— Par Dominique Daeschler —
Firmine Richard est sur scène comme un poisson dans l’eau. Olympe de Gouges, elle se la joue tranquille, en féministe et défenseuse pugnace de la place des acteurs et actrices domiens dans les productions françaises. Elle va, vient de son petit lit d’où elle écrit fébrilement au-devant de la scène. Elle est dans sa cellule et elle raconte sa vie : fille d’un noble qui ne l’a pas reconnue mais éduquée, mariée à un homme modeste, elle lutte pour les droits des femmes et l’égalité, quelle que soit la nationalité, des êtres humains tout spécifiquement de ceux qui ont connu l’esclavage.
Firmine Richard ne joue pas d’éclats, de coups de gueule mais assène une parole tranquille empreinte de ce qu’on appelle aux Antilles « le respect » à la connotation plus complexe que le mot. Elle bouge, danse dans la même énergie.
Bien trouvé : se couvrant le visage de blanc elle retourne à son profit les « black faces ». Dans le sud des Etats -Unis, tout particulièrement en Caroline et en Louisiane des planteurs blancs jouaient aux noirs, esclaves ou serviteurs, en étalant du noir sur leur visage.