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A Belleville, le graff devient un atout touristique

— Par Joffrey Vovos—

Paris. Mosaïques, pochoirs, collages : Belleville regorge d’œuvres d’artistes de rue. Une richesse que le XXe arrondissement a décidé de mettre en valeur avec un «parcours de murs».

 

 

Les touristes sont de plus en plus nombreux à arpenter les rues de Belleville à Paris (XXe), appareils photo en bandoulière. Il n’y a pourtant pas beaucoup de monuments à contempler dans ce quartier populaire de l’Est parisien. Ce qui les attire, ce sont les œuvres qui peuplent les murs : graffitis, pochoirs, mosaïques ou collages. « C’est comme un musée à ciel ouvert en perpétuel renouvellement », s’enthousiasme Christian, un Parisien de 53 ans, féru de street art

Comprenant qu’elle avait une carte à jouer, la mairie d’arrondissement a décidé d’encourager cette pratique longtemps assimilée à du vandalisme. Après avoir créé des murs d’expression, elle s’apprête à mettre en place un véritable parcours touristique avec audioguide. « Quand on pense que, pendant des années, on a été relégués dans les terrains vagues », s’amuse Seth, un artiste qui vient de réaliser, à la demande de la municipalité, une fresque sur l’amphithéâtre du parc de Belleville.

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Le quai Branly fait peau neuve

— Par Stéphanie Belpêche —

Le musée des arts premiers, qui a accueilli 1,3 million de visiteurs en 2012, dévoile ses nouvelles acquisitions

Un Bouddha trône en majesté, entouré de représentations des douze signes du zodiaque et de génies protecteurs. Une ornementation aussi raffinée que symbolique pour une boîte de médecine en bambou laqué noir et or, d’origine birmane et datant du 19e siècle. La statuette zen domine la structure en compartiments, où l’on stockait les feuilles à thé fermentées. En sommeil dans les réserves depuis 2008, cet échantillon remarquable des dernières acquisitions du quai Branly attire les regards. Le plateau des collections permanentes, qui dénombre 300.000 œuvres en provenance d’Afrique, d’Asie, d’Amérique et d’Océanie, bénéficie à présent d’une signalétique adaptée aux mouvements des objets, dont seulement 3.400 sont exposés dans un espace de 5.300 m2.

« Les rotations, au nombre de 500 par an, sont indispensables pour la conservation des pièces les plus fragiles », souligne Stéphane Martin, directeur du musée. Partir en quête des nouveautés, c’est redécouvrir les merveilles qui jalonnent un parcours foisonnant, dynamique et vivant. Au total, une vingtaine d’inédits s’insèrent naturellement dans les salles : un masque de danse de Papouasie occidentale, une lampe rituelle du Népal, des bijoux tunisiens ou une sculpture funéraire chilienne… A cette l’occasion, l’intérieur de quelques vitrines a été changé, avec l’exhibition d’une trentaine de parures, poteries, rouleaux, textiles.

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Mutilations génitales féminines : tolérance zéro

— Par Viviane Reding —, vice-présidente de la Commission européenne responsable de la justice, des droits fondamentaux et de la citoyenneté.

Chaque année, des millions de femmes et de filles dans l’Union européenne (UE) et dans le monde sont victimes des violences que sont les mutilations génitales féminines, et beaucoup d’autres en sont menacées, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le 6 février, à l’occasion de la Journée internationale de la tolérance zéro pour les mutilations génitales féminines, la Commission européenne a réaffirmé son engagement ferme en faveur de l’éradication de cette pratique inacceptable. Ma collègue Cecilia Malmström, responsable des affaires intérieures, et moi passons maintenant à l’action.

Nous ferons équipe avec des membres du Parlement européen ainsi que des personnalités de premier plan au niveau mondial, dont l’ex-mannequin d’origine somalienne Waris Dirie, la militante sénégalaise Khady Koita et Chantal Compaoré, première dame du Burkina Faso. Nous tenterons de déterminer comment l’UE peut aider les Etats membres à mettre fin à cette pratique qui ferait environ un demi-million de victimes dans l’UE.

