« Coup de pub gore d’American Apparel », « le T-shirt qui nous glace le sang »… Le T-shirt Period Power d’American Apparel semble n’avoir pas été apprécié. On y voit la vulve d’une femme qui a ses règles et se masturbe. Visuel trash ou provocation aseptisée ? Réponse d’Emilie Bouvard, critique d’art et auteur de l’article « Présence réelle et figurée du sang menstruel chez les artistes femmes : les pouvoirs médusants de l’auto-affirmation ».
Quand Petra Collins sort un T-shirt pour American Apparel présentant une vulve poilue en gros plan en pleine période de menstruation doublée d’une scène de masturbation, elle développe sur un support commercial, reproductible, diffusé, porté par centaines, une imagerie effectivement féministe.
Art et tampons usagés
Au début des années 1970, réagissant contre un façonnage masculin du corps féminin, dans la société et dans l’art, certains artistes femmes entreprennent de montrer cette double réalité taboue du corps féminin. L’artiste allemande VALIE EXPORT montre le sang menstruel et se masturbe dans le film « Mann und Frau und Animal » (1973). On voit apparaître des tampons et des serviettes hygiéniques usagées dans les installations des Américaines Judy Chicago et Faith Wilding dans le cadre des expérimentations artistiques et féministes menées avec un groupe de professeures et d’étudiantes en art femmes à la Womanhouse (Los Angeles, 1971).