Martine Baker à la villa Chanteclerc ouverte exceptionnellement par le Conseil Général, pour réunir les fonds nécessaires au financement de ce beau projet.
La deuxième graine a donné naissance à l’explosion de belles oeuvres dans les chambres du FlatIron hôtel situé au coin de la 26ème rue et Broadway.
Voyage entre la Martinique et New York le 7 mars, départ au matin de Fort de France, arrivée à San Juan, formalités de douanes qui heureusement se passent bien malgré la barrière de la langue.

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« Les Neufs Piliers de la sagesse », de Jean-Pierre MAURICE

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Présentation

Socrate, Jésus, Bouddha, Goethe, Mahomet, Aimé Césaire…
« Les Neuf Piliers de la sagesse » présente les réflexions pertinentes d’hommes et de femmes qui ont gravé la mémoire collective de l’Humanité. Ces pensées des sages d’hier et d’aujourd’hui vous accompagneront sur les chemins de la connaissance, mettant ainsi à votre service l’essentiel des secrets de la vie. En rassemblant ces fragments du monde, l’auteur va vous faire gravir les marches pour accéder aux 9 piliers de la sagesse. Ce parcours initiatique des philosophies antiques au développement personnel est un guide sur la voie qui mène l’homme vers la réussite de soi-même et de sa vie. Les Neuf Piliers de la sagesse : un livre de Jean-Pierre MAURICE.

Né dans une île amoureuse du vent, la Martinique, Jean-Pierre Maurice est l’auteur d’une “lettre à un jeune qui veut réussir” et d’un audio sur Aimé Césaire. Cet amoureux de la vie, passionné de vulgarisation, se tourne aujourd’hui vers un humanisme universel et bienveillant, publiant, pour ses 60 ans, le livre “Les Neuf Piliers de la sagesse”. Son message est également présent par le biais de son site Internet où il anime causeries et conférences sur la sagesse et l’art de la vie.

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« Ris donc, parterre ! » A propos de « Embrassons-nous, Folleville! »

— par Roland Sabra —

au CMAC les 6 et 7 mars 2012

–__- Eugène Labiche par Desboutins

Labiche, ce « bouffon de l’empereur » (« Napoléon-le-petit ») est l’auteur emblématique d’un genre de théâtre considéré comme mineur par les écrivains du XIX ème siècle, le vaudeville dont l’origine date de plusieurs siècles. Chansons à boire normandes du Val-de-Vire, faciles à chanter construites autour d’évènements du jour, les Vaux-de-Vire gagnent l’ensemble des villes de France et deviennent des vaudevilles. L’intégration avec le théâtre intervient au XVIII ème avec des compositions scéniques sous la forme de dialogues chantés plus ou moins parodiques. C’est au moment de la révolution française, en 1792 que le premier « Théâtre du vaudeville » est créé à Paris mais il faudra attendre le siècle suivant pour que le sens actuel soit fixé et désigne une comédie populaire légère faite de rebondissements, de quiproquo, de grivoiseries autour de relations amoureuses complexes et/ou plus ou moins intéressées.

Le rire provoqué par le vaudeville est un rire respectueux de l’ordre social. Il n’a aucune perspective critique . « C’est un théâtre bourgeois qui rit du bourgeois mais qui n’entend pas changer le monde ».

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Alex BOUCAUD : Mas’Art à la Tronçonneuse.

par Scarlett JESUS, critique d’art —. 

 

Alex BOUCAUD est un artiste autodidacte qui vient d’exposer à la salle Rémy NAINSOUTA de Pointe-à-Pitre, en ce début février 2012, une cinquantaine de sculptures, fruits du travail des trois dernières années. A la différence des sculpteurs haïtiens il ne travaille pas le fer, bien que toutefois, comme les artistes de la Grand’rue de Port-au-Prince, il soit lui aussi adepte d’un art de la récupération. Donnant une seconde vie aux arbres abattus par les services de la voierie de Sainte-Anne.

C’est l’univers parfois drôle, parfois inquiétant d’un marron ensauvagé qu’il nous livre, avec ses totems guerriers et ses mas horrifiques, sculptés à même le bois à la tronçonneuse. Selon une technique de « sauvage », refusant les maillets, gouges et autres outils d’une pratique enseignée et codifiée. Un artiste allemand contemporain, Georg BASELITZ vient d’exposer au Musée d’Art moderne de Paris, en utilisant la même technique, pour retrouver les gestes d’un art, dit « premier », auquel GAUGUIN de son côté avait aspiré. Le maniement de la tronçonneuse permet à Alex BOUCAUD de donner forme, de façon extrêmement rapide, à un imaginaire qui l’habite.

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