L’Europe doit utiliser tous les instruments disponibles au niveau européen pour soutenir les efforts déployés au niveau national et à l’échelle internationale pour en finir avec cette pratique inacceptable.

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Les femmes ne sont pas égales aux hommes, la preuve en 10 chiffres

Le 8 mars est la Journée internationale de la femme, l’occasion de rappeler que la bataille des inégalités homme-femme n’est pas encore gagnée. Dix chiffres pour faire le point

 

— Par Audrey Avesque —

 

 

C’est le 8 mars, c’est la Journée internationale de la femme. L’occasion de rappeler que la bataille des inégalités homme-femme n’est pas encore gagnée. Les dernières statistiques de l’Insee montrent qu’il reste encore du chemin à parcourir avant que les femmes gagnent, entre autres, le même salaire que les hommes. La réduction de ces inégalités est d’ailleurs l’un des chevaux de bataille du quinquennat de François Hollande.

La ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem annonce d’ailleurs ce vendredi que les entreprises qui ne luttent pas efficacement contre les inégalités de salaires hommes/femmes seront sanctionnées. « Il y aura des sanctions dans six mois si rien ne se passe », assure-t-elle. Ces sanctions pourront aller jusqu’à 1% de la masse salariale.

Dix chiffres pour faire le point sur les inégalités qui demeurent.

28% : C’est l’écart de revenu dans le secteur privé en France entre le salaire d’un homme et celui d’une femme.

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Toutes et tous féministes ! Ce qui libère la femme libère l’homme (Simone de Beauvoir)

 

Lettre ouverte à chacune et chacun, individuellement et collectivement.

 

Madame la Présidente du Conseil Général

Monsieur le Président du Conseil Régional

Madame et Messieurs les Maires, Mesdames et Messieurs les conseiller-es municipaux-pales

Messieurs les Députés

Messieurs les Sénateurs

Cher-es compatriotes,

 

La journée du 8 mars cristallise les principales revendications concernant la condition des femmes dans tous les pays du monde.

Mais qu’est-ce qu’elles veulent encore, diront certains (et même certaines) ?

C’est vrai, a priori, chez nous – on n’est ni en Afghanistan, ni en Inde. On pourrait se dire que les femmes sont libres, qu’elles ont tout : elles travaillent, sortent, sont élues, …

 

Ce mythe de l’égalité acquise a la vie dure.

La récente étude de l’INSEE intitulée « Regards sur la parité » dresse un tout autre état des lieux de la situation des femmes en Martinique.

Quelques exemples :

A niveau de diplôme égal les femmes sont plus souvent au chômage, bien qu’elles réussissent mieux en classe,

Les emplois féminins sont concentrés à plus de 46% dans 8 familles de métiers liées aux activités traditionnelles des femmes, et qui ne sont pas les plus porteuses d’emploi ,

L’écart moyen annuel de salaires entre femmes et hommes est de 16,1%,

24% des femmes travaillent en temps partiel (13% pour les hommes),

Il y a davantage de bas revenus dans les familles monoparentales (à 90% des femmes),

Les mères célibataires ont plus de difficultés à mener de front la vie familiale et professionnelle, notamment en raison de la garde des enfants, et elles ont moins de loisirs que les hommes,

En politique, la Martinique est la dernière de la classe !

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Journée de la femme : peut-on être féministe et voilée ?

Zahra Ali, chercheuse d’origine égyptienne, auteur de « Féminismes islamiques », réfute toute soumission de la femme dans le port du voile. Interview.

Propos recueillis par Fatiha Temmouri (au Caire)

Y a-t-il une place pour le féminisme dans l’islam ? Zahra Ali, doctorante en sociologie à l’EHESS et à l’Institut français du Proche-Orient, travaille sur l’émergence d’une dynamique féministe musulmane en Occident et dans le monde musulman. Elle est l’auteur de l’ouvrage Féminismes islamiques*. Rencontre.

Le Point.fr : Certaines images ont frappé l’Occident durant le Printemps arabe. Des femmes aux voiles multicolores, poing levé, regard déterminé, se placent au cœur des manifestations comme porte-voix de la révolution et de la cause des femmes. Peut-on être féministe et voilée ?

Zahra Ali : Évidemment, oui. Dans la mesure où le port du voile peut correspondre à différentes réalités. On voit bien l’image à laquelle vous faites référence. Ces femmes qui portent un foulard sur la tête et qui manifestent pour défendre leurs droits pour la démocratie. Ce sont même des images qui tendent à se banaliser. Ce n’est pas une réalité qui date d’aujourd’hui.

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La Bataille du voile par Frantz Fanon

Frantz Fanon a abordé sous le titre de la bataille du voile, l’enjeu central constitué par le thème du dévoilement des femmes algériennes durant la domination coloniale française. Le voile des femmes était considéré comme le symbole par excellence de la nature rétrograde de la société algérienne et la colonisation présentée comme une mission de civilisation qui se donnait pour objectif premier de libérer les algériennes du patriarcat arabo-musulman dont elles étaient victimes en les dévoilant.

Avec le voile, les choses se précipitent et s’ordonnent. La femme algérienne est bien aux yeux de l’observateur « Celle qui se dissimule derrière le voile. » Nous allons voir que ce voile, élément parmi d’autres de l’ensemble vestimentaire traditionnel algérien, va devenir l’enjeu d’une bataille grandiose, à l’occasion de laquelle les forces d’occupation mobiliseront leurs ressources les plus puissantes et les plus diverses, et où le colonisé déploiera une force étonnante d’inertie.
La société coloniale, prise dans son ensemble, avec ses valeurs, ses lignes de force et sa philosophie, réagit de façon assez homogène en face du voile. Avant 1954, plus précisément, depuis les années 1930-1935, le combat décisif est engagé.

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Les femmes dirigeantes sont des leaders comme les autres

 Par Sarah Saint-Michel

Il n’y a pas de différence majeure entre les dirigeants hommes et femmes. Leurs traits de personnalité et leur style de leadership sont les mêmes. Le sexe n’est pas une variable pertinente. Telle est la conclusion d’une recherche effectuée en compilant les résultats de 25 enquêtes européennes et américaines sur les qualités attribuées à quelque 20 000 cadres dirigeants, 12 593 hommes et 7 016 femmes, complétés par une étude strictement française ( » L’impact du genre sur les traits de personnalité des leaders et les effets sur leur style de leadership « , thèse de doctorat).

Ces travaux montrent que les collaborateurs interrogés par questionnaire sur la manière dont ils sont dirigés ne font pas de différence entre les sexes. Ils perçoivent de la même manière leurs supérieurs hiérarchiques, hommes et femmes, que cela concerne le style de leadership (charismatique, basé sur une vision partagée, ou plus conventionnel, lié à l’obtention de résultats) et les traits de personnalité (courage, confiance en soi, empathie…).

Ces résultats remettent en cause l’idée d’un leadership au féminin caractérisé par des compétences présupposées féminines, telles que la bienveillance ou l’altruisme, qui conduiraient les femmes à diriger et mener leurs équipes différemment de leurs homologues masculins considérés, eux, comme plus déterminés.

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«The Sessions», une véritable histoire d’assistance sexuelle

Récit Le film sorti cette semaine est inspiré du récit fait par Mark O’Brien, poète américain handicapé, de son expérience avec Cheryl Cohen Greene, «sex surrogate» aux Etats-Unis.

Par ERIC FAVEREAU

De magnifiques personnages. Et c’est assurément la force mais aussi la limite de ce film, The Sessions, qui a décidé de se coltiner un thème casse-gueule, celui des assistant(e) s sexuel(le)s pour les personnes handicapées qui se trouvent dans l’impossibilité physique ou psychique d’actes sexuels. Un film qui, du festival de San Sebastian à celui de Toronto et de Londres, a accumulé les prix.

Comment résister à ces personnages qui éblouissent ? Ils sont beaux, charmants, drôles, émouvants, caustiques, et leur séduction est d’autant plus efficace que l’on nous dit que «tout est vrai». Car il s’agit de «l’histoire vraie du poète et journaliste Mark 0’Brien qui, à 38 ans, a entrepris de perdre sa virginité, dans des conditions assez particulières». Cet artiste américain a survécu à une attaque de polio dans les années 50, mais le prix en a été lourd: il a dû passer la plus grande partie de sa vie dans un poumon d’acier qui lui permet de respirer, ne pouvant en sortir que 2 à 3 heures par jour.

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Joseph Staline exécuté par Picasso

—Par Paul Fuks, psychanalyste —

Le peintre a réalisé un portrait équivoque du leader soviétique au lendemain de sa mort. « Jamais l’expression tête de nœud n’a été aussi réjouissante! », sourit Paul Fuks, psychanalyste. Son analyse de l’œuvre, 60 ans plus tard.

Staline est mort le 5 mars 1953. Comme une ornière gorgée de boue, la cervelle des camarades est saturée de pathos. Mais un communiste ne reste pas inactif: Aragon, directeur des Lettres françaises,demande à Picasso « quelque chose », sachant que ce dernier a toujours refusé de représenter Staline. Françoise Gilot, la compagne de l’époque, raconte que le maître a expédié la corvée à contrecoeur.

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Une rigueur budgétaire sans précédent attend la Guadeloupe en 2014

—Par Dolto, économiste —
De nouveau le doute, mais un cran au-dessus. En 2009 à l’issue de la crise LKP, certains Guadeloupéens se demandaient si les élus avait bien pris la mesure de la crise de confiance qui frappait désormais le pays . Aujourd’hui, ils s’interrogent sur leur capacité à les en faire sortir.
Le spleen a saisi les élus socialistes eux-mêmes, qui commencent à dire stop à la collectivité unique coupable à leurs yeux de promouvoir des compétences sans pouvoir les financer , tant l’exemple de Saint – Martin est dans toutes les têtes en Guadeloupe . « Stop ! », renchérissent certains, de moins en moins enclins à assumer la future cure de remise en ordre des finances publiques des collectivités locales de la guadeloupe, car ils voient les coupes budgétaires ,la croissance ralentir et le chômage augmenter. Ils ont peur ,car aujourd’hui,ils savent que  la copie du gouvernement français est incomplète. Seules ont été annoncées les restrictions imposées aux collectivités locales: le gouvernement a décidé de diminuer de 1,5 milliard d’euros en 2014 et de la même somme en 2015 les transferts de l’État aux budgets locaux.

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Venezuela : Chávez, ou les limites de l’anti-impérialisme

 

La rhétorique antiaméricaine du président vénézuélien n’a pas empêché les États-Unis de rester le premier partenaire commercial du Venezuela.

Hugo Chávez est un « martyr pour avoir servi son peuple et protégé les valeurs humaines et révolutionnaires. » L’hommage est du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui avait salué en octobre dernier la réélection à la tête du Venezuela de son « frère ». Il est aussi l’ultime exemple du rapprochement effectué depuis plusieurs années par le Venezuela et la République islamique. « Dès son arrivée au pouvoir, Hugo Chávez a recherché des partenaires au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour négocier un prix du baril le plus élevé possible », explique au Point.fr Jean-Jacques Kourliandsky, spécialiste de l’Amérique latine à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). « À ce titre, le rapprochement avec l’Iran correspondait à une convergence d’intérêts communs. »

Dramatiquement descendu en dessous des dix dollars le baril au début des années 2000, le prix de l’or noir a depuis atteint des sommets, s’élevant aujourd’hui à près de 110 dollars. En marge de l’alliance stratégique réussie entre les deux puissances pétrolières, s’est développé un rapprochement idéologique.

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Martí et Bolivar

— Par Diana Sedal Yanes —

L´héritage de Martí et de Bolivar comme guide pour la lutte révolutionnaire des peuples

La pensée éthique et pédagogique latino-américaine possède une portée universelle et une grande richesse idéologique se matérialisant chez d’importants penseurs, dont la transcendance serait impossible à ébaucher en marge de la scène historique culturel dans lequel nos nations se sont développées. La synthèse de ces idées sont précisément, Simón Bolívar et José Martí, lesquels légitiment la plus haute et complète expression de l’anti-impérialisme, du latino-américanisme, de la dignité sociale, du patriotisme et de l´indépendance nationale, des valeurs qui sont l´essence même des projets de libération des deux penseurs et formant le corpus éthique sur lequel repose l’éducation civique citoyenne et qui aujourd´hui s´élève contre les prétentions dominatrices des centres du pouvoir.

Bolivar et Martí ont, dans leurs aspirations fondamentales, la réalisation d´une nouvelle patrie, non seulement en raison de sa richesse matérielle, mais aussi par la grandeur d´âme et le raisonnement de ses hommes. Dans l´accomplissement de ce désir, les valeurs morales sont configurées comme la force motrice vers la perfection humaine.

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Le metteur en scène et comédien Jérôme Savary est mort

 

 

—Le metteur en scène et comédien Jérôme Savary est mort lundi soir des suites d’un cancer à l’âge de 70 ans, à l’hôpital franco-britannique de Levallois-Perret, dans la banlieue parisienne, a annoncé mardi 5 mars sa famille.

Né le 27 juin 1942 à Buenos Aires dans une famille française exilée pour cause de pacifisme, Jérôme Savary est réfractaire à tout enseignement, dans la pampa comme à Paris, où il s’installe définitivement en 1964. Il suit les cours des Arts décoratifs, section fanfare, rythme bop. Il met en scène en 1965 ses premiers spectacles, Les Boîtes puis L’Invasion du vert olive. Proche du mouvement Panique, fondé par Topor, il met en scène Le Labyrinthe, d’Arrabal, au Sorano de Vincennes en 1966.

Ce boulimique et gourmet du théâtre populaire fonde, toujours en 1966, à Londres, le Grand Magic Circus avec lequel il monte divers spectacles, comme Zartan ou Superdupont. En 1982, il est président du Nouveau Théâtre populaire de Montpellier, où il reprend La Belle Hélène, monté à Paris en 1983, et dont il démissionne le 12 juin 1985.

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Djo Munga, cinéaste d’une Afrique qui bouge (fort)

Sorti en avril 2012 sur les écrans français, Viva Riva – polar tourné à Kinshasa sur fond de trafic d’essence entre l’Angola et la RDC, avec autant de violence, de sexe et d’humour qu’un Tarentino – est un film qui a ressuscité le cinéma congolais. Plus encore : il a donné un ton nouveau, décomplexé et décapant au cinéma d’auteur africain. À l’heure où se déroule le Festival panafricain du cinéma à Ouagadougou (Fespaco), son réalisateur, Djo Tunda Wa Munga, revient sur son parcours et évoque ses projets.

Le Point : Viva Riva appartient-il vraiment au genre du polar ?

Djo Munga : Absolument. Je l’ai écrit ainsi, j’aime le polar et ce genre m’a permis de parler des choses très dures que nous avons vécues en RDC, surtout pendant ces vingt dernières années marquées par la dictature, la guerre, les tensions, bref, pas franchement une ambiance à l’eau de rose…

Votre film n’a pourtant pas été sélectionné par le Fespaco...

En effet… Mais je n’étais pas non plus dans la philosophie du festival. Je travaille à montrer une Afrique différente, celle d’aujourd’hui et de demain, celle qui bouge, ce qui peut être dérangeant vu d’un certain cinéma africain qui ne parle pas du même monde et qui n’est pas dans la même dynamique.

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Dans le panier de mère Cesaria

— Par Véronique Mortaigne —

Cesaria Evora, sempre viva, toujours vivante. Repartie vers la terre mère le 17 décembre 2011, vaincue par le diabète et le coeur encombré. Mae Carinhosa, la mère affectueuse, onzième album studio de « Cize », sort pourtant le 4 mars. Il comporte 13 titres inédits enregistrés entre 1997 et 2005 à l’occasion de sessions d’enregistrement au cours desquelles la chanteuse cap-verdienne avait accumulé les chansons comme autant d’oeufs dans son panier. En maîtresse de maison avertie, elle y puisait à sa guise afin de réussir une omelette de qualité. Ceux qui n’étaient pas dans l’ambiance du moment attendaient leur heure, au salon des refusés.

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« En hommage à Bérard Bourdon » de Jandira Bauer

 

 

 

La nature toute entière est une cérémonie continuelle – un festin.

 

Les invités changent, mais la fête continue , elle ne s’arrête pas un seul instant.

 

                          Les acteurs disparaissent aussi, mais leur art demeure.

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Quand les ombres se croisent, encore que difformes,  elles cherchent refuge dans leur propre reflet.

Qui pourrait percevoir si parfaite attraction,

Trame impénétrable de la toile, crépuscule métamorphosé ?

Qui insiste à maintenir la lumière si limpide de l’arc en ciel ?

Les ailes ne volent plus, elles se contemplent et se reproduisent dans le silence de la nuit.

La clarté arrive au galop, la lumière du jour s’enferme dans une boite à surprises, dénuée de magie.

Mes yeux restent ouverts !

Qui plongerait dans l’éclipse de lune ?

Qui suivrait une myriade d’oiseaux ?

Quand je me transformerai en plume, subtilement je n’ouvrirai pas mes paupières. Je fixerai sous la lumière dorée des ombres, les couleurs qui se reposent et dorment libres.

Quando eu me transformarei em pluma,,sutilmente nao abrirei as palpebras.

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Qui a vidé la banque des békés ?

 

 

Par Marie-France ETHEGOIN dans Le Nouvel Observateur 17 janvier 2013 – N° 2515

 

 

Découverts abyssaux, prêts jamais remboursés, largesses accordées aux amis et aux partenaires en affaires. Pendant des décennies, le Crédit Martiniquais tenu par les puissantes familles créoles qui dominent l’économie de l’île, a dilapidé les économies des épargnants. Marie-France Etchegoin relève les dessous d’un scandale qui ravive les brûlures de l’histoire coloniale. La Martinique est un puzzle. Mémoires disparates, blessures séculaires, colères enfouies. Celles des fils d’esclaves contre celles des enfants de colon, des Noirs contre les Blancs, des « petits » contre les » gros ». Fin novembre, à Fort-de-France, il faut grimper sur les hauteurs de la ville pour avoir un aperçu de cette névrose insulaire. Jusqu’à la cour d’appel, qui siège dans un modeste préfabriqué surplombant l’époustouflante baie. C’est là, loin des regards, dans le ronron des climatiseurs, que l’on finit d’enterrer l’une des affaires les plus emblématiques de l’île. Le scandale du Crédit Martiniquais. Charles Rimbaud, 69 ans, crinière blanche et bretelles apparentes sous le blazer, écoute d’un air las les litanies de l’accusation. A la fin des années 1990, les en-cours de cet ex-promoteur en vue s’élevaient à près de 40 millions d’euros.

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Je veux un pape ringard !

Par Solange Bied-Charreton, écrivain

 

Malgré l’extravagance de son accoutrement, il a bien fallu se rendre à l’évidence : le pape est un homme comme les autres. Mais il faut avouer que la décision qu’a prise Benoît XVI de nous quitter le 28 février a mis tout le monde K.-O.

Les uns ont versé dans le lyrisme de circonstance, faisant de lui un saint, un martyr de la cause. Un incompris victorieux, émouvant et sensible. Des milliers de mercis sont venus s’agréger sur les réseaux sociaux comme sur la tombe d’Elvis. Les autres se sont réjouis qu’il ne se sente plus tellement à la hauteur, car le monde va si vite et il ne comprend rien.

Il n’est plus adapté. Tel un téléviseur sans écran plasma qui nous ferait l’affront de vouloir rester encore parmi nous, il nous faut maintenant le descendre sur le trottoir et appeler les encombrants pour qu’ils l’emmènent à la décharge.

Dans la joie ou dans la tristesse, tous l’ont bel et bien enterré. Et pourtant Joseph Ratzinger respire encore ! Et il se pourrait même qu’il continue à croire en Dieu après la date de son départ.

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Une mannequin blanche peinte en noire, un scandale qui en dit long sur la mode

 

LE PLUS. Les photos du magazine de mode « Numéro » du mois de mars font parler d’elles. Pour une série baptisée « African Queen », le mensuel a préféré  maquiller un mannequin blanc plutôt que de choisir un modèle noir. Comment expliquer cette démarche ? Pour notre chroniqueuse, le monde de la mode est tombé bien bas.

Édité par Louise Auvitu  Auteur parrainé par Aude Baron

African queen dans Pour le magazine « Numéro » du mois de mars, Ondria Hardin a vu sa couleur de peau maquiller (« Numéro », Sebastian Kim)

C’est une polémique qui a fait le tour de la toile, Sebastian Kim a photographié pour le magazine français « Numéro » une mannequin blanche, maquillée en noire et vêtue de tous les clichés de la représentation africaine : bijoux ethniques, imprimés façon wax, coiffures savantes façon princesse peule à la Katoucha. 

La polémique a rapidement enflé, ici, ou encore ici, et puis ici aussi, ah, et là également, bref,un peu partout : comment aujourd’hui, peut-on, et alors même que la représentation des femmes noires dans les milieux de la mode est toujours minimaliste, comment peut-on prendre une mannequin blanche pour la grimer ainsi en fantasmagorie africaine ?

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« Le coeur des enfants léopards » à l’Artchipel Scène nationale : 08 mars à 9h et 09 mars à 20h

Le jeudi 8 mars, l’auteur animera un atelier d’écriture  gratuit intitulé  « du roman à l’adaptation théâtrale » à l’Artchipel Scène Nationale de 10H à 17H

Dieudonné et Criss Niangouna, frères dans la vie et au théâtre depuis la création de leur Cie Les Bruits de la rue en 1997 à Brazzaville, se retrouvent pour une adaptation intensément théâtrale du Cœur des enfants-léopards, premier roman de l’auteur congolais Wilfried N’Sondé.

Pour rejoindre les gradins, le public doit enjamber le corps allongé en travers de la salle de Criss Niangouna, protagoniste et acteur du spectacle mis en scène par son frère Dieudonné, Le cœur des enfants-léopards. Echo anticipé de ses dernières paroles, au terme d’un monologue qui ne révèle qu’en fin de parcours la raison de sa garde à vue : « Capitaine, je suis parti, tu n’as plus que mon corps. »

Pour Dieudonné Niangouna, « le mental du protagoniste est par essence le lieu propre de la scénographie ». Sur le plateau cerné de cinq pas de portes d’où filtrent les lumières, un puzzle métallique aux pièces disjointes supporte les glissements et errements d’un personnage anonyme sur lequel on ne peut dire que des banalités : jeune de banlieue, pauvre, d’origine africaine, paumé.

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Tintouin au Congo

 

Pendant 4 jours, le festival Étonnants Voyageurs s’est posé dans le pays très répressif de Denis Sassou-Nguesso avec près de 90 écrivains venus parler littérature, Afrique et liberté d’expression. Reportage à Brazzaville.

 

Elle est congolaise, elle est romancière et elle n’était pas prévue au programme. Surtout pas pour l’inauguration du premier festival Etonnants Voyageurs de Brazzaville. Mais ce 14 février, dans un grand auditorium encadré par deux portraits du président Denis Sassou-Nguesso qui font de la réclame «pour une république unie et indivisible», le discours de l’ambassadeur de France venant de succéder à celui d’un représentant de l’Organisation internationale de la Francophonie, on commençait vaguement à s’assoupir quand soudain Gilda Moutsara, 38 ans, grimpe sur scène, attrape le micro sous le nez du ministre de la Culture et réveille tout le monde en plaidant avec véhémence la cause de « 400 familles sinistrées qui dorment dans la cour de la mairie de Makélékélé » depuis les terribles inondations de décembre: 

Nous sommes un pays pétrolier, nous avons des richesses.
Pourquoi les Congolais souffrent?
J’interpelle ici les autorités!»
 

Malaise chez les officiels locaux ; tumulte enthousiaste dans le reste de la salle, bourrée de lycéens en uniformes.

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Hessel – Morin : « Résistons à la tentation réactionnaire ! »

Stéphane Hessel et Edgar Morin : deux résistants, deux tempéraments, deux figures phares de l’engagement. L’ancien diplomate et le sociologue se sont rencontrés le 19 juillet 2011, au Théâtre des idées, le cycle de rencontres intellectuelles du Festival d’Avignon. Vifs, graves, alertes et enjoués, ils ont donné ce jour-là quelques raisons d’espérer, malgré la crise mondiale, quelques motifs de croire en la politique en dépit de toutes les désillusions auxquelles nous a conduit le règne des cyniques. En tontons flingueurs de la pensée, ils s’en sont même pris aux nouvelles forces réactionnaires droitières comme aux impasses d’un progressisme de reniement.

En France, c’était le crépuscule des années Sarkozy, le moment où la volonté de récupérer la « politique de civilisation » d’Edgar Morin par le président de la République s’était depuis longtemps noyée dans le discours de Dakar en juillet 2007 sur « l’homme africain [qui] n’est pas assez entré dans l’Histoire » ou celui de Grenoble de 2010 sur les Roms et la déchéance de la nationalité. En Europe, les populistes extrémistes prospéraient. Dans le monde entier, la crise financière ne cessait de projeter son ombre portée.

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Nouvelle dérogation accordée aux planteurs de bananes

Le préfet de Martinique a pris un arrêté permettant aux professionnels, durant un an, de continuer l’épandage aérien des bananeraies pour lutter contre la cercosporiose.

C’était une décision attendue aussi bien par les planteurs de bananes que par les membres du collectif contre l’épandage.
Finalement le Préfet, Laurent Prévost a « compte tenu de la gravité affectant la culture de la banane, de leurs impacts économiques et sociaux »décider d’accorder une nouvelle dérogation aux planteurs.

Cette dérogation d’une année est limitée à certaines zones qui sont éloignées des habitations, des jardins, des cours d’eau ou encore des zones d’élevage.
Ce délai doit selon la préfecture permettre aux acteurs de la filière de trouver des solutions alternatives à l’épandage aérien pour lutter contre la cercosporiose.

Communiqué :
La mobilisation contre l’empoisonnement des Martiniquais doit se poursuivre.

PAR NOTRE MOBILISATION NOUS LES FERONS PLIER Pour la troisième fois en moins de deux ans, le représentant de l’Etat français en Martinique a donc donné une dérogation à l’interdiction de l’épandage aérien de pesticides…Fait particulier, cette dernière est valable pour un an, contrairement aux deux précédentes dont la durée avait été de six mois.Cette

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La Demora – le retard

SYNOPSIS

Dans son petit appartement, Maria s’occupe seule de ses trois jeunes enfants et de son père Agustin qui perd peu à peu la mémoire. Elle est dépassée, d’autant plus qu’elle travaille chez elle pour une entreprise textile contre une rétribution médiocre. Le jour où l’on refuse à Augustin son entrée en maison de retraite, Maria sombre…

LA CRITIQUE LORS DE LA SORTIE EN SALLE DU 20/02/2013

 

Quand une mère courage finit par craquer… María, la quarantaine fatiguée, est une ouvrière du textile, payée à la pièce — et au lance-pierre. Elle vit, ou plutôt survit, dans un modeste deux-pièces de Montevideo où se serrent ses trois enfants et son père retraité. Agustin a 80 ans et la mémoire qui flanche : il ne peut plus rester seul. María tente de concilier vaille que vaille ses rôles de soutien de famille, d’éducatrice et d’aide-soignante. Jusqu’au jour où, à bout de nerfs, elle demande à Agustin de l’attendre dans un jardin le temps d’une course… et prend la fuite.

Après La Zona, son premier film coup-de-poing sur la barbarie des élites friquées au Mexique, ce sont deux autres formes de violence que chronique Rodrigo Plá : la promiscuité aliénante à laquelle sont condamnés les pauvres ; et la logique comptable des services sociaux, qui expliquent à María que peu, c’est encore trop : les maisons de retraites publiques sont réservées aux personnes âgées sans la moindre ressource… Le jeune cinéaste uruguayen a l’intelligence de ne pas miser sur les conflits entre ses personnages (Agustin n’est pas un vieillard ­aigri ou capricieux à la Tatie Danielle) ni sur le pathos.

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